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Entrepôts de Bercy

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L'entrepôt de Bercy en 1908

L'entrepôt de Bercy était un ensemble réservé aux négociants en vin situé dans le quartier de Bercy en périphérie du 12e arrondissement. Situé le long de la Seine, cette zone recevait, stockait et redistribuait vins et spiritueux.

Origine

Le Journal de Bercy et de l'Entrepôt. Le Moniteur vinicole, no 1,
L'entrepôt de Bercy au milieu du XIXe siècle

Des entrepôts installés à Bercy, dès le XVIIIe siècle, à l'extérieur de la barrière d'octroi de la Rapée, permettaient aux vins de ne pas être soumis à l'octroi[1]. Le baron Louis, ministre des Finances, acquit en 1810 de vastes terrains à Bercy. Sur ceux-ci se trouvaient les entrepôts de vins qu'il fit remettre en état, en 1825, par une société qu'il avait fondée[2].

Les tonneaux à destination de la capitale arrivaient par bateaux sur la Seine et y étaient débarqués et entreposés dans les chais de Bercy. Héritée des anciennes mesures médiévales, leur disparité n'avait pas été abolie sous la Révolution. Les négociants en vin de Paris, par l'intermédiaire de leur hebdomadaire, nouvellement créé, Le Journal de Bercy et de l'Entrepôt. Le Moniteur vinicole, lancèrent une pétition à l'adresse de Napoléon III, qui fut publiée le . Ils demandaient à l'empereur « l'unité des mesures de jaugeage des vins » et l'application du système métrique sur les contenants dont les volumes variaient « d'une contrée viticole à l'autre et souvent dans un même département ». Les pétitionnaires expliquaient qu'ils s'estimaient frustrés, chaque année, d'environ 1 000 000 d'hectolitres et demandaient instamment l'application des textes de lois de 1793, 1812 et 1837[3].

Bercy, capitale du vin pendant un siècle

Le petit Bercy, marché public des vins et spiritueux

En 1860, la commune, jusque-là indépendante, fut dissoute et partagée entre Paris et Charenton[1]. La consommation de vin dans Paris augmentait. Elle passa de 1 000 000 d'hectolitres en 1800 à 3 550 000 en 1865[4].

En dépit de la construction d'une nouvelle halle aux vins entre 1811 et 1845, ses moyens de stockage se révélaient insuffisant, pour faire face à cette consommation et à un acheminement facilité par le chemin de fer. Les pouvoirs publics décidèrent en 1869 d'agrandir et de rénover les entrepôts de Bercy, qui vont occuper quarante-deux hectares[4].

Deux entrepôts y furent construits pour remplacer des installations trop vétustes : le Petit Bercy et le Grand Bercy[1]. Ce fut l'œuvre de Viollet-le-Duc. Les fûts transitaient désormais par Bercy pour la mise en bouteilles et les négociants, dans leurs chais, pratiquaient des assemblages. Ces entrepôts furent déclarés d’utilité publique en 1880[5]. Le , le parlement vota une loi qui obligeait les gros marchands de vins de Paris d'avoir pignon sur rue à l'entrepôt de Bercy et à la halle aux vins[6].

Le Grand Bercy, au début du XXe siècle

Jusqu’au début du XXe siècle, les deux entrepôts parisiens gardèrent une importance à peu près égale. Mais la spécialisation de la halle de Saint-Bernard en vins fins et alcool et l'agrandissement de Bercy en 1910 donnèrent l'avantage à ce dernier. En 1930, il représentait 70 % du stockage et des sorties contre 30 % pour la halle aux vins[4].

Jusque dans les années 1960, ces produits d'assemblage, de qualité douteuse, firent la fortune des négociants en vin de Bercy qui popularisaient ce type de production dans leur organe de presse le Moniteur vinicole. Mais le consommateur devenait de plus en plus exigeant et privilégiait la mise en bouteilles à la propriété, garantie de qualité. Plus question d'améliorer un bourgogne avec un côtes-du-rhône ou de remonter son degré avec du vin d’Algérie[5]. Le négoce des entrepôts, après un siècle d'existence, commença à péricliter[1].

Reconversion

Vignes du parc de Bercy
Entrée du métro Cour Saint-Émilion

L'entrepôt a été profondément restructuré à partir du début des années 1980 avec la construction du palais omnisports de Paris-Bercy (1984), puis du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie (1990). À la fin du XXe siècle, la restructuration et la rénovation du quartier sonnèrent le glas des entrepôts. Mais leur souvenir perdure dans le parc qui les a remplacés et a conservé quelques anciens pavillons, vestiges du passé vinicole de Bercy ainsi que dans le nom de la station de métro qui le dessert Cour Saint-Émilion[1].

L'architecture des anciens chais, qui faisait l'identité du quartier, a également inspiré la création d'une zone commerciale et de loisirs, Bercy Village, avec ses boutiques et ses terrasses. À l'Est de cette zone a été aménagé un quartier d'affaires organisé autour de la place des vins de France. Une rue Baron-Le-Roy commence à la place Lachambeaudie et finit en impasse sur l'avenue des Terroirs-de-France. Elle doit son nom à Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890-1967), créateur des appellations d'origine contrôlée (AOC). Une station Baron Leroy de la ligne 3 du tramway d'Île-de-France est en construction. Elle ouvrira vers fin 2012[7].

Notes et références

  1. a b c d et e Les entrepôts, le grand Bercy et le petit Bercy
  2. Les Vestier sur le site gallica.bnf.fr
  3. Achille Larive, Le Moniteur vinicole. Journal de Bercy et de l'Entrepôt, no 7, mercredi 6 octobre 1856, p. 1 et 2.
  4. a b et c Le commerce du vin à Paris
  5. a et b Entrepôt de Bercy
  6. Éphéméride du 8 au 14 août
  7. Station prévue dans le contrat État-région 2000-2006.

Voir aussi

Article connexe

Lien externe