Démembrement (droit)
Le démembrement est la séparation, en droit civil, des prérogatives de la propriété (usus, fructus et abusus) d'un bien entre plusieurs personnes.
Le bien peut être meuble ou immeuble et les personnes physiques ou morales.
- L'usus correspond au droit d'usage du bien.
- Le fructus au droit de tirer des revenus du bien (c'est-à-dire un profit).
- L'abusus au droit de disposer du bien, c'est-à-dire de le vendre, de le donner ou d'en modifier la nature.
Origine
[modifier | modifier le code]Largement inspirées du droit romain, ces notions ont été diffusées par le Code Civil français de 1804 imposé au gré des guerres napoléoniennes et des conquêtes coloniales puis conservées par ces pays ou simplement en inspirant d'autres pays dans la rédaction de leur code[1].
Par rapport au droit romain le droit civil définit l'usufruit (usus et fructus)[2] et de fait le reste : la nue-propriété (abusus).
Principe
[modifier | modifier le code]Lorsqu'il y a démembrement de propriété, c'est le droit de propriété qui est séparé. Ainsi, l'investisseur qui achète le bien est appelé "nu-propriétaire". Il possède le bien sans avoir l'usage du bien (abusus). Il bénéficie, en contrepartie, de nombreux avantages fiscaux et patrimoniaux durant cette période d'investissement locatif. À l'inverse, c'est le bailleur social, appelé usufruitier, qui utilise et perçoit les loyers.
Pendant une durée temporaire, de 15 à 20 ans[3], l'usufruitier peut louer les logements à des locataires. À noter que les logements financés avec ce modèle d'investissement sont des logements sociaux principalement.
Droit québécois
[modifier | modifier le code]En droit québécois, les démembrements du droit de propriété sont énoncés à l'article 1119 du Code civil du Québec :
« L’usufruit, l’usage, la servitude et l’emphytéose sont des démembrements du droit de propriété et constituent des droits réels»[4].
Il est pertinent de faire la distinction conceptuelle entre les démembrements du droit de propriété de l'art. 1119 C.c.Q. et les prérogatives du droit de propriété (usus, fructus, abusus, accessio) énoncés aux articles 947 et 948 C.c.Q.[5],[6]
« 947. La propriété est le droit d’user, de jouir et de disposer librement et complètement d’un bien, sous réserve des limites et des conditions d’exercice fixées par la loi. Elle est susceptible de modalités et de démembrements. »
« 948. La propriété d’un bien donne droit à ce qu’il produit et à ce qui s’y unit, de façon naturelle ou artificielle, dès l’union. Ce droit se nomme droit d’accession. »
Notes et références
[modifier | modifier le code]- cf. Le code civil : une aura internationale
- Les articles du code civil français 578 à 624 définissent l'usufruit.
- Léa Boluze, « Démembrement de propriété : principe et intérêt », sur Capital.fr, (consulté le )
- Code civil du Québec, RLRQ c CCQ-1991, art 1119 <http://canlii.ca/t/6c3nl#art1119> consulté le 2020-01-19
- Sylvio Normand, Introduction au droit des biens. 2e édition, Éditions Wilson & Lafleur, 2014.
- Code civil du Québec, RLRQ c CCQ-1991, art 948 <http://canlii.ca/t/6c3nl#art948> consulté le 2020-01-19