Divinités grecques chthoniennes

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Les divinités grecques chthoniennes ou telluriques sont des divinités anciennes ayant contribué à la formation du Panthéon grec. Elles sont dites « chthoniennes » (prononcé /ktɔnjε̃/, du grec ancien χθών / khthốn, « la terre ») ou « telluriques » (du latin tellus, « la terre ») parce qu'elles se réfèrent à la terre, au monde souterrain ou aux Enfers, par opposition aux divinités célestes, dites « ouraniennes » ou « éoliennes ».

Des femmes et des hommes

Les premières divinités chthoniennes étaient probablement à majorité féminine, puisque des incarnations de la « Grande Déesse » et de « Gaïa », mais il y a parmi elles Hadès, quelques Titans, dont Cronos, et — de loin en loin — des dieux types Dionysos (vigne)[1], sans parler des satyres (sexualité) qui les suivent[2].

L'archéologie révèle en particulier sur les sites de probables sanctuaires et dans les tombes de l'époque néolithique et de l'âge du bronze des idoles aujourd'hui qualifiées hypothétiquement de « Grandes Mères » ou de « Terres-Mères », supposées être en relation avec des cultes de la fécondité et de la fertilité ou encore de l'au-delà — mais le matriarcat originel demeure bien hypothétique (exaltation des premiers chercheurs influencés par le romantisme et le symbolisme, au XIXe siècle)[3].

Le rapprochement de ces objets avec ceux d'autres sites (notamment en Anatolie) suggère que cette antique religion méditerranéenne associait la déesse à un taureau ou à un bélier (voir le thème du veau d'or dans la Bible), symboles virils spermatiques[2] — un thème qui s'installera durablement dans la région (hétéropartenariat, sexualité originelle non-maternaliste, mais paritaire).

En Anatolie, en Crète et à Agrigente

Ces dieux appartiennent à un vieux fonds méditerranéen[4], que l'on identifie avec le plus d'évidence en Anatolie. Les cycles de la nature, ceux de la vie et de la survie après la mort sont au centre des préoccupations qu'ils traduisent.

En Crète, le culte supposé de la « Grande Déesse » évolue au cours du second millénaire avant l'ère chrétienne en faisant intervenir quantité de nouveaux acteurs : animaux divers, plantes, etc. Toute une foule de démons accompagnateurs des dieux, tels que les Curètes ou les Dactyles, prennent aussi leur essor à cette époque. Ils auront une nombreuse descendance dans la mythologie grecque (Chimère, Gorgones, sirènes, etc.). La « Déesse Mère » elle-même se dédouble, sans doute en mère et en fille, comme ce sera plus tard le cas pour leurs héritières Déméter et Perséphone.

Le sanctuaire des Grands Dieux de Samothrace abrite ainsi un culte à mystères dédié à un panthéon de divinités chthoniennes dont la plus importante est la dite « Grande Mère ».

À Akragas (actuelle Agrigente) se trouve un temple dédié aux divinités chthoniennes[5].

Notes et références

  1. Friedrich Nietzsche, pour, notamment, sa Naissance de la tragédie, mais encore tous les aphorismes au sujet des Grecs anciens et autres études sur les philosophes présocratiques, sans parler du « sens de la terre » de son Zarathoustra.
  2. a et b Voir Carl Gustav Jung, pour ses études en psychologie sur les symboles.
  3. Philippe Muray, Le XIXe siècle à travers les âges, au sujet des exaltations « maternalistes » de la recherche archéologique.
  4. La revue Historia[source insuffisante].
  5. Laurence Cavalier, « Mission archéologique « Sanctuaire des divinités chthoniennes d’Agrigente ». Juin 2018 », Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome,‎ (ISSN 2282-5703, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi