De rebus bellicis
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Inconnu |
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De rebus bellicis, litt. Des affaires militaires, est un ouvrage anonyme du IVe ou Ve siècle en bas latin répertoriant bon nombre de machines de guerre utilisées par l'armée romaine.
L'auteur
[modifier | modifier le code]L'auteur est anonyme et mal connu, il se définit comme un « particulier […] inspiré par le loisir et pas trop étranger au côté pratique des choses »[1]. Son analyse précise des conséquences socio-économiques, de sa connaissance de l'administration, son statut de priuatus et la qualité de son expression avec son latin soigné[2] laissent à penser qu'il est proche de la chancellerie, probablement un ancien haut-fonctionnaire[3]. Curieusement, il ne précise pas ses fonctions, peut-être que c'est un magistrat municipal, un curiale (en)[4] ou un assistant d'un apparitor. Les hypothèses évoquent un citoyen érudit[5]. Son origine divise, ce n'est pas un barbare, des indices sont présents mais sans réelle certitude, probablement de la partie est de l'Empire d'Occident, potentiellement l'Illyrie[6]. Il critique le pillage des temples païens par Constantin mais ce n'est pas une preuve du paganisme de l'auteur, car si le traité est adressé à Constance II, il se modère dans ses opinions[7].
L'intention de l'auteur est qu'il veut être utile, du côté pratique (commoditas), proche de la réalité quotidienne[8]. Dans la préface, il se définit comme modeste, ingénieux et audacieux[9]. Il n'est pas spécifiquement innovateur, il glane des connaissances et plusieurs utilités[10], recherchant le perfectionnement[11]. Plusieurs théories modernes le traitent de faussaire, dénonçant des utopies et des maladresses[12].
Le traité
[modifier | modifier le code]Le titre du traité n'est pas authentique, le copiste s'est peut être attardé sur les illustrations pour qu'il soit nommé ainsi[13]. Le traité se veut comme une analyse, une conception pratique de l'armée et du règlement du problème fiscal et du faux-monnayage. Il est destiné spécifiquement au chef de l'État[14].
Le traité est composé de 21 chapitres, en deux parties avec une préface où l'auteur donne ses intentions. Chaque chapitre a un titre, peut-être de l'auteur, mais sans certitude[15]. Le plan se présente ainsi :
- Préface
- I. Questions financières et administratives
- § 1 : Maîtrise des Dépenses
- § 2 : Époque de prodigalité et d'avidité
- § 3 : Fraude et réforme de la monnaie
- § 4 : Corruption des gouverneurs
- § 5 : Réduction des Dépenses militaires
- II. Questions de guerre, descriptions des machines
- § 6 : Machines de Guerre
- § 7 : Baliste à quatre roues
- § 8 : mantelet
- § 9 : bouclier à pointe
- § 10 : trait plombé à pointes
- § 11 : trait plombé à fer conique
- § 12-14 : char à faux
- § 15 : thoracomachus
- § 16 : pont d'outres
- § 17 : liburne à bœuf
- § 18 : baliste foudroyante
- § 19 : appareil militaire
- § 20 : défense des frontières
- § 21 : remède pour résoudre les problèmes juridiques, sert de conclusion.
Le plan est parfois déséquilibré et incohérent, les titres des chapitres ne correspondent pas exactement au contenu[16]. Il n'est pas exclu que les quelques lacunes dans la tradition manuscrite fassent perdre la signification. La conclusion amorce de nouvelles idées dans le domaine civil[17].
Datation
[modifier | modifier le code]La datation se révèle très complexe et incertaine, plusieurs hypothèses furent émises. Il fut composé après la mort de Constantin (337), peut-être avant la bataille d'Andrinople (378) si on compare le traité et le panégyrique de Pacatus pour Théodose[18]. Mais la mention de la guerre avec les Perses demande une date beaucoup plus tardive, potentiellement jusqu'au règne d'Héraclius Ier au début du VIIe siècle[19]. Les titres Auguste/César suggèrent que le traité a peut-être été publié sous Constance II[20]. Plusieurs études ont déclaré que le terminus ante quem d'Andrinople n'est pas certain, d'où des hypothèses de publications sous Théodose, Valentinien III ou Justinien[21].
L'auteur s'adresse à des princes ayant des fils, ayant vaincu des usurpateurs. Trois règnes correspondent à ces critères : Constance II/Gallus, Constance II/Julien et Valentinien Ier/Valens. La troisième période est de loin la plus prisée des chercheurs, plusieurs indices montrent une concordance dans la période 368-369[22]. Philippe Fleury modère cet intervalle en supposant une publication entre 366 (mort de Procope) et 370 (mort de Valentinianus Galates)[23].
Transmission
[modifier | modifier le code]Le traité n'est pas mentionné dans la littérature antique[18]. Le traité est évoqué, potentiellement par Roger Bacon en 1260, mais de manière certaine par Andrea Alciato en 1530[24]. Le texte remonte à un ouvrage du Xe siècle, le Codex Spirensis de la cathédrale de Spire qui fut perdu au XVIe siècle[25]. Ce manuscrit fut transcrit, les descendants permettent d'avoir un aperçu. C'est une compilation de l'époque médiévale[26] de seize textes, les dix premiers sont géographiques, les cinq restant sont sur la thématique administrative et militaire, De rebus bellicis étant le onzième[27]. Quatre manuscrits servent à l'établissement du texte[28]. Les illustrations, malgré des dérives, sont probablement celles de la volonté de l'auteur, sans interpolations, qui furent reproduites par calque sur le Spirensis[29]. Les dessins ont peut-être influencé Konrad Kyeser, Léonard de Vinci et le recueil des planches Art Militaire de L'Encyclopédie[30]. Trois des textes du XVe et XVIe siècles dérivent probablement d'un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France, sous la référence Ms lat. 9661.
Éditions
[modifier | modifier le code]- Anonymi Auctoris De Rebus Bellicis. recensvit Robert I. Ireland (Bibliotheca scriptorvm Graecorvm et Romanorvm Tevbneriana), Lipsiae, 1984.
- Anónimo Sobre Asuntos Militare, Edited, trans. and comm. by Álvaro Sánchez–Ostiz (EUNSA), Pamplona, 2004.
- Anonyme (trad. Philippe Fleury), De Rebus Bellicis : Sur les Affaires Militaires, Les Belles Lettres, coll. « Collection des Universités de France », .
Références
[modifier | modifier le code]- Anonyme 2016, p. VII.
- Anonyme 2016, p. VII-VIII, XVIII.
- Anonyme 2016, p. VIII.
- Anonyme 2016, p. IX.
- Anonyme 2016, p. X.
- Anonyme 2016, p. X-XVII.
- Anonyme 2016, p. XXII.
- Anonyme 2016, p. XXIII.
- Anonyme 2016, p. XXI.
- Anonyme 2016, p. LIX-LXX.
- Anonyme 2016, p. LXXX-LXXXI.
- Anonyme 2016, p. XIX-XX.
- Anonyme 2016, p. XXV.
- Anonyme 2016, p. XXIV.
- Anonyme 2016, p. LIII-LVI.
- Anonyme 2016, p. LVI.
- Anonyme 2016, p. LVII-LVIII.
- Anonyme 2016, p. XXVIII.
- Anonyme 2016, p. XXXI.
- Anonyme 2016, p. XXXV.
- Anonyme 2016, p. XLI-XLVI.
- Anonyme 2016, p. XXXII-XXXIII.
- Anonyme 2016, p. XLIX-LII.
- Anonyme 2016, p. LXXXIII.
- Anonyme 2016, p. LXXXV.
- Anonyme 2016, p. LXXXVII. Les premières théories faisaient état de papiers d'un haut fonctionnaire de l'empire.
- Anonyme 2016, p. LXXXVI.
- Anonyme 2016, p. LXXXIX.
- Anonyme 2016, p. C-CI.
- Anonyme 2016, p. LXXXIV.