Candida (genre)

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Candida est un genre de levures (dont l’espèce la plus importante est Candida albicans) qui est répandu dans tout le monde habité et forme normalement un commensal parfaitement toléré par l'homme sain dans la bouche, sur la peau, dans le système digestif et dans la flore vaginale, en fonction des espèces. Champignon pathogène, il provoque parfois des mycoses (candidiase ou candidose) chez les humains et d'autres animaux quand l'organisme est affaibli.

Candida albicans

Au laboratoire médical, la culture en boîte de Petri des Candida donne des colonies qui sont grandes, rondes, de couleur blanche ou crème (d'où le choix par Christine Marie Berkhout du terme latin candidus qui signifie « blanc brillant »)[1]. C'est un champignon unicellulaire qui se trouve dans le tube digestif et dans la bouche de la plupart des humains. Il ne provoque cependant aucune pathologie chez les individus ayant un système immunitaire normal. Il peut se trouver sous plusieurs formes : levure, pseudohyphe ou hyphe.

Les espèces de Candida peuvent provoquer des infections assez bénignes, comme le muguet buccal chez l'enfant ou la candidose vulvo-vaginale chez la femme. Chez les patients dont le système immunitaire est affaibli, par exemple les patients recevant une chimiothérapie contre le cancer ou les patients atteint par le SIDA, les Candida peuvent provoquer des infections plus graves, comme des septicémies ou des candidoses digestives.

Dans l'immense majorité des cas pathologiques, c'est Candida albicans qui est en cause, mais sont également importants : Candida pseudotropicalis, cosmopolite comme le premier, Candida tropicalis plus fréquemment à l'origine des candidoses des zones intertropicales chaudes et humides, Candida parapsilosis et Candida guillermondii.

Morphologie[modifier | modifier le code]

Dans les prélèvements pathologiques, les candida se présentent toujours comme de petites levures rondes ou ovalaires de 2 à 4 microns, bourgeonnantes, souvent accompagnées de filaments mycéliens ou pseudo-mycéliens.
En culture sur milieu de Sabouraud, on obtient en 24 ou 48 heures des colonies blanches, crémeuses, brillantes, ne contenant que la forme levure ; sur milieu P.C.B. ou R.A.T., on obtient du pseudo-mycélium, et, pour C. albicans, des chlamydospores.

Génétique[modifier | modifier le code]

Candida est l'une des variantes du code génétique (avec la mitochondrie) c'est-à-dire que l'universalité du code génétique ne s'applique pas pour cette levure.

Biologie[modifier | modifier le code]

Les candida se multiplient activement en milieu nettement acide, de pH 2 à pH 6, mais peuvent survivre jusqu'à pH 9.[réf. nécessaire]

C. albicans est un saprophyte strict des muqueuses intestinales et vaginales (la peau n'est pas son habitat naturel, sa présence est donc associée à un risque plus élevé de contamination) ; dans toute autre localisation, il est considéré comme pathogène. Il ne le deviendra dans le tube digestif que s'il a l'occasion de proliférer.

En temps habituel, les levures sont maintenues en vie ralentie par la présence de salive abondante, d'une flore saprophyte intacte sur toutes les muqueuses digestives, de défenses organiques efficaces dans un organisme sain.

Autrefois, seule une déficience des défenses organiques (prématurés, vieillards) ou une tare physiologique (diabète, maladies chroniques…) venaient modifier cet équilibre et s'accompagnaient d'une candidose dont la gravité dépendait du trouble causal qui se limitait généralement au traditionnel muguet. Il était alors classique de dire : « on ne meurt pas du muguet, on meurt avec le muguet. »

Au XXIe siècle, les personnes peuvent encore faire des infections, parfois mortelles, à Candida. Elles se développent souvent sur un terrain immunodéprimé, et sont d'origine infectieuse (SIDA...) ou iatrogènes, provoquées par l'emploi de certaines thérapeutiques :

En plus de la prolifération des souches traditionnellement pathogènes (C. albicans, C. tropicalis...), il y a apparition d'une pathogénicité certaine chez des Candida réputés non pathogènes. Candida albicans demeure cependant à la fois le plus fréquemment rencontré et le plus régulièrement pathogène.

Espèces[modifier | modifier le code]

Outre Candida albicans, qui est un constituant normal des microbiotes humains cutané, gastrointestinal et urogénital, différentes espèces de Candida peuvent être responsables d'infections appelées candidémies[2]. On observe une incidence croissante d'infections causées par C. glabrata et C. rugosa, vraisemblablement du fait d'une moindre sensibilité au groupe des azoles, l'antifongique actuellement utilisé[3]. Parmi les pathogènes les plus importants, se trouvent C. parapsilosis, C. tropicalis, C. dubliniensis (en)[4] et plus récemment C. auris[5]. Selon MycoBank (23 novembre 2023)[6] :

Taxonomie[modifier | modifier le code]

Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Candida Berkhout, 1923[6].

Candida a pour synonymes[6] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Christopher B. Wilson, Victor Nizet, Yvonne Maldonado, Jack S. Remington, Jerome O. Klein, Remington and Klein's Infectious Diseases of the Fetus and Newborn, Elsevier Health Sciences, , p. 1059.
  2. Neil A. R. Gow et Bhawna Yadav, « Microbe Profile: Candida albicans: a shape-changing, opportunistic pathogenic fungus of humans », Microbiology, vol. 163, no 8,‎ , p. 1145–1147 (PMID 28809155, DOI 10.1099/mic.0.000499 Accès libre)
  3. M. A. Pfaller, D. J. Diekema, A. L. Colombo, C. Kibbler, K. P. Ng, D. L. Gibbs et V. A. Newell, « Candida rugosa, an emerging fungal pathogen with resistance to azoles: geographic and temporal trends from the ARTEMIS DISK antifungal surveillance program », J. Clin. Microbiol., vol. 44, no 10,‎ , p. 3578–82 (PMID 17021085, PMCID 1594768, DOI 10.1128/JCM.00863-06)
  4. Candida: Comparative and Functional Genomics, Caister Academic Press, (ISBN 978-1-904455-13-4)
  5. Emily S. Spivak et Kimberly E. Hanson, « Candida auris: an Emerging Fungal Pathogen », Journal of Clinical Microbiology, vol. 56, no 2,‎ (PMID 29167291, PMCID 5786713, DOI 10.1128/JCM.01588-17)
  6. a b et c V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 23 novembre 2023
  7. a et b S. A. James, E. J. Carvajal Barriga, C. J. Bond, K. Cross, N. C. Núñez, P. B. Portero et I. N. Roberts, « Candida carvajalissp. Nov., an ascomycetous yeast species from the Ecuadorian Amazon jungle », FEMS Yeast Research, vol. 9, no 5,‎ , p. 784–788 (PMID 19459983, DOI 10.1111/j.1567-1364.2009.00518.x Accès libre)
  8. a et b C. F. Chang, Y. C. Lin, S. F. Chen, E. J. Carvajal Barriga, P. P. Barahona, S. A. James, C. J. Bond, I. N. Roberts et C. F. Lee, « Candida theae sp. nov., a new anamorphic beverage-associated member of the Lodderomyces clade », International Journal of Food Microbiology, vol. 153, nos 1–2,‎ , p. 10–14 (PMID 22088606, DOI 10.1016/j.ijfoodmicro.2011.09.012)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]