Campo del Cielo

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Campo del Cielo
Illustration.
Fragment du Campo del Cielo naturellement percé, 576 grammes
Caractéristiques
Type Ferreuse
Groupe IAB
Classification structurelle Octaédrite
Composition 92,9 % Fe, 6,7 % Ni, 0,4 % Co
Observation
Localisation Chaco & Santiago del Estero, Argentine
Coordonnées 27° 38′ 00″ sud, 61° 42′ 00″ ouest
Chute observée Non
Date 4 000-5 000 ans
Découverte < 1576
Masse totale connue 100 t  (au moins)

Géolocalisation sur la carte : Argentine
(Voir situation sur carte : Argentine)
Campo del Cielo

Le Campo del Cielo est un groupe de météorites trouvées en Argentine. Couvrant une superficie de plusieurs dizaines de km², la zone d'impact (également nommée Campo del Cielo) est criblée d'une vingtaine de cratères créés par la fragmentation d'une même météorite il y a 4 000 à 5 000 ans. Ces cratères et ces fragments métalliques sont mentionnés depuis 1576, mais sont connus des habitants de la région depuis plus longtemps.

La masse totale des fragments récupérés dépasse 100 t, faisant du Campo del Cielo l'une des plus grosses météorites trouvées à la surface de la Terre. Le plus grand morceau, pesant 37 t, est la deuxième plus grosse météorite connue, après la météorite d'Hoba.

Région d'impact[modifier | modifier le code]

Les fragments météoriques ont percuté une région située à la frontière des provinces du Chaco et de Santiago del Estero en Argentine, à un millier de km au nord-ouest de Buenos Aires. Le champ de cratères couvre une zone de 3 km sur 20 et contient au moins 20 cratères, le plus grand mesurant 115 mètres de long sur 91 mètres de large, avec une profondeur en son centre de 2 mètres. Le cratère le plus profond a une profondeur de 5 mètres[1]. Au moins deux des cratères possèdent des milliers de petits fragments métalliques. La zone couverte par des fragments plus petits s'étend encore au-delà, sur 60 km.

Caractéristiques physiques[modifier | modifier le code]

120 kg, Rice Northwest Museum of Rocks and Minerals

La distribution inhabituelle des fragments suggère que le corps météorique initial s'est fragmenté après être entré dans l'atmosphère terrestre, mais avant d'atteindre le sol. On estime que ce corps mesurait au moins 4 m de diamètre.

Les fragments contiennent une densité d'inclusions anormalement élevée pour une météorite ferreuse, ce qui pourrait avoir facilité sa désintégration. Des échantillons de charbon de bois ont été prélevés sous certains fragments afin de réaliser une datation par le carbone 14 ; les résultats indiquent que l'impact s'est produit il y a entre 4 200 et 4 700 ans[2].

La composition moyenne des fragments est de 92,64 % Fe, 6,67 % Ni, 0,43 % Co, 0,25 % P, 87 ppm Ga, 407 ppm Ge et 3,6 ppm Ir[3],[4].

Fragments[modifier | modifier le code]

Le tableau suivant récapitule les principaux fragments de la météorite Campo del Cielo[3],[5],[6],[7],[8]

Nom Masse (tonnes) Date de découverte
El Meson de Fierro, ou Otumpa (disparue) >15 1576
Runa Pocito, ou Otumpa >0,8 1803
El Toba 4,21 1923
El Hacha 0,025 1924
El Mocovi 0,732 1925
El Tonocote 0,85 1931
El Abipon 0,46 1936
El Mataco 1 1937
El Taco 2 1962
La Perdida 1,53 1967
Las Viboras 3,12 1967
El Chaco 37 1969 (extraite en 1980)
Tañigó II (disparue) >10 1997
La Sopresa 15 2005
El Wichí, ou Meteorito Santiagueño 7,85 2006
Non nommée ~30 2016

Histoire[modifier | modifier le code]

Fragment « Las Víboras », exposé à l'Universidad Nacional del Nordeste (Chaco, Argentine).

Les premières mentions écrites de la météorite remontent à 1576. Le gouverneur d'une province du nord de l'Argentine (alors colonie espagnole) commissionne l'armée pour rechercher une grande masse de fer, que les Indiens utilisent pour leurs armes. Ceux-ci prétendent que cette masse est tombée du ciel dans un endroit qu'ils appellent Piguem Nonralta, traduit par les Espagnols en Campo del Cielo (« Champ du Ciel »). L'expédition militaire trouve une grande masse de métal sortant du sol. Elle suppose qu'il s'agit d'un filon métallique et rapporte quelques échantillons, décrits comme d'une pureté inhabituelle. Le gouverneur documente l'expédition et dépose le rapport dans les Archives générales des Indes à Séville où il est rapidement oublié. Les rapports ultérieurs sur la région ne font que répéter les légendes indiennes.

Suivant ces légendes, don Bartolome Francisco de Maguna redécouvre la masse de fer en 1774 et la nomme el Meson de Fierro (« la Table de Fer »). Maguna pense qu'il s'agit du sommet d'un filon de fer. L'expédition suivante, conduite par Rubin de Celis en 1783, utilise des explosifs pour dégager le sol autour de la masse et trouve qu'il s'agit vraisemblablement d'une pierre unique. Celis estime sa masse à 15 tonnes, la tient pour sans valeur et l'abandonne. Lui-même ne pense pas que la pierre soit tombée du ciel et suppose qu'elle a été formée par une éruption volcanique. Toutefois, il envoie des échantillons à la Royal Society de Londres et publie son rapport dans les Philosophical Transactions of the Royal Society[9]. Ces échantillons sont analysés ; contenant 90 % de fer et 10 % de nickel, on leur désigne une origine météorique[4].

Par la suite, de nombreux fragments sont trouvés dans la région, leur masse allant de quelques milligrammes à 34 tonnes. Une masse d'une tonne, Otumpa, est localisée en 1803. Découpée, sa partie la plus importante (634 kg) est amenée à Buenos Aires en 1813, et donnée ensuite au British Museum. Le plus gros fragment, d'une masse de 37 tonnes, est localisé en 1969 à une profondeur de 5 m par un détecteur de métal[4]. Nommé El Chaco, il s'agit du plus gros morceau de météorite connu après la météorite d'Hoba (60 tonnes). La somme totale des fragments de Campo del Cielo dépasse cependant 60 tonnes de très loin, en faisant la plus grosse météorite jamais retrouvée sur Terre.

Annexes[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. D. Acevedo et al., Meteorite Impact Craters and Ejecta in South America: A Brief Review, Revista Brasileira de Geomorfologia 12, nº 3 (2011), p. 137-160, aux p. 139-140.
  2. (en) Peter T. Bobrowsky et Hans Rickman, Comet/asteroid impacts and human society : an interdisciplinary approach, Springer, (ISBN 978-3-540-32709-7 et 3-540-32709-6, lire en ligne), p. 30-31
  3. a et b (en) Vagn F. Buchwald, The Handbook of Iron Meteorites, Their History, Distribution, Composition and Structure, vol. 2, Berkeley, University of California Press, , 1418 p. (ISBN 0-520-02934-8, lire en ligne)
  4. a b et c Gerald Joseph Home McCall, A. J. Bowden et Richard John Howarth, The history of meteoritics and key meteorite collections, Geological Society, (lire en ligne), p. 28–30
  5. (en) Monica M. Grady, A. L. Graham et Natural History Museum (London, England), Catalogue of meteorites : with special reference to those represented in the collection of the Natural History Museum, London, Cambridge, Cambridge University Press, , 689 p. (ISBN 0-521-66303-2, lire en ligne), p. 126
  6. (en) S.P. Wright et al., « Revisiting the Campo del Cielo, Argentina crater field: A new data point from a natural laboratory of multiple low velocity, oblique impacts », Lunar and Planetary Science, vol. XXXVII,‎ , p. 1102 (lire en ligne)
  7. M. C. L. Rocca et al., « A catalogue of large meteorite specimens from Campo del Cielo meteorite shower, Chaco province, Argentina », 69th Annual Meteoritical Society Meeting,‎ , p. 5501 (lire en ligne)
  8. Une énorme météorite mise au jour en Argentine (Ciel & Espace)
  9. (es) M. R. Celis, « An account of a mass of native iron found in South America », Philosphical Transactions of the Royal Society, vol. 78,‎ , p. 183–189 (lire en ligne)