Berthe Bénichou-Aboulker

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Berthe Bénichou-Aboulker
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 56 ans)
AlgerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Enfants
Colette Aboulker-Muscat (en)
José AboulkerVoir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Célestine Aboulker (sœur utérine)Voir et modifier les données sur Wikidata

Berthe Sultana Bénichou-Aboulker[1] née le à Oran et morte le à Alger est une écrivaine juive d'Algérie, première femme de lettres à être éditée en Algérie[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Berthe Bénichou-Aboulker est la fille d'Adélaïde Mazeltov Mazeltob Azoubib[3] et de son second époux, Mardochée Bénichou, qui font partie des grandes familles juives d'Oran[4], où ils résident dans une villa renommée du fait de sa construction avec sa propre synagogue[2].

En 1908, à l'âge de 22 ans, elle se marie avec Henri Samuel Aboulker (1876–1957), professeur de médecine. Le couple a quatre enfants : José qui devient très jeune Compagnon de la Libération puis médecin, Marcelle, Colette qui est psychothérapeute, ainsi qu'une fille qui meurt durant son enfance[2].

En raison de leur engagement comme résistants durant la Seconde Guerre mondiale, notamment dans le cadre de l'Opération Torch le 8 novembre 1942, son époux reçoit la Médaille de la Résistance tandis que ses enfants reçoivent la Croix de la Libération pour José et la Croix de Guerre pour Colette (épouse Muscat)[2]. Mais Berthe ne peut pas assister aux remises de ces distinctions : elle meurt le 19 août 1942[2].

Formation[modifier | modifier le code]

Berthe Bénichou-Aboulker reçoit une bonne éducation en français, comme sa mère, poétesse, et toutes les femmes de sa famille, de même que son oncle Raymond Bénichou qui, après avoir effectué ses études à Paris, est un écrivain et philosophe reconnu[2].

Carrière[modifier | modifier le code]

Musicienne et chanteuse, Berthe Bénichou-Aboulker possède aussi un talent comme peintre qu'elle transmet à ses filles[2]. Membre active de cercles intellectuels juifs d'Alger, elle devient connue dès 1933 pour ses publications et après la publication de sa première pièce de théâtre La Kahéna, elle devient première femme de lettres à être éditée en Algérie[2]. La Kahéna raconte l'histoire d'une héroïne berbère du VIIe siècle qui mène une armée contre la conquête d'Aurès par les musulmans arabes. Berthe Bénichou-Aboulker est d'ailleurs la première femme de lettres à célébrer ce personnage historique[5].

Elle produit des pièces de théâtre ainsi que des poèmes[2]. Certains de ses travaux disparaissent lors du bombardement d'Alger[2].

Bien que modestes, selon Jewish Women's Archive (en) ses travaux marquent l'entrée des femmes juives parmi les publications francophones d’Algérie[2].

Publications[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

  • La Kahena, reine berbère, pièce en trois actes et sept tableaux en vers, Alger, P. & G. Soubiron, 1933, 111 p.
  • Louise de Lavallière, pièce en trois actes et cinq tableaux en vers, Alger, P. & G. Soubiron, 1935, illustrations de Francis Harburger.

Poésie[modifier | modifier le code]

  • Pays de flamme, Alger, P. & G. Soubiron, 1935.
  • Danses, visions, Alger, La Maison des livres, 1939.
  • Balkis la Sabéenne, Poèmes à Rébécca et Le Stratagème, Alger, La Maison des Livres, 1939.

Sonnet Algérie[modifier | modifier le code]

Ce poème est extrait de son recueil de poésie Pays de flamme qui célèbre la terre algérienne, sa terre natale[6] :

« Tout croît intensément sur ton sol, Algérie !

Arbres, fleurs et blé d'or protégés par Cérès,

Fruits juteux, fruits de chair : Fatma, Rachel, Inès,

Zohra la mulâtresse ou la blanche Marie.


Que n'ai-je telle un chantre une langue fleurie

Pour célébrer le champ d'olivier, d'aloès

Où parfois vient rôder l'ombre de Cervantès

Prisonnier du Pirate en vieille Barbarie.


Exhalant des parfums de menthe et de henné,

Cités d'ardent essor et de luxe effréné :

Alger, Oran, Cirta, débordantes de sève


Ouvrent en éventail leurs bras blancs ou dorés

Pour recevoir le jour. En prismes irisés

Se transforment alors les rochers ou la grève. »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Valérie Assan, Les consistoires israélites d'Algérie au XIXe siècle : "L'alliance de la civilisation et de la religion", Armand Colin, , 488 p. (ISBN 978-2-200-28179-3, présentation en ligne)
  • Eva Martin Sartori et Madeleine Cottenet-Hage, Daughters of Sarah : Anthology of Jewish Women Writing in French, Lynne Rienner Pub, (ISBN 978-0-8419-1436-0, lire en ligne)
  • Aliza Yehezkiel, The Davidic Families : The Genealogy of Colette Aboulker-Muscat, Aliza Yehezkiel, , 183 p. (ISBN 978-965-90-2951-8, lire en ligne)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Généalogie de Berthe, Sultana BÉNICHOU », sur Geneanet (consulté le )
  2. a b c d e f g h i j et k (en) « Berthe Bénichou-Aboulker | Jewish Women's Archive », sur jwa.org (consulté le )
  3. « Généalogie de Adélaïde Mazeltov Mazeltob AZOUBIB », sur Geneanet (consulté le )
  4. « http://referenceworks.brillonline.com/entries/encyclopedia-of-jews-in-the-islamic-world/benichou-aboulker-berthe-SIM_0003940 » (consulté le ) Le début de l'article est libre, ensuite payant.
  5. (en) Ghada Hashem Talhami, Historical Dictionary of Women in the Middle East and North Africa, Rowman & Littlefield, , 407 p. (ISBN 978-0-8108-6858-8, lire en ligne), p. 191.
  6. « Parcours de femmes-Berthe Bénichou-Aboulker », sur www.radiojm.fr (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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