Bataille de la Tollense

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Bataille de la Tollense

Informations générales
Date ~
Lieu Tollense (Allemagne)

Coordonnées 53° 44′ 35″ nord, 13° 18′ 39″ est
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Bataille de la Tollense
Géolocalisation sur la carte : Mecklembourg-Poméranie-Occidentale
(Voir situation sur carte : Mecklembourg-Poméranie-Occidentale)
Bataille de la Tollense

La bataille de la Tollense désigne une bataille survenue durant l'Âge du bronze sur les bords de la rivière Tollense, dans le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, en Allemagne. Il s'agit de la première bataille connue sur le sol européen.

Découvertes archéologiques[modifier | modifier le code]

Des ossements humains, dont un humérus dans lequel était fiché une pointe de flèche en silex, ont été découverts en 1996 par un archéologue amateur dans une zone marécageuse de la vallée de la Tollense, à environ 120 km au nord de Berlin[1].

Entre 2009 et 2015, des fouilles archéologiques sont menées dans la vallée de la Tollense ; cinq chevaux et plus d'une centaine de corps humains sont mis au jour[1]. Il s'agit pour l'essentiel d'ossements appartenant à des hommes âgés de 20 à 40 ans et présentant des traces de mort violente. Ces vestiges semblent attester d'une violente bataille menée dans la vallée aux alentours de , durant l'Âge du bronze. Des armes ont été trouvées sur place, dont des lances, des épées, des couteaux, des pointes de flèches en bronze[1] et des gourdins de bois présentant la forme d'un maillet de croquet[2],[3]. Si les morts provoquées par flèche ou lance sont majoritaires, aucune n'est due à un coup d'épée.

Analyse[modifier | modifier le code]

Si l'on considère qu'environ 200 personnes ont perdu la vie lors de cette bataille et que la densité de population est alors d'environ 5 personnes par km2, la « bataille de la Tollense » apparait comme le plus important conflit armé connu en Allemagne à cette époque[4]. C'est la première bataille rangée connue sur le sol européen[5].

En 2016, alors que 90 % du site reste encore inexploré, les chiffres sont réactualisés : il s'agirait d'une bataille où, selon les estimations, près de 4 000 combattants auraient été impliqués, et où 750 d'entre eux auraient été tués[6]. La présence de cavaliers et de porteurs d'épées jette une lumière nouvelle sur la composition sociale des combattants : ce ne sont pas des hordes d'agriculteurs qui se rencontrent dans une bagarre sauvage, mais des armées organisées dont la hiérarchie laisse suggérer des sociétés structurées[6].

Théories[modifier | modifier le code]

Les combattants semblaient provenir de deux régions distinctes. Un groupe a été caractérisé par des traces d'un isotope du carbone, qui est considéré comme un signe caractéristique de la consommation du millet. Comme cette culture était inconnue dans le Mecklembourg, cet indice laissait supposer que les attaquants provenaient de régions plus au sud, sur les contreforts des Alpes[6]. La bataille aurait eu lieu près d'un gué de la rivière[6].

Depuis 2015, la théorie du millet est remise en cause. Il s'agirait plutôt de deux populations voisines, l'une ayant une technologie du bronze plus développée que l'autre. La bataille se serait déroulée près d'un pont traversant la vallée, et non d'un gué. Il s'agirait d'une grande voie construite 500 ans avant la bataille. La théorie actuelle relie cette bataille à l'effondrement de l'âge du bronze, qui se produit à cette époque au Proche-Orient et en Europe, avec un accroissement massif des guerres et des conflits.

Génétique[modifier | modifier le code]

Selon une étude génétique, bien que des études aient émis l'hypothèse que certains des guerriers venaient du sud de l'Europe centrale, c'est-à-dire du sud-est de l'Allemagne et de la Bohême, il semble probable que les individus de Tollense soient issus d'une population relativement homogène, avec un degré élevé de continuité avec ceux vivant dans la même région aujourd'hui[7].

7 échantillons masculins sur 16 montrent l'haplogroupe R1b, les 3 avec les meilleures inférences sont R1b-P312, 2 autres sont R1b-L51, l'autre R1b-M269. Les 9 autres montrent l'haplogroupe I2a[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Andrew Curry, « Slaughter at the bridge: Uncovering a colossal Bronze Age battle », Science,‎ (ISSN 1095-9203, DOI 10.1126/science.aaf4033, lire en ligne, consulté le )
  2. (de) Archäologie in Deutschland, 4. 2011.
  3. (en) Neil Bowdler, « Early Bronze Age battle site found on German river bank », Science reporter, BBC News, 22 mai 2011.
  4. L'Archéologue, no 116, octobre-novembre 2011, p. 4.
  5. « Actualités » in Guerres & Histoire no 3, novembre 2011, p. 17
  6. a b c et d (de) Berthold Seewald, Die Invasoren der Bronzezeit kamen aus dem Süden, welt.de, 16 mars 2016
  7. a et b (en) Joachim Burger et Vivian Link, Genomic Data from an Ancient European Battlefield Indicates On-Going Strong Selection on a Genomic Region Associated with Lactase Persistence Over the Last 3,000 Years, Current Biology, 9 avril 2020

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles de recherche[modifier | modifier le code]

  • (en) Detlef Jantzen, Ute Brinker, Jörg Orschiedt et al., A Bronze Age battlefield ? Weapons and trauma in the Tollense Valley, north-eastern Germany, Oxford, Oxford University Press >, coll. « Archeology », , p. 417–433
  • (de) Detlef Jantzen et Thomas Terberger, Gewaltsamer Tod im Tollensetal vor 3200 Jahren, Stuttgart, Theiss, coll. « Archäologie in Deutschland » (no 4), (ISSN 0176-8522), p. 6–11
  • (de) Thomas Brock, Archäologie des Krieges. Die Schlachtfelder der deutschen Geschichte, Philipp von Zabern, Darmstadt. 240 p.
  • Jacqueline Charpentier, « Massacre sur le pont : Plongée dans une bataille colossale de l’âge de bronze », Actualité Houssenia Writing, 27 mars 2016

Vulgarisation[modifier | modifier le code]