Bassari (peuple)

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Bassaris
Description de cette image, également commentée ci-après
Danseurs Bassari à Kédougou

Populations importantes par région
Population totale env. 17 000
Autres
Langues Onyan
Religions Religion traditionnelle
Ethnies liées Bédiks, Coniaguis, Badiarankés

Les Bassaris sont une population d'Afrique de l'Ouest vivant principalement sur les plateaux du Sénégal oriental et dans le nord de la Guinée. Ils forment, avec les Bédiks, les Coniaguis et les Badiarankés un groupe plus large nommé Tenda.

Ethnonymie[modifier | modifier le code]

Selon les sources et le contexte, on rencontre différentes formes : Ayan, Basar, Basari, Bassari, Biyan, Onian, Wo[1].

Le pays bassari[modifier | modifier le code]

Le pays bassari est une région de collines sur la frontière entre le Sénégal et la Guinée, plus précisément dans une zone située à l'Est de Youkounkoun, à l'Ouest de Kédougou et au Sud du fleuve Gambie. Côté sénégalais, le pays bassari est inclus en quasi-totalité dans le territoire du Parc national du Niokolo-Koba. Côté guinéen, certains villages ne sont accessibles qu'à pied ou en deux-roues. Cet isolement explique en partie le fort maintien des traditions au sein de la population bassari.

Histoire[modifier | modifier le code]

D'après les recherches effectuées par les scientifiques, les Bassari seraient apparentés aux Bantous d'Afrique centrale et australe. Pour affirmer cela, ils se sont appuyés sur les ressemblances physiques, et les ressemblances culturelles, telle que les parures ou les coiffures.

On pense qu'à l'époque de l'empire du Ghana, puis du Mali, ils auraient migré du Golfe de Guinée et l'Afrique centrale, qui sont les points de départ de l'expansion Bantou, pour s'installer dans les hautes collines du sud-ouest du Sénégal et au Fouta-Djalon, où ils vivent dans les montagnes les plus hautes. Un récit historique parle d'eux à l'époque où Soumaoro Kanté se battait contre Soundiata Keita. On dit qu'ils étaient partisans du premier. Quelques Bassaris, à l'époque de Koli Tenguella lors de sa remontée vers le Fouta-Toro qu'il voulait conquérir, le suivirent avec d'autres individus appartenant à plusieurs ethnies, pour grossir son armée. Ainsi quelques Bassari se sont installés au Fouta-Toro et se sont fondus dans la population. Là-bas ils ont intégré la grande caste des soldats de Koli, les Sebbe Kolyaabe.

Contrairement à d'autres peuples d'Afrique de l'Ouest, les Bassaris ont résisté aux razzias esclavagistes et à l'islamisation. Cette ethnie résolument de religion traditionnelle s'est réfugiée sur les contreforts montagneux du Fouta-Djalon pour échapper au harcèlement séculaire des Peuls musulmans. Les Bassaris ont toujours été plus ou moins protégés des djihads peuls, grâce à leur isolement et au fait qu'ils vivent en altitude. Malgré cela, beaucoup ont été convertis à l'islam par les chefs peul Alpha Yaya Molo et Thierno Timbo. D'autres sont devenus chrétiens avec les missionnaires européens au XXe siècle.

Population[modifier | modifier le code]

Leur nombre total est estimé entre 10 000 et 30 000.

Selon le recensement de 1988 au Sénégal, les Bassari étaient 6 195, sur une population totale estimée à 6 773 417 habitants, soit 0,1 %[2].

Ils sont généralement cultivateurs ou chasseurs. Les pratiques animistes restent prépondérantes, y compris chez ceux qui pratiquent la religion catholique. Beaucoup se sont installés dans la grande ville du Sénégal oriental, Tambacounda. D'autres sont partis vers Dakar.

Ils veulent que leur culture perdure, malgré le fait que beaucoup se marient avec des personnes appartenant à d'autres ethnies. Beaucoup se wolofisent, ou sont bilingues, parlant wolof et bassari. Traditionnellement, ils cohabitent avec les autres groupes tenda, les Peuls, les Malinkés, les Soninké, les Diakhanké et les Diallonké.

Culture[modifier | modifier le code]

Leur langue est le bassari, ou onyan.

masques Lukutas peu avant leur combat rituel avec les jeunes adolescents bassaris

Le passage d'une classe d'âge à une autre se fait à travers des rites d'initiation faisant un large appel aux génies.
Pour les rites d'initiation, les Bassaris se déguisent en "Lokouta". Pour eux, ces êtres ("Lokouta"), à la tête enserrée d'un disque de raphia et couverts de boue ocre, ne sont pas des hommes, mais l'incarnation visible des génies bienfaiteurs qui peuplent les grottes. Les "Lokouta" font des combats rituels contre des adolescents qu'ils jettent à terre. L'adolescence vaincue préfigure l'entrée dans l'âge adulte. Les initiés vont se réfugier dans les bois aux abords de la grotte sacrée. Là, le "père-caméléon", un ancien, gardien de la coutume, leur révélera les premiers rudiments de l'histoire secrète du peuple bassari et, en perpétuant le cycle initiatique, fera de chaque adolescent un homme accompli, digne "fils du caméléon", leur totem.

Les Bassaris se coiffaient traditionnellement de la même manière : les hommes comme les femmes se rasaient le crâne sur les côtés et laissaient les cheveux longs sur le milieu du crâne, qu'ils coiffaient en cimier. Les femmes avaient aussi recours au tressage des cheveux, avec des modèles parfois très compliqués. Les jeunes hommes ont souvent les cheveux tressés.

La société bassari est organisée en classes d'âge, chaque classe ayant des rôles et prérogatives définis en fonction des circonstances (fêtes, repas, tâches agricoles…).

Traditionnellement, seuls 7 noms de famille sont utilisés : Bonang, Biendia, Bydiar, Boubane, Biès, Bianquinche, Bangar.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. LCCN
  2. Chiffres de la Division de la Statistique de Dakar cités dans Peuples du Sénégal, Éditions Sépia, 1996, p. 182

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Riall W. Nolan, Bassari Migrations: The Quiet Revolution, Westview Pr, 1986, 199 p. (ISBN 0813372976)
  • Olivier Barrière, Catherine Barrière, Paul Soto et Emmanuel Rousseau, Bassari : De l'ocre à la lumière, Romain Pages Éditions, 2005, 158 p. (ISBN 2843502217)
  • Robert Cornevin, Les Bassari du nord Togo, Éditions Berger-Levrault, 1962, 156 p.
  • Monique Gessain, Les migrations des Coniagui et Bassari, Paris, Société des Africanistes, 1967, 106 p.
  • Monique Gessain, « Les classes d’âge chez les Bassari d’Etyolo (Sénégal oriental) », in Denise Paulme (éd.), Classes et associations d’âge en Afrique de l’ouest, 1971, Plon, Paris, p. 157-184.
  • Monique Gessain, Environnement végétal et anthropologie écologique des Bassari du Sénégal oriental : évolution du village d'Etyolo depuis 1900, Paris, Université Pierre et Marie Curie, 1976 ?, 342 p.
  • Monique Gessain, « Démographie historique des Bassari (Sénégal oriental) : l’évolution du mariage », L’Anthropologie (Paris), 1981-1982, 85-86, 4, p. 627-650.
  • Monique Gessain, et Annabel Desgrées du Loû, , « L’évolution du lévirat chez les Bassari », Journal des africanistes 68, 1-2, 1998, p. 225-247.
  • Monique Gessain, « Âge et classe d’âge chez les Bassari du Sénégal oriental », in Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, 2002, tome 14, fascicule 1-2, mis en ligne le
  • Monique Gessain, Bassari : Guinée et Sénégal, 1927-2002, Sepia, 2003, (ISBN 2842800710)
  • Monique Gessain La femme et le masque : Ou l'éloge de l'équilibre chez les Bassari, Sepia, 2006, 272 p. (ISBN 2842801067)
  • Jean Girard, Les Bassari du Sénégal : fils du caméléon. Dynamique d’une culture troglodyte, L’Harmattan, 2000, 965 p. (ISBN 2858024529)
  • Modibo Sounkalo Kéita, L'Archer bassari,(roman), 1re édition Karthala, 1984, 198 p. (plusieurs rééditions) (ISBN 2865370755).
  • Monique de Lestrange, Les Coniagui et les Bassari, L’Harmattan, 2006 (1re édition 1955), 84 p. (ISBN 2296004490) (voir en ligne le chapitre IV : « Caractéristiques principales de l'économie »)
  • Antoine Morat, Marc Gautron, Kaly, photographe bassari, Albin Michel, 1992, 243 p. (ISBN 2226058559)
  • Babacar Ndong, Menaces sur l'avenir du patrimoine culturel bassari le cas des masques, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 2002, 92 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • Babacar Ndong, Les Bassari du Sénégal : permanence et changement, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 2003, 98 p. (Mémoire de DEA)
  • Babacar Ndong, La communauté bassari de Tambacounda, une société traditionnelle en milieu urbain, Thèse de sociologie, 2008, 540 p.
  • Souleymane Niang, Recherches ethnographiques sur les populations Bassari du Sénégal oriental, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1992, 98 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • Gilles Pison, « Les Coniagui, les Bassari et la démographie » in Documents du CRA (Centre de recherches anthropologiques), n° spécial Bibliographie commentée de Monique Gessain, Paris, Musée de l'Homme, 1986, p. 65-80
  • Makhourédia Samb, « Cérémonie d'initiation en pays bassari », Sénégal-Carrefour, no 3, , p. 23-28 (initiation traditionnelle à Ethiolo)
  • Edoardo di Muro, « Noir et blanc en couleurs », roymodus, 2009, 88 p. (ISBN 9782953168143))

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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