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Acromégalie

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Acromégalie
Description de cette image, également commentée ci-après
Visage d'un patient souffrant d'acromégalie. Les pommettes sont prononcées, le front est renflé et la mâchoire est élargie.

Traitement
Médicament Octréotide, pegvisomant et bromocriptineVoir et modifier les données sur Wikidata
Spécialité EndocrinologieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 E22.0
CIM-9 253.0
OMIM 102200
DiseasesDB 114
MedlinePlus 000321
eMedicine 116366
MeSH D000172
Patient UK Acromegaly-pro

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L'acromégalie (du grec ἄκρος (akros) « haut » ou « extrême » et de μεγάλος megalos « grand » - agrandissement des extrémités) est un trouble hormonal qui provoque une augmentation anormale de la taille des pieds et des mains et une déformation du visage au fil des années[1].

Il apparaît lorsque la glande hypophyse produit un excès d'hormone de croissance (growth hormone soit GH en anglais)[1]. En général, il s'agit d'un adénome hypophysaire, c'est-à-dire une tumeur bénigne (dérivée des somatotrophes, un type distinct de cellules) qui produit de la GH.

Son évolution est très lente et le diagnostic est souvent retardé. La charge hormonale soumet durement l'organisme et provoque donc une grande fatigue. Le visage est très atteint par une dysmorphie.

L'excès d'hormone de croissance peut provoquer[1] :

L'acromégalie touche principalement les adultes d'âge moyen et peut entraîner une maladie sérieuse et une mort prématurée. Comme ses symptômes sont insidieux et sa progression lente, l'affection est difficile à détecter dans un stade précoce et passe fréquemment inaperçue pendant de nombreuses années.

Épidémiologie

On estime qu'environ une personne sur 15 000 à 25 000 est touchée[3]. L'incidence de l'acromégalie est de 3 à 5 nouveaux cas par an et par million d'habitants[3]. Néanmoins, de nombreux cas ne sont pas encore diagnostiqués et n'entrent pas dans ces chiffres. Les signes apparaissent sur des périodes longues, s'étalant sur plusieurs années, entraînant un retard de diagnostic de 7 à 10 ans[4].

Symptômes

Les symptômes de l’acromégalie peuvent être liés soit à la présence d’une tumeur soit à l’excès d’hormones de croissance. Ils touchent entre autres les os, les muscles, le métabolisme du sucre et des graisses…

Les symptômes varient selon l’âge auquel la maladie se déclare.

Acromégalie apparaissant avant la puberté

Chez l’enfant, l’excès d’hormone de croissance s’accompagne d’une croissance excessive et rapide de l’ensemble du corps. On parle alors d’acromégalo-gigantisme. Le principal signe montrant que l’enfant est atteint de la pathologie est une taille anormalement grande, plus de 2 mètres pour les garçons à la fin de l’adolescence. D’autres signes peuvent également se manifester comme des complications cardiovasculaires et des douleurs aux articulations.

Acromégalie apparaissant après la puberté

Chez l’adulte, les symptômes peuvent être liés à l’excès d’hormone de croissance ou à la présence de l’adénome hypophysaire lui-même (la tumeur bénigne).

Parfois, ce sont des douleurs au dos (rachialgies) et aux articulations (arthralgies) qui touchent 2 malades sur 3, pouvant être très invalidantes lorsqu’elles concernent les doigts.

Les manifestations liées à l’excès d’hormone de croissance

La pathologie se manifeste très progressivement avec des transformations lentes. Les personnes malades ne se rendent donc pas facilement compte qu’elles sont atteintes d’acromégalie. Les mains et les pieds s’élargissent, le crâne s’épaissit. Il devient alors difficile d’enlever les bagues, la pointure des chaussures ainsi que la taille des chapeaux augmentent. Souvent, ces changements ne sont visibles qu’en comparant avec d’anciennes photos.

Le visage prend un aspect typique :

  • élargissement du nez,
  • front semblant bas et ridé avec les arcades sourcilières et les pommettes saillantes,
  • lèvres épaissies,
  • menton saillant en avant (prognathe),
  • dents écartées,
  • voix rauque et grave.

Parfois, ce sont des douleurs au dos (rachialgies) et aux articulations (arthralgies) qui touchent 2 malades sur 3, pouvant être très invalidantes lorsqu’elles concernent les doigts.

D’autres manifestations peuvent également être rencontrées plus ou moins souvent, comme :

  • une fatigue prononcée,
  • des déformations osseuses (scoliose, saillie du sternum)[5],
  • un gain de poids parfois important,
  • l’apparition d’un syndrome du canal carpien (dans 40 à 50 % des cas),
  • une baisse de l’audition,
  • des apnées du sommeil,
  • un diabète.

De plus, l’hormone de croissance a des effets :

  • sur la peau :
    • vieillissement accéléré,
    • transpiration augmentée ;
  • sur les muscles :
    • augmentation du volume ;
  • sur les organes internes :
    • augmentation du volume du foie (hépatomégalie),
    • augmentation du volume de la thyroïde (ce qui provoque un goitre),
    • augmentation du volume du cœur (cardiomégalie).

La cardiomégalie est une complication fréquente (70 à 80 %) potentiellement grave. Un cœur trop gros est un cœur qui ne peut plus assurer sa fonction de pompe. Le corps risque alors de ne plus être oxygéné, particulièrement lors d’un effort. Les malades sont souvent essoufflés (insuffisance cardiaque) et souffrent d’hypertension artérielle dans 35 % des cas. À long terme, le cœur, les vaisseaux et les reins sont affaiblis. Ces symptômes peuvent, dans certains cas, participer à la découverte de la maladie.

Les manifestations liées à la tumeur

Le développement d’un adénome dans l’hypophyse exerce une pression sur le cerveau et peut être à l’origine d’un certain nombre de symptômes :

  • de maux de tête (céphalées) résistants aux traitements,
  • d’une diminution de la vision,
  • d’une diminution de la production de certaines hormones.

La production insuffisante de certaines hormones hypophysaires peut amener à une moindre production d’hormones produites par la thyroïde (hypothyroïdie) et par les glandes surrénales (insuffisance surrénale).

L’hypothyroïdie se manifeste généralement par :

  • une diminution du rythme cardiaque, du transit intestinal (constipation), des capacités intellectuelles,
  • une prise de poids,
  • une fatigue,
  • une frilosité,
  • des signes dépressifs.

L’insuffisance surrénale entraîne généralement :

  • une fatigue,
  • une perte d’appétit,
  • une diminution de la tension artérielle,
  • une pâleur de la peau,
  • une diminution de la pilosité au niveau des aisselles et du pubis.

Par ailleurs, une diminution du taux d’hormones sexuelles peut également être observée. Chez les femmes, cette diminution peut se manifester par des troubles des règles (aménorrhée, allongement du cycle…). Chez les hommes, cette diminution peut se manifester par une impuissance et une infertilité.

Aussi bien chez les hommes que chez les femmes, ces différents troubles hormonaux sont souvent responsables d’une baisse de la libido.

Causes

Dans 90 % des cas, la maladie est causée par une tumeur bénigne sur l'hypophyse[6].

Il existe des prédispositions génétiques : dans des formes familiales ou sporadiques ont été repérées des mutations sur les gènes AIP (en)[7], MEN1, PRKAR1A, CDKN1B, CDKN2C[8] ou GPR101[9].

Dépistage

Le diagnostic est souvent posé très tard, entre 4 et 10 ans après les premiers symptômes et la plupart du temps autour de 40 ans, alors qu’il peut être effectué dès l’apparition de ces premiers symptômes auprès d’un endocrinologue.

Le diagnostic de l’acromégalie se fait grâce à un test sanguin qui mesure notamment le taux d’hormone de croissance. Cette hormone est sécrétée de manière irrégulière par l’organisme, le test sanguin doit donc être réalisé plusieurs fois, à intervalles différents, pour établir un diagnostic définitif.

Traitement

Le traitement contre l’acromégalie vise à stopper/ ralentir la progression de la tumeur, en diminuer le volume, normaliser le taux d’hormones de croissance et soulager les symptômes.

Chirurgie

Traitement des adénomes hypophysaires

Il reste le traitement de première intention dans un nombre important de cas. Un certain nombre de lésions ne peuvent en effet pas être traitées de façon médicale. Dans ces cas exceptionnels d’adénomes géants, le traitement consiste en une chirurgie transfrontale[1]. Dans la plupart des cas la chirurgie transsphénoïdale — consistant à atteindre le cerveau en passant par les voies nasales et l'os sphénoïde — permet une exérèse avec succès. Le taux de succès varie en fonction de la taille et du caractère invasif de l’adénome.

Voie d’abord trans-crânienne ptérionale

Elle nécessite la taille d’un volet crânien de trépanation, l’ouverture de la dure-mère. La région opto-chiasmatique est alors découverte et l’adénome est abordé par son pôle supérieur entre les deux nerfs optiques latéralement et le chiasma optique en arrière[10].

Actuellement elle n’est plus utilisée que dans de rares cas d’adénome présentant des expansions extra-sellaires inaccessibles à la voie transsphénoïdale (latérale vers le lobe temporal ou en arrière vers le clivus) ou dont l’expansion supra-sellaire est séparée de la portion intra-sellaire par un collet rétréci (tumeur en bissac). Les complications de cette chirurgie crânienne consistent en diabète insipide, perte de vision, lésion de l’hypothalamus, hémorragie, méningite, épilepsie.

Voie d’abord transsphénoïdale

Cette voie sous-labiale ou trans-nasale rhinoseptale transsphénoïdale est réalisée sous contrôle télévisé des instruments par amplificateur de brillance. L’adénome est abordé par son pôle inférieur et enlevé sélectivement sous microscope opératoire. Les complications de la voie trans-sphénoïdale (diabète insipide, infection, fuite de LCR) sont plus rares que la voie crânienne et il n’y a pratiquement pas de complication à caractère esthétique (sauf parfois une chute de la pointe du nez). La voie trans-sphénoïdale est indiquée dans la grande majorité des adénomes hypophysaires.

Taux de réussite

Le taux de succès chirurgical dépend de nombreux facteurs dont le siège de l’adénome, son volume et son caractère invasif.

  • Le syndrome de masse : la décompression de structures opto-chiasmatique est obtenue dans tous les cas sauf de rares exceptions, il en résulte une résolution plus ou moins complète des troubles visuels.
  • Le syndrome hormonal (hypersécrétion de GH, de Prolactine et d’ACTH) : selon les cas, est guéri dans plus de 90 % des microadénomes. Dans les macroadénomes non-invasifs le taux de succès est voisin de 75 %. En cas d’adénomes envahissants le taux de succès n’est plus que de 25 % environ.

Médicaments

Plusieurs médicaments ont montré leur efficacité dans la réduction du taux d’hormone de croissance. Ces médicaments sont utilisés en association avec la chirurgie et/ou la radiothérapie, notamment quand l’ablation de la tumeur a été incomplète.

  • Les analogues de la somatostatine (inhibant la sécrétion d’hormone de croissance) et notamment l’octréotide et le lanréotide. Ils permettent de normaliser le taux d’hormone de croissance chez environ deux tiers des personnes traitées ; après 6 mois de traitement, ils entraînent en outre une réduction du volume de l’adénome.
  • Les « dopaminergiques », comme la bromocriptine. Ils sont surtout utilisés en cas de production excessive de prolactine. Ils diminuent légèrement la sécrétion de l’hormone de croissance par la tumeur.
  • Le pegvisomant, empêchant l’hormone de croissance d’agir, en cas d’échec de la chirurgie, de la radiothérapie, ou en raison d’une mauvaise tolérance ou de l’échec du traitement par les analogues de la somatostatine.

Radiothérapie

La radiothérapie consiste à utiliser des rayons pour détruire les cellules visées. C’est un traitement totalement indolore qui nécessite une trentaine de séances de 15 minutes, généralement réparties sur six semaines.

Ce traitement est particulièrement utilisé pour éviter les résidus de tumeur pouvant subsister après une opération de chirurgie. Parmi les effets secondaires, peut survenir une destruction de l’hypophyse à proximité de l’adénome, ce qui peut conduire progressivement à une insuffisance hormonale. Elle n’est donc proposée qu’en complément du traitement chirurgical et/ou des médicaments, sauf dans des cas exceptionnels.

Il est aussi possible de bénéficier d’irradiations plus localisées, ce qui diminue aussi le risque de complications[11].

Gigantisme hypophysaire et acromégalie des enfants

Patients célèbres atteints de la maladie

Notes et références

  1. a b c et d « L'acromégalie et le gigantisme », sur www.doctissimo.fr (consulté le ).
  2. Encyclopédie Vulgaris Médical : Acromégalie.
  3. a et b Encyclopédie Orphanet http://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Acromegalie-FRfrPub408.pdf.
  4. « Qu’est-ce que l’acromégalie ? » (consulté le ).
  5. http://dictionnaire.academie-medecine.fr/index.php?q=acrom%C3%A9galie
  6. « adénome hypophysaire », sur www.news-medical.net (consulté le ).
  7. (en) Beckers A, Aaltonen LA, Daly AF, Karhu A, « Familial isolated pituitary adenomas (FIPA) and the pituitary adenoma predisposition due to mutations in the aryl hydrocarbon receptor interacting protein (AIP) gene » Endocr Rev. 2013;34:239-277.
  8. Stratakis CA, Tichomirowa MA, Boikos S et al. « The role of germline AIP, MEN1, PRKAR1A, CDKN1B and CDKN2C mutations in causing pituitary adenomas in a large cohort of children, adolescents, and patients with genetic syndromes » Clin Genet. 2010;78:457-463.
  9. (en) Trivellin G, Daly AF, Faucz FR et al. « Gigantism and acromegaly due to Xq26 microduplications and GPR101 mutation » N Engl J Med. 2014;371:2363-2374.
  10. (en) Chaddad-Neto F, Campos Filho JM, Dória-Netto HL, Faria MH, Ribas GC, Oliveira E, « The pterional craniotomy: tips and tricks », Arq Neuropsiquiatr, vol. 70, no 9,‎ , p. 727-32. (PMID 22990732, lire en ligne [html]) modifier.
  11. « Orphanet: Acromégalie », sur www.orpha.net (consulté le ).
  12. « André le géant », sur catchinfomatch.e-monsite.com (consulté le ).
  13. (en) Alon Harish, « WWE Star Wrestler Great Khali Growth-Inducing Tumor Removed », sur abcNEWS.go.com, (consulté le ).
  14. (en) « Maurice Tillet ».
  15. « L'Acromégalie est un trouble hormonal - Le transport des médicaments facilité », sur /www.communique-de-presse-gratuit.com, (consulté le ).
  16. « De Palante à Cripure: Louis Guilloux », sur www.culturesfrance.com (consulté le ).
  17. « Tarantula », sur cinecinema.zeblog.com (consulté le ).
  18. (en) Michael R. Pitts, Horror film stars, McFarland, 2002, page 187.
  19. (en) « Antonio Silva To Appeal Drug Test Results », sur MMAWeekly.com, (consulté le ).
  20. « Fiche biographique de Carel Struckyen », sur fiches.lexpress.fr (consulté le ).
  21. (en) Malcolm Gladwell, The unheard story of David and Goliath, http://www.ted.com/talks/malcolm_gladwell_the_unheard_story_of_david_and_goliath.html.
  22. « Biographie de Salvatore Baccaro », sur IMDB.
  23. Lionel Froissart, « Du lourd pour Valuev », liberation.fr, 7 novembre 2009 (consulté le 5 septembre 2017).

Voir aussi

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Article connexe

Liens externes