Abus sexuels dans la Convention baptiste du Sud

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Des abus sexuels dans la Convention baptiste du Sud sont révélés au public, en février 2019, par deux médias américains, le Houston Chronicle et le San Antonio Express-News. Selon ces enquêtes environ 380 membres du clergé, des dirigeants laïcs et des bénévoles de la Convention baptiste du Sud sont accusés d'agressions sexuelles et 700 victimes sont dénombrées.

En 2022, le rapport d’enquête d'une société indépendante, mentionne l’omerta pratiquée par certains responsables de la Convention baptiste du Sud face aux victimes d'agressions sexuelles. Une liste de centaines de membres d’églises évangélistes américains « accusés de manière crédible » est publiée.

Historique[modifier | modifier le code]

En 2008, plusieurs victimes d'agressions sexuelles sollicitent les dirigeants de la Convention baptiste du Sud, (anglais : Southern Baptist Convention, abrégé en SBC), afin de lutter contre les prédateurs sexuels en son sein et de prendre des mesures de rétorsions à l'égard des églises qui protègent ces agresseurs. En réponse, la Convention demande à ses membres de s'investir dans cette recherche mais refuse la création d'une base de données centrale du personnel et du clergé reconnus coupables ou inculpés d'agressions sexuelles, en justifiant cette décision par l’autonomie des églises locales[1],[2].

L'enquête Abuse of Faith[modifier | modifier le code]

En , un scandale sexuel concernant la Convention est révélé au public par deux médias du Texas : le Houston Chronicle et le San Antonio Express-News à travers l'enquête Abuse of Faith (Abus de Foi).

Depuis 1998, 380 pasteurs et autres employés de culte ont commis des abus sexuels sur plus de 700 victimes. L'enquête est basée sur des affaires d’abus sexuels jugés dans les tribunaux depuis plus de 20 ans. Parmi ces prédateurs sexuels 220 sont condamnés par la justice de divers États, 100 condamnés sont encore dans des prisons américaines. Plus de 100 membres de la Convention sont enregistrés dans le fichier des délinquants sexuels. Des dizaines d’autres membres sont accusés de manière crédible ou poursuivis civilement. Par ailleurs plusieurs anciens présidents de la Convention baptiste du Sud sont accusés d’abus sexuels. De nombreuses victimes ont subi des pressions pour ne pas porter plainte, accepter d'avorter[2] ou simplement absoudre leurs agresseurs et « passer à autre chose »[3],[4].

Réactions de la Convention baptiste[modifier | modifier le code]

En , la Convention adopte un amendement constitutionnel afin d’excommunier les églises qui ne sévissent pas contre les agresseurs et autorise la création d'un comité chargé de traiter les plaintes pour abus sexuels[5]. Dans ce cadre, deux églises affiliées à la Convention baptiste du Sud sont exclues en février 2021[6].

En juin 2021, des lettres écrites par l'ancien directeur des politiques Russell D. Moore à la direction de la Convention baptiste du Sud sont divulguées. Dans celles-ci, Moore décrit comment la Convention a mal géré les allégations d'abus sexuels[7]. En octobre 2021, la Convention baptiste du Sud décide de confier une enquête à une entreprise entreprise indépendante sur la gestion des abus sexuels par la Convention. Ce rapport est publié en juin 2022[8].

Le rapport d’enquête réalisé par Guidepost Solutions, une société indépendante, mentionne l’omerta pratiquée par certains responsables de la Convention baptiste du Sud face aux victimes d'agressions sexuelles[9]. Une liste de plusieurs centaines de pasteurs, prédicateurs et membres d’églises évangélistes américains « accusés de manière crédible » d'agressions sexuelles est publiée[10]. Les informations ont été compilées principalement à partir d'articles de presse publiés entre 2007 à 2022[11].

À la suite de ce rapport, la Convention adopte, en juin 2022, l'instauration d’une base de données publique recensant les agresseurs afin de lutter contre les abus[12].

Quelques cas[modifier | modifier le code]

  • En 1998, le pasteur Michael Lee Jones est reconnu coupable d'agressions sexuelles sur deux jeunes filles de 16 ans. Il reste en liberté avec une période de probation de 8 ans et change d'église[13].
  • En 2003, le pasteur Leslie Mason est condamné à 7 ans de prison pour avoir abusé de deux jeunes filles de moins de 16 ans. Libéré en 2009, il reprend son activité dans une autre église[14].
  • En 2007, le pasteur Darrell Gilyard est mis en examen pour des sms inappropriés envoyés à sa propre fille. L'enquête révèle alors de multiples autres inconduites et abus sur des jeunes filles de 13 à 16 ans. En 2009, il est condamné à trois ans de prison et est enregistré au fichier des délinquants sexuels de Floride[15]. À peine libre, en 2012, il s'installe dans une nouvelle église baptiste, la Christ Tabernacle à Jacksonville, en Floride[16].
  • En 2010, George Rekers (en), un militant anti-homosexuel, cofondateur du mouvement conservateur Family Research Council, est surpris revenant d'un voyage de 10 jours en Europe avec un escort masculin recruté sur Rentboy.com[17],[18].
  • En 2010, Johnny Hunt (en), alors président de la Convention baptiste du Sud, aurait abusé de la femme d'un autre pasteur[19]. Il récuse ces accusations mais reconnait un « péché personnel » qu'il qualifie de « rencontre brève mais inappropriée »[20]. Néanmoins, il a démissionné de la North American Mission Board (en). En décembre 2022, alors qu'un retour de Hunt est envisagé, Bart Barber, actuel président de la Convention s"y oppose [21].

Procès[modifier | modifier le code]

Procès Rollins (2017)[modifier | modifier le code]

En 2017, Duane Rollins intente une action en justice accusant Paul Pressler, figure baptiste du Sud et ancien juge du Texas, de décennies de viol ayant commencé lorsque Rollins était un membre de 14 ans du groupe de jeunes de l'église à Houston. Sa plainte concerne Pressler mais aussi d'autres personnes qu'il accuse d'avoir permis ou dissimulé le comportement de Pressler - notamment la Southern Baptist Convention et Jared Woodfill, l'ancien président républicain du comté de Harris. et partenaire juridique de longue date de Pressler.

Lors du procès, sept autres hommes ont témoigné des « inconduites sexuelles » de Pressler[22].

Procès 2024[modifier | modifier le code]

Fin décembre 2022, la Convention baptiste du Sud arrive à un accord de règlement confidentiel. Néanmoins, cet accord n'empêche pas le procès prévu en février 2024[22].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Southern Baptists decide against pedophilia database », Time,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b (en) « 20 years, 700 victims: Southern Baptist sexual abuse spreads as leaders resist reforms », Houston Chronicle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Aux États-Unis, la principale Église protestante rattrapée par le scandale des abus sexuels, Le Monde (13 février 2019).
  4. « 380 pasteurs de l'Eglise baptiste du Sud coupables d'abus sexuels », Cath-Info,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Greg Garrison, SBC adopts proposal that would disfellowship churches over sex abuse, al.com, États-Unis, 11 juin 2019.
  6. « Aux États-Unis, la Convention baptiste du Sud dans la tourmente », The World News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Secret recordings, leaked letters: Explosive secrets rocking the Southern Baptist Convention », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Aux États-Unis, la Convention baptiste du Sud accepte l’ouverture d’une enquête sur la gestion des abus sexuels », Info Chrétienne,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « USA : La Convention baptiste du Sud accusée d’obstruction dans des affaires d’agressions sexuelles », Info Chrétienne,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « Liste de centaines de pasteurs, prédicateurs et membres d’églises évangélistes américains « accusés de manière crédible » », Guidepost Solutions,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « «Apocalypse» Dans la tourmente, la plus grande Eglise protestante des Etats-Unis publie une liste de suspects d’agressions sexuelles », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Kate Shellnutt in Anaheim et California, « Southern Baptists Overwhelmingly Approve Abuse Reforms, Public Database », sur News & Reporting (consulté le )
  13. (en-US) « Michael Lee Jones Named in Southern Baptist Abuse Report », sur Pennsylvania Injury Law News, (consulté le )
  14. (en) Scott Reeder, « A journalist who did what was right », sur Illinois Times (consulté le )
  15. (en-US) Paul Pinkham, « Jacksonville pastor begins 3-year prison sentence », sur The Florida Times-Union (consulté le )
  16. (en-US) Jeff Brumley, « Jacksonville pastor convicted of sex crimes back in the pulpit », sur The Florida Times-Union (consulté le )
  17. (en) « George Rekers, Anti-Gay Activist, Caught With Male Escort 'Rentboy' [UPDATE: Escort Says Rekers Is Gay] », Huffpost.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) « HOWARD V. ARKANSAS - GEORGE REKERS FACT SHEET », Union américaine pour les libertés civiles,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « Hunt resigns from NAMB, named in Guidepost report | Baptist Life | kentuckytoday.com », sur web.archive.org, (consulté le )
  20. « Les églises baptistes du sud des États-Unis face à «l’apocalypse» à cause du scandale des abus sexuels », Les Actualites News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « USA : polémique autour du possible retour d’un ancien président de la Convention baptiste du Sud accusé d’agression sexuelle », sur Info Chrétiennes, (consulté le )
  22. a et b (en) Robert Downen, « Southern Baptist Convention settles high-profile lawsuit that accused former leader of sexual abuse », sur The Texas Tribune, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • (en) « Liste des pasteurs, prédicateurs et membres d'églises évangélistes américains « accusés de manière crédible » », Guidepost Solutions,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Stop Baptist Predators