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Jean de Bournonville

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Jean de Bournonville
Description de l'image Signature Bournonville 1623.jpg.

Naissance vers 1585
Noyon, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Décès
Paris, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Activité principale Compositeur, organiste
Lieux d'activité France (Saint-Quentin, Amiens, Paris)
Années d'activité ca. 1605-1632

Jean de Bournonville[1] est un compositeur français actif dans le premier tiers du XVIIe siècle, né à Noyon vers 1585 et mort à Paris le . Il ne doit pas être confondu avec son fils Valentin de Bournonville, qui a publié des messes au milieu du XVIIe siècle.

Biographie

Noyon

Les Octo Cantica de 1612 précisent qu’il est né à Noyon, mais on ignore son année de naissance.

Saint-Quentin

Le même recueil l’indique à cette date comme maître des enfants de l’église collégiale de Saint-Quentin[2]. En 1613 Bournonville offre au chapitre de la cathédrale de Cambrai un recueil relié de ses messes (probablement les éditions parisiennes de Pierre I Ballard)[3]. Il reste à Saint-Quentin jusque vers 1618[4]. Dans les années 1610, il gagne les premiers prix aux puys de musique de Rouen, Évreux et Abbeville[5].

Amiens

Bournonville passe à Amiens avant 1619 : il est nommé maître de chapelle (symphoniarca) de la cathédrale d’Amiens au titre de ses Missae tredecim de 1619[6]. On connaît une expertise de réception de l’orgue de la cathédrale signée de sa main le , également signée par Henri Frémart et Jehan Titelouze[7], ce qui laisse supposer qu’il a été organiste.

Paris

Il termine sa carrière à la Sainte-Chapelle du Palais à Paris, où il est nommé par le chapitre directeur de la maîtrise le , en remplacement de Jacques Du Moustier décédé[8]. Il prend possession de son poste le , après avoir prêté serment, et est installé aux basses chaires du côté droit, n’ayant l’ordre de prêtrise. Offrir un tel poste à un musicien non ecclésiastique était inhabituel ; on peut en déduire que ce sont ses qualités qui lui ont valu une telle offre. Il n’exerça pas longtemps, mourant le [9].

Postérité

Il est encore cité par Annibal Gantez, en 1643 : comme un Bournonville qui est mort maistre de la Saincte Chapelle, et qui a laissé son fils aussi vertueux que luy maistre de l'Église d’Amiens[10]. Outre son fils Valentin, il eut Artus Aux-Cousteaux comme élève à Saint-Quentin vers 1615[11].

Œuvres

Page de titre des Missae tredecim (Douai, 1619). Paris BNF (Mus.)
Page de titre des Octo cantica de Bournonville (Paris, 1614). Paris ICP.

Les œuvres connues de Bournonville sont exclusivement sacrées et spirituelles. Elles ont été bien considérées par ses contemporains. Dans son écriture les imitations sont traitées avec souplesse et élégance. Son contrepoint est d’une grande qualité et sait rester vivant et spontané, comme dans les chansons dont il s’inspire parfois pour ses messes (enfreignant en cela les directives du Concile de Trente, qui demandaient l'abandon de cette inspiration profane).

Messes

Elles sont au nombre de dix-neuf, réparties entre des volumes parisiens (y compris les Octo cantica de 1612/1625) et un recueil douaisien.

  • Missa quatuor vocum. Ad imitationem moduli Ave maris stella. Paris : Pierre I Ballard, 1618. 1 vol. 2°. RISM B 3842, Guillo 2003 no 1618-B.
  • Missa quatuor vocum. Ad imitationem moduli Ave Maria. Paris : Pierre I Ballard, 1618. 1 vol. 2°. Guillo 2016 no 1618-B2.
Ces deux messes font partie d’une collection de messes de Bournonville imprimées par l’atelier Ballard entre 1607 et 1618, qui contenait aussi les volumes suivants, tous perdus : Missa Sappi madonna (4 v.), Missa Septimi toni (4 v.), Missa Ad nutum Domini (6 v.), Missa Heu mihi (4 v.), Missa In nomine Jesu (5 v.), Missa J’ay senti les deux maux (5 v.), Missa Narcisse (5 v.), Missa Nunc dimittis (5 v.), Missa Par un matin d’esté (4 v.). Elles ont paru avant le recueil de Douai de 1619 et certaines s’y retrouvent. Cf. Guillo 2003 n° ND-12 à ND-22. La messe Sappi Madonna, est également connue dans un manuscrit italien[12].
  • Missæ tredecim, quarum ultima pro defunctis. Douai : Jean Bogard, 1619. 6 vol. 4° obl. RISM B 3843, Persoons 1989 no 45.
Dédicace à l’évêque d’Amiens François Lefèvre de Caumartin, du . Contient 13 messes : à 4 voix Ad libitum, Ave Maria, Ave maris stella, Heu mihi, Septimi toni ; à 5 voix In cantu peregrinorum S. Jacobi, In nomine Jesu, Le rossignol, Nunc dimittis ; à 6 voix Ad nutum Domini, Dessus le marché d'Arras, La guerre françoise (celle-ci inspirée par La bataille de Marignan de Clément Janequin), Pro defunctis. Disponible sur Gallica.
La messe Ad libitum a été publiée : révision et annotations de René-Marie Reboud. [Pour chœur mixte à 5 voix]. - Paris : Éditions musicales de la Schola cantorum et de la Procure générale de musique, [1953]. In-4° , 10 p.

Hymnes et cantiques

  • Octo cantica Virginis matris quae vulgo magnificat dicuntur, cum hymnis communioribus penè totius anni, quibus additae sunt Diei Dominicae & natalis Domini vesperae. Secundum rituum Romanum. (4-5 v.). Paris : Pierre I Ballard, 1612. 4 vol. 4°. RISM B 3841, Guillo 2003 no 1612-C.
Contient 8 magnificats, des psaumes, des hymnes, des antiennes à la Vierge, une Missa syllabica et une Missa Septimi toni. La musique est en faux-bourdon, et reste la même pour chaque verset. Ces compositions sont antiphonales (c’est-à-dire avec alternance de plain-chant et de polyphonie).
Recueil réédité en 1625 (inconnu du RISM, Guillo 2003 n° 1625-B). Au titre, la mention de Saint-Quentin n’a pas été changée (alors que Bournonville travaillait alors à Amiens). Numérisé sur Gallica.
  • Octo cantica Divæ Mariæ Virginis, quorum initium est Magnificat, secundum octo modos, seu tonos in templis decantari solitos singula quaternis vocibus constantia. Paris : Pierre I Ballard, 1614. 1 vol. 2°. Guillo 2016 no 1614-D2.
Contient 8 magnificats sur les 8 tons, en forme antiphonale. L'écriture est plus travaillée que celle du recueil de 1612.

Musique spirituelle

  • Cinquante quatrains du sieur de Pybrac, mis en musique à ii, iii & iiii parties. Paris : Pierre I Ballard, 1622. 4 vol. 8° obl. RISM B 3844, Guillo 2003 no 1622-B.
L’édition suit l’ordre original des quatrains de Pibrac.

Notes

  1. Il est parfois prénommé Jean-Valentin dans la littérature, mais les sources anciennes ne l’attestent pas.
  2. Dans la réédition de 1625, l’imprimeur a omis de changer cette mention...
  3. Voir Houdoy 1880 p. 224 : à Me Jean de Bournonville, Me des enfans de l’église de M. S. St Quentin pour ses œuvres de plusieurs messes composées en musique imprimées en un livre offert au chapitre, 9 livres.
  4. Gomart 1851 p. 45.
  5. C’est la préface des Missæ tredecim de 1619 qui nous l’apprend, dans une pièce latine au début de la partie de Bassus, transcrite dans Durand 1920 p. 92. Les pièces liminaires du même recueil lui donnent deux anagrammes : IL A BON’ ODEUR EN VILLE et HÉ N’OY-JE UN BEL ORLANDE ?
  6. Il porte le même titre dans ses Cinquante quatrains de 1622. Dans son article de la Biographie universelle des musiciens (vol. II p. 43-44), Fétis lui prête un parcours erroné, confondant ses prix et ses postes...
  7. Amiens AD Somme : 4 G 1144, reproduite dans Musique en Picardie 2012 p. 282.
  8. Et c’est Artus Aux-Cousteaux qui remplace Bournonville à Amiens.
  9. Sur cet épisode parisien, voir Brenet 1910, p. 176–177. Son convoi d'inhumation à la Sainte-Chapelle se fait le 28 mai dans la basse Sainte-Chapelle : voir Brossard 1965 p. 42.
  10. Voir Gantez 1643, Lettre XVIII.
  11. Gomart 1851 p. 48.
  12. Udine, Bibliothèque du Séminaire archiépiscopal, mss daté 1622. Cité d’après McClintock 1969 p. 510.

Références

  • Michel Brenet (pseud. de Marie Bobillier), Les musiciens de la Sainte-Chapelle du Palais : documents inédits, recueillis et annotés par Michel Brenet (Paris, A. Picard, 1910), Genève, Éditions Minkoff, coll. « Publications de la Société internationale de musique », , 379 p. (ISBN 2826600419, OCLC 1149112, lire en ligne [PDF])
  • Georges Durand. « La musique de la cathédrale d'Amiens avant la Révolution », Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie 29 (1920–1922), p. 329–457. Reprint in La vie musicale dans les provinces françaises : 1 (Genève, 1971). Voir p. 91-95.
  • Annibal Gantez. L’Entretien des musiciens. Auxerre : 1643. Réédition par Ernest Thoinan : Paris, 1878.
  • Charles Gomart, Notes historiques sur la maîtrise de Saint-Quentin et sur les célébrités musicales de cette ville. Saint Quentin : 1851. Reprint in La vie musicale dans les provinces françaises : 1 (Genève, 1971).
  • Musiciens de Paris 1535-1792 d’après le Fichier Laborde. Publié par Yolande de Brossard. – Paris : Picard, 1965.
  • Laurent Guillo, « Découverte à la Bibliothèque de Fels (Institut catholique de Paris) d’un recueil de messes contenant des œuvres retrouvées de Titelouze, Du Caurroy, Fontenay et Bournonville (Paris, 1587-1626) », Revue de musicologie 102/2 (2016), p. 379-394.
  • Laurent Guillo. Pierre I Ballard et Robert III Ballard, imprimeurs du roy pour la musique (1599-1673). Sprimont et Versailles : 2003. 2 vol.
  • Jules Houdoy, Histoire artistique de la cathédrale de Cambrai, ancienne église métropolitaine Notre Dame : comptes, inventaires et documents inédits... Paris : Morgand et Fatout, 1880.
  • Denise Launay. La musique religieuse en France du concile de Trente à 1804. Paris : Société française de musicologie, 1993.
  • Carol MacClintock. « New sources of Mantuan music ». Journal of the American Musicological Society 22/3 (1969), p. 508-511.
  • La Musique en Picardie du XIVe au XVIIe siècle, sous la dir. de Camilla Cavicchi, Marie-Alexis Colin et Philippe Vendrix. Turnhout : Brepols, 2012.
  • Guido Persoons. « Joannes I Bogard, Jean II Bogard en Pierre Bogard als muziekdrukkers te Douai van 1574 tot 1633 en hun betrekkingen met de Officina Plantiniana ». Ex Officina Plantiniana : studia in memoriam Christophori Plantini (ca. 1520-1589), ed. Marcus de Schepper & Francine de Nave. Antwerpen : Vereeniging der Antwerpsche Bibliophilien, 1989, p. 613-666.
  • Jean-Paul Montagnier, The Polyphonic Mass in France, 1600-1780: The Evidence of the Printed Choirbooks, Cambridge: Cambridge University Press, 2017.

Discographie

  • Jean Titelouze : Hymnes et Magnificat. Jean-Charles Ablitzer, orgue historique de Saint-Miliau. Versets chantés alternés, polyphonies et plain-chant par Gérard Lesne, Josep Benet, Josep Cabré et Malcolm Bothwell. 1 CD Harmonic Records H/CD 9037, 1990. [Les polyphonies chantées sont extraites du recueil de Bournonville de 1612/1625].

Liens externes