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Thérapie psychédélique

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La thérapie psychédélique, parfois appelée psychothérapie assistée par les psychédéliques (PAP), est un type de psychothérapie qui implique le recours à des substances psychédéliques telles que la psilocybine, le LSD, le DMT, la mescaline, le 2C-B et la MDMA. La thérapie psychédélique se révèlerait efficace dans le traitement de la dépression et des troubles anxieux ainsi que dans celui du syndrome de stress post-traumatique et de l'alcoolisme.

Histoire

Les recherches scientifiques sur les propriétés psychothérapeutiques des psychédéliques ont commencé dans les années 1950 et 1960 et portaient notamment sur les effets du LSD.

À partir des années 1960, les vastes entreprises de prohibition des drogues, notamment symbolisées en Amérique du Nord par la War on Drugs du président Nixon, ont contribué à l'adoption de législations qui restreignaient grandement la distribution et l'usage de substances psychédéliques. Cela a eu pour effet de ralentir les recherches sérieuses sur le sujet.

Au début du XXIe siècle, la thérapie psychédélique regagne toutefois l'intérêt des milieux médicaux occidentaux. En 2016, l'Université Johns-Hopkins et l'Université de New York mènent de vastes études s'appuyant sur des essais randomisés contrôlés pour mesurer les effets de la thérapie psychédélique sur la dépression et l'anxiété de patients cancéreux. Ces études concluent à une baisse statistiquement significative des troubles anxiodépressifs, avec un maintien pendant au moins 6 mois, sans effets secondaires marqués[1],[2].

Le , Santé Canada autorise certains professionnels de la santé à faire usage de la psilocybine et de la MDMA pour traiter en urgence des patients. Un psychologue qui dirige une clinique spécialisée en thérapie psychédélique affirme alors que ce « changement de paradigme » positionne le gouvernement canadien comme « un chef de file dans la recherche sur les bienfaits médicaux des psychédéliques[3] ».

Les différents types de psychothérapies psychédéliques

Il y a différentes modalités d'application de la psychothérapie assistée par les psychédéliques développées depuis la moitié du 20ème siècle.

Il y a l’approche psycholytique, développé dans les années 50 principalement en Europe, qui consiste en l’utilisation de doses faibles à moyenne pour accompagner et faciliter le processus psychothérapeutique. Un plus grand nombre de séances sont effectuées, travaillant généralement d'un point de vue psychanalytique. Elle a été surtout utilisée en Europe (Sandison, 1954) (Soskin, 1973)[4].

Il y a également l’approche psychédélique. Plus typique des États-Unis, cette méthode consistait à administrer de fortes doses de LSD ou d'autres psychédéliques dans le but de provoquer des expériences profondes chez le patient. Cette approche consistait en une préparation importante autour du patient pour l’emmener vers le mystique, nécessitant un environnement apaisant, de la musique en fond et de hautes doses de LSD. Il se produisait un processus de « mort-renaissance » qui amenait à des états d’unité cosmique. Ces expériences mystiques ou "peak experiences", selon les termes de Maslow, permettraient au sujet d'obtenir une vision renouvelée de lui-même, du monde et de la vie, ce qui aurait des bénéfices thérapeutiques en soi[5],[6]. Généralement, seules 1 à 3 séances de ce type sont réalisées. À la différence de l’approche psycholytique, il n’y a pas d’interprétation ou d’analyse de l’expérience durant les effets. Elle survient après. Elle a été utilisée principalement aux États-Unis et les études menées à Spring Grove Hospital dans le Maryland et dans le centre psychiatrique de recherche du NIMH à Catonsville aux USA, durant les années 60 furent les plus abouties et les plus rigoureuses.

Une combinaison des 2 approches psycholytique et psychédélique, appelée approche psychédélytique a été mise en place par Alnaes et Grof. Elle consistait à l’élaboration de production de l’inconscient avec de faibles doses de LSD, et au travail psychédélique en séance individuelle avec de plus fortes doses de LSD. C’est l’approche la plus moderne et elle a déjà été utilisée dans des études pilotes (Yensen, 1995), comme par exemple pour une étude Suisse de la SAePT entre 1988 à 1993.

Les études ont permis d’établir une règle fondamentale : l’importance cruciale du cadre thérapeutique pour induire des résultats positifs. L’effet purement pharmacologique n’est pas suffisant et n’induit des résultats positifs que dans un cadre en lui-même thérapeutique. Les facteurs extra-pharmacologiques ne doivent pas être négligés. Les psychédéliques n’étant que des catalyseurs qui activent les potentiels psychiques innés.

Albert Hofmann expose une de ses théories pour le travail psychanalytique. « Dans l'ivresse au LSD, la vision quotidienne du monde subit une modification progressive, un bouleversement. […] (Il y a) une rupture de la barrière Moi–Toi. Ces deux éléments aident les patients noyés dans un réseau de problèmes relatifs au Moi à échapper à leur fixation et à leur isolement, ce qui leur permet d'établir une meilleure relation au médecin et par la suite, d'être plus réceptifs à une influence psychothérapeutique. De la même manière, le sujet sous LSD devient plus disponible. […] Certaines expériences oubliées ou refoulées reviennent à la conscience […]. Au cas où il s'agit des événements traumatiques recherchés dans la psychanalyse, ces événements deviennent, par la même, accessibles au traitement psychothérapeutique. Il existe de nombreux rapports qui signalent qu'au cours d'analyses sous LSD, des souvenirs datant même de la prime enfance ont pu redevenir vivants. Et il ne s'agit pas là d'un souvenir ordinaire, mais bien d'une reviviscence au sens propre du terme ; non pas d'une réminiscence » (Hofmann, 1997).

Aspects légaux

La psychothérapie assistée par les psychédéliques n’est pas autorisée en dehors de certaines conditions restrictives et ceci est dû au fait que la plupart des substances psychédéliques figurent à l'annexe 1 de la Convention des Nations unies sur les substances psychotropes de 1971 à Vienne (c'est-à-dire parmi les drogues répertoriées comme n'ayant aucun usage thérapeutique possible) sont donc interdites. Depuis 2014, les traités mondiaux listant le LSD et la psilocybine comme des substances contrôlées de " l'annexe I " continuent d'empêcher une meilleure compréhension de ces drogues. Une grande partie de la recherche clinique renouvelée a été menée avec la psilocybine et la MDMA aux États-Unis avec une permission spéciale et des désignations de thérapie révolutionnaire par la FDA, tandis que d'autres études ont examiné les mécanismes et les effets de l'ayahuasca et du LSD[7],[8],[9]. La psychothérapie assistée par la MDMA fait l'objet de recherches actives par le MAPS. Seules six études formelles sur les applications du LSD ont eu lieu entre 1990 et 2017. Aucune complication de l'administration du LSD n'a été observée[10].

Le nouveau siècle marque un changement plus large dans l'attitude politique envers la médecine psychédélique, en particulier au sein de la Food and Drug Administration. Curtis Wright, alors directeur adjoint de la division des médicaments d'anesthésie, de soins intensifs et de toxicomanie de la FDA, a expliqué une motivation de ce changement : "l'agence a été contestée juridiquement dans un certain nombre de cas et a également subi un processus d'introspection, en se demandant 'est-il approprié de traiter cette classe de médicaments différemment ?'".

Le 5 janvier 2022, Santé Canada a autorisé certains professionnels de la santé à faire usage de la psilocybine et de la MDMA pour traiter en urgence des patients. Un psychologue qui dirige une clinique spécialisée en thérapie psychédélique affirme alors que ce « changement de paradigme » positionne le gouvernement canadien comme « un chef de file dans la recherche sur les bienfaits médicaux des psychédéliques ».

Références

  1. Griffiths RR, Johnson MW, Carducci MA, Umbricht A, Richards WA, Richards BD, Cosimano MP, Klinedinst MA, « Psilocybin produces substantial and sustained decreases in depression and anxiety in patients with life-threatening cancer: A randomized double-blind trial », Journal of Psychopharmacology, vol. 30, no 12,‎ , p. 1181–1197 (PMID 27909165, PMCID 5367557, DOI 10.1177/0269881116675513)
  2. Ross S, Bossis A, Guss J, Agin-Liebes G, Malone T, Cohen B, Mennenga SE, Belser A, Kalliontzi K, Babb J, Su Z, Corby P, Schmidt BL, « Rapid and sustained symptom reduction following psilocybin treatment for anxiety and depression in patients with life-threatening cancer: a randomized controlled trial », Journal of Psychopharmacology, vol. 30, no 12,‎ , p. 1165–1180 (PMID 27909164, PMCID 5367551, DOI 10.1177/0269881116675512)
  3. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1854450/sante-canada-autorisation-drogues-psychedeliques-therapies-mdma-psilocybine
  4. F. Chemla, F. Ferreira et B. Roy, « Synthesis from Hal/Hal, Hal/O, Hal/S, O/O, S/S, or O/S Acetals », dans Acetals: Hal/X and O/O, S, Se, Te, Georg Thieme Verlag KG, (ISBN 978-3-13-118811-3, lire en ligne), p. 1
  5. Claudio Naranjo, The healing journey : new approaches to consciousness, Ballantine Books, (ISBN 0-345-24328-5 et 978-0-345-24328-7, OCLC 2271737, lire en ligne)
  6. Grof, Stanislav, 1931-, LSD psychotherapy, Borgo Press, (ISBN 0-8095-6300-2 et 978-0-8095-6300-5, OCLC 14188749, lire en ligne)
  7. (en) Kenneth W. Tupper, Evan Wood, Richard Yensen et Matthew W. Johnson, « Psychedelic medicine: a re-emerging therapeutic paradigm », Canadian Medical Association Journal, vol. 187, no 14,‎ , p. 1054–1059 (ISSN 0820-3946 et 1488-2329, PMID 26350908, PMCID PMC4592297, DOI 10.1503/cmaj.141124, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Timothy Amoroso, « The Psychopharmacology of ±3,4 Methylenedioxymethamphetamine and its Role in the Treatment of Posttraumatic Stress Disorder », Journal of Psychoactive Drugs, vol. 47, no 5,‎ , p. 337–344 (ISSN 0279-1072 et 2159-9777, DOI 10.1080/02791072.2015.1094156, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Yasemin Saplakoglu published, « FDA Calls Psychedelic Psilocybin a 'Breakthrough Therapy' for Severe Depression », sur livescience.com, (consulté le )
  10. (en) Matthias E Liechti, « Modern Clinical Research on LSD », Neuropsychopharmacology, vol. 42, no 11,‎ , p. 2114–2127 (ISSN 0893-133X et 1740-634X, PMID 28447622, PMCID PMC5603820, DOI 10.1038/npp.2017.86, lire en ligne, consulté le )