Modèle (économie)

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Un modèle est, en économie, une représentation simplifiée de la réalité économique ou d'une partie de celle-ci. L'économie se fonde sur les modèles pour estimer l'évolution d'un système économique, comme la croissance, le commerce international, etc.

Concept

La science économique, quantitative, a rapidement eu besoin de modèles afin de représenter de manière schématique un pan de la réalité. Des modèles ont ainsi été créés au fur et à mesure que la discipline s'est développée.

Comme dans les disciplines purement scientifiques, les modèles économiques utilisent le formalisme mathématique pour représenter la réalité sous forme d'équations. L'évolution d'une variable fait ainsi varier les valeurs du système d'équations.

Ces modèles simplistes admettent des solutions compréhensibles par des économistes et permettent des simulations informatiques ou des calculs analytiques qui peuvent être comparées aux données mesurées comme le PIB ou l'inflation. Ces modèles permettent une simulation approximative et une compréhension partielle des phénomènes économiques et sont utilisés à tous les niveaux que ce soit pour faire une étude de rentabilité d'une entreprise ou pour contrôler la masse monétaire dans une zone économique.

Un modèle n'a pas vocation à être une représentation juste de la réalité, car il la simplifie nécessairement. Ainsi, selon le statisticien britannique George Box, « tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles »[1].

Histoire

Modèle physiocratique et premiers modèles probabilistes

Les premiers modèles économiques avaient vocation à comprendre les origines et les causes de la croissance économique. L'une des premières tentatives de modélisation date de l'école physiocratique, au XVIIIe siècle. Avec son Tableau économique, François Quesnay élabore une représentation simplifiée de la réalité qui fait des fruits de la terre la source de la croissance.

Tout au long du XVIIIe siècle, de simples modèles de probabilités ont été utilisés afin de comprendre les mécanismes de l'assurance. Ces modèles furent des extrapolations des jeux de hasards, et ont eu un rôle important dans le développement de la théorie des probabilités et dans le développement de la science actuarielle.

Beaucoup des grands mathématiciens du XVIIIe siècle ont contribué dans ce domaine. Autour des années 1730, Abraham de Moivre aborde certains de ces problèmes dans la 3e édition de la doctrine de la chance (The Doctrine of Chance). Auparavant, Nicolas Bernoulli a étudié les problèmes relatifs à l'épargne et l'intérêt dans Ars Conjectandi. En 1735, Daniel Bernoulli étudie les probabilités morales dans Mensura Sortis, où il introduit ce que l'on appelle désormais l'utilité logarithmique de la monnaie et l'applique aux jeux de hasards et aux problèmes d'assurance et trouve une solution au paradoxe de Saint-Pétersbourg. Tous ces développements sont résumés par Laplace dans Théorie analytique de la probabilité (Analytical Theory of Probability) publié en 1812.

Modèles contemporains

En France, la modélisation a été initialement développée au sein de la Direction de la Prévision et à l’Insee, qui sont encore, avec quelques centres de recherche, les principaux utilisateurs des outils de modélisation économiques.

Modélisation

Enjeu et Intérêt des Modèles

Les modèles s'avèrent très utiles

  • d'un point de vue conceptuel, puisqu'il s'agit :
    • de lister et définir les concepts et les variables censés intervenir dans le fonctionnement d'un processus économique.
    • d'énoncer les relations définissant les effets des variables exogènes (données d'entrée) sur les résultats (données de sorties) , via les données endogènes (données inscrites dans le cœur du modèle).
  • du point de vue de l'action économique, puisqu'il s'agit d'en tirer parti pour :
    • établir des prévisions
    • produire des simulations
    • optimiser des situations.

L'utilisation d'un modèle fournit un appui logique et documenté en vue de :

  • proposer des politiques économiques ;
  • présenter des arguments raisonnables afin de justifier les politiques économiques des pays, d'expliquer et influencer les stratégies des entreprises, et de fournir des conseils aux ménages ;
  • planifier et allouer les ressources, dans le cas des économies centralement planifiées, et dans une moindre mesure dans les activités logistiques et/ou de gestion des entreprises.

Établissement d'un modèle

Les méthodes de construction des modèles varient selon les types de modèles, mais le processus générique de modélisation comporte généralement deux étapes : La génération du modèle, puis sa validation. Création et contrôle du modèle réagissent l'une sur l'autre selon un processus itératif, au cours duquel le modèle est modifié, et si possible amélioré à chaque itération. Une fois réputé stable et satisfaisant, le modèle doit être testé sur différentes sources de données.

Le cœur du modèle est constitué par un ensemble d'équations (pouvant aller jusqu'au millier pour les plus complexes) qui édictent des relations qui découlent :

  • d'une simple définition
  • d'une convention de nature comptable
  • d'une fonction représentative d'une tendance
  • d'une fonction caractérisant un comportement

Critiques et limites

La première critique adressée aux modèles économiques est qu'ils ne sont pas réalistes, c'est-à-dire qu'ils ne décrivent pas l'économie telle qu'elle fonctionne réellement. Les modèles, toutefois, en tant qu'ils sont des représentations schématiques de la réalité, n'ont pas vocation à représenter l'économie, dès lors que les résultats du modèle ont une puissance heuristique[2]. David Romer écrit ainsi : « En effet, nous possédons déjà un modèle complètement réaliste : c’est le monde réel lui-même. Or ce ‘modèle’ est trop compliqué pour être compréhensible […] Ce n’est que lorsqu’un postulat simplificateur aboutit à un modèle qui fournit des réponses incorrectes aux questions auxquelles il est censé répondre que son manque de réalisme peut être considéré comme une imperfection […] Sinon, son manque de réalisme est une vertu. Dans ce cas, le postulat simplificateur permet d’isoler certains effets et d’en faciliter la compréhension »[3].

Certains modèles sont critiqués pour leurs postulats, considérés comme trop restrictifs. Il en est ainsi du modèle de l'équilibre générale de marché. Il repose sur une hypothèse forte d'information parfaite de la part des individus, d'un bien identique, et d'une incapacité des individus à influencer la demande totale ou la production totale (atomicité des agents). Si ces hypothèses sont vérifiées, l'équilibre statique trouvé dans le modèle sera un optimum de Pareto. Mais dès lors que ces hypothèses ne sont plus vérifiées, par exemple lors d'information imparfaite ou de produits différents, les conclusions du modèle sont fausses.

Se pose aussi le problème de la durée de vie d'un modèle (comparable au cycle de vie de tout produit ou paradigme), en fonction de l'évolution des activités économiques et des comportements sociaux. Par ailleurs il est beaucoup plus délicat de faire, ce qui serait le plus pertinent, un modèle dynamique, ouvert à tous les scénarios d'évolution, y compris les scénarios de rupture, qu'un modèle statique supposant une économie au comportement figé et répétitif, ou évoluant d'une façon linéaire facilement extrapolable.

Un modèle, en tant que système quantitatif, est une construction algorithmique. La question se pose donc de savoir jusqu'à quel point un algorithme peut représenter une réalité économique[4].

Un des principaux défauts des modèles macroéconométriques est que, dans la réalité, « les dynamiques de type prix-quantité dans les modèles sont très lentes », causant un défaut d'ajustement par rapport à ce que prédisent les modèles[5].

Types de modèles

On distingue[6] :

  • les modèles théoriques, parmi lesquels on peut faire une distinction entre
    • les modèles descriptifs qui cherchent à décrire le monde réel
    • les modèles idéaux qui visent à représenter des situations idéales[6].
  • les modèles économétriques à finalité plus pratique, parmi lesquels :

Exemples

Notes et références

  1. Adrien Lehman, Monnaies, culture et actualité monétaires, (ISBN 978-2-10-081777-1 et 2-10-081777-9, OCLC 1274117266)
  2. Dictionnaire d’Économie et Sciences sociales, Nathan, Paris 1993
  3. Romer, David. 2001. Advanced Macroeconomics. 2nd edition. Boston, MA: McGraw-Hill. (Traduction française : Romer, David. 1997. Macroéconomie approfondie. Paris : Ediscience
  4. Voir à ce propos R.Buda, (2001), "Les algorithmes de la modélisation: une analyse critique pour la modélisation économique", Document de travail, GAMA-MODEM, N°44, Université de Paris 10 Nanterre, 123 p. http://econpapers.repec.org/paper/pramprapa/3926.htm
  5. Philippe Sigogne sous la dir. de Jean-Paul Fitoussi, Les cycles économiques, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, (ISBN 2-7246-0643-4, 978-2-7246-0643-0 et 2-7246-0641-8, OCLC 30992246)
  6. a et b Allan Gibbard et Hal Varian, Economic Models, Journal of Philosophy, 75(11), 1978, pp. 664-677 lire en ligne
  7. Voir également P. Artus, M. Deleau et P. Malgrange, Modélisation macroéconomique, Paris, Economica, 283 p., 1986.
  8. (en) Victor M. Yakovenko et J. Barkley Rosser, Jr., « Colloquium : Statistical mechanics of money, wealth, and income », Reviews of Modern Physics, American Physical Society, vol. 81, no 4,‎ , p. 1703-1725 (ISSN 1539-0756 et 0034-6861, DOI 10.1103/RevModPhys.81.1703, résumé).
  9. The Network of Global Corporate Control plosone.org

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Lien externe

  • Rodolphe Buda, "La modélisation macroéconomique comme processus de communication : pour une formalisation finaliste des équations de comportement", lire en ligne.