Jérôme de Périgord
Évêque de Salamanque Diocèse de Salamanque | |
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Giraldo (d) | |
Évêque de Valence Roman Catholic Diocese of Valencia (d) | |
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Administrateur apostolique Diocèse d'Ávila |
Naissance | |
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Décès | |
Activités |
Évêque catholique (à partir de ), prêtre catholique |
Ordre religieux | |
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Consécrateur |
Jérôme de Périgord est un ecclésiastique français du Moyen Âge qui fit une carrière épiscopale en Espagne au temps de la Reconquista († ). Il fut notamment évêque de Valence après la conquête momentanée de la ville par Rodrigo Díaz de Vivar, dit le Cid Campeador (v. 1097-1102).
Carrière
[modifier | modifier le code]Selon Rodrigo Jimenez de Rada (écrivant cent cinquante ans après les événements), il était l'un des religieux français (des moines clunisiens) que Bernard de Sédirac, archevêque de Tolède depuis 1086, fit venir en Espagne pour y restaurer l'Église chrétienne[1]. On a conservé la charte que Rodrigo Díaz de Vivar accorda en 1098 à la cathédrale de Valence et à son nouvel évêque Jérôme[2] : d'après les termes de ce texte, celui-ci a été élu et acclamé unanimement évêque, consacré des mains même du pape (« per Romani pontificis manus »), élevé à son siège « par la liberté d'un privilège spécial » (« specialis privilegii libertate »), sans que l'archevêque-primat Bernard de Tolède soit aucunement mentionné[3]. Le Cid fait dépendre directement de la papauté l'évêque de la principauté qu'il vient de conquérir[4], et la subordination de Jérôme à l'archevêque Bernard, primat du royaume de Castille-Léon, ne semble s'être faite que postérieurement.
Le Cantar de mio Cid (mis par écrit en 1207) évoque aussi la figure de l'évêque Jérôme, présenté comme un prélat à la fois lettré et homme de guerre, donnant de sa personne sur le champ de bataille, sur le modèle de l'archevêque Turpin de la Chanson de Roland[5].
Après la mort du Cid (), sa veuve Doña Jimena tenta de défendre Valence contre les Almoravides, recherchant une assistance militaire auprès du roi Alphonse VI de León. Le blocus de la ville par les musulmans commença fin août 1101, et l'évêque Jérôme fut envoyé par Jimena à la cour du roi Alphonse[6], qui arriva lui-même devant la ville à la tête d'une armée en février 1102. Mais Valence tomba entre les mains du sultan Youssef ben Tachfine le .
C'est alors que Jérôme intégra le clergé du royaume de Castille-Léon : il fut d'abord nommé pour exercer les fonctions épiscopales à Zamora, où il n'y avait encore ni évêque ni cathédrale (depuis la Reconquista)[7] ; en fait son élection sur les deux sièges de Salamanque et de Zamora fut confirmée dès le par Raymond de Bourgogne, comte de Galice, et sa femme Urraque, et son autorité sur Zamora confirmée par une charte du roi Alphonse VI datée du [8]. Il se vit également confier en 1103 l'administration d'un troisième diocèse restauré, celui d'Ávila. Il semble qu'il ait conservé un temps l'espoir de recouvrer son siège (et ses biens) à Valence, puisqu'il emporta et garda ses chartes valenciennes une fois installé à Salamanque[9].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- De rebus Hispaniae, VI, § 26 : « Et Jeronimum [Bernardus duxit] de partibus Petragoricæ, quem tempore Roderici Campiatoris fecit episcopum Valentinum ». Mais le récit de Rodrigo pose des problèmes chronologiques : ce recrutement est supposé avoir lieu fin 1096 ou en 1097 alors que certains des recrutés semblent avoir franchi les Pyrénées avant cette date ; Gérald de Moissac, notamment, fut chantre à la cathédrale de Tolède avant de devenir évêque de Braga en 1096.
- Document conservé aux archives diocésaines de Salamanque (où Jérôme fut transféré comme évêque après la reconquête de Valence par les musulmans), actuellement exposé au musée diocésain de cette ville. L'authenticité de ce document a parfois été mise en doute, mais avec des arguments mal fondés (cf. Simon Barton, art. cit.).
- Il faut ajouter qu'à l'époque où il composait le De rebus Hispaniae, Rodrigo Jimenez de Rada, archevêque de Tolède, était engagé dans une dispute avec Pedro de Albalat, archevêque de Tarragone, pour savoir de quelle province ecclésiastique relevait le siège épiscopal de Valence, la ville ayant été reprise aux musulmans en 1238 par le roi Jacques Ier d'Aragon.
- Selon Simon Barton (art. cit., p. 529), Jérôme a pu être recruté par le pape Urbain II et l'archevêque Bernard de Sédirac à l'abbaye clunisienne de Moissac, où ils se trouvaient tous deux le 13 mai 1096 pour la consécration du maître-autel de l'église.
- vers 1288-95 : « De parte de orient vino un coronado/, el obispo don Jerónimo so nombre es llamado,/ bien entendido es de letras e mucho acordado,/ de pie e de cavallo mucho era arreziado./ La provezas de mio Cid andávalas demandando, /sospirando el obispo que s'viesse con Moros en el campo,/ que si s'fartás lidiando e firiendo con sus manos,/ a los días del sieglo non le llorassen cristianos ».
- Historia Roderici, ch. 76.
- De rebus Hispaniae, VI, § 26 (suite de la citation précédente) : « Sed in brevi civitate deperdita eum Dominus Bernardus metropolitanus ejus et primas in civitate posuit Zamorensi, ut ibi episcopalia exerceret, in qua nondum fuerat nec episcopus nec ecclesia cathedralis ».
- Charte d'une authenticité contestée.
- Les archives diocésaines de Salamanque conservent une autre charte valencienne que celle qui a déjà été mentionnée : elle fut octroyée à l'évêché par Doña Jimena le 21 mai 1101.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (es) Henrique Florez, «Don Jeronymo», dans España sagrada, En la Officina de Pedro Marin, Madrid, 1786, p. 300-303 (lire en ligne)
- Comte de Saint-Saud, « Jérôme de Visguo ou de Périgueux, évêque de Valence, Zamora et Salamanque, aumônier du Cid », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1895, tome 22, p. 194-207 (lire en ligne)
- Claude Lacombe, Jérôme de Périgueux (1060 ?-1120), chapelain du Cid, évêque de Valence et de Salamanque : un moine-chevalier dans la Reconquista, Périgueux, Fanlac 1999.
- (en) Simon Barton, « El Cid, Cluny, and the Medieval Spanish Reconquista », English Historical Review, vol. CXXVI, n° 520, 2011, p. 517-543.