Chapelle des Espagnols
La chapelle des Espagnols (en italien : cappellone degli Spagnoli) est le nom donné à une chapelle décorée à fresque par Andrea da Firenze (surnom d'Andrea di Bonaiuto), dans l'ancienne salle capitulaire du Chiostro Verde de la basilique Santa Maria Novella de Florence.
Histoire
Le cycle de fresques relatant des épisodes de l'ordre dominicain date de 1365-1367 ; le nom actuel du lieu vient du lieu de culte des Espagnols de la suite d'Éléonore de Tolède, venue épouser Cosme Ier de Médicis au XVIe siècle.
Description
Commandée par les frères Guidalotti pour être dédiée à saint Thomas d'Aquin, la chapelle fut construite par Fra Iacopo Talenti, lors de la dernière phase de construction de l'église (1343-1355/1370 ?) ; il avait également conçu le campanile de l'église.
La voûte d'ogive couvre une grande salle unique carrée, soutenue par quatre piliers octogonaux dans les angles. Chaque partie (voûte, parois latérales) est couverte de fresques.
L'autel est situé dans l'ouverture absidiale du fond ; il comporte un grand crucifix.
Détail des fresques
Parties de la voûte
Chacun des voiles est fresqué par :
- La navicella di San Pietro apostolo ;
- La Resurrezione ;
- L'Ascensione ;
- La Pentecoste.
-
Voile de la Resurrezione.
-
Voile de la Navicella di San Pietro.
-
Voile de la Pentecoste.
-
Voile de l' Ascensione.
Murs latéraux
- Mur en face de l'entrée (avec l'ouverture absidiale)
- La Crucifixion entourée de la Montée au calvaire et de la Descente aux Limbes.
-
Salita al Calvario.
-
Crocefissione.
-
Discesa al Limbo.
- Mur de gauche
- Glorification de saint Thomas d'Aquin et les allégories.
- La Loi civile et Justinien.
- La Loi canonique et Clément V.
- La Philosophie et Aristote.
- Les Écrits sacrés et saint Jérôme de Stridon.
- La Théologie et saint Jean Damascène.
- La Contemplation et saint Denys l'Aréopagite.
- La Prédication et saint Augustin d'Hippone.
- L'Arithmétique et Pythagore.
- La Géométrie et Euclide.
- L'Astronomie et Ptolémée.
- La Musique et Toubal-Caïn.
- La Dialectique et Jean XXI.
- La Rhétorique et Cicéron en habit romain.
- La Grammaire, accompagnée d'écoliers avec Priscien.
- Mur de droite
- L'Église militante et triomphante représentée par la présence de saint Thomas d'Aquin, de saint Dominique et de saint Pierre martyr sur fond de la représentation du Duomo (anticipant de 35 ans sa construction).
-
La Chiesa militante e trionfante.
-
Parmi les personnages on peut reconnaître le pape Innocent VI, le cardinal Albornoz, l'empereur Charles IV, Giotto, Dante, Pétrarque et Boccace ainsi que Laure, Béatrice et Fiametta
-
L'archevêque Simone Saltarelli, est représentée aux pieds d'Innocent VI, en train d'admonester Guillaume d'Occam et Michel de Césène. À gauche et à droite du pape se trouvent le cardinal Albornoz et Charles IV de Luxembourg[1]
-
(Voir le détail de la localisation des visages sur Commons)
On peut remarquer à côté de l'archevêque Simone Saltarelli l'allégorie des « chiens de Dieu » (Domini canis pour Dominicains) poursuivant les loups des hérésies.
Les grandes figures du temps sont représentées dans la foule placée à droite.
- Mur de l'entrée
- Épisodes de la vie de saint Pierre martyr.
Analyse
Triomphe de saint Thomas
Autre nom donné à la Glorification de saint Thomas d'Aquin, le Triomphe de saint Thomas est une image profondément conceptuelle, théorique et idéologique. La fresque est située dans la salle du chapitre du couvent, lieu de réunion et de disputes doctrinales ; le programme n'est pas destiné à un vaste public, ou tout du moins à un public « populaire » ; établi par les frères du couvent, il figure l'ensemble des idées qui régissent la Somme de saint Thomas. La peinture doit « traduire » le texte en images et la clarté demandée exige une allégorie explicite. Le mur est conçu comme succession paratactique, véritable architecture figurée permettant de visualiser la construction intellectuelle. Il constitue un ensemble élaboré selon les règles connues des imagines agentes des « arts de la mémoire » dominicains, en particulier pour les Vertus et les Arts Libéraux. L'histoire concrète est absente : comme la pensée scolastique, la peinture pose la fixité et la transcendance du Vrai[2].
Notes et références
- Joachim Poeschke, op. cit., p. 363.
- Arasse, pp. 246-247.
Voir aussi
Bibliographie
- Daniel Arasse, L'Homme en perspective - Les primitifs d'Italie, Paris, Hazan, , 336 p. (ISBN 978-2-7541-0272-8).
- Joachim Poeschke, Fresques italiennes du temps de Giotto, Éd. Citadelles & Mazenod, Paris, 2003, (ISBN 2850881945)