Jean Petitot (peintre)
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Décès |
(à 83 ans) Vevey |
Nationalité | |
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Maître |
Pierre Bordier |
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Jacques Bordier (d) |
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Père |
Faule Petitot (d) |
Enfant |
Jean Petitot I, dit « le Raphaël de la peinture en émail », né à Genève le et mort à Vevey le , est un peintre en émail genevois.
Biographie
Jean Petitot est fils de Faule Petitot, sculpteur ébéniste et architecte, et d'Etienna Royaume, fille de la légendaire Mère Royaume[1]. Il commença son apprentissage dans l'atelier d'orfèvrerie de son oncle Jean Royaume. Le peintre en émail Pierre Bordier, dans l’atelier de joaillerie duquel il poursuivit sa formation, reconnut tant d’intelligence dans son jeune apprenti qu’il lui conseilla de s’adonner à la peinture.
Le maître et l'élève s’étant associés pour leurs travaux, leurs premiers essais furent bien accueillis. Dans le portrait, ils se partageaient la tâche : Petitot peignant les têtes et les mains où l’on exige plus de fini et Bordier se réservant les cheveux, les draperies et les fonds[2]. Dans l’intention de se perfectionner dans leur art, Bordier et Petitot se rendirent en Italie d’où, après un séjour de quelques années dans ce pays, ils passèrent en Angleterre. À Londres, ils retrouvèrent leur compatriote le chimiste Théodore Turquet de Mayerne, qui les aida de ses conseils pour développer de nouvelles couleurs.
Charles Ier, qui favorisait les arts, le nomma chevalier et lui donna un logement à Whitehall. Les principaux personnages de la Cour tinrent à être peints par lui. On cite comme son chef-d’œuvre le portrait qu’il fit, en 1642, d’après Van Dyck, qui fut un de ses patrons auprès du monarque, de Rachel de Ruvigny, comtesse de Southampton.
Les troubles de la Révolution forcèrent Petitot à se retirer en France. Aimant à entourer son trône de tout ce que les arts et dans les lettres comptaient d’éminent, Louis XIV donna à Petitot le titre de peintre du roi et le logea aux galeries du Louvre. Pendant la période de 36 ans qu’il vécut en France, Petitot exécuta un nombre considérable de travaux. Le musée du Louvre possède de lui une collection de 56 portraits. Il ne s’occupa pas seulement de portraits, mais fut chargé par le roi de copier les tableaux de Mignard et de Le Brun.
À la suite du mariage que Petitot contracta, en 1651, avec Marguerite Cuper, mariage par lequel il devint le beau-frère de Bordier, les deux artistes rompirent leur association. Ayant perdu sa première femme, Petitot se remaria avec Magdelaine Bordier, nièce de son ami et fille de Jacques Bordier, agent depuis 1664 de la république de Genève à Paris. Ces deux femmes lui donnèrent 17 enfants. En 1684, son beau-père étant mort, Petitot le remplaça dans son poste, sans renoncer à son titre de peintre du roi. Après la révocation de l’édit de Nantes, il sollicita la permission de se retirer dans sa patrie, mais on la lui refusa, Louis XIV trouvant bien étrange « qu’il voulût être le seul de son royaume qui fût exempté, ce que les longues années de son séjour en France ne pouvaient permettre ».
Comme il insistait pour quitter la France au lieu de se faire catholique, on l’arrêta et on l’emprisonna au For-l'Évêque, où Bossuet en personne lui fut envoyé, sans succès, pour tâcher de le persuader d’abjurer le calvinisme. Pour vaincre son opiniâtreté, on l’enferma alors dans un couvent où il fut tenu au secret. Le , Mme Petitot écrivait à MM. du Petit-Conseil de Genève, que son mari avait été contraint « de signer comme les autres pour sortir de l’affreux lieu où il avait été un mois sans voir personne de sa famille », elle espérait « qu’avec le temps le Roi, voyant l’obéissance qu’il avait eue pour ses ordres, ferait quelque considération de la demande qu’ils avaient eu la bonté de lui faire d’un pauvre homme qui ne se consolera jamais d’avoir été contraint par les accès de fièvre qu’il a eus dans le couvent (appréhendant d’y demeurer) d’y faire ce qu’il a fait, en déclarant que ce n’étoit que par force. » On lit dans les notes extraites des registres du Consistoire par Cramer, sous la date du : « Advisé de se contenter de la voie particulière à son égard, parce qu’il conste qu’il n’a point été à la messe. »
Désormais il n’y avait plus lieu à rigueur, l’« hérétique » était « converti » ; le monarque usa donc d’« indulgence » envers son vieux serviteur et permit enfin de sortir du couvent à Petitot qui, dès qu’il eut recouvré sa liberté, n’eut plus qu’une pensée, celle de fuir ce pays. Il réussit à regagner son pays natal avec une partie de sa famille en 1687. Dans une lettre adressée au Petit-Conseil, Petitot présente ses excuses pour sa prétendue abjuration sur le refus du roi de lui permettre de sortir du royaume, refus qui l’avait « porté à la résolution de sortir d’entre les mains des personnes chez lesquelles on l’аvait relégué, pour revenir en sa famille, et avec elle chercher le pardon d’en haut et les consolations, et le moyen d’y vivre éloigné de ce qui s’oppose à la pureté du Christianisme. » Les enfants de Petitot restés à Paris allèrent implorer le pardon de leur père en se jetant aux pieds du roi qu'il leur accorda en disant qu’il pardonnait à un vieillard qui avait voulu être enseveli auprès de ses pères.
Petitot, de son côté, sembla renaître à la vie. Il se sentait rajeuni et reprit ses travaux avec ardeur. Le portrait qu’il fit alors du roi et de la reine de Pologne, est, dit-on, comparable à tout ce qu’il avait fait de mieux. Il travaillait à un portrait de sa femme, lorsqu’une attaque d’apoplexie l’enleva le à Vevey où il s’était retiré. Aucun de ses nombreux enfants ne s’est fait connaître. François, l’un d’eux, l’accompagna dans sa fuite à Genève avec ses sœurs. Un autre de ses fils, qui se livrait également à la peinture sur émail, alla s’établir à Londres.
Dézallier d’Argenville, dans ses Vies des plus fameux peintres, appelle Petitot « le Raphaël de la peinture en émail ». « Si Petitot », dit Rigaud, « ne fut point, à proprement parler, l’inventeur de ce genre[3] il perfectionna tellement l’emploi des couleurs, et porta l’exécution de ses ouvrages à un tel degré de mérite, que la première place lui est assignée par les contemporains, et que la postérité la lui a maintenue. – Ses émaux supportent l’examen aux plus fortes loupes, sans que l’effet général y perde rien ; aussi sont-ils regardés comme des ouvrages inimitables. » Cependant toute chose a son revers. Au jugement de Louis Dussieux, « Petitot avait donné au portrait en émail une perfection extrême, mais en même temps il avait porté à la peinture sur émail un coup funeste. En effet, en se livrant exclusivement au genre du portrait, il entrainait avec lui tous les autres émailleurs à ne plus faire que des portraits : c’est peut-être là une des causes réelles de la chute de la grande peinture sur émail et de la manufacture de Limoges[4]. »
L’Angleterre et la France possèdent les principales productions de Petitot. On ne cite de lui au musée de Genève que la Tente de Darius, d’après Le Brun, beau morceau qui n’est pas entièrement achevé. On voit dans ce même musée un portrait de Petitot que l’on attribue au peintre Mignard.
Œuvres
Conservation en France
- Portrait présumé de François Louis de Bourbon-Conti, prince de Conti, fin du XVIIe siècle, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph-Déchelette, Roanne
- Portrait de Marie-Anne de Bourbon, Mlle de Blois, fin du XVIIe siècle, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph-Déchelette, Roanne
- Portrait d'Anne d'Autriche, reine de France, XVIIe siècle, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph-Déchelette, Roanne
- Boîte à portrait de Louis XIV (vers 1670), Musée du Louvre[5].
Conservation aux États-Unis
- Portrait de Catherine Henriette d'Angennes en Diane, miniature, vers 1680, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie[6].
Notes et références
- Faule Petitot, dans le Dictionnaire historique de la Suisse.
- « Ces deux amis travaillèrent toujours sans jalousie, gagnèrent de grosses sommes sans orgueil & les partagèrent sans procès. Cette anecdote est peut-être unique dans l'histoire des beaux arts », Senebier, Histoire littéraire, II, 235.
- La peinture en émail, dû à Jean Toutin.
- Recherches sur l'histoire de la peinture sur émail dans les temps anciens et modernes, et spécialement en France, Paris, Leleux, 1841.
- Amis du Louvre : acquisition de la boîte à portrait de Louis XIV, 2009
- Philadelphia Museum of Art, Jean Petitot dans les collections
Annexes
Bibliographie et sources
- E. Haag, La France protestante, t. VIII, Paris, Joël Cherbuliez, 1858, p. 211-213.
- Ernest Stroehlin, Jean Petitot et Jacques Bordier. Deux artistes huguenots du XVIIe siècle, Genève, Henri Kündig, 1905.
- Thierry Crépin-Leblond, Les Émaux peints du musée Condé à Chantilly, Le musée Condé, n° 56, , p. 2-7
- Portraits des maisons royales et impériales de France et d'Europe : les miniatures du Musée Condé à Chantilly, Paris, Somogy, 2007.
- Jean Petitot, dans le Dictionnaire historique de la Suisse.
- Henri Clouzot, « Les maîtres de Petitot. Les Toutin, orfèvres, graveurs, peintres sur émail (fin) », La Revue de l'art ancien et moderne, t. 25, no 142, , p. 39-48 (lire en ligne)
- Henri Clouzot, « Les émaillistes français sous Louis XIV », La Revue de l'art ancien et moderne, t. 30, , p. 119-128, 179-193 (lire en ligne)
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- « Jean Petitot » dans la base Joconde.
- Fondation Custodia-Collection Frits Lugt - Les portraits en miniature : Jean Petitot, Autoportrait (1674)