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« Psychologie des foules (psychologie) » : différence entre les versions

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La psychologie des foules, est une branche de la psychologie sociale. Les psychologues sociaux ont développé plusieurs théories afin expliquer la façon dont la psychologie d'une foule diffère et interagit avec celle des individus en son sein. Les principaux théoriciens de la psychologie des foules comprennent Gustave Le Bon,Gabriel Tarde, Sigmund Freud, et Steve Reicher. Ce champ concerne les comportements et les processus de pensée des membres individuels de la foule, et de la foule comme une entité.[1] Le comportement des foules est fortement influencée par la perte de responsabilité de l'individu, et l'impression de l'universalité du comportement. Ces deux facteurs augmentent en fonction de la taille de la foule.[2][3]

Origines

L'étude psychologique des phénomènes de foule, qui a débuté des décennies antérieures à 1900 comme la culture Européenne, a été imprégné de pensées de la fin de siècle. Cette culture urbaine « moderne » donnait l'impression de vivre dans un âge nouveau et différent. Ils ont été témoins de nouvelles inventions importantes et d'expériences de vie nouvelles. La population, qui vit maintenant des villes denses et industrialisées, comme Milan et Paris, a vu le développement de l'ampoule, de la radio, de la photographie, du télégraphe, de la bicyclette, du téléphone, et du système de chemin de fer. Ils ont connu un rythme de vie plus rapide et segmenté, et nomment ainsi chacune de ces phases de la vie avec un nouveau nom, tels que « l'Adolescent », « Kindergarten », « les Vacances », « camping dans la Nature », ou encore le « Voyage pour le plaisir » en tant que classe de loisir pour décrire ces nouveaux modes de vie.

De même, le concept abstrait de « la Foule » s'est développé comme un phénomène nouveau dans un même temps à Paris, en France, et à Milan, la plus grande ville du Royaume d'Italie. Les réformateurs juridiques motivés par la théorie évolutionniste de Darwin, en particulier dans le royaume d'Italie, ont fait valoir que les systèmes sociaux et juridiques d'Europe avaient été fondées sur des notions archaïques de la raison naturelle, ou la morale chrétienne, et ignoré les lois irrévocables de la biologie de la nature humaine. Leur but était d'apporter des lois sociales en harmonie avec les lois biologiques.

La littérature sur les foules et le comportement des foules est apparue dès 1841, avec la publication du livre Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds de Charles Mackay.[4] L'attitude à l'égard des foules a subi un ajustement avec la publication de six volumes d'Hippolyte Taine de The Origins of Contemporary France (1875). Le travail de Taine a, en particulier, contribué à modifier les opinions de ses contemporains sur les mesures prises par la foule lors de la Révolution de 1789. Beaucoup d'Européens le tenaient en grande estime. Bien qu'il soit difficile de lier directement ses œuvres au comportement d'une foule, on peut dire que ses pensées ont stimulé une étude plus approfondie du comportement des foules. Cependant, il a fallu attendre la seconde moitié du XIXème siècle pour que l'intérêt scientifique dans ce domaine prenne de l'ampleur. Le médecin et anthropologue français Gustave Le Bon est devenu le théoricien le plus influent.[1][5][6][7]

Types de foules

Il existe peu d'études sur les types de foule et sur l'appartenance à une foule. Ainsi, il n'existe pas de consensus quant à la classification des types de foules. Deux universitaires récents, Momboisse (1967)[8] et Berlonghi (1995)[9] se sont penchés sur le but de l'existence afin de différencier différents types de foules. Momboisse a développé un système de quatre types: décontractée, conventionnelle, expressive et agressive. Berlonghi a classé les foules comme spectateur, manifestant, ou échappant, en corrélation avec le but du rassemblement.

Une autre approche de classification des types de foules est le système d'intensité émotionnelle du sociologue Herbert Blumer. Il distingue quatre types de foules: décontractée, conventionnelle, expressive, et agissante. Son système est de nature dynamique. Autrement dit, une foule change son niveau d'intensité émotionnelle au fil du temps et, par conséquent, peut être classée dans l'un des quatre types.

En général, les chercheurs en psychologie des foules se sont concentrés sur les aspects négatifs de celles-ci,[5] mais les foules ne sont pas toutes négatives de nature. Par exemple, au début des mouvements de foules socialistes, les participants ont été invités à mettre leur robe du dimanche et de marcher silencieusement dans la rue. Un exemple plus moderne implique les sit-in pendant le mouvement des droits civiques. Les foules peuvent réfléchir et remettre en question les idéologies provenant de leur environnement socio-culturel.[2][5]

Les foules peuvent être actives ou passives. Les foules actifs peuvent être divisés en masses agressives, échappantes, avides ou expressives.[2] Les foules agressives sont souvent violentes et concentrées vers l'extérieur. Les émeutes de football à Los Angeles de 1992 peuvent servirent d'exemples. Les foules échappantes sont caractérisés par un grand nombre de personnes paniquées essayant de se retirer d'une situation dangereuse. Ces types de foules sont la raison pour laquelle il est illégal de crier « Au feu! » dans un théâtre rempli. Les foules avides se produisent quand un grand nombre de personnes se battent pour des ressources limitées, comme les foules qui allaient pillées, après l'ouragan Katrina en 2005. Une foule expressive est un autre groupe important de personnes rassemblées dans un but actif. La désobéissance civile, concerts de rock, et réveils religieux sont compris dans cette catégorie.[2]

Perspectives théoriques

Gustave Le Bon

Le Bon a soutenu que les foules existaient en trois étapes: la submersion, la contagion, et la suggestion.[5] Durant la submersion, les individus dans la foule perdent leur sens de soi individuel et leur responsabilité personnelle. Ceci est assez fortement induite par l'anonymat de la foule.[5] La contagion fait référence à la propension des individus dans une foule de suivre aveuglément les idées et les émotions prédominantes de la foule. Selon Le Bon, cet effet est capable de se propager entre les individus « submergés » un peu comme une maladie.[2] La suggestion se réfère à la période dans laquelle les idées et les émotions de la foule sont principalement tirées d'un inconscient racial partagé. Ce comportement provient d'une inconscience archaïque partagée et est donc non civilisée de nature. Elle est limitée par les capacités morales et cognitives des membres les moins capables.[4] Le Bon croyait que les foules pouvaient être une force efficace que pour la destruction.[5] De plus, Le Bon et d'autres ont indiqué que les membres d'une foule ressentent un sentiment de culpabilité juridique moindre, en raison de la difficulté à poursuivre tous les membres d'une foule.[2]

Mais l'idée de Le Bon selon laquelle les foules favorisent l'anonymat et génèrent des émotions a été contestée par certains critiques. Clark McPhail souligne des études montrant que « la foule énervée » ne tient pas sur une seule vie, mais les pensées et les intentions des membres.[10] Norris Johnson, après avoir étudié une panique de 1979 à un concert de The Who, a conclu que la foule était composée de nombreux petits groupes de personnes, qui la plupart du temps essayaient de s'aider les uns les autres.[5] R. Brown conteste l'hypothèse que les foules sont homogènes, suggérant plutôt que les participants existent sur un continuum, qui diffèrent dans leur capacité à s'écarter des normes sociales.[2]

Théorie freudienne

La théorie du comportement des foules de Sigmund Freud est principalement composée de l'idée que de devenir membre d'une foule sert à déverrouiller l'inconscient. Cela se produit parce que le super-ego, ou le centre de la moral, est déplacé par la foule, pour être remplacé par un leader charismatique de la foule. McDougall argumente son point de vue de manière similaire à Freud, en affirmant que les émotions simplistes sont très répandues, et que les émotions complexes sont plus rares. Dans une foule, l'expérience émotionnelle globale partagée revient au plus petit dénominateur commun (PPDC), conduisant l'expression émotionnelle à des niveaux primitifs.[1] Cette structure organisationnelle est celle de la « horde primitive » - la société pré-civilisée - et Freud affirme que l'un doit se rebeller contre le chef (rétablir la moralité individuelle) afin d'y échapper.[1] Moscovici a élargi cette idée, discutant sur comment les dictateurs tels que Mao Zedong et Joseph Staline ont utilisé la psychologie de masse pour se placer dans cette position de « chef de horde ».[6]


Théorie de déindividualisation

La théorie de désindividualisation fait valoir que dans des situations de foule typiques, des facteurs tels que l'anonymat, l'unité du groupe, et l'excitation peuvent affaiblir les contrôles personnels (par exemple la culpabilité, la honte, l'auto-évaluation) en éloignant les gens de leur identité personnelle et de réduire leur préoccupation pour l'évaluation sociale.[1][5] Ce manque de retenue augmente la sensibilité individuelle à l'environnement et diminue la prévoyance rationnelle, ce qui peut conduire à des comportements anti-sociaux.[1][5] Des théories plus récentes ont indiqué que la désindividualisation d'une personne incapable, en raison de la situation, d'avoir une conscience forte de soi-même comme un objet d'attention. Ce manque d'attention libère l'individu de la nécessité d'un comportement social normal.[1]

Le psychologue social américain Leon Festinger et ses collègues ont élaboré le concept de désindividualisation en 1952. Celui-ci a également été affiné par le psychologue américain Philip Zimbardo, qui détailla pourquoi les entrées et sorties mentales se brouillent par des facteurs tels que l'anonymat, le manque de contraintes sociales, et la surcharge sensorielle.[11] La célèbre expérience de Stanford est un argument fort pour la preuve de la puissance de désindividualisation.[1] D'autres expériences ont eu des résultats divergents en ce qui concerne les comportements agressifs, et ont plutôt montré que les attentes normatives entourant les situations de désindividualisation influence le comportement.[1]

Une autre distinction a été proposée entre la désindividualisation public et privé. Lorsque des aspects particuliers de soi-même sont affaiblies, on devient plus soumis aux impulsions de la foule, mais pas nécessairement d'une manière négative.[1]

Théorie de la convergence

La théorie de la convergence[12] soutient que le comportement de la foule n'est pas un produit de la foule, mais la foule est un produit de la rencontre des individus semblables.[2][5] Floyd Allport a fait valoir qu'« un individu dans une foule se comporte comme il se comporterait seul, mais encore plus. »[13] La théorie de la convergence estime que les foules se forment à partir des personnes de dispositions semblables, dont les actions sont ensuite renforcé et intensifié par la foule.[5]

La théorie de la convergence déclare que le comportement de foule n'est pas irrationnelle; plutôt, les gens dans la foule expriment leurs croyances et valeurs existantes de telle sorte que la réaction de la foule est le produit rationnel généralisé de sentiment populaire. Cependant, cette théorie est remise en question par certaines recherches qui ont constaté que les personnes impliquées dans des émeutes des années 1970 étaient moins susceptibles que leurs pairs non-participants d'avoir des convictions antérieures.[5]


Théorie de la norme émergente

Ralph Turner et Lewis Killian ont mis en avant l'idée que des normes émergent au sein d'une foule. La théorie de la norme émergente soutient que les foules ont peu d'unité à leur début, mais après une certaine période, les membres clés suggèrent des actions appropriées, et les autres membres, en suivant cette direction, forment la base des normes de cette foule.[5]

Les membres clés sont identifiés grâce à des personnalités ou des comportements distinctifs. Ces personnes qui attirent l'attention, et l'absence de réponse négative de l'ensemble de la foule fait qu'il obtiennent implicitement légitimité.[1] Les suiveurs forment la majorité de la foule, puisque les gens ont par nature tendance à être des êtres de conformité qui sont fortement influencés par les opinions des autres.[4] Cela a été démontré dans les études de conformité menées par Sherif et Asch.[14] Les membres d'une foule sont d'avantage convaincus par le phénomène d'universalité, décrit par Allport, selon lequel l'idée que si tout le monde dans la foule agit de telle et telle manière, elle ne pourra pas se tromper.[2]



Théorie de l'identité sociale

La théorie de l'identité sociale postule que le soi est un système complexe composé principalement de la notion d'appartenance ou de non-appartenance à divers groupes sociaux. Ces groupes ont différentes valeurs, normes morales et comportementales, et les actions individuelles dépendent de l'appartenance au groupe (ou à la non-appartenance) au moment de l'action.[5] Cette influence devient évidente en trouvant que lorsque le but et les valeurs d'un groupe change, les valeurs et les motivations de ses membres changent également.[14] Les foules sont un amalgame d'individus, qui tous appartiennent à différents groupes en conflit. Toutefois, si la foule est principalement liée à un groupe identifiable, les valeurs de ce groupe dictera l'action de la foule.[5] Dans les foules qui sont plus ambigus, les individus prendront une nouvelle identité sociale en tant que membre de la foule.[1] Cette appartenance à un groupe est est rendu notable par la confrontation avec d'autres groupes, un phénomène relativement courant pour les foules.[1]

L'identité de groupe sert à créer un ensemble de normes comportementales; pour certains groupes, la violence est légitime, pour d'autres elle est inacceptable.[1] Cette norme est formée à partir des valeurs existantes, mais aussi des actions des autres dans la foule, et parfois de quelques-uns dans des positions de type leader.[1]

Une préoccupation de cette théorie est que si elle explique comment les foules reflètent les idées sociales et les attitudes prévalentes, elle n'a pas à expliquer les mécanismes par lesquels les foules adoptent le changement social.[5]

Voir aussi

Lectures complémentaires

Références

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o Manstead, ASK; Hewstone, Miles (1996).
  2. a b c d e f g h et i Greenberg, M.S. (2010).
  3. Toch, Hans (1988).
  4. a b et c Forsyth, D.R. (2012).
  5. a b c d e f g h i j k l m n o et p Reicher, Stephen (2000).
  6. a et b Triandis, H.C. (1987).
  7. Nye, R.A. (1975).
  8. Momboisse, Raymond.
  9. Berlonghi, Alexander E. "Understanding and planning for different spectator crowds".
  10. McPhail, C. (1991).
  11. Zimbardo, Philip (1969).
  12. "What is Crowd Psychology?". wisegeek.com.
  13. Allport, Floyd (1924).
  14. a et b Guilford, J.P. (1966).

Liens externes