Utoro

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Utoro
宇土口
Utoro
Le district d'Utoro.
Administration
Pays Drapeau du Japon Japon
Région Kansai
Préfecture Kyoto
Démographie
Population 380 hab. (2014)
Densité 647 359 hab./km2
Géographie
Coordonnées 34° 52′ 54″ nord, 135° 46′ 20″ est
Superficie 0,058 7 ha = 0,000 587 km2
Localisation
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Utoro
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Utoro
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Utoro

Utoro est un petit district à Uji dans la préfecture de Kyoto, au Japon.

Utoro devait devenir une nouvelle zone militaire durant la Seconde Guerre mondiale, mais le projet fut abandonné avec la Capitulation du Japon. Avec sa petite population consistant de 80 % de Coréens ethniques, le district est aujourd'hui encore un point de litige entre la Corée du Sud et le Japon.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Utoro (japonais : ウトロ, coréen : 우토로) était à la base écrit Utoguchi (宇土口?) en kanji. La dernière partie du mot, -guchi, a été par erreur prononcée ro comme le katakana , et donc le district est aujourd'hui nommé Utoro[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Utoro servait comme un chantier pour une nouvelle zone militaire durant la Seconde Guerre mondiale. En 1941, le Gouvernement japonais, qui avait colonisé la péninsule de Corée, plaça 1 300 Coréens [2] dans la région aux alentours de Kyoto pour y construire une base militaire aérienne en défense contre les américains[3]. Ces Coréens sont restés à Utoro jusqu'à la fin des constructions.

En 1945 la Guerre prit fin et le Japon capitula, et par conséquent Nihon Kokusai Koku[4], à l'époque le propriétaire du terrain et constructeur d'avions, mit fin à la construction de la base. Les Japonais ayant un pouvoir de direction disparurent. Les alliés menaçaient d'abord d'occuper Utoro, mais finalement ont abandonné ce plan grâce aux protestations de la population locale.

Malgré le fait que les Coréens avaient retrouvé l'indépendance et la liberté, la plupart d'entre eux étaient trop pauvres pour retourner à leur pays natal. Certains Coréens qui vivaient à Fukuoka et dans les îles environnantes se sont dirigés vers Utoro et étaient pratiquement forcés de rester dans ce quartier pauvre et hostile. Sous l'occupation de la Corée par le Japon, les Coréens vivant au Japon avaient la nationalité japonaise, mais cette nationalité japonaise leur fut enlevée après l'indépendance de la Corée suivant la fin de la Seconde Guerre mondiale[5].

Conflit d'eau sous Nissan Shatai[modifier | modifier le code]

En 1962 Nissan Shatai (en) se procura la parcelle de terre, ce qui compliqua considérablement la vie des Coréens qui y résidaient. L'eau et l'électricité devinrent pour eux un luxe indisponible[6]. Le propriétaire de la parcelle de terre était un xénophobe et bloqua les canalisations d'eau, sous le prétexte que les Coréens étaient des immigrants illégaux[7]. Leur donner accès à l'eau signifierait selon Nissan que les illégaux avaient des droits. Toutes les facilités à Utoro étaient construites par les locaux avec les moyens qu'ils avaient.

En 1985 il y eut un incendie à Utoro, et à cause du manque d'eau et d'extincteurs cet incendie causa un grand ravage. Nissan Shatai ne pensa pas que ceci était une raison valable pour placer des canalisations d'eau. Ce n'est que quand les hôpitaux locaux commençaient à se plaindre de l'eau non potable - à la suite de l'augmentation de patients avec la diarrhée - que le problème a attiré une attention nationale. En , les protestations des habitants d'Utoro et des quartiers environnants ont finalement obligé Nissan Shatai à aménager des canalisations d'eau. Un an plus tard l'eau courante fut accessible dans certaines parties du district.

Changement de propriétaire[modifier | modifier le code]

En 1987 les prix des terrains de Kyoto augmentaient drastiquement, ce qui a poussé Nissan à vendre le terrain à Nishi-nihon Shokusan, une entreprise privée. Tout de suite après le changement de propriétaire, les 380 habitants d'Utoro ont appris qu'ils devaient quitter le quartier[8], ce qui engendra les protestations contre la vente du terrain connues sous le nom de Red Utoro. Nissan fut accusé de ne pas respecter les droits de l'homme à cause de l'ethnicité coréenne des habitants. Durant les années 1970 et 1980 il y eut de nombreuses protestations et campagnes, mais malgré quelques petites victoires comme quand Park Chong Suk accusa Hitachi de discrimination sur le lieu de travail et gagna le procès, les Coréens au Japon occupent toujours un rang inférieur. Pour que les Coréens puissent vivre à Utoro sans problèmes et dans des conditions respectables, il fut proposé que le gouvernement coréen achète le terrain de Nissan.

En le tribunal d'Osaka rejeta tous les cas liés avec Utoro en raison des conflits d'Utoro. Surtout dans les générations suivantes il y eut des plaintes qu'ils étaient considérés comme Coréens alors qu'eux-mêmes se considéraient comme étant Japonais et avaient toujours vécu au Japon[8].

L'influence de la Corée[modifier | modifier le code]

Grâce à beaucoup de publicité en , la problématique d'Utoro reçut une abondance d'attention en Corée. La Korean International Network (KIN) commença à amasser de l'argent pour l'aide au développement d'Utoro en 2005. Des diplomates coréens donnèrent 0,5 % de leur salaire à ce fonds et au total environ la moitié du prix demandé par Nissan fut amassé par des Coréens connus, le gouvernement coréen et des volontaires japonais[9]. Le prix demandé par Nissan était si haut que les négociations ne prirent pas forme. Le , Utoro demanda officiellement de l'aide au gouvernement coréen. En décembre de la même année, le Ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme prit l'initiative d'essayer de régler les problèmes d'Utoro[10].

En tout, il fut amassé environ 40 millions yens (320 000 euros) pour l'aide au développement à Utoro par les Coréens vivant au Japon et l'organisation Solidarité Internationale pour la protection d'Utoro amassa 60 millions yens (480 000 euros) parmi 150 000 Coréens. Pour l'achat du terrain il manque encore plus ou moins 50 millions yens (400 000 euros).

Utoro reste un terrain privé. Le propriétaire pourrait à tout moment exiger le déménagement des habitants coréens.

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation[modifier | modifier le code]

Utoro est une petite zone dans Iseda-cho, dans la préfecture de Kyoto. La zone fait 587,6 m2[11].

Climat[modifier | modifier le code]

Le climat à Utoro est chaud modéré avec beaucoup de précipitations durant l'année. La température moyenne et les précipitations annuelles sont 14,2 °C et 1 642 mm respectivement[12].

Population[modifier | modifier le code]

Bien qu'Uji ait une population de 187 600 habitants (2014)[13],[14], il n'y avait à la base que 380 personnes vivant à Utoro[8]. Après que le terrain fut à nouveau vendu il ne restait que 230 habitants (2005). En ce moment[évasif] il n'y aurait que 203 Coréens de 65 familles. 88 % de la population est coréenne, 10 % n'a pas de nationalité et seulement 2 % est de nationalité japonaise.

80 % a moins de 59 ans, majoritairement des descendants des habitants originaux. 20 % a plus de 65 ans et ce bas pourcentage de personnes âgées pourrait être attribué au fait que la majorité d'entre-elles est déjà décédée.

Une des plus vieilles femmes de la zone, Kang Kyung Nam, a 91 ans et fait partie de la première génération d'habitants d'Utoro[Quand ?]. Quand elle eut 8 ans, elle vint avec sa mère à Utoro à la recherche de son vader[Quoi ?] et frère ainé qui furent recrutés par les Japonais. L'histoire de Kang passa à l'émission télévisée coréenne Infinite Challenge, où, entre autres, il fut parlé des problèmes des habitants d'Utoro. Vu que la plupart des personnes sont venus à Utoro à un jeune âge, ils ne parlent pas couramment le coréen, ou ils parlent dans un dialecte du coréen. Bien que la culture coréenne n'est pas perdue pour les habitants d'Utoro, la plupart parlent le japonais.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Kim 2006, p.136
  2. Sung Yoo (2015)
  3. Architectural Institute of Korea, 2007, p. 216-219.
  4. Anglais : Japan International Aviation Industries, établi en 1937 sous le nom de Nippon Koku Kogyo K.K (Industrie aéronautique du Japon), et devenu Nissan Shatai Kohki en 1946.
  5. Hicks (1997), p. 14 & 165.
  6. The Hankyoreh, 2007.
  7. The JoongAng Daily, 2004.
  8. a b et c Terry (2015).
  9. (en) International Solidarity to Protect Utoro
  10. Yoo (2009)
  11. Bae (2007)
  12. climate-date.org
  13. http://population.city/japan/uji/#1 population.city/japan
  14. e-Stat Portal Site of Official Statistics of Japan

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Architectural Institute of Korea (org: University of Michigan), Proceedings, volume 1, 2007, p. 216-219.
  • (en) George L. Hicks, Japan's hidden apartheid: the Korean minority and the Japanese, University of California, Ashgate, 1997, p. 14 et 165.
  • (en) Ann B. Irish, Hokkaido: A History of Ethnic Transition and Development on Japan’s Northern Island, McFarland, 2009
  • Kim Mi-hyun, 일본우토로지역주민의도일(渡日)배경에관한조사, 일제강점하 강제동원피해진상규명위원회, 2006, p. 136
  • (en) Edith Terry, How Asia Got Rich: Japan, China and the Asian Miracle: Japan, China and the Asian Miracle, Routledge, 2015
  • Yoo Jo-hyun, Sung Yoo-jin, 고국의 눈물: 인천전자출판협회 자유학기제, Byedu, 2015
  • (en) An urgent plea to the American people from the Korean resident of Utoro, Japan: Why does Nissan want to destroy our homes?, New York Times, 1993
  • (en) Seeking to Preserve a Community, The JoongAng Daily, 2004
  • (en) Ethnic Koreans in Japan's Utoro village wait for Seoul's help, The hankyoreh, 2007
  • (en) Task Force Established to Support Community Development in Utoro with Collaboration between Ministry of Land, Kyoto Prefecture and Uji City, Kyoto Shimbun, 2007
  • (en) South Korean Natl. Assembly Approved Gov. Support for Korean Residents in Utoro Area, Kyoto, Japan, Korea JoongAng Daily, 2008
  • An Sung-yong, 일본 속 한인촌, 사진으로 만난다, OhmyNews, 2005
  • (en) Bae Ji-sook, Koreans in Utoro Call for Home Country’s Help, Korea Times, 2007
  • (en) Chun Su-jin, Saving a village home for Koreans in Japan, Korea JoongAng Daily, 2007
  • (en) Nozomi Iwakiri, Utoro: A Shaft of Light in a Long Political Tunnel, FND, Uji, 2007
  • (en) David McNeill, Andreas Hippin, Kyoto Korea Town fights for survival, The Asia-Pacific Journal, volume 3, no 7, 2005
  • (en) Masaki Saitoh, Takeshi Shinyashiki, Forced evictions ordered by the court, www007.upp.so-net.ne.jp, 2006
  • (en) Takeshi Shinyashiki, On the Imminent Forced Eviction of Utoro in Japan, www007.upp.so-net.ne.jp, Utoro, 2000
  • Sun Woo-jung, [Why] 우토로 재일교포마을 SOS, News Chosun, 2007
  • (en) Akiko Tagawa, What’s Utoro?, www007.upp.so-net.ne.jp, 1997
  • (en) Yoo Young-gook, Solidarity between Korean-Japan Civil Societies Relating to the Utoro Problem, DBPia, 2009

Liens externes[modifier | modifier le code]