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Le croisement des savoirs est une conviction, une méthode et un moyen qui permettent de créer les conditions pour que le savoir issu de l’expérience de vie des personnes qui connaissent la pauvreté puisse dialoguer avec les savoirs scientifiques et professionnels. Ces différents savoirs produisent une connaissance et des méthodes d’actions plus complètes et inclusives. Le croisement des savoirs, mis en œuvre dans de nombreux pays, s’inscrit dans des domaines très divers : santé, travail social, éducation, sciences humaines et sociales, etc… La démarche est fondée sur une méthodologie rigoureuse et expérimentée depuis des années formalisée dans le livre « Le croisement des savoirs et des pratiques – Quand des personnes en situation de pauvreté, des universitaires et des professionnels pensent et se forment ensemble ». Cette approche de « co-construction » est devenue célèbre puisqu’un nombre croissant d’initiatives, de rencontres, d’interventions, de co-formations, de recherches-actions et de publications sous des formes les plus diverses (livres, articles de revues et de journaux, thèses, etc.) développent cette méthode ou s’en inspirent.

ou

Le croisement des savoirs est une expression qui renvoie à une approche de co construction de savoirs visant la prise en compte des différents savoirs présents dans la société, en particulier le savoir des personnes en situation de grande pauvreté

Un espace d’innovation et d’actions

La capacité à innover constitue un des aspects les plus marquants de l’action d’ATD Quart Monde. La très grande souplesse organisationnelle, la faiblesse des cadres d’action prédéterminés de l’ONG laissent un large champ à l’émergence d’initiatives locales et de modes d’action profondément innovants. La forme d’action la plus spécifique d’ATD Quart Monde est avant tout celle que mènent les quelques 450 volontaires permanents du Mouvement en France et dans le monde.  En partageant au quotidien les conditions de vie de familles vivant dans des quartiers très défavorisés, ils assurent auprès d’elles une action de grande proximité qui n’a peu d’équivalent dans le dispositif public et associatif de lutte contre la pauvreté. La modestie des moyens des volontaires, leur absence de rattachement institutionnel leur permettent d’être acceptés par des populations extrêmement difficiles à atteindre, quelques soient les quartiers ou les pays où ils sont engagés.  ATD Quart Monde n’est pas un « opérateur » mais souhaitent mobiliser la société, les pouvoirs publics et la société,  à l’appui d’« expériences pilotes » :

• L’accès et le partage de la culture : au-delà, le Mouvement ATD Quart Monde a progressivement mis en place des réseaux d’action de promotion culturelle (tels que celui des « bibliothèques de rue »  à destination d’enfants de quartiers très défavorisés, celui des universités populaires à destination des adultes, ou encore les réseaux de professionnels animés par l’association dans différents domaines). Toutes les semaines dans les 32 pays où ATD Quart Monde est implanté, ont lieu des centaines de bibliothèques de rues réunissant des enfants et leur permettant d’avoir accès au livre, découvrir la lecture, accéder à la culture et s’ouvrir sur l’extérieur. La vocation culturelle de ces réseaux distingue très nettement ATD Quart Monde de la plupart des organisations qualifiées « d’humanitaires ». Le refus de toutes les formes d’assistance, de plus en plus admis avec la multiplication des formes d’exclusions et de précarité, a en effet constitué dès l’origine un apport essentiel du Mouvement.

• L’enfance et la jeunesse : Tapori a été créé en janvier 1967 par Joseph Wresinski, alors qu’il vivait dans le camp de Noisy le Grand où vivait de nombreux enfants. Lors d’un voyage en Inde, Joseph Wresinki rencontre des enfants qui vivent dans les gares, dans les rues. On les appelle les “Tapoori”. Ces enfants récupèrent dans les trains les restes de nourritures laissés par les voyageurs. Ils se retrouvent en groupe et partagent pour que chacun ait de quoi manger. De retour, Joseph écrit à d’autres enfants : «Vous êtes comme les Tapoori lorsque, à partir de presque rien, vous cherchez à construire un monde d’amitié où il n’y aura plus de misère ». Pour rendre hommage à ces enfants qui ont la vie difficile mais savent  rester solidaires, il donne le nom de Tapori au courant d’amitié entre les enfants qu’il a créé. Ce courant mondial entre des enfants de tous milieux existe en Afrique, dans l'océan indien, Amériques, Asie et en Europe.
• La formation et la construction du savoir émancipatoire  : en 1972, le père Joseph Wresinski, décident de lancer les Universités Populaires Quart Monde. Lieu d’échanges, de formation, et de construction d’un savoir émancipatoire, cet espace se fonde sur l’idée que les personnes qui vivent dans la grande pauvreté sont porteuses d’une expérience de vie à partir de laquelle peuvent s’élaborer des savoirs. Depuis près de 50 ans, ces universités – dans neufs régions en France, en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, au Canada, au Mexique, au Pérou, au Guatemala, au Sénégal et au Burkina Faso - ont formé et continuent à former des milliers de personnes, associant dans une même réflexion hommes et femmes de tous milieux autour des plus pauvres, : volontaires permanents, alliés, amis du mouvement, professionnels et intervenants extérieurs en rapport avec le sujet étudié, représentants de l’Etat, membres d’associations, magistrats, éducateurs, médecins, etc. Les participants viennent pour apprendre les uns des autres, en apportant leurs expériences et leurs savoirs propres. Dans ces rencontres, chacun peut s’entraîner à exprimer une opinion ou une pensée, en les confrontant à celles d’autres personnes. Au cours de ces universités populaires et de la formation transmise, une pensée riche des diversités de ceux qui la créent, s’exprime. Nul professeur dans cette université : « Un(e) animateur(trice) fait progresser l’expression personnelle et collective, la rencontre des différents types d’expériences et favorise l’émergence des savoirs apportés par chacun des participants. Un invité, spécialiste du thème débattu, entre en dialogue avec l’assemblée dont il a entendu les échanges. De nombreuses interactions ont lieu. Elles conduisent à la production de savoir et à des prises de conscience. Comme le père Joseph Wresinski en a eu l’intuition, les Universités Populaires Quart Monde permettent de « faire exister un peuple », « travailler à sa libération », « rechercher et faire reconnaître les plus démunis », « réaliser la confrontation des savoirs » et « produire des apprentissages ». Ainsi, en 1978, celui-ci soulignait « les familles, qui depuis des générations n’ont jamais eu la possibilité de parler entre elles des problèmes qui les concernent, d’échanger sur leur propre philosophie, sur leurs aspirations et leurs espoirs, ont tendance rapidement à s’énerver, à s’exprimer un peu n’importe comment. […] Il faut que ce qui se dit dans la Cave soit sensé. Lorsqu’on repart d’ici, il faut que les gens puissent dire : « On a appris ça ! On a retenu ça ! Tiens, on va faire cela ! » […] On s’aperçoit que les gens, progressivement, à mesure qu’ils prennent possession de leur pensée, de leur parole, commencent à dire :  Il faudrait que ça change ».

• Le logement : ATD Quart Monde s’est impliqué depuis sa création dans la mise en place de nombreux «projets pilotes », tels que la cité de promotion familiale de Noisy-le-Grand, reconnue centre d’hébergement et de promotion familiale en 1970 (CHRS), et dont l’objectif est de permettre aux 35 familles qui y sont logés d’acquérir, par une action globale de promotion familiale, sociale et culturelle, l’autonomie et les apprentissages nécessaires pour pouvoir assumer l’ensemble de leurs droits et responsabilités. Depuis sa création, plus de mille familles y ont été accompagnées pour accéder au logement pérenne de droit commun et retrouver une vie autonome. Dans ce lieu où l'histoire d'ATD Quart Monde a commencé, que des personnalités politiques se rendent pour prendre la mesure de l'action et de l'engagement de l'association auprès des familles.
• Le travail : Le travail : depuis 2002 a été constituée à Noisy-le-Grand l’association-entreprise «Travailler et Apprendre Ensemble » (TAE) pour réunir et associer dans personnes éloignées du travail et des salariés volontaires pour re-conditionner des ordinateurs, exercer des travaux de rénovation ou des prestations de nettoyage pour des associations et des collectivités… et démontrer ainsi que l’accès au travail de ceux qui en sont les plus éloignés peut s’envisager mais dans une dynamique partagée. Cette « expérience pilote » a d’ailleurs largement inspiré l’expérimentation « Territoires Zéro Chômeurs » portée par ATD Quart Monde et initiée par la loi d’expérimentation du 10 février 2016.
• Les vacances : ATD Quart Monde observe que les familles les plus pauvres ne partent jamais en vacances, et pour autant que ce temps de respiration, de recul et d’échanges est indispensable à l’équilibre comme aux projets. Le mouvement ATD Quart monde défend le droit aux vacances en famille que celle-ci puisse se reposer de la lutte quotidienne contre la pauvreté et se retrouver au complet, parents et enfants. Partir en vacances permet à des personnes touchées de près par la pauvreté de trouver repos, détente, liberté. Outre le repos, les vacances apportent la possibilité de sortir de l’isolement dans lequel leurs conditions de vie les ont enfermées. De plus, elles offrent aux parents dont les enfants sont placés le bonheur de vivre un temps avec eux en famille. ATD Quart Monde a créé trois centres de vacances familiales : à Arbois dans le Jura, en Grande- Bretagne et aux Pays-Bas. Le centre d’Arbois, « La Bise », dans le Jura, est situé en pleine campagne. A Arbois, la région permet des promenades à pied, à ski en hiver ou en canoë sur la rivière l’été. Depuis 1979, cinq à six fois par an, cinq à six familles sont accueillies pour des séjours de plusieurs jours à plusieurs semaines. Les volontaires-permanents qui les accueillent sont aidés par des personnes qui souhaitent s’impliquer dans des vacances familiales avec des personnes très pauvres. Par ailleurs, le Mouvement ATD Quart Monde travaille en concertation avec différentes maisons familiales et villages de vacances qui ont le souci de recevoir des familles défavorisées dans les mêmes conditions que les autres familles. Ce « droit aux vacances » souligné dans le rapport Wresinski au Conseil Économique et Social en 1987 est plus que jamais d’actualité pour permettre aux plus pauvres de reprendre des forces et se retrouver en famille.

ATD Quart Monde consacre une part importante de son action pour que « l’accès de tous aux droits de tous par la mobilisation de tous » soit une réalité partagée et vécue.  Au cours des 60 ans de son histoire, le mouvement ATD Quart Monde est à l’origine d’avancées législatives majeures :

• le revenu minimum d’insertion
• La loi d’orientation et de lutte contre les exclusions :
• la couverture maladie universelle 
• le droit au logement opposable
• un nouveau critère de discrimination      
• un emploi, c’est mon droit    

Thomas Ospital

biographie:

Thomas Ospital est un organiste français, né en 1990 à Ayherre, dans le Pays Basque. Il débute ses études musicales au conservatoire de Bayonne où il obtient en 2008 un Premier prix d'orgue dans la classe d'Esteban Landart. Il poursuit ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris où il travaille auprès d'Olivier Latry, Michel Bouvard, Thierry Escaich, Philippe Lefebvre, Laszlo Fassang, Isabelle Duha, Pierre Pincemaille et Jean-François Zygel. Il y obtient cinq premiers prix en orgue, improvisation, harmonie, contrepoint et fugue.

Il remporte de nombreux prix dans différents concours internationaux comme ceux de Saragosse (premier prix) en 2009, Chartres (prix Duruflé et prix du public) en 2012, Toulouse (deuxième prix) en 2013, Angers (grand prix Jean-Louis-Florentz et prix du public) et Chartres (second prix, prix du public et prix Jean-Louis-Florentz) en 2014.

En 2012, il est pendant six mois «Young Artist in Residence» à la cathédrale Saint-Louis-roi-de-France de La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis. En 2015, il est nommé sur concours titulaire du grand orgue de l’église Saint-Eustache à Paris. L’année suivante 2016, il devient le premier organiste en résidence du nouvel orgue Grenzing de l’Auditorium de Radio France.

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