Tabou du chrysanthème

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Le chrysanthème figurant sur le sceau impérial du Japon a donné son nom au climat de censure qui interdisait la critique de l'empereur.

Le tabou du chrysanthème (菊タブー, kiku tabū?) est le nom donné à l'interdit social qui condamne toute critique de l'empereur du Japon. Se référant à l'emblème de la famille impériale (« le sceau du chrysanthème »), le terme est particulièrement usité afin de désigner la censure que faisait régner l'empereur Hirohito[1].

Le terme émerge en 1960. Alors que la nation nipponne signe un traité de sécurité avec les États-Unis, une polémique secoua l'opinion publique japonaise. Un commando d’extrême droite attaqua la femme du directeur de publication de la revue mensuelle Chūōkōron[2]. Le magazine avait publié une nouvelle satirique critiquant l'État qu'Hirohito avait jugée irrévérencieuse. La même année, le chef du Parti socialiste japonais, Inejirō Asanuma, est victime d'un assassinat, imputé à des groupes d’extrême droite pro-empereurs[3] qui voyaient d'un mauvais œil la reconnaissance d'Asanuma envers la République populaire de Chine menée par Mao Zedong.

Ces évènements contribuèrent à instaurer un véritable climat de panique qui façonna en profondeur la presse. Les journaux refusèrent alors de publier des photographies de l'empereur du Japon par peur de représailles.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Philippe Pelletier, La Fascination du Japon. Idées reçues sur l'archipel japonais, Paris, Le Cavalier Bleu, , 299 p. (ISBN 978-2-84670-395-6), p. 179.
  2. « Japon : le silence des intellectuels sur la question impériale. Le “rideau de chrysanthèmes” », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Tadakazu Fukase et Yoichi Higuchi, Le Constitutionnalisme et ses problèmes au Japon. Une approche comparative, Presses universitaires de France, , 376 p., chap. III.