Riddles of the Sphinx

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Riddles of the Sphinx est un film expérimental et féministe de 1977 écrit et réalisé par Laura Mulvey et Peter Wollen. Il est produit par le British Film Institute. La musique électronique est de Mike Ratledge de Soft Machine, qu'il joue sur un prototype de synthétiseur inventé et mis au point par son ami Denys Irving.

Contexte[modifier | modifier le code]

Riddles of the Sphinx est le premier film réalisé après les premiers écrits et critiques féministes sur le cinéma. Il s'agit d'un film expérimental et féministe, réalisé par Laura Mulvey pour mettre en pratique ses propres écrits sur le regard masculin et la scopophilie. Laura Mulvey a publié en 1975, Visual pleasure and narrative cinema[1] où elle explique que le cinéma hollywoodien répond au désir du spectateur masculin de regarder les femmes. Le film de Laura Mulvey est « une tentative de fusionner les formes modernes avec un récit explorant le féminisme et la théorie psychanalytique » [2]. Le film cherche à créer un langage féministe pour le cinéma en dehors des normes narratives traditionnelles[3].

Laura Mulvey pense que, si le cinéma dominant produit du plaisir à travers la scopophilie qui favorise le regard masculin et la fétichisation des femmes, alors le cinéma alternatif doit construire différentes formes de plaisirs basées sur des relations psychiques dans une perspective féministe[4]. Le film se concentre sur la vie d'une femme à travers son quotidien domestique par des panoramiques à 360 degrés qui se déplacent lentement à partir du personnage sans le filmer. La voix d'une femme est perçue mais n'est pas identifiable en tant que personnage particulier, ce qui souligne davantage « le discours perdu de l'inconscient du personnage féminin »[5]. Plutôt que d'utiliser une voix off conventionnelle, Laura Mulvey a recours à plusieurs voix, celle de Louise ses amis et collègues, ce qui, selon Laura Mulvey, est destiné à être « un retour constant au personnage féminin, non pas comme une image visuelle, mais comme un sujet d'enquête, un contenu qui ne peut être considéré que dans le cadre des lignes esthétiques posées par la pratique cinématographique traditionnelle »[6].

Description[modifier | modifier le code]

Le film se compose de 13 scènes, dont la majorité sont tournées dans de longs panoramiques à 360 degrés dans les espaces de la vie quotidienne de Louise, personnage principal. Louise fait partie de la classe moyenne. Elle vit dans une maison et s'occupe de son enfant. Les scènes passent de l'intimité de la maison à la crèche de l'enfant, au lieu de travail et sur un rond-point de Londres. Ces scènes sont interrompues par des séquences de Laura Mulvey parlant directement à la caméra et racontant le mythe d'Œdipe rencontrant le Sphinx. La bande originale, réalisée par Mike Ratledge, respecte les approches formelles expérimentales avec des sons de la vie quotidienne synchronisés ou de la musique de synthé classique[7].

Dans une scène Louise visualise un film sur Mary Kelly et son œuvre Document Post-partum[8].

Casting[modifier | modifier le code]

  • Dinah Stabb pour le rôle de Louise
  • Merdelle Jordine pour le rôle de Maxine
  • Riannon Tise pour le rôle de Anna
  • Clive Merrison pour le rôle de Chris
  • Marie Green pour l'acrobate
  • Paula Melbourne comme Rope Act
  • Crisse Trigger pour le jongleur
  • Mary Maddox, Voix off
  • Laura Mulvey, Voix off

Réception[modifier | modifier le code]

Le BFI commente que « Riddles of the Sphinx est un film visuellement accompli et intellectuellement rigoureux. Il est l'un des films d'avant-garde les plus importants en Grande-Bretagne au cours des années 1970 »[9].

Selon Maggie Humm (en) dans Feminism and Film, « la théorie d'Althusser (l'idéologique State Apparatus (ISA) ) a aidé Laura Mulvey à clarifier les mécanismes systématiques par lesquels les désirs cinématographiques fonctionnent, mécanismes qu'elle a essayé de déconstruire avec les techniques brechtiennes dans ses propres films, en particulier dans Riddles of the Sphinx . " [10]

Patricia Erens (en) dans Issues in Feminist Film Criticism note que « Riddles of the Sphinx exhume une voix féminine qui a été réprimée par le patriarcat, mais qui est néanmoins restée intacte pendant des milliers d'années au niveau inconscient »[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Visual Pleasure and Narrative Cinema », USC.edu (consulté le ).
  2. (en) Michael O'Pray, The British Avant-Garde Film 1926 to 1995, Luton/London, University of Luton Press, , 332 p. (ISBN 1-86020-004-4, lire en ligne), 16.
  3. George Melnyk et Brenda Austin-Smith, The Gendered Screen : Canadian Women Filmmakers, Wilfrid Laurier Univ. Press, (ISBN 978-1-55458-195-5, lire en ligne), p. 68.
  4. Annette Kuhn, Women's Pictures : Feminism and Cinema, Londres, Verso, , 285 p. (ISBN 1-85984-910-5), p. 163.
  5. Fischer, « Shot/Countershot: An intertextual Approach to Women's Cinema », Journal of Film and Video, vol. XLI, no 4,‎ .
  6. « Riddles of the Sphinx (1977) », Screenonline.org.uk (consulté le ).
  7. Patti Gaal-Holmes, « The Riddles of the Sphinx · Page 2 · Learning on Screen », sur learningonscreen.ac.uk (consulté le ).
  8. (en) « In 'Afterimages' Laura Mulvey Returns to Feminist Film Criticism with Fresh Insights », sur PopMatters, (consulté le ).
  9. « Riddles of the Sphinx », BFI (consulté le ).
  10. Maggie Humm, Feminism and Film, Edinburgh University Press, , 19– (ISBN 978-0-7486-0900-0, lire en ligne).
  11. (en) Patricia Erens, Issues in Feminist Film Criticism, Bloomington, Indiana University Press, , 315– (ISBN 0-253-20610-3, lire en ligne).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Laura Mulvey (1975), Visual pleasure and narrative cinema. Écran 16: 3. Version en ligne .
  • Ann Kaplan (en) (1979), Avant-Garde Feminist Cinema: Mulvey and Wollen's Riddles of the Sphinx. Quarterly Review of Film Studies IV:2.
  • Geoffrey Nowell-Smith (1977). Riddles of the Sphinx. Sight and Sound XLVI:3.

Liens externes[modifier | modifier le code]