Aller au contenu

Piastre ottomane

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 1 août 2021 à 17:28 et modifiée en dernier par Isaac Sanolnacov (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Piastre ottomane
Ancienne unité monétaire
Piastre d'argent du règne d'Abdülhamid I(AH 1188 / 1774).
Piastre d'argent du règne d'Abdülhamid I
(AH 1188 / 1774).
Pays officiellement
utilisateurs
Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman
Appellation locale kurûş, plu. kuruşlar
Sous-unité 1 kuruş = 40 paras = 100 akçe
Chronologie

La piastre ottomane (turc ottoman : قروش kurûş) est l'ancienne unité monétaire de l'Empire ottoman, de 1688 à 1843, date à laquelle elle est remplacée par la livre ottomane.

Le kurûş demeure une sous-unité de l'actuelle livre turque.

Les appellations dans tout l'Empire varient, par exemple kurûş se dit qirsh en Province d'Égypte, et on trouve aussi comme équivalents territoriaux ersh, gersh, grush et grosi.

Histoire monétaire

En 1688, sous le règne de Soliman II, une nouvelle réforme permet de créer la piastre ottomane (kuruş) contenant 19,38 g d'argent calquée à la fois sur l'écu de 6 livres français, le thaler et sur la pièce de huit espagnole, dans le but de faciliter les transactions commerciales. Il faut alors environ 100 akçe pour faire une piastre. La piastre d'argent et le soultani d'or entretiennent un rapport au change qui dépend des marchés intérieurs et des relations commerciales avec le reste du monde[1]. Le mangır est démonétisé et remplacé par le para.

Très dévalué au cours des siècles précédents, l'akçe ne pèse plus que 0,21 g d'argent[2],[3].

La piastre voit s'abaisser son titrage et son poids au cours du XVIIIe siècle, par exemple, celle ci-contre (1774) frappée sous le règne d'Abdülhamid I ne pèse plus que 16,9 g pour un titrage inférieur à 850/1000e.

En 1839, une nouvelle réforme monétaire établit un système décimal avec 1 kuruş = 1 g d’argent = 100 paras (contre 40 avant cette date)[3].

Circulation au sein de l'Empire

La piastre ottomane et ses différents numéraires sont d'abord frappés à Constantinople et dans les divers ateliers monétaires sous la tutelle du sultanat. Mais ce centralisme a ses limites du fait de l'étendue de l'Empire. En réalité, et à la différence de l'Empire romain, l'Empire donne naissance à de multiples émissions en son sein même. Le rôle des changeurs est ici fondamental. En effet, « la complexité du système monétaire ottoman peut se caractériser entre autres par la multiplicité des pièces émises, ou acceptées dans les paiements par l’État, et par la grande variété des pièces en circulation sur les marchés ottomans »[3].

Ainsi, et par exemple, la régence d'Alger possède une autonomie, son système monétaire évolue différemment à partir du XVIe siècle. La province ottomane d'Égypte met également en place ses propres frappes, dont le para en cuivre. La régence de Tunis produit dès le XVIIe siècle ses propres monnaies.

Et il en va de même pour l'ensemble des eyalets. De plus, chaque type monétaire prend un nom différent, en fonction des dialectes et des usages locaux.

Ainsi, dans les faits, « une nouvelle pièce d’argent appelée dirham commence à être frappée dans les provinces de l’Est conquises par Süleyman (avant ), à Amid, Bagdad, Mossoul et Tabriz. Une autre pièce d’argent appelée medin est frappée en Égypte à partir du règne de Mourad III. Une nouvelle pièce d’argent appelée gümüş apparaît sous Ahmed Ier. (...) Toutes ces nouvelles monnaies d’argent s’ajoutent aux précédentes sans les faire disparaître »[3].

Notes et références

  1. (en) Şevket Pamuk (2000), A Monetary History of the Ottoman Empire, pp. 60-62.
  2. (en) Chester L. Krause (dir.), Standard Catalog of World Coins, Iola, Krause Publ., 1989, pp. 1589-1616.
  3. a b c et d Zeynep Bilge Yildirim, « L’introduction d’une nouvelle monnaie dans l’empire ottoman au XVIIe siècle d’après les registres de justice », dans Revue européenne des sciences sociales, Genève, Droz, XLV-137 | 2007, pp. 107-121lire en ligne