Phœbé de Bonis

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Phœbé
op. 30
Image illustrative de l’article Phœbé de Bonis
« Diane de Versailles » — statue d'Artémis chassant, accompagnée d'une biche. Copie romaine d'époque impériale (Ier—IIe siècle de notre ère) d'un original grec en bronze attribué au sculpteur athénien Léocharès (IVe siècle av. J.-C.), Musée du Louvre, Paris.

Genre musique pour piano
Musique Mel Bonis
Dates de composition 1909

Phœbé, op. 30, est une œuvre de la compositrice Mel Bonis, datant de 1909.

Composition[modifier | modifier le code]

Mel Bonis compose Phœbé pour piano. L'œuvre, dédiée à Paul Locard, est publiée aux éditions Leduc en 1909. Elle est rééditée en 2004 par les éditions Furore[1].

Analyse[modifier | modifier le code]

Phœbé fait partie d'un corpus d'œuvres que la compositrice a composé en se basant sur de grandes héroïne mythologiques. Ces pièces offrent des figures archétypales pour penser la place des femmes et le sort que les hommes leur réservent. Ce sont des « bijoux symbolistes » et des œuvres à clefs[2]. Cette pièce fait partie d'un cycle posthume : « Femmes de légende », qui comprend aussi Mélisande, Ophélie, Viviane, Desdemona, Salomé et Omphale[3].

Cette pièce fait aussi partie de ces œuvres demandant une certaine exigence technique[4]. L'œuvre illustre la maturité du style de la compositrice, par la suspension du sentiment tonal ou modal et la maîtrise de la conception formelle. On pourrait croire que l'œuvre est en ré bémol majeur, en se fiant à l'armure, mais l'harmonie entraîne une ambiguïté tonale. En considérant l'accompagnement des premières mesures, on pourrait interpréter le début comme étant en la bémol mixolydien. Le la bémol peut aussi être une note polaire du début de l'œuvre. Les dernières mesures de la pièce continuent à entretenir cette ambiguïté tonale. La fin, plutôt que de résoudre les tensions, s'évanouit dans une douce instabilité, selon François de Médicis[5]. La pièce utilise deux autres modes : la gamme par tons et la gamme octatonique, qui persistent à cette impression d'indétermination polaire. La symétrie de la distribution intervallique de ces échelles tend à neutraliser le pouvoir d'une note polaire. Elles sont également connues comme étant les premiers et deuxièmes modes à transpositions limitées d'Olivier Messiaen. La gamme octatonique participe à l'indétermination modale, mais la gamme par tons est utilisée au seul moment cadentiel vraiment affirmé de l'œuvre : elle sert à enjoliver un accord de dominante sur mi bémol majeur qui se résout sur la tonique de la bémol. Le rôle de la gamme octatonique est plus complexe que celui de la gamme par tons, tant sur le plan harmonique que sur le plan formel. L'œuvre est de forme tripartite ABA'[6].

Dans cette pièce, le brouillage de l'articulation formelle est exacerbée par l'ambiguïté polaire, mais d'autres compositeurs exploitent le même effet de décalage des marqueurs formel et harmonique dans des contextes clairement tonals comme dans l'Impromptu no 3 de Gabriel Fauré. On retrouve d'autres points commun entre cet impromptu et Phœbé comme le rythme d'une voix implicite dans l'accompagnement de la main gauche module de manière a rétablir la pulsation initiale.

La carrure de groupement, la projection du mètre et la fluidité des articulations ne sont pas aussi subtiles et ambiguës dans l'ensemble des œuvres inspirées par des figures féminines[7]. Certaines œuvres comme Viviane ou Desdemona présentent des coupes plus conventionnelles[8].

La grande fluidité de la pièce s'explique par le symbolisme de l'œuvre. Le titre de l'œuvre peut renvoyer à deux personnages mythologiques : soit une Titanide, fille d'Ouranos et Gaïa, soit plus vraisemblablement, la fille de Zeus et Leto, Phœbé-Artémis, divinité de la lune et sœur jumelle de Phoebus-Apollon.

Réception[modifier | modifier le code]

L'œuvre a été jouée lors d'un concert en 1909 par Mel Bonis elle même[9].

Discographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jardin 2020, p. 62.
  2. Jardin 2020, p. 29.
  3. Jardin 2020, p. 45.
  4. Jardin 2020, p. 307.
  5. Jardin 2020, p. 319.
  6. Jardin 2020, p. 320-321.
  7. Jardin 2020, p. 324.
  8. Jardin 2020, p. 325.
  9. Jardin 2020, p. 174.

Sources[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]