Ours (imprimerie)

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Dans l'édition, l'imprimerie et la presse, l’ours est un encadré — un rectangle contenant du texte et délimité par un cadre — situé généralement au début ou à la fin d'un imprimé. Il recense les noms et adresses de l'éditeur et de l'imprimeur, ainsi que les fonctions et les noms des collaborateurs ayant participé à sa fabrication[1]. Dans le langage de la presse écrite, on le désigne également sous le terme de colophon.

À l'origine, dans un journal français, l'ours ne contenait que les mentions légales obligatoires suivantes : l’éditeur de la publication, le directeur de la publication, le nom et l'adresse de l’imprimeur, le dépôt légal, l'ISSN.

Mais, sous l'influence des magazines anglo-saxons et de leur masthead, les quotidiens et magazines français publient aujourd'hui des ours allant d'un huitième à la pleine page et donnant les noms de tous les collaborateurs clés de la rédaction, de l'administration, de la publicité et des ventes[2].

Son équivalent, dans le cinéma et à la télévision, est le générique.

Origine[modifier | modifier le code]

L'ours du journal Libération (2022).

Le terme serait à l'origine un surnom donné à l'imprimeur au XIXe siècle[3]. L'« ours » désignait le compagnon pressier, en raison de ses supposés mouvements lourds pour encrer les formes, tandis que le typographe, qui levait les lettres et les disposait sur son composteur, était appelé « singe[4] ».

Juridiquement responsable de ce qu'il publiait, l'imprimeur était légalement tenu de mentionner son nom, celui de l'imprimerie et son adresse, sur les livres et journaux qu'il imprimait et il le faisait dans un petit encadré que l'on prit l'habitude de désigner comme étant l'ours.

On trouve chez Balzac (« Les Deux Poètes », in Illusions perdues, tome 4 de Scènes de la vie de province) : « Ce Séchard était un ancien compagnon pressier, que dans leur argot typographique les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un ours. Le mouvement de va-et-vient, qui ressemble assez à celui d'un ours en cage, par lequel les pressiers se portent de l'encrier à la presse et de la presse à l'encrier, leur a sans doute valu ce sobriquet. En revanche, les ours ont nommé les compositeurs des singes, à cause du continuel exercice qu'ils font pour attraper les lettres dans les cent cinquante-deux petites cases où elles sont contenues. »

Autre explication[modifier | modifier le code]

Serge Bénard, dans Les Mots de la presse écrite[5], explique que ce terme viendrait de l'anglais « ours » (qui se traduit par « les nôtres ») pour dire aux lecteurs : « Voici qui nous sommes[6]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pourquoi un ours dans le journal ?, Paul Vandenabeele, La DH Les Sports+, 2 mars 2011.
  2. Par exemple, l'ours de Paris Match donne les noms du président d’honneur, du directeur de la rédaction, directeur adjoint de la rédaction, rédacteur en chef photo, ainsi que ceux des six rédacteurs en chef, six rédacteurs en chef adjoints, directeur artistique, neuf chefs des services dont secrétariat de rédaction, dix grands reporters, cinq reporters photographes, sept reporters ; l’administration et la publicité, etc.
  3. Dictionnaire de l'argot des typographes 1883, suivi d’un choix de coquilles typographiques célèbres et curieuses, par Eugène Boutmy, correcteur d'imprimerie, Flammarion et Marpon, Paris, 1883, texte intégral sur Wikisource.
  4. Maurice Audin, Histoire de l'Imprimerie : radioscopie d'une ère : de Gutenberg à l'informatique, A. & J. Picard, , p. 435.
  5. Serge Bénard, Les Mots de la presse écrite, Paris, éditions Belin, , 393 p. (ISBN 978-2-7011-2929-7 et 2-7011-2929-X).
  6. Frédérique Roussel, « Singe ours organigramme typographe », Libération, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]