Maître aux inscriptions blanches

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est la version actuelle de cette page, en date du 23 décembre 2020 à 22:52 et modifiée en dernier par Sebleouf (discuter | contributions). L'URL présente est un lien permanent vers cette version.
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Maître aux inscriptions blanches
Période d'activité
Activités
Lieu de travail
Influencé par
Présentation d'Hadrien à l'empereur Trajan par Plotine.
Benvenuto da Imola, Romuleon, BL. ms. Royal 19 E v, fol. 367v.

Le Maître aux inscriptions blanches (en anglais « Master of the White Inscriptions »[1]) est un maître anonyme enlumineur dont l'une des caractéristiques est d'ajouter des textes, écrits en blanc, sur le fond de ses peintures. D'autres particularités stylistiques permettent de mieux identifier cet artiste, alors qu'au contraire d'autres enlumineurs utilisent aussi la technique des inscriptions[2],[1].

Éléments stylistiques[modifier | modifier le code]

L'auteur écrivant.
Jean Lefèvre de Saint-Rémy, Livre des faits du bon chevalier messire Jacques de Lalaing, BnF Fr.16830 fol. 1 (1475 - 1480 env).
Naissance de Marie.
Jean de Mansel, Fleur des histoires, BL Royal 18 E vi fol. 8.
Découverte de Romulus et Remus
Benvenuto da Imola, Romuleon, , BL. ms. Royal 19 E v, fol. 32.
Vincent de Beauvais écrivant le livre.
Vincent de Beauvais, Miroir historial, BL Royal Ei fol. 3.
Le chancelier Guillaume Fillastre lit son ouvrage.
Guillaume Fillastre, Histoire de la Toison d'or, BnF Fr. 139, fol. 4.

Les ouvrages illustrés par l'enlumineur comportent des scènes de cour, avec leur cérémonial, de batailles, d'affaires diplomatiques, et autres événements historiques. Grâce à l'utilisation de costumes et de décors contemporains, les images offrent aussi souvent un aperçu de la vie au XVe siècle, anachronique par rapport aux thèmes peints.

En plus de sa marque distinctive constituée de son utilisation de la couleur blanche pour les inscriptions, qui ne sont d'ailleurs pas systématiques, l'artiste apporte un nouveau naturalisme dans ses peintures. Il explore les possibilités offertes par les conditions d'éclairage difficiles comme le crépuscule et la lumière réfléchie dans l'eau, un intérêt partagé avec d'autres peintres flamands de son temps.

Les miniatures attribuées au Maître aux inscriptions blanches sont puissantes par leur simplicité. En général, elles décrivent à chaque fois une seule scène, et dans de nombreux cas le font avec une telle économie de moyens dans la composition et les personnages que le sujet est soit très facile, soit très difficile à identifier. Les figures masculines ont le visage et le physique larges, enflés, voire laids; ils portent des cheveux longs et tiennent des poses crispées, et même agressives. Les personnages féminins sont élégants quoiqu’un peu angulaires et uniformes avec des visages de forme ovale[3]. Les espaces intérieurs se limitent souvent à de grandes pièces vides, aux murs gris. Le bord de la miniature coupe régulièrement personnages et animaux. En général l’orange, le vert, le gris et le noir dominent, avec de grandes disparités[2].

Évolution du nom[modifier | modifier le code]

C'est en 1921 que le Maître aux inscriptions blanches a été nommé ainsi par Paul Durrieu, d'après les miniatures de deux importants manuscrits réalisés pour Édouard IV d'Angleterre qui sont l'un une traduction des Fait et dits mémorables de Valère Maxime par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse[4] et l'autre une version française de Romuleon de Benvenuto da Imola. Les inscriptions blanches forment une partie importante et une marque distinctive des miniatures de deux volumes. Dans le deuxième manuscrit figure la date 1480[1].

Friedrich Winkler ajoute en 1925 les attributions pour des miniatures de deux autres textes profanes pour Édouard, le Boccace[5] et la Fleur des histoires de Jean Mansel[6]. Dans le premier figure la date 1479[1].

D'autres œuvres attribuées au maître, par Scot McKendrick[1], sont des copies, pour Édouard IV, du Chemin de Vaillance de Jean de Courcy et la traduction française de la Cité de Dieu de Saint Augustin par Raoul de Presles. Scot McKendrick relève également quelques miniatures par le Maître aux inscriptions blanches dans deux manuscrits du Speculum historiale de Vincent de Beauvais dans une traduction française[7] et les Chroniques d'Angleterre de Jean de Wavrin[8], qui font également partie de la bibliothèque d’Édouard.

En 2002, Hanno Wijsman attribue la grande miniature d'ouverture dans une copie de Livre des faits de Jacques de Lalaing[9] au même artiste. Ce volume est le seul qui n'appartenaient pas à Édouard IV. Certaines des miniatures précédemment attribuées à la main du Maître aux inscriptions blanches, y compris les miniatures les plus accomplis dans le volume 3 des Chroniques de Froissart du musée Getty[10] et la copie d’Édouard IV du Boccace[5] sont maintenant plutôt attribuées, par Scot McKendrick, à un artiste plus talentueux, qu'il nomme le Maître du Froissart du Getty[1].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Probablement formé et basé en Flandre, actif dans les années 1480 à 1490, l'artiste a illustré des livres pour une clientèle courtoise internationale, dont beaucoup ont pu être destinés au roi Édouard IV d'Angleterre. Les illustrations attribuées à cet artiste figurent dans des manuscrits historiques sur l'antiquité, comme le Romuleon de Benvenuto da Imola ou médiévaux, comme l'Histoire de la Toison d'or de Guillaume Fillastre[11]. On relève l'intervention de la main du Maître aux inscriptions blanches dans une quinzaine de manuscrits[2] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Illuminating the Renaissance, « Master of the White Inscriptions » p. 289-291, n° 79 et 80.
  2. a b c d et e Hanno Wijsman, Le Maître aux inscriptions blanches.
  3. Wijsman dit même : « en forme d’œuf renversé »; toutes ces caractéristiques s’observent bien sur la miniature du Romuléon avec Trajan et Hadrien (BL Royal 19 E v f 367v).
  4. a et b Londres, British Library, Royal Ms. 18 E iii-iv
  5. a b et c Londres, The British Library, Royal Ms. 14 E v
  6. a et b Londres, British Library, Royal Ms.18 E vi
  7. a et b Londres, British Library, Royal Ms. 14 E. i
  8. a et b Londres, British Library, Royal Ms. 14 E. iv
  9. a et b Paris, Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 16830
  10. a et b Los Angeles, J. Paul Getty Museum, Ms. Ludwig XIII 7
  11. Notice du musée Getty.
  12. Notice et manuscrit Royal Ms. 14 E. v sur le site de la British Library
  13. Mais Scot McKendrick, dans les Illuminating, émet un doute sur cette attribution.
  14. Londres, British Library, Royal Ms. 19 E v
  15. a et b Notice et manuscrit Royal Ms. 19 E. v sur le site de la British Library
  16. Ce sont : Besançon, Bibliothèque municipale 850 ; Bruxelles, Bibliothèque royale 9055 et 10173-4 ; Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana Med. Pal. 156, vols 1-2; Turin, Biblioteca Nazionale Universitaria L.I.4, vols 1-2. (Note détaillée du manuscrit Royal 19 E v).
  17. Notice et extraits du manuscrit Royal Ms. 19 E. vi sur le site de la British Library
  18. Reproduction sur le site de la BNF
  19. Notice et miniatures du manuscrit Royal Ms. 14 E. i sur le site de la British Library.
  20. Folios 81, 98v, 114, 121, 169v, 299. Notice et enluminures du manuscrit Royal Ms. 14 E iv sur le site de la British Library.
  21. Londres, British Library, Royal Ms. 14 E ii
  22. Les grandes miniatures aux folios 1, 77, 194, 250 et les petites aux folios 30, 51v, 103v, 123, 133 145, 163v, 218, 261v, 295, 338. Les manuscrits sont, en plus : Christine de Pisan, Lepistre Othea (ff. 295-331v); Alain Chartier, Le bréviaire des nobles (ff. 332-335v); Les complaintes des IX malheureux et des IX malheureuses (ff. 335v-337) et Raymond Lulle, Libre del Orde de cavayleria, dans une traduction française anonyme (ff. 338-354).
  23. Londres, British Library, Royal 17 Ms. F iii
  24. Folios 92v, 100v, 120v, 132, 154, 165v, 171, 178v, 185, 256, 279v Notice et enluminures du manuscrit du Froissart du Getty
  25. Londres, British Library, Royal Ms. 14 E vi
  26. Quatre grandes miniatures aux folios 10, 110, 215, 288 et huit plus petites aux folios 28, 62, 76v, 157, 204, 208, 270v, 305v. La première (fol. 10) est attribuée ua Maître du Froissart du Getty.
  27. Paris, BNF, Ms. Fr. 139, fol. 4 et Bruxelles, KBR, Ms. 9028, fol. 6.
  28. Hanno Wijsman, Les Heures Gros-Carondelet vendues à Hambourg : informations supplémentaires sur le manuscrit sur le site Libraria

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Thomas Kren et Scot McKendrick (éditeurs), Illuminating the Renaissance : The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, Londres, Getty Museum - Royal Academy of Arts, , 576 p. (ISBN 1-903973-28-7, lire en ligne).
  • Hanno Wijsman, « Le Maître aux inscriptions blanches », dans Bernard Bousmanne et Thierry Delcourt (directeurs), Miniatures flamandes : 1440-1520, Bibliothèque nationale de France et Bibliothèque royale de Belgique, , 464 p. (ISBN 978-2-7177-2499-8 et 978-2-87093-169-1), p. 338-344
    Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition : « Miniatures flamandes : 1440-1520 », présentée à Bruxelles du 30 septembre au 31 décembre 2011 et à Paris du 6 mars au 10 juin 2012.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :