Les Caves du Vatican

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Les Caves du Vatican est un roman d'André Gide, paru en 1914. L'auteur l'a classé comme « sotie », déclarant plus tard que son « unique roman » était Les Faux-monnayeurs (1925).

Ce récit délibérément décousu croise et oppose intrigues et personnages. Il y a d'abord les atermoiements et les revirements de Julius de Baraglioul, catholique traditionnel, et de son beau-frère, Anthime Armand-Dubois, libre penseur. Il y a la bande des escrocs qui répandent la rumeur selon laquelle le pape serait séquestré dans les caves du Vatican. Mais, surtout, il y a le jeune Lafcadio, prisonnier de sa mystique de l'acte gratuit. Cette « sotie » illustre ainsi la folie de certains engagements intellectuels, et démontre la gravité des conséquences qui en découlent.

Résumé

Les Caves du Vatican est une œuvre réputée pour son intrigue particulièrement embrouillée[1]. Le livre se compose de 5 livres.

Premier livre. Anthime Armand Dubois. En 1890, le riche franc-maçon Anthime Armand-Dubois vit à Rome. La sœur de sa femme et le mari , Julius de Baraglioul, sont en visite. Il n'est pas en très bonne santé. Il expérimente sur des rats vivants, au grand dam de sa femme catholique Véronique. Un jour, de rage, il endommage un plâtre de la Sainte Vierge. Il sent qu'il a péché, prie pour le pardon et est soudainement capable de plier la jambe raide. Il se convertit à la foi chrétienne. La loge le laisse tomber. Pauvre, il s'installe à Milan.

Deuxième livre. Jules de Baraglioul. L'écrivain Julius de Baraglioul vit à Paris. Avec son roman le plus récent, il vise à devenir membre de l'Académie. Son père Juste-Agénor lui demande de l'informer sur le roumain Lafcadio Wluiki, son fils bâtard. Il vit dans une chambre avec son amante Carola Venitequa, ancienne amante du camarade de classe de Lacadio, Protos. Lafcadio devine correctement de son père et lui rend visite. Là, il rencontre Geneviève, la fille de Julius. Il obtient une pension en héritage de son père. Il abandonne Carola qui retourne à Protos à Rome. Il rencontre Julius et raconte l'histoire de sa vie. Il apprend la mort de son père.

Troisième livre. Amédée Fleurissoire. Pendant ce temps, l'escroc Protos opère en Italie et en France. Il trompe la sœur de Julius, Valentine, pour obtenir une grosse somme pour « libérer le Pape » emprisonné dans les caves du Vatican. Valentine remet l'argent et se tourne vers Madame Arnica Fleurissoire, dont le mari Amédée se rend à Rome pour libérer le pape. Parallèlement, Julius se rend à Rome pour assister à un congrès.

Quatrième livre. Le mille-pattes. A Rome Amédée manque d'idées pour libérer le prisonnier. Un copain de Protos conduit Amédée dans une sorte d'hôtel tenu par Carola. La nuit, elle se faufile dans son lit et le séduit, il est toujours vierge. Amédée ne sait que penser et se sent très coupable. Carola, voyant cela, tombe amoureuse d'Amédée. Protos obtient la confiance d'Amédée et se construit une image d'ennemi. Après ça, Amédée voit l'ennemi dans tous les coins. Protos se déguise en abbé Cave et l'aide à rendre visite à (l'imposteur) le cardinal Sanfelice à Naples, car sa femme dans une lettre lui a demandé de rencontrer le cardinal. Après la réunion, Amédée est renvoyé à Rome pour obtenir plus d'argent à donner. Il rencontre Julius et ensemble ils retirent de l'argent. Julius donne son billet de train à Amédée pour se rendre à Naples.

Cinquième livre. Lafcadio. Le désormais riche Lafcadio veut voir le monde. Lors du voyage en train vers Brindisi, Amédée s'assoit avec lui dans le compartiment, rentrant à Naples avec l'argent. Lafcadio, en quête d'aventure, veut commettre «Un crime sans motif» et tente de faire tomber Amédée du train. Il s'accroche à Lafcadio, mais n'attrape que son chapeau en tombant du train. Lafcadio fouille les poches du manteau de la victime, il trouve le ticket de Julius et l'emporte avec lui. Il ne touche pas à l'argent. Lafcadio revient chez son demi-frère à Rome au Grand Hôtel. Le romancier prépare sa prochaine œuvre, où un jeune homme commet un crime sans motif. Ils discutent ensemble d'un tel cas. Julius, après avoir découvert que la victime était son beau-frère, persuade Lafcadio de transférer le corps à Rome. Carola, en apprenant le crime, est convaincue que Protos était le coupable et le dénonce à la police. Dans le train en provenance de Naples, Lafcadio rencontre un Protos déguisé, qui est en possession d'un morceau du chapeau perdu de Lafcadio. Lafcadio décide de se rendre à la police. En attendant, les proches d'Amédée se rendent à Rome pour son enterrement. Protos recherche Carola et la tue pour trahison, juste avant que la police ne l'arrête et découvre le morceau de la doublure du chapeau.Cela le rend coupable de deux homicides. Cette nuit-là, Lafcadio reçoit la visite sournoise de Geneviève dans sa chambre. Il veut se rendre à la police, elle le veut comme amant. Après de longues discussions, il décide de l'accepter, afin de faire tomber cette famille aristocratique.

Commentaires

La réflexion sur la liberté et ses conséquences pour soi et pour les autres prolonge en quelque sorte l'étude du couple de La Porte étroite et de L'Immoraliste. Sur le plan formel, l'art de la sotie, saugrenue, décousue et disparate, manifeste une fois de plus le refus du roman chez Gide (1869-1951) et son goût de la parodie. La théorie de l'acte gratuit emprunte beaucoup à Nietzsche et à Dostoïevski. Sur le plan philosophique, l'acte gratuit constitue une sorte de défi à Dieu et à l'ordre du monde, qu'il bouleverse de façon à la fois absurde et imprévisible. Cet ouvrage, qui érige en quelque sorte le jeu et l'humour noir en règle de vie, fascina les surréalistes. Bien entendu, il fit scandale dans les milieux catholiques.

En exergue, Gide plaça d'ailleurs cette citation de Georges Palante, extraite d'une de ces chroniques pour le Mercure de France :

« Pour ma part, mon choix est fait. J'ai opté pour l'athéisme social. Cet athéisme, je l'ai exprimé depuis une quinzaine d'années, dans une série d'ouvrages[2]... »

Articles connexes

Le personnage fictionnel de Rakhmetov du roman utopiste Que faire ? (1863), de Nikolaï Tchernychevski, serait un ancêtre de Lafcadio.

L'œuvre est devenue pièce de théâtre, adaptée par son auteur en deux actes et dix-sept tableaux et créée à la Comédie-Française le , dans une mise en scène de Jean Meyer, avec dans le rôle d'une jeune prostituée : Jeanne Moreau.

Notes et références

  1. Cf le dictionnaire des œuvres chez Bouquin
  2. Georges Palante, chronique philosophique du Mercure de France, décembre 1912

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