Koum Tara

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Koum tara, kom tara ou qoum tara (traduit littéralement de l'arabe algérien[1] par « lève-toi et admire »), appelé aussi er-rabii aqbal ya insân est une chanson traditionnelle algérienne[2] de l'école arabo-andalouse d'Alger et de Tlemcen. Il s'agit d'une qasida dérivée de la sanâa algérienne[3], écrite par Mohamed Bendebbah.

Paroles[modifier | modifier le code]

« الـرَّبِيعْ قَدْ أَقْبَـلْ يَا إِنْسَـانْ * هَذَا هُوَ فَصْلُ الخَلاَعَة

يَـا نَدِيمْ هَيَّـا لِلْبُسْتَـانْ * نَغْنَمُوا فِي الدُّنْيَا سَاعَـة

قُمْ تَـرَى دَرَاهِمَ اللَّـوْزْ * تَنْدَفِـقْ عَـنْ كُلِّ جِهَة
وَالنَّسِيمْ سَقَّطْهَا في الحَوْزْ * وَالنَّـدَى كَـبَّبْ عَلَيْهَا
بَدَتْ تَلْقَحْ وَرْقَـةُ الجُوزْ * جَاء بَشِيـرْ الخَـيْرْ إِلَيْهَا

الرِّيَاضْ يَعْجَـبْنِي مَلْوَانْ * مَا احْـسَنُه فَصْلُ الخَلاَعَة
يَا نَدِيمْ هَيَّـا لِلْـبُسْـتَانْ * نَغْنَمُ في الدُّنْـيَا سَـاعَة

أَجِ تَرَى يَا مَنْ هُو يَعْشَقْ * اِمْلاَ لِـي كَاسَ الحُـمَيَّا
وَالزَّهَرْ في الرَّوْضِ يْعَـبَّقْ * رِيحُـهُ رِيــحٌ ذَكِـيَّة
وَاليَمَامِ في الغُصْنِ يَـنْطَقْ * عِشْقَـتُه هَاجَتْ عَلَـيَّ

المَلِيحْ يَعْجَـبْنِي نَشْـوَانْ * حِينْ يَقُولْ سَمْـعًا وَطَاعَة
يَا نَدِيمْ هَيَّـا لِلْـبُسْـتَانْ * نَغْنَمُ في الدُّنْـيَا سَـاعَة

قُمْ تَـرَى الاَوْرَاقَ تُعَرْبِدْ * والهزاير في حليها
وَالطُّيُورْ الكُلُّ تُنْشِدْ * تَقْرَا قُلْ هُوَ الله عَلَيْهَا
يَا مَلِيحْ امْلَى وَجَدِّدْ * هَذَا هُوَ فَصْلُ النَّزِيهَة

المَلِيحْ يَعْجَـبْنِي سَهْـرَانْ * حِينْ يَقُولْ سَمْـعًا وَطَاعَة

يَا نَدِيمْ هَيَّـا لِلْـبُسْـتَانْ * نَغْنَمُ في الدُّنْـيَا سَـاعَة »

— Mohamed Bendebbah a-Tilimsani[4] (XVIIIe), Edmond Nathan Yafil[5] et Sid-Ahmed Serri[6]

« A-rrabīʾ aqbal yā insān, hāḏa huwwa fasl-u al-xilāʾa
Yā nadīm hayyā l-il-bustān, naġnamū fi a-dunyā sāʾa


Qūm tarā darāhima al-lawz, tandafiq ʾan kullī ǧīha
Wa a-nasīm saqqaṭhā fi al-ḥawz, wa anadā kabbab ʾalīhā
Badət talqaḥ warqat-u al-ǧawz, ǧā bašīr al-ẖayr ʾilayhā

Ariyād yaʾǧabnī malwān, mā aḥsanū faṣl al-ẖilāʾa
Yā nadīm hayyā l-il-bustān, naġnamū fi a-dunyā sāʾa

Aǧi tara yā man hū yaʾšaq, imlā lī kās al-ḥumiyya
Wa azahr fī arrawḍ-i yʾabbaq, rīḥuhu rīḥun zakiyya
Wa al-yamām fī al-ġusn-i yanṭaq, ʾišqatu hāǧət ʾaliyyā

Al-malīḥ yaʾǧabnī našwān, ḥīn yaqūl samʾan wa ṭāʾa
Yā nadīm hayyā l-il-bustān, naġnamū fi a-dunyā sāʾa

Qūm tarā al-ʾawrāq-a tuʾarbid, wa al-hazāyir fī ḥuliyyihā
Wa a-ṭuyūr alkullu tunšid, taqra "qul huwwa allahū" ʾalayhā
Yā malīḥ ʾimlā wa ǧaddid, hāḏa huwwa faṣl-u a-nazīha

Al-malīḥ yaʾǧabnī našwān, ḥīn yaqūl samʾan wa ṭāʾa

Yā nadīm hayyā l-il-bustān, naġnamū fi a-dunyā sāʾa »

— Edmond Nathan Yafil[5] et Sid-Ahmed Serri[6]

Traduction[modifier | modifier le code]

Souhel Dib propose la traduction suivante[7] :

« Homme, le printemps arrive. Lève-toi, compagnon, la beauté nous sollicite,
Allons, ami, gagnons le jardin, jouissons d'un moment en ce monde!

Lève-toi et contemple les pétales de l'amandier que la brise répand de tous les côtés.
Ils tombent délicatement dans le bosquet arrosés par la fraîcheur du matin.
Les fleurs vont bientôt éclore - heureuse nouvelle que celle qui arrive.

J'aime le sol aux reflets changeants. Lève-toi, compagnon, la beauté nous sollicite,
Allons, ami, gagnons le jardin, jouissons un moment en ce monde!

O toi qui es instruit des secrets de l'amour, prends cette coupe de vin ensorceleur,
les effluves de la fleur d'oranger et de la rose nous parviennent. Leur senteur est délicate, certes.
Le rossignol chante sur les ramilles, et son chant trouble profondément mon âme.

La beauté me séduit quand, étourdie par l'ivresse, elle cède à mes désirs.
Allons, ami, gagnons le jardin, jouissons d'un moment en ce monde!

Contemple les pétales et les fleurs parées comme dans une adoration au Seigneur,
Les oiseaux enfouis dans le feuillage glorifient Dieu dans son unité,
verse dans ma coupe, verse encore de ce vin, c'est la saison du bonheur!

La beauté me séduit quand, étourdie par l'ivresse, elle cède à mes désirs.
Allons, ami, gagnons le jardin, jouissons d'un moment en ce monde! »

Une chanson populaire[modifier | modifier le code]

Koum tara est une œuvre qui fait partie du patrimoine musical algérien et un des poèmes locaux de la sanaa-gharnata de Tlemcen, appelé aussi er-rabii aqbal ya insân et se chante dans les noubas suivantes : inçiraf raml al-maya, inqilâb moual, btaïhi raml al-maya[8]. Elle connait une grande popularisation sur la scène internationale. En effet, elle est aujourd'hui interprétée par des artistes marocains mais aussi chinois avec des instruments traditionnels de la musique chinoise[2].

Elle est aussi chantée par les juifs d'Algérie en arabe ou en hébreu lors des baqqashots[9](chants de supplications) durant les prières.

Un spectacle qui mêle le répertoire traditionnel citadin algérien réinventé et des compositions originales, est nommé d'après le titre de la chanson. Il a produit un album en 2018[10].

Chanteurs[modifier | modifier le code]

Parmi les chanteurs ayant interprété koum tara, nous retrouvons :[réf. nécessaire]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Koum Tara »
  2. a et b (en) Patty Chan, Playing Erhu: Bridging the Gap (lire en ligne)
  3. Université de Toulouse-Le Mirail, Horizons maghrébins, (lire en ligne)
  4. El Hassar Abdelkader Salim, « L’apport de nos poètes et musiciens est considérable », Horizons, no 6497,‎ , p. 11 (lire en ligne)
  5. E.-N. Yafil et J. Rouanet, Répertoire de musique arabe et maure. Collection de mélodies, ouvertures, noubet, chansons, préludes, etc, recueillie par M. Edmond-Nathan Yafil, sous la direction de M. Jules Rouanet..., N. E. Yafil et Laho Seror, (lire en ligne)
  6. Sayyid Aḥmad Sirrī et سري، سيد أحمد., al-Ṭarab al-Andalusī : majmūʻat ashʻār wa-azjāl mūsīqá al-ṣanʻah, Mūfim lil-Nashr,‎ (ISBN 9961-62-266-9 et 978-9961-62-266-7, OCLC 54344871, lire en ligne)
  7. Souhel Dib, Anthologie de la poésie populaire algérienne d'expression arabe, L'Harmattan, (ISBN 978-2-85802-771-2, lire en ligne), p. 135
  8. « Tlemcen - La grande école de la musique «sana'a-gharnata» : des terroirs, des auteurs et des chants », sur Djazairess (consulté le )
  9. Mohammed Habib Samrakandi, Musiques d'Algérie (lire en ligne)
  10. https://psdhtml.me, « L'Expression: Culture - Koum tara ou la fusion jazz-chaâbi! », sur L'Expression (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • La pièce, du répertoire sanaa de l'école de Tlemcen, sur le portail du Patrimoine Culturel Algérien.
  • La pièce, du répertoire sanaa de l'école d'Alger, sur le portail du Patrimoine Culturel Algérien.
  • La pièce, du répertoire malouf de l'école de Constantine, sur le portail du Patrimoine Culturel Algérien.