KZ Manager

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KZ Manager

Développeur
The Missionaries
Éditeur
German Elite

Date de sortie
1990-2000 (en fonction de la version)
Genre
Mode de jeu
Plate-forme

KZ Manager est un nom partagé par de nombreux jeux vidéo similaires de gestion de camp de concentration et d'extermination. Ce sont des jeux d'inspiration nazie, dont les concepteurs, allemands, sont restés anonymes[1],[2] et qui sont interdits en Allemagne.

Jeu nazi[modifier | modifier le code]

Ils placent le joueur dans le rôle d'un commandant ou d'un directeur d'un camp de concentration nazi, où les ressources à gérer comprennent, selon la version du jeu, des prisonniers (juifs, turcs ou tziganes), des réserves de gaz toxique, de l'argent normal et divers équipements, ainsi que l'opinion publique sur la productivité du camp. KZ est l'abréviation du mot allemand Konzentrationslager, soit camp de concentration[3].

KZ Manager fait partie d'un ensemble de jeux vidéos qui fleurissent dans la sphère néofasciste à partir des années 1980[4],[5], qui contribuent à la propagande néonazie[6] et qui sont dénoncés comme tels par le Centre Simon-Wiesenthal[7],[8]. Le but du jeu est de faire fonctionner le camp en maintenant l'opinion publique ou d'autres ressources et jauges importantes au-dessus ou au-dessous d'un certain seuil. Dans une version, l'opinion publique augmente lorsque le manager exécute un certain nombre de prisonniers au Zyklon B. Cependant, la commande de ce gaz coûte de l'argent, qui peut être collecté en forçant les prisonniers à travailler[3].

Ces jeux vidéos visent les adolescents et les jeunes, afin de pouvoir les recruter au sein des cercles néo-nazis, en jouant sur la déshumanisation des minorités et en se moquant de la Shoah[9].

Interdiction et circulation[modifier | modifier le code]

Le jeu a été mis à l'index par l'Office fédéral allemand des médias nuisibles à la jeunesse, ce qui signifie qu'il est interdit de distribuer le jeu en Allemagne en raison de sa référence évidente au nazisme[10]. Il est néanmoins distribué sous le manteau par divers canaux[1], en Allemagne et en Autriche[11].

Chaque version du jeu est sortie plusieurs fois et a commencé à circuler en Autriche et en Allemagne dans les années 1990[3], les premières versions étant des jeux DOS, des jeux en mode texte, des versions DOS graphiques ainsi qu'une version Windows intitulée KZ Manager Millennium. Une version Amiga a été trouvée[7].

En 1991, The New York Times a rapporté que KZ Manager est l'un des 140 jeux ayant des thèmes similaires. Des journaux autrichiens rapportent qu'un sondage effectué auprès d'étudiants d'une ville a révélé que 39 % d'entre eux connaissaient ces jeux et qu'ils étaient familiers à 22 % d'entre eux[3],[7], chiffres peut-être surestimés parce que, malgré la rumeur, peu de copies circulent[2].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Thomas Rabino, « Jeux vidéo et Histoire », Le Débat, vol. 177, no 5,‎ , p. 110 (ISSN 0246-2346 et 2111-4587, DOI 10.3917/deba.177.0110, lire en ligne, consulté le ).
  2. a et b (de) Eugen Pfister, « “Where the line of decency is drawn”. Imaginationen des Holocaust in digitalen Spielen », sur Spiel-Kultur-Wissenschaft, (consulté le ).
  3. a b c et d (en-US) Ap, « Video Game Uncovered in Europe Uses Nazi Death Camps as Theme », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  4. (de) AKGWDS Redaktion, « Ist Hakenkreuz gleich Hakenkreuz ? Der Umgang des staatlichen Jugendschutzes mit verfassungsfeindlichen Symbolen im Digitalen Spiel 1985-1994 », sur Gespielt. Blog der Arbeitskreises Geschichtswissenchaft und Digitale Spiele, (consulté le ).
  5. (en) Hans-Liudger Dienel, Terrorism and the Internet: Threats, Target Groups, Deradicalisation Strategies, IOS Press, (ISBN 978-1-60750-536-5, lire en ligne), p. 10
  6. (de) Felix Zimmermann, « Wider die Selbstzensur – Das Dritte Reich, nationalsozialistische Verbrechen und der Holocaust im Digitalen Spiel », sur Gespielt. Blog der Arbeitskreises Geschichtswissenchaft und Digitale Spiele, (consulté le ).
  7. a b et c Linda Rohrbough, « Racist computer games distributed by Nazis - KZ Manager and similar games exploit antisemitism - neo-Nazis circulating computer games with concentration camp theme » [archive du ], sur Newsbytes News Network, .
  8. Mogniss H. Abdallah, « Combattre le racisme en ligne », Hommes & Migrations, vol. 1240, no 1,‎ , p. 121–126 (DOI 10.3406/homig.2002.3933, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Steven Katz, The Cambridge Companion to Antisemitism, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-108-78765-9, lire en ligne), p. 483.
  10. « Bundesanzeiger », sur www.bundesanzeiger.de (consulté le ).
  11. Mehdi Derfoufi, Racisme et jeu vidéo, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, (ISBN 978-2-7351-2440-4 et 978-2-7351-2652-1, DOI 10.4000/books.editionsmsh.29523, lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Wolfgang Benz, « KZ-Manager im Kinderzimmer. Rechtsextreme Computerspiele », dans Wolfgang Benz (dir.), Rechtsextremismus in Deutschland. Voraussetzungen, Zusammenhänge, Wirkungen, Frankfurt am Main, Fischer Taschenbuch, , p. 224-231.
  • (en) Eugen Pfister et Martin Tschiggerl, « “The Führer's facial hair and name can also be reinstated in the virtual world.” Taboos, Authenticity and the Second World War in digital games », GAME Games as Art, Media, Entertainment, vol. 1, no 9,‎ (ISSN 2280-7705, lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]