Aller au contenu

Jaime Gómez Velásquez

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 3 mai 2021 à 11:26 et modifiée en dernier par Remy34 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Jaime Gómez Velásquez
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(à 55 ans)
Bogotá
Nom de naissance
Jaime Enrique Gómez Velásquez
Nationalité
Formation
Activités

Jaime Enrique Gomez Velasquez (Bogotá, – disparu le , trouvé et déclaré légalement mort le ) est un syndicaliste, historien et politologue colombien.

Ancien président du Syndicat de l’Entreprise de Télécommunications de Bogotá (ETB), du syndicat des travailleurs du téléphone (Sintratéléfonos), conseiller de Bogotá, professeur universitaire et assesseur de mouvements sociaux, il a été porté disparu pendant 34 jours, torturé et assassiné en 2006. À cette époque, il faisait partie de l’équipe de travail de l’ex-sénatrice colombienne Piedad Cordoba Ruiz. Malgré le fait que l’on présume que les paramilitaires et les agents de l’État colombien seraient les auteurs de son assassinat, les enquêtes et les investigations ont seulement pu prouver que sa mort était un assassinat.

Biographie

Enfance et débuts de l’activité politique

Jaime Gomez Velasquez est né en 1950 au sein d’une famille nombreuse d’origine bogotanaise. Il fut le premier des huit enfants qu’ont eu Ana Elvia Velasquez et Luis Enrique Gomez. Il a grandi dans la localité de Kennedy, au sud-est de Bogotá, lieu qui postérieurement se convertirait en un de ses réduis politiques. En 1969, à 19 ans, il commence à travailler au sein de l’Entreprise de télécommunications de Bogotá (ETB). Son contact et travail quotidien avec ses camarades l’ont approché aux problèmes des ouvriers, aux problèmes d’autres employés et à se lier à Sintratéléfonos (Syndicat des travailleurs du téléphone) qui jusqu’à ce temps était géré par les militants des partis politiques traditionnels, principalement par le Parti conservateur colombien.

Gomez a pris l’avant-garde de l’organisation syndicale. Peu à peu, il a construit un critère politique qui l’a mené à se mettre d’accord avec les critiques que la gauche faisait au système du Front National. Ce dernier était plus qu’un système, une expérience bipartite des élites libérales et conservatrices. Le Front National a annulé la concurrence politique et a légitimé l’exclusion d’autres secteurs politiques. Postérieurement et en congruence avec sa posture politique, Jaime Gomez devient militant du Mouvement ouvrier indépendant et révolutionnaire (MOIR), parti de gauche maoïste, qui à l’époque avait une forte structure organisatrice, une quantité importante de militants et une influence marquée à l’intérieur des organisations populaires, syndicales et communautaires.

Activiste, négociateur et dirigent des travailleurs et travailleuses

En accord avec son influence politique, il réussit à agglutiner divers secteurs divergents et a mené le syndicat uni en masse dans les rues. Durant le mois d’août et septembre avant la Grève Civique de 1977, il a mené Sintrateléfonos comme syndicat indépendant, non affilié à aucune des quatre centrales ouvrières, à la grève. Il a réussi à convaincre un groupe supérieur à 5 000 personnes, qui se sont unis pour cesser les activités et qui ont envahi les rues de la ville de Bogotá entre le et le 20 du même mois de l’année 1977.

C’est ainsi qu’en 1979, il est élu président du syndicat de la ETB. Il assume cette fonction pendant plusieurs périodes.

Pendant plus d’une décennie et à un moment du boom des syndicats devenus par la suite des mouvements sociaux au XXe siècle, il est dirigent et négociateur à de nombreuses reprises des Conventions collectives. A plusieurs reprises, dans le cadre de la difficile situation de la répression de l’époque, il a reçu de nombreuses menaces de mort.

Démission du Moir et création de la CUT

Un an après la Grande Grève Civique de 1978, Jaime Gomez Velasquez arrive à la présidence de Sintrateléfonos. En 1981, avec un signifiant groupe de dirigeants du mouvement ouvrier et syndical, entre intenses débats et contradictions, il décide d’abandonner le Moir et adhère activement à un projet d’union syndicale. En , il a fait partie du groupe de dirigeants qui ont donné vie à la Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT). Le de 1986, il fait partie des 1 800 délégués qui, en représentation de 45 fédérations et près de 600 syndicats, se sont réunis au Club des employés officiels de Bogotá pour signer la déclaration de principes. Est ainsi née la plus grande centrale syndicale de travailleurs de Colombie. Postérieurement, il s'emploie à étudier et à terminer ses études à l’université pontificale Javeriana.

Dans une alliance électorale avec un groupe de dirigeants syndicaux de la gauche démocratique, regroupés dans le Front social et politique, devenu Alternative démocratique et pôle démocratique indépendant, Jaime Gomez Velasquez a réussi à obtenir un siège au Conseil de Bogotá pour la période constitutionnelle de 1994 à 1997. Quelque temps après, il est devenu assesseur d’Antonio Galan Sarmiento pour les élections à la Mairie centrale de Bogotá de 1997. Il devient aussi assesseur des travailleurs retraités de diverses entreprises publiques colombiennes.

En 1998, il commence à enseigner comme professeur à l'université Antonio Nariño, à l'université pontificale Javeriana et à la Polytechnique grand-colombienne. Dans les premières années de la décennie des 2000, il s’est dédié à réaliser des enquêtes sur le comportement électoral dans la ville de Bogotá et le marketing politique. Il assistait également les nouveaux syndicalistes.

Travail avec Piedad Cordoba et la Gauche libérale

Entre 2002 et 2006, Jaime Gomez a été assesseur de Piedad Cordoba à ce temps Sénatrice de la République. Il a travaillé dans la production de documents et dans les propositions législatives ainsi que dans la construction programmatique du mouvement politique Poder Ciudadano Siglo XXI, au sein du Parti libéral. Les bases de ce mouvement serviraient par la suite à la création du mouvement Marcha Patriótica. Avant son assassinat, il s'est occupé de la campagne d’Horacio Serpa Uribe pour la Présidences de la République.

Projet de loi sur la vérité et la justice de paramilitaires

À la suite de l’accord qui a mené les Autodéfenses Unis de Colombie (AUC) à abandonner les armes, le Gouvernement National a déposé le projet de Loi de Justice et Paix ou Projet d’Alternativité Pénal en , pour légaliser cet accord. Piedad Cordoba, principale compositrice de cette initiative au sein du parlement colombien, a présenté une version alternative en considérant que le gouvernement n’incluait pas dans cette proposition ni la vérité ni la réparation aux victimes.

L’enquête et la rédaction du projet sont menés par Jaime Gomez Velasquez, qui avait déjà travaillé dans d’autres projets de lois de la Sénatrice, qui avaient dérangé certains secteurs politiques radicaux. Le projet de loi 180 de 2004, connu comme le contre-projet de Justice et Paix, fut présenté en . Les débats qui suivirent ont donné lieu à trois nouvelles propositions de différents secteurs politiques. Pour Gomez, la confession devait être un requis obligatoire et déterminant. Les hautes peines pour les paramilitaires et les auteurs intellectuels des délits atroces devaient l’être aussi. La proposition incluait une peine de 25 ans. Dès ce moment et après sa participation aux deux éditions du Forum Social Mondial et autres évènements académiques à Caracas (Venezuela), Jaime Gomez a mentionné à quelques-uns de ses camarades membres du Pouvoir Citoyen, ses doutes sur des suivis de ses déplacements. En 2005, plusieurs militants du nouveau groupe politique, inspirés des idées du socialisme du XXIe siècle, avaient dénoncé la persécution de ses leaders à Medellín, Barranquilla et Soacha. Dans ces dernières, se diffusaient de nombreuses brochures menaçants les membres de l’organisation.

Disparition et assassinat

Le , peu après 6 h 30 du matin, il est sorti de chez lui. Il est allé dans le secteur historique du Quartier de la Merced, à côté du Parc national de Bogotá, pour aller courir comme il avait l’habitude de le faire. Traversant la cinquième avenue vers l’est, Gomez avait tendance à se diriger toujours vers l’École de carabiniers et de là, il se dirigeait toujours vers les collines orientales, pour exercer et faire de la randonnée. Vers 18 h 30, sa femme et son fils de vingt ans avertissent les autorités en rentrant à la maison, voyant que Jaime Gomez n’était toujours pas rentré.

Les autorités ont commencé les investigations. Une équipe de pompiers, de la Défense Civile et de la Police des Carabiniers de Bogotá ont réalisé des recherches sur les six hectares de la montagne où semble alors Gomez avoir disparu. Les hélicoptères, la recherche avec les chiens et les blocs de recherche et de sauvetage faisaient attention à tout signe similaire à un accident qui ait provoqué sa mort ou la possibilité qu'il ait subi une insuffisance cardiaque. Le matin du , après avoir complétés trois scannages complets de la zone, le Système National d’Urgence a maintenu la recherche dans des zones voisines et de nouvelles hypothèses ont commencé à surgir. Le gouvernement national ne s’est pas prononcé, mais les agents du Département Administratif de Sécurité (DAS) sont arrivés à la maison de Gomez pour interroger la famille.

Vers 17 heures, le et après 36 heures, Piedad Cordoba a demandé en conférence de presse aux autorités nationales d’ouvrir une enquête pour le retrouver. Pendant ce temps, ses deux enfants et sa femme ont continué à assister aux instances non gouvernementales (ONG) et au Corps Technique d’Investigation du Bureau de Poursuites (CTI) pour demander de l’aide dans les recherches. Néanmoins, le Mécanisme de Recherche d’Urgence pour les Disparus n’a été activé que 72 heures après la disparation, en accord avec la loi. Le gouvernement national en communication postérieure, le mois suivant (avril), a énuméré les activités à réaliser pour retrouver le corps de Gomez.

Mobilisations et campagnes sur réseaux sociaux

Les médias ont commencé à s’intéresser à la « mystérieuse disparition du professeur Jaime Gomez ». Ils ont fait écho dans les premières déclarations du gouvernement en affirmant que tout était un accident. Par contre, au fur et à mesure que les jours passaient et sans aucun indice qui indique qu’il aurait pu mourir en montagne, les spéculations émises par les médias ont perdu du poids.

Quatre jours après, les membres de sa famille ont décidé d’une campagne sur les réseaux sociaux. Pendant que le gouvernement national ratifiait l’opinion initiale des autorités qui indiquaient qu'il était tombé d’un précipice, la famille a décidé d’envoyer des missives internationales pour que des membres d’ONG, des membres du Congrès des États-Unis d’Amérique et plusieurs Eurodéputés exercèrent une certaine pression sur le gouvernement colombien. Avec la collaboration du Gouvernement de Bogotá, plusieurs marches ont été réalisées dans la ville pour rendre visible le cas de Gomez.

Découverte de ses restes

La recherche a duré 34 jours. Le , un supposé promeneur, avec son chien, trouve les restes démembrés de Jaime Gomez dans les pistes du Parc national de Bogotá. Ce promeneur aurait averti les autorités, qui par surprise, n’ont avisé la famille de Gomez qu’après que les membres de la Section d’investigation criminelle (SIJIN), appartenant à la Direction d’investigation criminelle et Interpol (DIJIN) de la Police nationale avaient déjà terminé de faire la levée de ses restes mortels. Son corps ne fut pas retrouvé dans sa totalité. Des pièces de ses os ont été retrouvés, sans tissus, démembrés sur un rayon de presque quinze mètres, à 0.8 kilomètre de la Rue Circunvalar. Postérieurement, les autres parties de son corps ont commencé à apparaître au fur et à mesure que la levée du corps se faisait.

En 2014, l’État reconnait l’existence du crime.

Liens externes