François Chicoyneau

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Portrait de François Chicoyneau. Huile sur toile de Claude Arnulphy (1750). Château de Versailles. 51 x 42 cm.

François Chicoyneau, né à Montpellier 23 avril 1672 et mort à Versailles le 13 avril 1752, est un médecin français.

Biographie

D’abord destiné à la marine par son père, Michel Chicoyneau, professeur de botanique et d’anatomie à la faculté de Médecine de Montpellier, chancelier de l’université et intendant du jardin royal, Chicoyneau fut choisi par ce dernier pour successeur après la mort de ses deux autres fils, Michel-Aimé et Gaspard, auxquels il avait procuré tour à tour la survivance de ses nombreux emplois. François étudia donc la médecine, reçut son doctorat en 1693, à l’âge de 21 ans et, trois mois après, il obtint par les sollicitations de son père et la complaisance vénale de l’archiâtre Antoine d'Aquin, les places que ses frères avaient occupées. Il sut néanmoins faire oublier, par son zèle et la noblesse de ses procédés, les usurpations dont sa famille offrait tant d’exemples déplorables. Son éducation est confiée à Pierre Chirac, dont il épousera la fille. Il fut admis en 1702 dans la confrérie des Pénitents blancs de Montpellier dont il a été prieur en 1705. Il participa au financement des lambris de la chapelle de la confrérie qui, reconnaissante, y fit apposer son blason.

L’année 1720 fut la plus glorieuse de la vie de Chicoyneau, notamment connu pour son implication et son dévouement auprès des malades victimes de la peste de Marseille en 1720. Envoyé par le duc d’Orléans dans cette ville où régnait la peste, il montra un courage imperturbable. Très bien secondé par ses deux adjoints, Verny et Deitlier, il prodigua aux habitants soins et consolations. Leur conduite médicale n’avait pourtant pas été exempte de reproches car, persuadés que la peste n’était pas contagieuse, ils avaient négligé les précautions qui auraient sans doute modéré la virulence ou abrégé la durée de cette épidémie. Il rédigea même un journal dans lequel il réfutait toute idée de contagion. Lorsque les trois professeurs revinrent à Montpellier après un an de séjour à Marseille, ils furent donc reçus aux acclamations de tout un peuple, qui leur témoigna son enthousiasme par des arcs triomphaux et des illuminations. Chicoyneau sera promu chevalier de l’ordre de Saint-Michel et le roi Louis XV le remercie en érigeant sa terre de Lavalette en baronnie et en l’appelant auprès de lui en 1731, comme médecin des enfants de France puis, l’année suivante, à la mort de son beau-père Chirac à la charge de ce dernier de conseiller et premier médecin du roi, place qu’il conservera jusqu’à sa mort et qui le faisait bénéficier d’un logement au château de Versailles dans l’aile des Princes et Hôtel de Limoges. Il occupait également la charge de surintendant général des Eaux minérales et médecines de France.

Chicoyneau n’a laissé que des opuscules. Ceux sur la peste contiennent une doctrine tellement erronée, qu’elle ne mérite pas une réfutation sérieuse. Il n’en va pas ainsi de la thèse qu’il composa, et fit soutenir par Antoine Pélissery, en 1718 : An ad curandam luem veneream frictiones mercuriales in hunc finem adhibendae sint, ut saliva fluxus concitetur… (Montpellier, 1718, in-8°) où il prouvait que la salivation mercurielle, généralement employée de son temps, avant la découverte de la pénicilline, pour la guérison de la syphilis, était toujours inutile, et souvent très dangereuse. Il proposait, en conséquence, d’administrer les frictions à moindre dose et à de plus longs intervalles. Cette méthode, qui formait la base du traitement « par extinction », était en effet préférable à toutes les autres, mais Chicoyneau n’est est pas l’inventeur car elle se trouve décrite dans les ouvrages de Jean Almenar et de Wendelin Hock, publiés plus de deux siècles auparavant.

Il avait été nommé associé libre de l’Académie des sciences en 1732. Il guérit le roi d’une grave maladie survenue à Metz en 1744. Il s’opposera à l’égalité entre les médecins et les chirurgiens. Son fils, François Chicoyneau, qui le suivit dans sa carrière, fut également chancelier de l’université et intendant du jardin des plantes de Montpellier.

Publications

  • Traité des causes, des accidens et de la cure de la peste, avec un recueil d’observations, fait et imprimé par ordre du roi, avec Senac, Paris, Pierre-Jean Mariette, 1744, in-4°.
  • Journal de la maladie de Louis XV à Metz août 1744, premier médecin du roi, éd. Paul Dorveaux, Paris, Honoré Champion, 1913.
  • Lettre de M. Chicoyneau, pour prouver ce qu’il a avancé dans ses Observations, Lyon, 1721, in-12.
  • Observations et Réflexions touchant la nature, les événements et le traitement de la peste de Marseille, Paris, Bruyset, 1721, in-12.
  • Oratio de contagio pestilenti, Montpellier, chez la veuve d’Honoré Pech, 1722, in-4°.
  • Traité des causes, des accidens et de la cure de la peste, Paris, Pierre-Jean Mariette, 1744.
  • Relation succincte touchant les accidents de la peste de Marseille, son pronostic et sa curation, Paris, 1720, 51 p., in-8°.
    Ouvrage rédigé en collaboration avec Verny et Soullier, autres médecins du Montpellier.

Sources

  • Joseph-François Michaud, Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne ou, Histoire, par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, vol. 8, Paris, Michaud frères, 1854, p. 136.
  • Henri Alezais, « Documents. Vente des Eaux minérales au XVIe siècle », Bulletin de la Société française d’histoire de la médecine, no 3, 1904, p. 344-347.
  • Archives de la Confrérie des Pénitents blancs de Montpellier.

Références

  • William Ritchey Newton, L'Espace du roi, La Cour de France au château de Versailles, 1682-1789, Paris, Fayard, 2000, p. 521, 588 p., (ISBN 9782213602059).

Liens externes

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