Fontaine ardente

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La fontaine ardente du Gua en 2005.
La fontaine ardente du Gua en 2017.

Une « fontaine ardente » est une source naturelle de gaz inflammable (naturellement exprimé par le sol) et dont la flamme est autoentretenue ou peut être facilement rallumée.

Histoire

En Europe

De telles fontaines ont été citées par des auteurs anciens dont en Europe

  • Quelques feuillets d'un ensemble de 300 manuscrits qui semblent être un projet d'encyclopédie (non datés et non signés, mais écrits après 1797[1]) évoque plusieurs lieux de Sicile et des Apennins (Italie) où l'on pouvait observer des flammes s'élevant de terre, l'auteur comparant ces gaz inflammables à ceux de à la fontaine ardente du Dauphiné en France (voir ci-dessous) et à ceux que l'on pouvait produire en mettant en contact de l'eau, de l'huile et du vitriol avec du fer.
  • Ces mêmes sites italiens sont aussi cités par l'abbé naturaliste et physiologiste Lazzaro Spallanzani dans un chapitre intitulé « Des substances propres à produire et à renouveler sans cesse le gaz inflammable des feux de Barigazzo et d'autres du même genre »[2]. Il cite 4 feux (dits del Legno, del Peglio, acqua buja et di canida à Pietra-Mala (Toscane), et dit qu'on pouvait en observer à Barigazzo (en Émilie-Romagne) et à Della Raina (près de Boccasuolo).

En France

Plusieurs fontaines ardentes peuvent être observées en France, dans le département de l'Isère, en terrain calcaire.

Font qui brûle (Le Gua)

La fontaine ardente au XIXe siècle, illustrée par Victor Cassien (1808 - 1893).

La Font qui brûle est sans doute la plus connue des fontaines ardentes en France. Elle est située au Gua44° 59′ 20″ N, 5° 37′ 28″ E dans l'Isère.
Jean-Étienne Guettard évoque cette « fontaine brûlante » (proche d'un lieu dénommé Saint-Barthélemy, à une demi-heure de marche du hameau de la Pierre) dans ses Mémoires sur la minéralogie du Dauphiné[3], mais il n'a pu voir ce feu lui-même. Le directeur des Ponts-et-Chaussées Jean-Charles-Philibert Trudaine de Montigny à qui il en a parlé s'y déplace le (avec un inspecteur général des turlies et levées ; Mr de Regemorte), mais ils n'observent rien car la fontaine est éteinte depuis 1699 ; Philippe de la Hire avait sollicité un ingénieur du Roi (Mr Dieulamant) afin qu'il la décrive ; l'ingénieur la présente comme un rocher mort, petit volcan d'où s'élève une flamme errante, et il juge ces émanations inflammables de même nature que les gaz inflammables qui forment les feux-follets des marais ou aux inflammations qu'on observe en Italie à Pietra-Mala[4].
Alimentée par une poche de gaz naturel, elle s'est éteinte à la suite de travaux de recherche d'hydrocarbures (qui se sont soldés par un échec), puis est réapparue.
Considérée aujourd'hui comme l'une des « sept merveilles du Dauphiné »[5], elle était déjà mentionnée par Saint Augustin (354-430) et Grégoire de Tours (538-594) comme l'une des sept merveilles de la création. Durant la Renaissance, Christofle de Gamon semble l'évoquer dans son ouvrage « L'antidote des livres d'amour » (œuvre poétique de jeunesse)[6] à propos de la phydryade de la Fontaine Ardente.

Elle a fait l'objet de travaux de restauration au cours des dernières années et actuellement elle est accessible à partir d'un chemin balisé à partir de la départementale D8 à proximité du hameau "La Pierre". Un panneau explicatif se trouve à l'entrée du sentier.

Autres sites

  • MM Mercier et Seguin rappellent lors d'une séance à l'Académie qu'une importante apparition de gaz combustible survenue le près de Grenoble en 1938, qu'ils envisagent de relier à la fontaine ardente du Dauphiné (qui pourrait être celle décrite par saint Augustin (Civ. D., I, XXI, c. vII) aussi décrite par Symphorin Champier (1525)[7]
  • à Meylan, sur les contreforts de la Chartreuse, en amont de Rochasson, se trouve également une quasi-fontaine ardente. Elle se déplace au cours des années vers le nord (à raison de quelques centimètres à un mètre par an). En effritant la roche et en approchant une allumette, on peut faire apparaître de furtives sources de gaz[8].

Notes et références

  1. voir note n° 32 pages p 633 in Histoire de l'anesthésie (Livre numérique Google) Couverture Marguerite Zimmer EDP Sciences, 3 déc. 2012 - 766 pages
  2. Abbé Lazzaro Spallanzani tome V, des Voyages dans les Deux Siciles et dans quelques parties des Apennins en 3 volumes et 5 tomes (1795, réédité en 1796) ; voir tome 5 vol III pp 183-221
  3. Jean-Étienne Guettard (1779 ), Mémoires sur la minéralogie du Dauphiné, en 2 vol. Imprimerie Clouzier, Paris pp 254-264
  4. Histoire de l'anesthésie (Livre numérique Google) Couverture Marguerite Zimmer EDP Sciences, 3 déc. 2012 - 766 pages
  5. (2006). Les «Sept Merveilles du Dauphiné». Le Monde alpin et rhodanien, 33, 109.
  6. Christofle de Gamon, in E. Droz (1936) Humanisme et Renaissance ; 3(1), 81-94., pp. 81-94, édité par la Librairie Droz (Stable extrait 1re page sur URL Stable) ; (avec dix vers consacr6s à la Fontaine Ardente d'auprès de Grenoble)
  7. Blanchet, A. (1938). Étude de MM. M. Mercier et A. Seguin sur les fontaines ardentes du Dauphiné. Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 82(6), 467-468 (voir p 468)
  8. « La Fontaine Ardente (Meylan - Rochasson) » (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie