Ex commisso nobis

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Ex commisso nobis
Bulle de circonscription (d) et manuscrit du pape Innocent II
Date
Sujet Indépendance de l'Église polonaise

Ex commisso nobis, ou la bulle de Gniezno (en polonais : Bulla gnieźnieńska), est une bulle du pape Innocent II par laquelle il abroge l’autorité de l’archevêque de Magdebourg sur l’Église polonaise, confirmant l’indépendance de cette dernière.

D'un point de vue historique, cette bulle fulminée le contient la première référence écrite de la langue polonaise. Le linguiste polonais Aleksander Brückner (en) la surnomme « złota bulla języka polskiego » (« la bulle d'or du polonais »).

Histoire[modifier | modifier le code]

Manuscrit de la bulle de Gniezno, 1136.

En 1133, le pape Innocent II, subissant les pressions du Saint-Empire, publie une bulle refusant l’indépendance de l’archevêché de Gniezno. Tous les évêchés polonais sont rattachés au diocèse de Magdebourg. Les Polonais font appel de cette décision et se rapprochent de l’antipape Anaclet II.

En août 1135, à Mersebourg, Boleslas III Bouche-Torse se reconnaît vassal de l’empereur Lothaire II et accepte de lui payer un tribut annuel. En échange, il obtient la reconnaissance de l’indépendance de l’archevêché polonais mais la Poméranie occidentale devient fief de l’empereur.

Le , la « bulle de Gniezno » du pape Innocent II confirme l’indépendance de l’Église polonaise.

Contenu[modifier | modifier le code]

La bulle énumère les domaines de l'archevêque de Gniezno. Elle liste environ 410 noms de lieux, c'est-à-dire des provinces, villes et villages. On peut y lire par exemple les noms de Żnin, de Stare Biskupice, de Zagorzyn, de Czaple ou encore de Sadowo. Elle donne ensuite pour chaque lieu plusieurs noms, dont son propriétaire, ses évêques et des noms de chevaliers, de paysans ou d'artisans[1].

Linguistique[modifier | modifier le code]

La « bulle de Gniezno » est le plus ancien document contenant quelques phrases isolées en polonais[2]. Bien qu'écrite en latin, elle énumère 410 noms de personnes ou de localités à consonance polonaise[3].

Pendant la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Volé par les nazis, le document est intercepté par les Soviétiques et emporté à Moscou. Il y est conservé pendant cinquante ans avant d'être restitué à la ville de Gniezno. Il est aujourd'hui conservé dans les archives de la ville.

Historicité[modifier | modifier le code]

En 1947, l'historien polonais Karol Maleczyński (en) a tenté de remettre en cause l'historicité du document, relevant plusieurs anomalies notamment sur la forme, mais ses travaux ont été vivement critiqués. Selon lui, la bulle aurait été écrite entre 1139 et 1144[4]. En 1980, Henryk Łowmiański (en) a présenté une critique approfondie de ses arguments et clos la polémique.

La Bibliothèque nationale de Pologne a soumis la bulle à un test aux ultraviolets et a identifié les traces de plusieurs lavages.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (pl) A. Ornatowski, « Genealogia. Heraldyka. Nazwiska różne. Archiwalia »,
  2. (de) « Verbreitung der polnischen Sprache. (Diffusion de la langue polonaise) »
  3. (de) « Geschichte der polnischen Sprache. (Histoire de la langue polonaise) »
  4. (pl) Jerzy Samp, Orunia : Historia-Zabytki-Kultura, Gdańsk, Zrzeszenie Kaszubsko-Pomorskie, (ISBN 83-85011-61-7)

Articles connexes[modifier | modifier le code]