eSIM
L'eSIM (abréviation d'Embedded SIM[1], en français SIM intégrée ou SIM embarquée) est une évolution de la carte SIM pour les téléphones mobiles et les objets connectés. Bien que la taille des cartes SIM ait été réduite de plus en plus, certains « nouveaux » objets communicants, comme les montres connectées, n'ont plus assez de place pour intégrer une carte SIM, même au format nano. Et, surtout, il est assez compliqué de changer la carte SIM sur des objets connectés. Il est alors décidé de développer un nouveau format de carte SIM, avec deux caractéristiques nouvelles. La première est que la carte peut être soudée sur une carte electronique. La deuxième, et la plus importante, est qu'il est développé un protocole permettant de provisionner la carte SIM à distance et à travers le réseau mobile. Il est ainsi possible de télécharger à l'intérieur de l'eSIM des profiles de différents opérateurs sans intervenir physiquement sur la carte SIM.[2]
Concept
Une première version de la norme eSIM est sortie en mars 2016[3], puis une deuxième version de la spécification a été publiée en [1],[4]. À l'occasion du Mondial du mobile 2017 (Mobile World Congress), Qualcomm a présenté[5] une solution technique, avec démonstration en direct, embarquant directement au sein de son processeur Snapdragon le matériel (le Secure processor et toutes les unités mémoires et de calculs associées) et le logiciel (les applications Java sécurisées) pour émuler la carte SIM au sein du téléphone via le processeur Snapdragon, donc sans carte SIM physique. La Samsung Gear S2 a par exemple été la première montre à embarquer une eSIM[1],[3],[6].
Cette nouvelle eSIM, assez courante aux États-Unis, est en 2020 encore rare en France.
Intérêts techniques et économiques
Dans le cas d'un téléphone mobile, qui n'est pas forcément la première utilisation de l'eSIM, mais qui est facilement compréhensible, les avantages de l'eSIM sont les suivants :
- les constructeurs de téléphone mobile, en éliminant la carte SIM physique, n'ont plus à gérer un emplacement permettant de connecter physiquement la carte SIM au téléphone. Cela simplifie la conception du téléphone ;
- les opérateurs de téléphonie mobile n'auront plus à envoyer une carte SIM physique (avec les données enregistrées sur la carte SIM), mais pourront directement télécharger les informations dans la puce embarquée du téléphone ;
- les clients n'auront plus à changer les cartes SIM dans le téléphone en cas de changement d'opérateur, la transition se fera instantanément, simplement par la mise à jour des données enregistrée dans la puce par téléchargement OTA ;
- il n'y a pas, techniquement, d'impossibilité pour que la puce soit multi-opérateur, autrement dit le téléphone peut devenir « multi-SIM » et « multi-opérateur » si les constructeurs le décident[7].
D'après les fabricants[8],[9], l'eSIM pourrait permettre un parcours client totalement dématérialisé. En effet, il faut aujourd'hui, après s'être abonné à une offre mobile, se procurer une carte SIM contenant toutes les informations du profil client, que l'on l’insère ensuite dans son terminal. L’eSIM permet de s'affranchir de cette étape. Avec l'eSIM, on achète un terminal avec une eSIM, et on y télécharge ensuite les données de l'opérateur.
En plus de pouvoir télécharger les données client à distance, un autre avantage est de pouvoir multiplier les objets connectés rattachés à une même offre mobile avec un numéro de téléphone unique. Pour le moment, il s'agit essentiellement de montres connectées, mais la gamme de produits pourra s'élargir aux tablettes et aux voitures. En 2019, PSA[10] a annoncé ainsi son intention d'équiper ses véhicules connectés d'eSIM[11].
Soutien des constructeurs et des opérateurs
Pour que l'eSIM soit disponible pour le consommateur final, il faut trois facteurs :
- un module matériel et logiciel intégré dans le téléphone par le fabricant ;
- un opérateur mobile qui commercialise un service compatible avec l'eSIM ;
- une validation de ce téléphone par cet opérateur.
Autrement dit, il faut que chaque téléphone soit validé par chaque opérateur.
Par exemple, en 2018 l'eSIM du Pixel 3 de Google est autorisé en Allemagne, en Angleterre où aux États-Unis[12], mais pas encore en France en janvier 2020[13].
En 2017, plus de 60 constructeurs, opérateurs et intervenants soutiennent l'initiative, dont des acteurs majeurs du secteur, en France (Bouygues Telecom, SFR, Idemia, Gemalto, STMicroelectronics, etc.) comme à l'international (Intel, China Telecom, NTT DoCoMo, Samsung Electronics, Ericsson, etc.).
Apple, de son côté, ne faisait pas partie des constructeurs ayant soutenu officiellement la eSIM à sa sortie en 2017. Cependant, en septembre 2018, les iPhone XS, iPhone XS Max et iPhone XR embarquent une eSIM pour permettre d'avoir une double SIM (une carte SIM physique + eSIM)[14].
Pour en bénéficier, on doit disposer d'un smartphone récent qui embarque cette technologie. Voici les modèles les plus connus[15] :
- iPhone 13 Pro Max
- iPhone 13 Pro
- iPhone 13 mini
- iPhone 13
- iPhone 12 Pro Max
- iPhone 12 Pro
- iPhone 12 mini
- iPhone 12
- iPhone 11 Pro Max
- iPhone 11 Pro
- iPhone 11
- iPhone XS
- iPhone XS Max
- iPhone XR
- iPhone SE2 (2020)
- iPad Pro 11" (1ère génération ou ultérieure)
- iPad Pro 12,9" (3e génération ou ultérieure)
- iPad Air (3e et 4e génération)
- iPad (7e, 8e et 9e génération)
- iPad mini (5e génération)
- Google Pixel 5, 4, 4a, 4 XL, 3, 3 XL, 3a, 3a XL
- Huawei P40, P40 Pro, Mate 40 Pro
- Motorola Razr
- Oppo X3 Pro
- Oppo Reno 5 A
- Razr 5G
- Rakuten Mini
- Samsung Galaxy Fold
- Samsung Galaxy Note 20, Note 20 Ultra
- Samsung Galaxy S21 5G, S21 + 5G, S21 Ultra 5G
- Samsung Galaxy S20, S20+, S20 Ultra
- Samsung Galaxy Z Fold 2, Z Flip, Z Fold 3 5G, Z Flip 3 5G Fold
- Sony Xperia 10 III Lite
- Surface Microsoft Pro X
En France
L'intégration effective par les opérateurs français dans leurs offres progresse depuis 2020[13].
Après avoir initialement réservé la fonction eSIM aux objets connectés comme les montres (Apple watch et Samsung Galaxy watch), mais n'autorisant que la carte SIM conventionnelle pour les smartphones, Orange a levé cette restriction dès 2019 (uniquement pour les clients, avec une ligne initialement ouverte avec une SIM classique)[16].
En janvier 2020, SFR accepte lui aussi les eSIM des téléphones (avec les mêmes restrictions, réservées aux clients déjà connectés).
Bouygues Telecom propose cette fonctionnalité depuis le 22 Juin 2020[17].
Chez les trois opérateurs, la liste des téléphones est assez restreinte, ce sont les derniers iPhone compatibles, et quelques téléphones Android. En effet, d'une part peu de smartphones embarquent la technologie eSIM, et d'autre part ils doivent être validés officiellement par les opérateurs.
Au delà des quatre opérateurs de réseau mobile, les opérateurs virtuels (MVNO) pourront proposer des offres eSIM, à l'instar de Transatel.
Ailleurs dans le monde
Pays où des opérateurs proposent des offres supportant l'eSIM :
- Amérique du nord : Canada (Bell, Fido, Freedom, Koodo, Lucky Mobile, Rogers, Telus, Virgin), USA (AT&T, T-Mobile, Truphone, Ubigi, Verizon Wireless)
- Europe : Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Ukraine, Royaume-Uni, Slovaquie, Suède, Suisse
- Afrique du nord : Tunisie (Orange Tunisie et Ooredoo Tunisie), Maroc (Maroc Telecom et Orange Maroc)
- Asie : Hong-Kong, Inde, Malaisie, Philippines, Singapour, Taïwan, Thaïlande, Viêt Nam
Les opérateurs virtuels (MVNO) suivants proposent leurs services sur toute la planète : GigSky, MTX Connect, Redtea Mobile, Soracom Mobile, Truphone, Ubigi, MySIM[réf. nécessaire].
Références
- « eSIM : pourquoi la carte SIM embarquée fait saliver Gemalto », Silicon, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « eSIM », sur eSIM (consulté le )
- « L'eSIM va-t-elle supplanter la carte SIM ? | ITespresso.fr », ITespresso.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- (en-GB) « Highlights of Mobile World Congress 2017 Seminar: eSIM – a New SIM for a New Generation of Connected Consumer Devices - eSIM », eSIM, (lire en ligne, consulté le ).
- [PDF] http://www.gsma.com/esim/wp-content/uploads/2017/03/4.Qualcomm_iUICCDemo-for-MWC_Final_Feb02_2017.pdf.
- (en-US) « What is an eSIM: Normal SIM Card would be replaced by eSIM in the future - Tech News Pakistan | Pakistan Business News », Tech News Pakistan | Pakistan Business News, (lire en ligne, consulté le ).
- (en-GB) « Remote SIM Provisioning: How it Works - eSIM », eSIM, (lire en ligne, consulté le ).
- « Esim Samsung », sur Samsung fr (consulté le ).
- « Trouver les opérateurs mobiles qui proposent le service eSIM », sur Apple Support (consulté le ).
- « Constructeur automobile français », sur Groupe PSA (consulté le ).
- Amélie Charnay, « eSIM : l'évolution de la carte SIM qui va bouleverser nos usages mobiles », sur 01net (consulté le ).
- « eSim: Google tente une percée avec pixel 3 », sur www.lesnumeriques.com.
- « L'eSim enfin disponible pour certains smartphones chez SFR, bientôt chez Bouygues », sur lesnumeriques.com.
- « Découvrez le type de carte SIM qu’utilise votre iPhone ou votre iPad », sur apple.com, mis en ligne et 25 juin 2019 (consulté le )
- Sébastien MATHIEU, « Qu'est-ce que la carte eSIM et comment l'obtenir ? », sur www.votremobile.com (consulté le )
- « eSim Orage met la priorité sur l'Iphone », sur www.lesnumeriques.com.
- « La eSIM est désormais disponible chez Bouygues Telecom », sur Le Mag de Bouygues Telecom, (consulté le )
Liens externes
- www.gsma.com/esim/ le site officiel de la GSM Association présente une page dédiée à la eSIM.