Donat (communauté)

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Prieuré-hôpital d'Harambeltz en 1866. Dessin d'Odilon Redon.

Les donats ou frères donats constituait une communauté laïque œuvrant dans les prieurés-hopitaux des chemins de Compostelle, particulièrement au Pays basque et au Béarn[1].

On trouve également ce nom dans la hiérarchie de l'ordre Saint-Jean de Jérusalem ou celle des commanderies de la puissante abbaye de Roncevaux qui applique les mêmes règles.

Fonctions

Les donats (« frères donnés au Christ » dans des textes de l'abbaye de Sorde) constituent une communauté masculine liés par des vœux mineurs : obéissance, pauvreté et chasteté viduale. Ils sont au service des pèlerins avec le prieur dans les prieurés-hôpitaux des chemins jacquaires. Le prieur représente l'ordre religieux propriétaire des lieux. Cela n'est pas toujours le cas et certains établissements appartiennent à la communauté des donats qui élit un prieur.

Les donats habitent dans des maisons ou parfois des propriétés pouvant employer des valets de ferme et être entourées de terres dont l'exploitation être confiée à des métayers. Ces propriétés ont dans la plupart des cas appartenu à un ascendant, eux-mêmes ne possédant pas de biens propres. Il est évident qu'un tel système social ne peut se perpétuer sans des conditions particulières d'héritage. La succession est dévolue à l’aîné des garçons, « dans l'ordre de primogéniture, le masle excluant la femelle », à la manière des maisons nobles de Basse-Navarre, et, faute de garçon à la fille qui assurait à son mari, maître adventice, la charge de donat. Ces règles sont d'autant plus compréhensibles que les donats sont très souvent issus de la petite noblesse[Note 1].

Ils font fonctionner l'hôpital comme hospitalier (accueil des pèlerins), fabricien (entretien) et clavier (économat). Ils élisent les clercs du prieur (sacristain, valets, servantes), ainsi que la benoîte. Ils peuvent servir de témoin (représentant légal). Leur nombre est variable suivant l'importance de l'établissement (4 à Harambeltz [3], 11 à Utxiat[1]).

Les hôpitaux sont servis par des religieuses, les couvents n'existant pas dans ces régions[4].

Origines

Les communautés de donats apparaissent probablement au Xe siècle[3] avec les premiers pèlerins[5], parfois sous le nom de « frères » appartenant à une « grange » mais leur existence est attestée par des actes notariaux à partir du XIe siècle.

Évolution

À partir du XVIIe siècle et avec la diminution des pèlerinages des conflits apparaissent. Les hôpitaux sont fréquemment utilisés par les mendiants, entraînant des problèmes avec les autorités et les ordres religieux. Par ailleurs nombre de donats veulent récupérer leurs droits de propriété individuelle.

Ils disparaissent en tant que tels avec la suppression des prieurés-hôpitaux en novembre 1784 par lettre patente de Louis XVI au profit d'hôpitaux généraux. Certains ont continué à exercer la fonction hôtelière à titre collectif[6].


Notes et références

Notes

  1. Au XIVe siècle, lors de l'assemblée capitulaire de l'hôpital d'Utziat, le prieur est Bergon de Sault et quatre donats s'appellent Bernard de Sault, Sans de Sault, Armand Bidou de Sault et Ibar de Sault, tous de la famille noble Sault à Cibits[2].

Références

  1. a et b Clément Urrutibehety, Les communautés basques des donats, Atlantica, (ISBN 2-84394-457-0).
  2. « Communes J-L », sur Armorial des Communes du Pays Basque
  3. a et b « Harambeltz, un témoin millénaire », Enbata, no 1956,‎ (lire en ligne).
  4. Pierre Haristoy, Les paroisses du pays basque pendant la période révolutionnaire, t. II (lire en ligne)
  5. Louis de Buffières et Jean-Michel Desbordes, De la voie romaine au chemin de Saint-Jacques : le franchissement du port de Cize, Eusko Ikaskuntza/Société d'Études basques, (ISBN 2-910023-80-X).
  6. Clément Urrutibehety, « Les seigneurs de Luxe. Les communautés de donats », .

Articles connexes