Bibliothèque Anna Amalia

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Bibliothèque Anna Amalia
Image illustrative de l'article Bibliothèque Anna Amalia
Salle Rococo de la bibliothèque
Présentation
Coordonnées 50° 58′ 43″ nord, 11° 19′ 56″ est
Pays Allemagne
Ville Weimar
Adresse Platz der Demokratie 1
Fondation 1761
Protection Patrimoine mondial
Informations
Site web Site officiel

La bibliothèque Anna Amalia (en allemand : Herzogin Anna Amalia Bibliothek), nommée d'après la duchesse Anne-Amélie de Brunswick, est une bibliothèque située à Weimar, en Allemagne. Ses collections majeures se composent de classiques de la littérature allemande ainsi que de documents historiques. Le , la bibliothèque est victime d'un incendie dans lequel 50 000 livres sont détruits et 118 000 endommagés.

Édifice et architecture[modifier | modifier le code]

Historique du bâtiment[modifier | modifier le code]

Le bâtiment actuel de la bibliothèque a été construit entre et et était surnommé le « petit château français[1] » en raison de son style renaissance, ou bien le « château vert[2] » (grünes Schloss). Il est réaménagé en et à cette occasion a été construite la salle Rococo, de forme ovale et de style rococo, contenant aujourd'hui 40 000 ouvrages et une collection de bustes et peintures[3]. Dans la première moitié du XIXe siècle et à la demande de Goethe, une ancienne tour des remparts est reconstruite en vue d'être intégrée à la bibliothèque : l'escalier en spirale qui se trouve à l'intérieur fut creusé dans un seul tronc de chêne[4].
Depuis , il existe également une partie du bâtiment destinée à l'étude et à la recherche : il s'agit du « cube de livres[5] » (der Bücherkubus).

Patrimoine mondial de l'UNESCO[modifier | modifier le code]

La bibliothèque Anna Amalia vue de l'extérieur

Le site de Weimar-Klassik est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis [6]. Au total, douze sites ont été inscrits :

Cette sélection de lieux et monuments est censée représenter au mieux l'époque où Weimar était un grand centre culturel, entre la moitié du XVIIIe siècle et la moitié du XIXe siècle, époque du classicisme de Weimar.

Histoire[modifier | modifier le code]

La duchesse Anne-Amélie et la fondation de la bibliothèque[modifier | modifier le code]

Friedrich Schiller lit à Tiefurt, au Temple des Muses. Goethe se trouve debout à droite. Tableau de Theobald von Oer

Anne-Amélie de Brunswick est la duchesse de Saxe-Weimar-Einsenach et régente de à . C'est sous son règne que va naître le classicisme de Weimar, un mouvement littéraire de la fin du XVIIIe siècle. En effet, dès , la duchesse transforme le château ducal en une bibliothèque afin d'y accueillir la collection princière qui s'agrandit depuis . Duchesse régente, elle souhaite trouver un précepteur pour ses deux fils Charles-Auguste et Constantin : elle fait ainsi venir Christoph Martin Wieland à sa cour, un homme de lettres connu pour ses traductions de Shakespeare. Weimar commence à devenir un centre littéraire et musical important.

Goethe et la bibliothèque[modifier | modifier le code]

Cette première présence littéraire de renom est complétée par Goethe à partir de . La duchesse le fait venir à la cour d'abord en tant qu'attaché, puis en tant que conseiller secret de légation (Geheimer Rat) dès . La même année, il invite Johann Gottfried von Herder à Weimar en lui proposant une offre de surintendant. Puis, de retour à Weimar après son voyage en Italie, Goethe est nommé directeur de la bibliothèque de à [7]. Grâce à lui, les collections de la bibliothèque se sont considérablement enrichies : le nombre de documents a doublé pour atteindre 80 000 ouvrages[8]. De même, il est le premier à rédiger un règlement intérieur, lequel autorise seulement les habitants du duché à consulter les ouvrages[4]. En , alors qu'il entretient une relation épistolaire avec lui, Goethe invite Friedrich von Schiller à venir à Weimar : ensemble, ils dirigent notamment le théâtre de la cour ducale. La présence de ces quatre écrivains vaut à Weimar sa réputation et son classicisme.

Du XIXe siècle au XXIe siècle[modifier | modifier le code]

La bibliothèque jouit d'une grande renommée, notamment grâce à son directeur Goethe. Au milieu du xixe siècle, elle devient un lieu touristique. Les collections sont mises à disposition de tout le monde à partir de [4], après la mise en place de la république de Weimar. Pendant les guerres mondiales, elle ne subit aucun dégât. Mais à la suite de la Seconde Guerre mondiale, la bibliothèque est rattachée au régime communiste au « centres et monuments nationaux de la recherche sur le classicisme allemand[9] » En , elle change de nom pour devenir la « bibliothèque centrale du classicisme[4] » et doit à ce titre s'occuper de collecter toute la littérature classique allemande, de à . Ce n'est qu'en que la bibliothèque prend le nom de la duchesse et est désormais rattachée à la fondation « Weimarer-Klassik ».

L'incendie de 2004[modifier | modifier le code]

La bibliothèque en feu

Déroulement de l'incendie et pertes[modifier | modifier le code]

Le soir du , un incendie se déclare dans le grenier de la bibliothèque[10],[11] aux environs de 20 h 30. Au moment de l'incendie, le bâtiment compte 196 000 livres tandis que les quelque 800 000 autres se trouvent stockés ailleurs en ville[12]. Alors que les pompiers sont en train d'arriver, plusieurs employés de la bibliothèque et des habitants de la ville forment une chaîne dans l'espoir de sauver des livres précieux, des statuts et des tableaux qui se trouvaient dans la salle rococo[4]. Ils parviendront à en sauver 12 000[12]. Une partie des combles s'est ensuite effondrée dans la salle : pour maîtriser l'incendie, les 300 pompiers ont dû utiliser des jets d'eau et ainsi inonder quelque 62 000 ouvrages. Au total, 50 000 pièces de la collection sont perdues, et les pertes sont estimées à 67 000 000 d'euros[13]. Parmi les 118 000 ouvrages endommagés, 62 000 ont été touchés partiellement par le feu puis inondés et les 52 000 restants étaient contaminés par de la suie, de la fumée et d'autres substances polluantes[12].

Exposition sur la restauration de la bibliothèque, partition brûlée

La campagne de reconstruction et de restauration[modifier | modifier le code]

L'ampleur des travaux est estimée à 11,9 millions d'euros[14]. Le bâtiment n'est que partiellement endommagé au lendemain de l'incendie. La charpente et les combles sont à reconstruire, mais les fondations de l'édifice ne nécessitent aucuns travaux. L'intérieur du bâtiment, et surtout la salle rococo, est fidèle à celui d'avant l'incendie : c'était la volonté des architectes[13]. Walther Grunwald est architecte en chef de la reconstruction de la bibliothèque.
Dès le mois de , une base de données a été créée afin de répertorier tous les ouvrages perdus à jamais. Un appel aux dons fut lancé et l'argent récolté devait permettre à la bibliothèque d'acquérir les ouvrages manquants. Ainsi, dans un élan de générosité, plusieurs bibliothèques allemandes ont accepté d'offrir des titres qu'elles avaient en double exemplaire[13]. Entre 2004 à 2018, les 56 000 ouvrages contaminés par la fumée ou la suie ont été restaurés, par 27 ateliers de restauration partout en Europe[12]. Directement après l'incendie, les ouvrages qui étaient trempés ont été mis dans des sachets plastiques avant d'être congelés et envoyés dans un centre de restauration à Leipzig, puis séchés[13]. La bibliothèque a rouvert le (jour de l'anniversaire de naissance de la duchesse), en présence de Horst Köhler.

Collections[modifier | modifier le code]

La bibliothèque Anna Amalia compte en environ 1 million de documents datant du IXe siècle pour les plus vieux au XXIe siècle pour les plus récents. Cette liste est non-exhaustive :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Herzogin Anna Amalia Bibliothèque », sur Site officiel de la ville de Weimar.
  2. (de) « Grünes Schloss (Weimar) », sur alleburgen.de.
  3. (de) « Historisches Gebäude und Rokokosaal », sur klassik-stiftung.de.
  4. a b c d et e Gernot U. Gabel, « La bibliothèque Anna-Amalia de Weimar endommagée par le feu », Bulletin des bibliothèques de France (BBF),‎ , p. 120-121 (lire en ligne)
  5. (de) « Bücherkubus », sur klassik-stiftung.de.
  6. « Weimar classique », sur unesco.org.
  7. « La bibliothèque Anna Amalia a réouvert ses portes suite à des travaux de restauration de grande envergure », sur unesco.org.
  8. Ulrike Steierwald: Zentrum des Weimarer Musenhofes. Die Herzogliche Bibliothek 1758–1832. In: Michael Knoche (Hrsg.): Herzogin Anna Amalia Bibliothek – Kulturgeschichte einer Sammlung. Wien 1999, S. 62–107
  9. Anna Saada, « Seemann, Annette, Die Geschichte der Herzogin Anna Amalia Bibliothek », Revue de l'IFHA,‎ (lire en ligne)
  10. « La bibliothèque Anna-Amalia victime d'un incendie », L'Obs,‎ (lire en ligne)
  11. « Dégâts considérables à la bibliothèque Anna-Amalia de Weimar », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. a b c et d (de) « Nach dem Brand », sur klassik-stiftung.de.
  13. a b c et d Gernot U. Gabel, « Comme le phénix de ses cendres La bibliothèque Anna-Amalia de Weimar », Bulletin des bibliothèques de France (BBF),‎ , p. 79-80 (lire en ligne)
  14. « Réouverture prévue en octobre 2007 de la bibliothèque Anna-Amalia (Weimar classique, patrimoine mondial) après l’incendie de 2004 », sur unesco.org.
  15. (de) « Lutherbibel von 1534 », sur www.weimar-lese.de.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]