Balthasar Brandmayer

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Balthasar Brandmayer
Adolf Hitler (assis, 4e à partir de la gauche) et Balthasar Brandmayer (couché, au premier plan). Photographie prise en 1915, reproduite dans les différentes éditions du livre de Brandmayer[1].
Biographie
Naissance
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Götting (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 67 ans)
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Conflit

Balthasar Brandmayer (né le , mort le ) est l'auteur d'un récit hagiographique sur les années de service d'Adolf Hitler durant la première Guerre mondiale, publié en Allemagne en 1932.

Un camarade de guerre d'Hitler[modifier | modifier le code]

Originaire du sud de la Bavière, il devient maçon. Il est mobilisé en 1914 dans le 16e régiment bavarois d'infanterie de réserve (16e RIR), plus connu sous le nom de « Régiment List (de) »[2]. Il est affecté de à au groupe des estafettes, dont fait déjà partie Hitler, avec Jakob « Jackl » Weiss, Josef Inkofer, Franz Wimmer et Max Mund[3].

Blessé, puis démobilisé en , il reprend son métier de maçon. Initialement satisfait de l'instauration de la République de Weimar[4], il n'adhère au NSDAP qu'en . Grâce à l'entremise d'Hitler, il trouve un emploi de bureau en . Il reçoit, au nom de Hitler, un subside de 5.000 marks en [5]. Il est l'un des rares anciens camarades d'Hitler autorisé à tutoyer celui-ci[6].

Des souvenirs de guerre manipulés par la propagande[modifier | modifier le code]

Il publie ses souvenirs de guerre, Meldegänger Hitler 1914-1918, en 1933. Tout comme Hans Mend et Ignaz Westenkirchner[7], il contribue à la propagande du parti nazi du début des années 1930 visant à défendre l'idée d'un Hitler soldat d'exception durant la première Guerre mondiale, qui aurait alors forgé dans la camaraderie des tranchées (Kameradschaft) sa vision future de la société Allemande[8].

L'historien John Williams a défendu la fiabilité de ce témoignage[9]. En revanche, pour Thomas Weber, « le maquillage de la réalité auquel se livra la propagande nazie pour peaufiner la légende d'Hitler n'est nulle part aussi manifeste que dans les mémoires de guerre de Balthasar Brandmayer », ce qui le discrédite fortement[10]. Weber montre comment, au fil des rééditions successives de 1932 à 1940, le texte est constamment corrigé pour correspondre exclusivement à l'image publique officielle d'Hitler, héros providentiel et visionnaire, ainsi qu'au mythe d'un régiment List où la camaraderie des tranchées (Kameradschaft) régnait entre des officiers et soldats tous exemplaires[11].

Le livre de Brandmayer est en particulier, avec Mein Kampf et avec le récit également hagiographique d'Hans Mend, l'une des rares sources à mettre en avant l'antisémitisme radical d'Hitler à cette époque[12]. Weber conclut qu'on ne peut suivre le témoignage de Brandmayer (et moins encore celui de Mend) selon lesquels celui-ci s'exprimait déjà avec virulence lors des années 1914-1918[13]. Ian Kershaw, en revanche, tout en soulignant que le récit de Brandmayer doit être pris avec précaution, considère qu'il ne peut être écarté et qu'« il est très vraisemblable, comme Hitler l'affirme lui-même dans Mein Kampf, que ses préjugés politiques se soient amplifiés au cours de la guerre »[14].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Meldegänger Hitler 1914-1918, Munich, 1933.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Thomas Weber 2012 emplacements 5491 et 9927 sur 14 400
  2. Thomas Weber 2012 emplacement 500 sur 14 400.
  3. Jacob Weiss, devenu maire de sa commune après 1933, se prête à plusieurs reprises à des interviews au service de la propagande hitlérienne. Anton Joachimsthaler 2000, p. 144 ainsi que Thomas Weber 2012 emplacement 3554 et 7003 sur 14 400.
  4. Thomas Weber 2012 emplacement 5805 sur 14 400
  5. Anton Joachimsthaler 2000, p. 144
  6. Anton Joachimsthaler 2000, p. 146
  7. Ignaz Westenkirchner fait également partie des estafettes du régiment List. Ayant émigré aux États-Unis après guerre, frappé par la crise de 1929, il bénéficie de l'aide d'Hitler qui facilite son retour en Allemagne en 1933 et le fait recruter au Völkischer Beobachter. Cette image de la camaraderie et de la solidarité des anciens de List est exploitée à plusieurs reprises par la propagande nazie. Westenkirchner collabore enfin au livre hagiographique de Heinz A. Heinz, Germany's Hitler, en 1934, « [multipliant] les inventions à propos de faits aisément vérifiables ». Voir Thomas Weber 2012 emplacement 6990 sur 14 400.
  8. Thomas Weber 2012 emplacement 6560 sur 14 400.
  9. John Frank Williams 2005, p. 8
  10. Thomas Weber 2012 emplacements 4411 et 7058 et suiv. sur 14 400.
  11. Thomas Weber 2012 emplacement 7071 sur 14 400.
  12. Thomas Weber 2012 emplacement 4403 sur 14 400
  13. Thomas Weber 2012 emplacement 4403 et suiv. sur 14 400
  14. Ian Kershaw (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat), Hitler, Paris, Flammarion, coll. « Grandes biographies », , 1200 p. (ISBN 978-2-08-125042-0, OCLC 718374335), p. 86-87.

Liens externes[modifier | modifier le code]