« Densité de Schnirelmann » : différence entre les versions

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En [[mathématiques]], la '''densité de Schnirelmann''' d'une [[suite (mathématiques)|suite]] de nombres est une manière de mesurer de quelle façon la suite est « dense ». Elle a été nommée en l'honneur du [[mathématicien]] [[Russie|russe]] [[L.G. Schnirelmann]], qui fut le premier à l'étudier.
En [[mathématiques]], la '''densité de Schnirelmann''' d'un [[ensemble]] d'[[entiers naturels]] non nuls est une manière de mesurer de quelle façon cet ensemble est « dense » . Elle a été nommée en l'honneur du [[mathématicien]] [[Russie|russe]] [[Lev Schnirelmann]], qui fut le premier à l'étudier.


Intuitivement, nous ressentons qu'il y a « plus » de [[Nombres pairs et impairs|nombres impairs]] que de [[carré|carrés parfaits]] ; toutefois, l'[[ensemble]] des nombres impairs n'est pas « plus grand » en fait que l'ensemble des carrés parfaits : les deux ensembles sont [[infini]]s et [[ensemble dénombrable|dénombrable]]s et peuvent par conséquent être mis en [[bijection]]. Nous avons donc besoin d'une meilleure manière pour formaliser notre notion intuitive. C'est ce qu'effectue la densité de Schnirelmann.
Intuitivement, nous ressentons qu'il y a « plus » de [[Parité (arithmétique)|nombres impairs]] que de [[carré parfait|carrés parfaits]] ; toutefois, l'ensemble des nombres impairs n'est pas « plus grand » que l'ensemble des carrés parfaits : ces deux ensembles sont [[ensemble dénombrable|dénombrables]] et peuvent par conséquent être mis en [[bijection]]. Nous avons donc besoin d'une meilleure manière pour formaliser notre notion intuitive. C'est ce qu'effectue la densité de Schnirelmann.


==Définition==
==Définition==
Soit <math>A \subseteq \N</math>, un ensemble d'[[entier naturel|entiers naturels]]. On pose <math>A(n)\,\!</math> le nombre d'éléments de <math>A \cap [1, n]</math>, c’est-à-dire le nombre d'éléments de <math>A\,\!</math> qui soient inférieurs ou égaux à <math>n\,\!</math>. Alors, la '''densité naturelle de Schnirelmann''' de <math>A</math> est définie comme :
Soit ''A'' un ensemble d'entiers naturels non nuls. On note ''A''(''n'') le nombre d'éléments de ''A''∩[1,''n''], c’est-à-dire le nombre d'éléments de ''A'' qui sont inférieurs ou égaux à ''n''. Alors, la densité naturelle de Schnirelmann<ref>{{MathWorld|nom_url=SchnirelmannDensity|titre=Schnirelmann Density}}</ref> de ''A'' est le [[nombre réel]] :
<center><math>\sigma (A) = \inf_{n} \left ( \frac{A(n)}{n}\right )</math></center>
<center><math>\sigma (A) = \inf_n\left ( \frac{A(n)}{n}\right )</math></center>
c’est-à-dire la [[borne inférieure]] de l'ensemble <math>\{\frac{A(n)}{n}, n\in \N\}</math>.
où inf désigne la [[borne inférieure]] (qui existe toujours, même quand la [[Limite (mathématiques)|limite]] <math>\lim_{n\rightarrow \infty} \frac{A(n)}n</math> n'existe pas).


Par exemple, l'ensemble des nombres impairs possède une densité de Schnirelmann de 1/2. Celle des [[carré parfait|carrés des nombres entiers]] ou des [[Nombre premier de Mersenne|nombres premiers de Mersenne]] est nulle, bien que ces deux ensembles soient infinis.
Cette définition permet de dire que cette densité existe à chaque fois et qu'elle est unique, puisque tout sous-ensemble minoré de <math>\R</math> possède une borne inférieure (ce qui n'aurait pas été le cas si l'on avait considéré la [[Limite (mathématiques)|limite]] <math>\lim_{n\rightarrow \infty} \frac{A(n)}{n}</math> qui n'est pas forcément définie).

Par exemple, l'ensemble des nombres impairs possède une densité de Schnirelmann de <math>\frac {1}{2}</math>. Celle des carrés des nombres entiers <math>\{1, 4, 9, 16, 25 \dots\}</math> ou des [[Nombre premier de Mersenne|nombres premiers de Mersenne]] est nulle, bien que ces deux ensembles soient infinis.


==Propriétés==
==Propriétés==
La fonction densité de Schnirelmann <math>\sigma: \mathfrak{P}(\N) \rightarrow \R</math> ( <math>\mathfrak{P}(\N)</math> est l'[[ensemble des parties]] de <math>\N</math>) possède les propriétés suivantes, pour <math>A \subseteq \N</math> :
La fonction densité de Schnirelmann <math>\sigma</math> (définie sur l'[[ensemble des parties]] de <math>\N^*</math>) possède les propriétés suivantes, pour toute partie ''A'' de <math>\N^*</math> :


# <math>0 \le \sigma (A) \le 1</math> : <math>A(n)\,\!</math> est toujours inférieur ou égal à <math>n</math> et supérieur ou égal à 0.
# <math>0 \le \sigma (A) \le 1</math> ;
# <math>\forall n, A(n) \ge n.\sigma (A)</math>, ce qui découle de la définition de <math>\sigma (A)\,\!</math> comme borne inférieure.
# si <math>\sigma (A)=0</math> alors pour tout ε>0, il existe ''n'' tel que ''A''(''n'') < ε''n'', ce qui découle de la définition de <math>\sigma (A)</math> comme borne inférieure, ainsi que :
# <math>\sigma (A) = 1 \Leftrightarrow A = \N</math>
# <math>\forall n, A(n) \ge n\sigma (A)</math>, dont on déduit :
# si σ(''A'')=1 alors <math>A = \N^*</math> (la réciproque étant immédiate) ;
# <math>1 \notin A \Rightarrow \sigma (A) = 0</math> : si <math>1 \notin A</math>, <math>A(1)=0\,\!</math> et donc la borne inférieure de l'ensemble des <math>\frac {A(n)}{n}</math> est forcément 0.
# si 1 n'appartient pas à ''A'' alors σ(''A'')=0 (car ''A''(1)=0).
# <math>\sigma (A)=0 \Rightarrow \forall \epsilon>0, \exists n\ t.q. A(n) < \epsilon.n</math>


On pourrait se demander qu'elle est l'utilité d'une telle fonction de densité, puisqu'elle est extrêmement sensible aux premières valeurs de l'ensemble considéré (l'ensemble des nombres pairs, par exemple, a une densité de Schnirelmann nulle). Schnirelmann et Linnik exploitèrent ceci comme nous le verrons.
On pourrait se demander quelle est l'utilité d'une telle fonction de densité, puisqu'elle est extrêmement sensible aux premières valeurs de l'ensemble considéré (l'ensemble des nombres pairs, par exemple, a une densité de Schnirelmann nulle). Schnirelmann et {{Lien| Yuri Linnik|texte=Linnik}} exploitèrent ceci comme nous le verrons.


==Théorèmes de Schnirelmann==
==Théorèmes de Schnirelmann==


Si nous posons <math>\mathfrak{G}^2 = \{k^2\}_{k=1}^{\infty}</math> (l'ensemble des carrés des nombres entiers), alors le [[théorème des quatre carrés de Lagrange]] — qui stipule que tout nombre entier peut être exprimé sous la forme de somme de quatre carrés — peut être réexprimé sous la forme :
Si nous posons <math>\mathfrak{G}^2 = \{k^2\}_{k=1}^{\infty}</math> (l'ensemble des carrés des nombres entiers non nuls), alors le [[théorème des quatre carrés de Lagrange]] — qui stipule que tout nombre entier peut être exprimé sous la forme de somme de quatre carrés — peut être réexprimé sous la forme :
:<math> \sigma\left (\mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2\right ) = 1</math>.
:<math> \sigma\left (\mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2\right ) = 1</math>.


où <math>\oplus</math> est l'opérateur de la [[somme d'ensembles]] des sous-ensembles <math>\mathfrak{G}^2</math>.
où <math>\oplus</math> est l'opérateur de la [[somme d'ensembles]] des sous-ensembles <math>\mathfrak{G}^2</math>.


Il est clair que <math> \sigma \left (\mathfrak{G}^2\right ) = 0</math>. En fait, nous avons toujours <math> \sigma\left (\mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2\right ) = 0</math> et on pourrait se demander à partir de quel point la somme des ensembles atteint la densité de Schnirelmann 1 et comment elle augmente. Il se trouve que <math> \sigma\left (\mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2\right ) = \frac {5}{6}</math> et on peut voir qu'ajouter <math>\mathfrak{G}^2</math> une fois encore produit un ensemble plus peuplé, c’est-à-dire <math>\N</math>.
Il est clair que <math> \sigma \left (\mathfrak{G}^2\right ) = 0</math>. En fait, nous avons toujours <math> \sigma\left (\mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2\right ) = 0</math> et on pourrait se demander à partir de quel point la somme des ensembles atteint la densité de Schnirelmann 1 et comment elle augmente. Il se trouve que <math> \sigma\left (\mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2 \oplus \mathfrak{G}^2\right ) = 5/6</math> et on peut voir qu'ajouter <math>\mathfrak{G}^2</math> une fois encore produit <math>\N^*</math> tout entier.


Schnirelmann réussit à développer cette idée dans les théorèmes suivants, en se dirigeant vers une théorie additive des nombres, et démontra qu'ils étaient une nouvelle ressource (potentiellement puissante) pour attaquer d'importants problèmes, tels que le [[problème de Waring]] et la [[conjecture de Goldbach]].
Schnirelmann réussit à développer cette idée dans les théorèmes suivants, en se dirigeant vers une théorie additive des nombres, et démontra qu'ils étaient une nouvelle ressource (potentiellement puissante) pour attaquer d'importants problèmes, tels que le [[problème de Waring]] et la [[conjecture de Goldbach]].


Le premier théorème de Schirelmann est une version faible du [[#Théorème de Mann|théorème de Mann]] :
<blockquote>
'''Théorème''' Soient <math>A\,\!</math> et <math>B\,\!</math> deux sous-ensembles de <math>\N^*</math>. Alors <math>\sigma\left (A \oplus B\right ) \ge \sigma (A) + \sigma (B) - \sigma (A) \cdot \sigma (B)</math>.
</blockquote>


En remarquant que <math>\sigma (A) + \sigma (B) - \sigma (A) \cdot \sigma (B) = 1 - \left (1 - \sigma (A)\right )\cdot \left(1 - \sigma (B)\right )</math>, on en déduit par récurrence :
Le premier théorème est une formulation plus faible du [[théorème de Mann]] :
:Soient <math>A\,\!</math> et <math>B\,\!</math> deux sous-ensembles de <math>\N</math>. Alors <math>\sigma\left (A \oplus B\right ) \ge \sigma (A) + \sigma (B) - \sigma (A) \cdot \sigma (B)</math>.


<blockquote>
<math>\sigma (A) + \sigma (B) - \sigma (A) \cdot \sigma (B) = 1 - \left (1 - \sigma (A)\right )\cdot \left(1 - \sigma (B)\right )</math>. Par induction, nous avons la généralisation suivante, sous forme de corollaire :
'''Corollaire''' Pour toute famille finie de sous-ensembles <math>A_i</math> de <math>\N^*</math>,
:<math>\sigma \left (\oplus A_i\right ) \ge 1 - \prod_i\left (1 - \sigma \left (A_i\right )\right )</math>.
</blockquote>


Ce théorème fournit le premier aperçu du comportement d'accumulation des sommes d'ensembles. Il semble malheureux que sa conclusion arrive avant de montrer que <math>\sigma</math> est {{Lien|Superadditivité|trad=Superadditivity|texte=superadditive}} (c’est-à-dire que <math>\sigma \left (A\oplus B\right )\ge\sigma (A) + \sigma (B)</math>). Schnirelmann y pallie avec les résultats suivants, qui suffisent pour la plus grande partie de son objectif :
:Soit <math>A_i \subseteq \N</math> une famille finie de sous-ensembles de <math>\N</math>. Alors <math>\sigma \left (\oplus A_i\right ) \ge 1 - \prod_{i}\left (1 - \sigma \left (A_i\right )\right )</math>.


<blockquote>
Ce théorème fournit le premier aperçu du comportement d'accumulation des sommes d'ensembles. Il semble malheureux que sa conclusion arrive avant de montrer que <math>\sigma\,\!</math> est [[Superadditivité|superadditive]] (c’est-à-dire que <math>\sigma \left (A\oplus B\right ) = \sigma (A) + \sigma (B)</math>). Schnirelmann y pallie avec les résultats suivants, qui suffisent pour la plus grande partie de son objectif :
'''Théorème''' Soient ''A'' et ''B'' deux sous-ensembles de <math>\N^*</math>. Si <math>\sigma (A) + \sigma (B) \ge 1</math>, alors <math>A \oplus B = \N^*</math>.
</blockquote>
<blockquote>
'''Théorème de Schnirelmann''' Soit <math>A \subseteq \N^*</math>. Si <math>\sigma (A) > 0~</math>, alors il existe un entier <math>k</math> tel que
<center><math>A\oplus A\oplus \ldots \oplus A = \N^*</math>,</center>
où <math>A</math> est répété <math>k</math> fois dans la somme.
</blockquote>


Une application de ce théorème permet d'exprimer tout nombre entier comme somme de [[Nombre premier|nombres premiers]] : soit ''A''={0, 1, 2, 3, 5, 7, 11, ...} l'ensemble des nombres premiers auquel on adjoint 0 et 1. Schnirelmann a montré que <math>\sigma(A)=0</math>, mais que <math>\sigma \left (A \oplus A \right )>0</math>. Par application du théorème de Schnirelmann, il existe un nombre entier ''k'' tel que ''k'' fois la somme de <math>A \oplus A</math> soit égale à <math>\N^*</math>. C’est-à-dire qu'il existe un nombre ''s'' tel que tout nombre entier positif soit égal à la somme d'au plus ''s'' nombres premiers.
:Soient <math>A\,\!</math> et <math>B\,\!</math> deux sous-ensembles de <math>\N</math>. Si <math>\sigma (A) + \sigma (B) \ge 1</math>, alors <math>A \oplus B = \N</math>.


Ce nombre <math>s</math> est appelé la '''constante de Schnirelmann'''. Sa meilleure majoration connue (prouvée en 1995 par {{Lien|Olivier Ramaré}}) est <math>s \le 7</math>.
:Soit <math>A \subseteq \N</math>. Si <math>\sigma (A) > 0\,\!</math>, alors il existe un entier <math>k\,\!</math> tel que <math>A\oplus A\oplus \ldots \oplus A = \N</math>, où la somme de <math>A\,\!</math> est répétée <math>k\,\!</math> fois.

Ce dernier théorème est explicitement connu comme « Théorème de Schnirelmann ».

Une application de ce théorème permet d'exprimer tout nombre entier comme somme de [[Nombre premier|nombres premiers]] : soit <math>A=\left \{0, 1, 2, 3, 5, 7, 11 \ldots \right \}</math> l'ensemble des nombres premiers auquel on adjoint 0 et 1. Schnirelmann a montré que <math>\sigma(A)=0\,\!</math>, mais que <math>\sigma \left (A \oplus A \right )>0</math>. Par application du théorème de Schnirelmann, il existe un nombre entier <math>k\,\!</math> tel que <math>k\,\!</math> fois la somme de <math>A \oplus A</math> soit égale à <math>\N</math>. C’est-à-dire qu'il existe un nombre <math>s\,\!</math> tel que tout nombre entier soit au plus égal à la somme de <math>s\,\!</math> nombres premiers.

Ce nombre <math>s\,\!</math> est appelé « Constante de Schnirelmann ». En 2004, la meilleure estimation de cette constante est <math>s \le 7\,\!</math>.


==Bases additives==
==Bases additives==


Un sous-ensemble <math>A \subseteq \N</math> avec la propriété que <math>A \oplus A \oplus \cdots \oplus A = \N</math> pour une somme finie, est appelé une base additive, et le plus petit nombre de termes requis est appelé le degré de la base. Donc, le dernier théorème exprime que tout ensemble avec une densité de Schnirelmann strictement positive est une base additive. Dans cette terminologie, l'ensemble des carrés <math>\mathfrak{G}^2 = \{k^2\}_{k=1}^{\infty}</math> est une base additive de degré 4.
Un sous-ensemble <math>A \subseteq \N^*</math> avec la propriété que <math>A \oplus A \oplus \cdots \oplus A = \N^*</math> pour une somme finie, est appelé une base additive, et le plus petit nombre de termes requis est appelé le degré de la base. Donc, le dernier théorème exprime que tout ensemble avec une densité de Schnirelmann strictement positive est une base additive. Dans cette terminologie, l'ensemble des carrés <math>\mathfrak{G}^2 = \{k^2\}_{k=1}^{\infty}</math> est une base additive de degré 4.


==Théorème de Mann==
==Théorème de Mann==


Historiquement, les théorèmes ci-dessus étaient des indicateurs pour le résultat suivant, qui est le meilleur raffinement possible du Théorème 1, et démontré comme étant difficile à attaquer. Il devint connu comme l'hypothèse <math>\alpha + \beta</math>, utilisée par [[Landau]] dans la démonstration du Théorème 1.1 et finalement démontré par [[Mann]] en [[1942]].
Historiquement, les théorèmes ci-dessus étaient des indicateurs pour le résultat suivant, qui est le meilleur raffinement possible de sa "version faible" (cf supra) démontrée par Schnirelmann, et s'est révélé difficile à attaquer. Il devint connu comme l'hypothèse <math>\alpha + \beta</math>, utilisée par [[Landau]] dans la démonstration du {{lequel|théorème 1.1}} et fut finalement démontré par {{Lien|lang=de|Henry Mann}} en 1942.


<blockquote>
<blockquote style="border: 1px dashed #cccccc; padding: 10px;">
'''Théorème'''<ref>{{Article|langue=en|auteur=Henry B. Mann
'''Théorème''' (''Mann'', 1942) Soient <math>A</math> et <math>B</math> des sous-ensembles de <math>\N</math>. Dans le cas où <math>A \oplus B \ne \N</math>, nous avons encore
|titre=A proof of the fundamental theorem on the density of sums of sets of positive integers
| doi=10.2307/1968807 | id={{MathSciNet | id = 0006748}} |année=1942 |périodique=[[Annals of Mathematics]]|série=2 |volume=43 | pages=523–527 |issue=3}}</ref> Soient <math>A</math> et <math>B</math> des sous-ensembles de <math>\N^*</math>. Dans le cas où <math>A \oplus B \ne \N^*</math>, nous avons encore


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==Problème de Waring==
== Problème de Waring ==
{{Loupe|Problème de Waring}}

Soit <math> k</math> et <math> N</math> des nombres naturels. Soit <math> \mathfrak{G}^k = \{i^k\}_{i=1}^\infty</math>. Définissons <math> r_N^k(n)</math> comme étant le nombre de solutions enières positives de l'équation
Soit <math> k</math> et <math> N</math> des nombres naturels. Soit <math> \mathfrak{G}^k = \{i^k\}_{i=1}^\infty</math>. Définissons <math> r_N^k(n)</math> comme étant le nombre de solutions <math>(x_1,\ldots,x_N)\in\N^N</math> de l'équation


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et <math> R_N^k(n)</math> comme étant le nombre de solution entières positives de l'inégalité
et <math> R_N^k(n)</math> comme étant le nombre de solution solutions <math>(x_1,\ldots,x_N)\in\N^N</math> de l'inéquation


<center>
<center>
<math> 0 \le x_1^k + x_2^k + \cdots + x_N^k \le n</math>,
<math>x_1^k + x_2^k + \cdots + x_N^k \le n</math>.
</center>
</center>


pour les variables <math> x_i</math>, respectivement. Ainsi <math> R_N^k(n) = \sum_{i=0}^n r_N^k(i)</math>. Nous avons
Ainsi <math> R_N^k(n) = \sum_{i=0}^n r_N^k(i)</math>.


Nous avons
*<math> r_N^k(n) \leftrightarrow n \in N\mathfrak{G}^k </math>
*<math> r_N^k(n)>0 \Leftrightarrow n \in N\mathfrak{G}^k </math>
*<math> R_N^k(n) \ge \left(\frac{n}{N}\right)^{\frac{N}{k}}</math>
*<math> R_N^k(n) \ge \left(\frac{n}{N}\right)^{\frac{N}{k}}</math>


Le volume du bloc <math>N</math>-dimensionnel défini par <math> 0 \le x_1^k + x_2^k + \cdots + x_N^k \le n</math>, est borné par le volume de l'hypercube de taille <math> n^{1/k}</math>, en conséquence <math>R_N^k(n) = \sum_{i=0}^n r_N^k(i)= n^{N/k}</math>. La partie difficile est de montrer que cette borne fonctionne encore sur la moyenne, c.à.d.,
Le volume du bloc <math>N</math>-dimensionnel défini par <math> 0 \le x_1^k + x_2^k + \cdots + x_N^k \le n</math> est borné par le volume de l'hypercube de taille <math> n^{1/k}</math>, en conséquence <math>R_N^k(n) = \sum_{i=0}^n r_N^k(i)</math> est majoré (grossièrement) par <math>(1+n^{1/k})^N</math>. Linnik a démontré que cette borne fonctionne encore sur la moyenne, c.à.d. :


<blockquote>
<blockquote>
'''Lemme''' (''Linnik'') Pour tout <math>k \in \N</math> il existe <math>N \in \N</math> et une constante <math>c = c(n)</math>, dépendant seulement de <math>k</math>, telle que pout tout <math>n \in \N</math>,
'''Lemme''' Pour tout entier naturel ''k'' il existe un entier naturel ''N'' et une constante <math>c = c(k)</math>, dépendant seulement de ''k'', tels que pour tous entiers ''m, n'' vérifiant <math>0\le m\le n</math>,
<center><math>r_N^k(m) < cn^{\frac{N}{k}-1}</math></center>

<center>
<math>r_N^k(m) < cn^{\frac{N}{k}-1}</math></center>

pour tout <math>0 \le m \le n</math>

</blockquote>
</blockquote>


Avec ceci en main, le théorème suivant peut être démontré de façon élégante. ''(Le lecteur est invité à donner une démonstration de ceci...)''
Avec ce lemme, le théorème suivant peut être démontré de façon élégante.


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Nous avons ainsi exprimé la solution générale du problème de Waring :
Nous avons ainsi exprimé la solution générale du problème de Waring :


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<blockquote style="border: 1px dashed #ff0000; padding: 10px;">
'''Corollaire''' (''Hilbert'', 1909) Pour tout <math>k</math> il existe <math>N</math>, dépendant seulement de <math>k</math>, tel que chaque nombre entier positif <math>n</math> peut être exprimé comme la somme d'au plus <math>N</math> <math>k</math>-ième puissances.
'''Corollaire'''<ref>{{Article|langue=de|last1=Hilbert|first1=David|author1-link=David Hilbert|titre=Beweis für die Darstellbarkeit der ganzen Zahlen durch eine feste Anzahl ''n''ter Potenzen (Waringsches Problem) | doi=10.1007/BF01450405 | id={{MathSciNet | id = 1511530}} | year=1909 | journal=[[Mathematische Annalen]]| volume=67|issue=3|pages=281–300}}</ref> Pour tout ''k'' il existe ''N'', dépendant seulement de ''k'', tel que chaque nombre entier positif ''n'' peut être exprimé comme la somme d'au plus ''N'' puissances ''k''-ièmes.
</blockquote>
</blockquote>


== Notes et références ==

{{références}}
== Liens externes ==
{{Traduction/Référence|en|Schnirelmann density|7808425}}

* [http://mathworld.wolfram.com/SchnirelmannDensity.html MathWorld: Schnirelmann Density]


{{portail mathématiques}}
{{portail mathématiques}}

Version du 21 octobre 2010 à 02:25

En mathématiques, la densité de Schnirelmann d'un ensemble d'entiers naturels non nuls est une manière de mesurer de quelle façon cet ensemble est « dense » . Elle a été nommée en l'honneur du mathématicien russe Lev Schnirelmann, qui fut le premier à l'étudier.

Intuitivement, nous ressentons qu'il y a « plus » de nombres impairs que de carrés parfaits ; toutefois, l'ensemble des nombres impairs n'est pas « plus grand » que l'ensemble des carrés parfaits : ces deux ensembles sont dénombrables et peuvent par conséquent être mis en bijection. Nous avons donc besoin d'une meilleure manière pour formaliser notre notion intuitive. C'est ce qu'effectue la densité de Schnirelmann.

Définition

Soit A un ensemble d'entiers naturels non nuls. On note A(n) le nombre d'éléments de A∩[1,n], c’est-à-dire le nombre d'éléments de A qui sont inférieurs ou égaux à n. Alors, la densité naturelle de Schnirelmann[1] de A est le nombre réel :

où inf désigne la borne inférieure (qui existe toujours, même quand la limite n'existe pas).

Par exemple, l'ensemble des nombres impairs possède une densité de Schnirelmann de 1/2. Celle des carrés des nombres entiers ou des nombres premiers de Mersenne est nulle, bien que ces deux ensembles soient infinis.

Propriétés

La fonction densité de Schnirelmann (définie sur l'ensemble des parties de ) possède les propriétés suivantes, pour toute partie A de  :

  1.  ;
  2. si alors pour tout ε>0, il existe n tel que A(n) < εn, ce qui découle de la définition de comme borne inférieure, ainsi que :
  3. , dont on déduit :
  4. si σ(A)=1 alors (la réciproque étant immédiate) ;
  5. si 1 n'appartient pas à A alors σ(A)=0 (car A(1)=0).

On pourrait se demander quelle est l'utilité d'une telle fonction de densité, puisqu'elle est extrêmement sensible aux premières valeurs de l'ensemble considéré (l'ensemble des nombres pairs, par exemple, a une densité de Schnirelmann nulle). Schnirelmann et Linnik exploitèrent ceci comme nous le verrons.

Théorèmes de Schnirelmann

Si nous posons (l'ensemble des carrés des nombres entiers non nuls), alors le théorème des quatre carrés de Lagrange — qui stipule que tout nombre entier peut être exprimé sous la forme de somme de quatre carrés — peut être réexprimé sous la forme :

.

est l'opérateur de la somme d'ensembles des sous-ensembles .

Il est clair que . En fait, nous avons toujours et on pourrait se demander à partir de quel point la somme des ensembles atteint la densité de Schnirelmann 1 et comment elle augmente. Il se trouve que et on peut voir qu'ajouter une fois encore produit tout entier.

Schnirelmann réussit à développer cette idée dans les théorèmes suivants, en se dirigeant vers une théorie additive des nombres, et démontra qu'ils étaient une nouvelle ressource (potentiellement puissante) pour attaquer d'importants problèmes, tels que le problème de Waring et la conjecture de Goldbach.

Le premier théorème de Schirelmann est une version faible du théorème de Mann :

Théorème Soient et deux sous-ensembles de . Alors .

En remarquant que , on en déduit par récurrence :

Corollaire Pour toute famille finie de sous-ensembles de ,

.

Ce théorème fournit le premier aperçu du comportement d'accumulation des sommes d'ensembles. Il semble malheureux que sa conclusion arrive avant de montrer que est superadditive (c’est-à-dire que ). Schnirelmann y pallie avec les résultats suivants, qui suffisent pour la plus grande partie de son objectif :

Théorème Soient A et B deux sous-ensembles de . Si , alors .

Théorème de Schnirelmann Soit . Si , alors il existe un entier tel que

,

est répété fois dans la somme.

Une application de ce théorème permet d'exprimer tout nombre entier comme somme de nombres premiers : soit A={0, 1, 2, 3, 5, 7, 11, ...} l'ensemble des nombres premiers auquel on adjoint 0 et 1. Schnirelmann a montré que , mais que . Par application du théorème de Schnirelmann, il existe un nombre entier k tel que k fois la somme de soit égale à . C’est-à-dire qu'il existe un nombre s tel que tout nombre entier positif soit égal à la somme d'au plus s nombres premiers.

Ce nombre est appelé la constante de Schnirelmann. Sa meilleure majoration connue (prouvée en 1995 par Olivier Ramaré) est .

Bases additives

Un sous-ensemble avec la propriété que pour une somme finie, est appelé une base additive, et le plus petit nombre de termes requis est appelé le degré de la base. Donc, le dernier théorème exprime que tout ensemble avec une densité de Schnirelmann strictement positive est une base additive. Dans cette terminologie, l'ensemble des carrés est une base additive de degré 4.

Théorème de Mann

Historiquement, les théorèmes ci-dessus étaient des indicateurs pour le résultat suivant, qui est le meilleur raffinement possible de sa "version faible" (cf supra) démontrée par Schnirelmann, et s'est révélé difficile à attaquer. Il devint connu comme l'hypothèse , utilisée par Landau dans la démonstration du théorème 1.1[Lequel ?] et fut finalement démontré par Henry Mann en 1942.

Théorème[2] Soient et des sous-ensembles de . Dans le cas où , nous avons encore

.

Problème de Waring

Soit et des nombres naturels. Soit . Définissons comme étant le nombre de solutions de l'équation

et comme étant le nombre de solution solutions de l'inéquation

.

Ainsi .

Nous avons

Le volume du bloc -dimensionnel défini par est borné par le volume de l'hypercube de taille , en conséquence est majoré (grossièrement) par . Linnik a démontré que cette borne fonctionne encore sur la moyenne, c.à.d. :

Lemme Pour tout entier naturel k il existe un entier naturel N et une constante , dépendant seulement de k, tels que pour tous entiers m, n vérifiant ,

Avec ce lemme, le théorème suivant peut être démontré de façon élégante.

Théorème Pour tout il existe pour lequel .

Nous avons ainsi exprimé la solution générale du problème de Waring :

Corollaire[3] Pour tout k il existe N, dépendant seulement de k, tel que chaque nombre entier positif n peut être exprimé comme la somme d'au plus N puissances k-ièmes.

Notes et références

  1. (en) Eric W. Weisstein, « Schnirelmann Density », sur MathWorld
  2. (en) Henry B. Mann, « A proof of the fundamental theorem on the density of sums of sets of positive integers », Annals of Mathematics, 2e série, vol. 43, no 3,‎ , p. 523–527 (DOI 10.2307/1968807)
  3. (de) David Hilbert, « Beweis für die Darstellbarkeit der ganzen Zahlen durch eine feste Anzahl nter Potenzen (Waringsches Problem) », Mathematische Annalen, vol. 67, no 3,‎ , p. 281–300 (DOI 10.1007/BF01450405)