Édouard Dentu
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Henri-Justin-Édouard Dentu |
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Dentu (d) |
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Archives conservées par |
Archives nationales (F/18/1754)[1] |
Henri-Justin-Édouard Dentu, né le à Paris 10e et mort le à Paris 16e, est un éditeur et libraire français. Il est notamment connu pour avoir été le premier à publier les ouvrages d'Allan Kardec.
Biographie
[modifier | modifier le code]Petit-fils du libraire et homme de presse Jean-Gabriel Dentu[2], fils de Mélanie Dentu et de Gabriel-André Dentu, qui continua le même métier, Édouard Dentu hérite de la librairie familiale installée dans les galeries en bois longeant les arcades du Palais-Royal. Celle-ci est au bord de la faillite, nombre des ouvrages publiés ou imprimés par son père et son grand-père ont fait scandale… Les procès se sont accumulés pour diffamation, contrefaçon ou même atteinte à la dignité royale, et l'imprimerie est obligée de fermer en 1849, quand le jeune Dentu se lance totalement dans le métier d'éditeur, partant en quête d'auteurs à succès. Ses imprimés contiennent pourtant de nombreuses fautes de typographie pour cause de non-correction.
Parfois surnommé « le gros Dentu », il est aussi décrit par les frères Goncourt comme quelqu'un « aimant le bruit et la publicité[3] ». Il est vrai qu'il se démena sans compter sous le Second Empire et publia près de 6 000 brochures et pamphlets politico-religieux dont certains visaient Ernest Renan et sa Vie de Jésus (1863). Il devint le « libraire officiel de la Société des gens de lettres » en publiant tout aussi bien des proches du régime comme Arsène Houssaye que des opposants plus ou moins déclarés comme Alfred de Falloux, Charles de Montalembert, quand ce n'étaient pas des progressistes notoires tels Edgar Quinet, Proudhon ou Louis Blanc[4]. Opportuniste, mondain, fêtard, il aimait recevoir et organiser des dîners avec à sa table « ses chers écrivains ».
Il ouvrit son catalogue à une littérature populaire, laquelle constitua le gros de ses ventes, avec des auteurs comme Paul Féval, Hector Malot, Emile Gaboriau, Ponson du Terrail ou Émile Richebourg. Passionné d'occultisme et de magie, il se lie d'amitié avec Allan Kardec et le publie. Ses ouvrages sont souvent illustrés, comme par exemple avec Fernand Auguste Besnier, dessinateur prolifique.
Après 1870, il édita du beau livre, laissant le soin à certains de ses auteurs comme Champfleury, le choix des ornements[5].
C'est en 1884 à l'âge de 53 ans, qu'il meurt des suites d'une maladie du foie.
Après sa mort, sa veuve, Laure Dentu (née Faure Decamps), reprit la succession puis confia la gérance à Henri Floury qui quittera la maison en 1894. En 1888, Dentu lance La Vie pour rire, un hebdomadaire de textes humoristiques[6]. Floury lance alors une collection appelée « Les maîtres du roman », plus de 100 romans populaires vendus à 60 centimes l'unité ; c'est dans cette collection que paraît la première traduction en français de Cent ans après ou l'An 2000 d'Edward Bellamy (1891).
Au début des années 1890 et jusqu'en été 1894, l'imprimeur et bibliophile suisse Édouard Guillaume[7], lance une collection de in-8° et de in-16° sous la marque Dentu. Deux série de livres, Nelumbo et Euryale, ainsi qu'un périodique, La Bambou et son supplément, Le Carillon[8], sortent des presses, dont les directeurs sont J.-H. Rosny aîné et son frère J.-H. Rosny jeune sous le nom de plume collectif « J. de Boriana »[9].
Par la suite, les deux gérants, Lucien Curel et Gougis[10] à qui la veuve Dentu avait confié la maison, firent faillite en 1895. Fayard reprit alors une partie du fonds.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_056952 »
- Libraire depuis 1795, ardent royaliste, il cofonde avec Alphonse Martainville le journal Le Drapeau blanc (1819-1827) (d'après Albert Blanc, Encyclopædia Universalis).
- Journal cité par Jean-Yves Mollier, L'Argent et les lettres. Histoire du capitalisme d'édition 1880-1920, Paris, Fayard, 1988, chap. IX, p. 299-318.
- On vit même dans sa librairie le chef des Mormons, lors de l’unique visite qu’il fit à Paris. Voir Victor Champier et G.-Roger Sandoz, Le Palais-Royal d’après des documents inédits : 1629-1900, t. 2, Paris, Société de propagation des livres d’art, , 220 p. (lire en ligne), p. 186.
- Dominique Pety, Les Goncourt et la collection. De l'objet d'art à l'art décrire, Droz, 2003, p. 199.
- Notice « La Vie pour rire », sur le catalogue de la BNF.
- Analyse et catalogue répertorié de la « collection Guillaume », en ligne.
- D'abord intitulé Le Carillon du boulevard Brune, siège de l'imprimerie Guillaume, ce périodique continue de paraître après la liquidation de Dentu à la Librairie Louis Borel, 21 quai Malaquais à Paris, de 1895 à 1905 sous le titre Le Carillon illustré (sources : BNF).
- J.-H. Rosny et leurs pseudonymes, sur jhrosny.overblog.com.
- D'après Mollier (1988), op. cit.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- J. et Ed. de Goncourt, Journal : Mémoires de la vie littéraire, t. 1 (1851-1865), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 978-2-221-05527-4).
- Jean-Yves Mollier, Dictionnaire encyclopédique du Livre, t. 1, Paris, Cercle de la Librairie, (ISBN 978-2-7654-0841-3), p. 747-748.
Liens externes
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