Wikipédia:Lumière sur/Guerre des mots dans le conflit israélo-palestinien

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ce « Lumière sur » a été ou sera publié sur la page d'accueil de l'encyclopédie le vendredi 25 septembre 2015.


Affiche sur le mur d'une maison en « Cisjordanie » (ou « Judée-Samarie »). Un « combattant » (ou « terroriste ») du Hamas brandit une photo du « prisonnier » (ou de l'« otage ») Guilad Shalit en comparant son sort à celui des « prisonniers » (ou « terroristes ») palestiniens détenus en Israël.
Affiche sur le mur d'une maison en « Cisjordanie » (ou « Judée-Samarie »). Un « combattant » (ou « terroriste ») du Hamas brandit une photo du « prisonnier » (ou de l'« otage ») Guilad Shalit en comparant son sort à celui des « prisonniers » (ou « terroristes ») palestiniens détenus en Israël.

La guerre des mots dans le conflit israélo-palestinien fait référence à la guerre médiatique à laquelle se livrent en particulier sur internet les protagonistes du conflit israélo-palestinien ainsi que les militants et sympathisants pro-israéliens et pro-palestiniens. Elle s'étend également aux mondes académique et culturel où elle alimente de nombreuses polémiques.

Le conflit israélo-palestinien et par extension le conflit israélo-arabe ont « toujours été une affaire de violence mais aussi une affaire de mots et une confrontation interminable entre des points de vue incompatibles ». La guerre des mots y pèse particulièrement depuis la seconde Intifada et le développement de l'internet a provoqué une mobilisation populaire sans précédent dans cette bataille. Pour Denis Sieffert et al., « la bataille de l'image [et des mots] précède et accompagne celle des armes » et vise les opinions publiques, dont les empathies sont fortes et diversifiées. Ces dernières sont sujettes à la désinformation, manipulées et instrumentalisées par tous les acteurs impliqués qui au vu des enjeux « doivent à tout instant avoir un discours sur ce qui se passe au Proche-Orient ».

Pour Rania Massoud, « le langage peut s’avérer être une arme puissante de propagande où chaque terme a une connotation bien spécifique et peut éveiller consciemment ou non un sentiment chez le récepteur qui, généralement, n’est lui-même pas neutre […]. Faut-il utiliser l’expression « Barrière de sécurité » ou « Mur de séparation » ? « Territoires palestiniens occupés » ou « Territoires disputés » ? « Cisjordanie » ou « Judée-Samarie » ? « Implantation » ou bien « Colonie » ? Si la question ne se pose pas pour les médias qui ont choisi leur camp, pro-israélien ou pro-palestinien, elle constitue un véritable casse-tête pour ceux qui cherchent à s’en tenir à une certaine neutralité ».

La guerre des mots touche également les mondes académique et culturel. Pour Gilbert Achcar, le « conflit israélo-arabe ne se réduit pas aux guerres menées sur les champs de bataille du Moyen-Orient. Il comprend aussi une autre dimension, une guerre à coups de récits opposés et de négation des récits des autres, tournant autour de […] deux traumatismes […] : la Shoah, la destruction des Juifs d'Europe, et la Nakba, le déracinement des Arabes de Palestine ».

Des polémiques complexes où se mêlent faits, propagande et xénophobie sont débattues entre spécialistes, parfois avec virulence et accusations croisées de programme politique. Tandis que le monde arabe est soumis à une censure stricte et que la liberté d'expression n'y est pas pas de mise, en Israël, de nombreux incidents se produisent et des intellectuels prenant part aux débats subissent dénigrements, surveillances, boycotts, menaces, intimidations, procès, voire, cas extrêmes, appels au meurtre ; l'historien Zeev Sternhell ayant même été la cible d'un attentat. Des incidents se produisent également à l'étranger.