Wergeld

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Le wergeld, littéralement « prix de l’homme » (également appelé composition, en néerl. zoengeld, weergeld, en all. Sühngeld, Wiedergeld), est une somme d’argent demandée en réparation à une personne coupable d’un meurtre, ou d’un autre crime grave. Cette tradition exerçait un rôle important dans les anciennes civilisations d’Europe du Nord, en particulier chez les Germains et les Vikings. Les Celtes connaissaient également cette coutume (v.irl. éraic), mais distinguaient le « prix de l’honneur » pour meurtre (v.irl. coirp-díre, gall. galanas) du « prix du visage » pour d’autres crimes (v.irl. enech-lann, gall. gwyneb-warth, sarhaet, m.bret. enep-uuert). Le montant du wergeld en cas de meurtre dépendait assez largement du rang social auquel appartenait la victime.

Charlemagne a rendu le wergeld obligatoire dans le cadre de la vengeance privée (faida). En effet, la vengeance privée était source de désordres et était surtout contraire à la religion catholique. Malgré tout, la faida a persisté dans la coutume.

Le wergeld du droit coutumier germanique est bien une réparation, et non pas une amende à la grecque. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'équivalence automatique entre un crime et un montant pécuniaire. Au lieu de ça, la parentèle de la partie offensée et celle de la partie incriminée débattaient, encadrées par une assemblée des Anciens. S'ils tombaient d'accord sur un montant (souvent en nature, mais en monnaie dans les zones de contact avec l'empire romain), on considérait l'affaire comme réglée. Sinon, l’autre forme commune de réparation légale à cette époque était la revanche par le sang, appelée faide, identique à la loi du talion.

La loi salique, règle de droit privé des Francs saliens, était initialement basée en grande partie sur le système du wergeld, mais au fil de ses remaniements successifs, le roi imposa de plus en plus la peine appropriée, dérivant vers un système d'amendes. Ainsi, chaque offense physique avait pour réponse une indemnisation financière pour la victime prévue à l'avance (et non plus négociée au cas par cas). L'Église a fortement encouragé ce système, car ainsi était évitée la vengeance, qui était difficile à canaliser : une injure pouvait engendrer un contentieux entre deux familles durant des générations, alors que le système du wergeld ou de l'amende permettait de régler une fois pour toutes le différend.

Exemples

À titre indicatif, voici quel était le « tarif » (en sous d'or) pour meurtre chez les Wisigoths[1] :

  • garçon de 1 an : 60 sous
  • garçon de 4 à 6 ans : 80 sous
  • garçon de 10 ans : 100 sous
  • garçon de 14 ans : 140 sous
  • homme de 15 à 20 ans : 150 sous
  • homme de 20 à 50 ans : 300 sous
  • homme de 50 à 65 ans : 200 sous
  • homme de plus de 65 ans : 100 sous

La somme était diminuée de moitié s'il s'agissait d'une fille.

Chez les Francs saliens, on payait indifféremment 200 sous d'or pour un homme ou une femme libre, mais les blessures étaient méticuleusement tarifées : par exemple 100 sous pour avoir arraché à autrui une main, un pied, un œil ou le nez ; mais seulement 63 si la main restait pendante. Arrachage de l'index (qui servait à tirer à l'arc) : 35 sous, autre doigt : 30 sous ; 2 doigts ensemble : 35 sous, 3 doigts : 50 sous, etc. Le coupable devait en outre payer une amende au roi pour avoir troublé la paix publique. En cas de wergeld d'un antrustion du Roi : amende de 600 sous[2].

Notes et références

  1. A. Alba, Histoire - classe de 5e, Hachette, 1938
  2. Marculf, Formulae Marculfi, I, 18 ; éd. K. Zeumer, Form. mer. et kar. aevi..., Mon. Germ. hist..., Hanovre, 1886, P. 55

Voir aussi