Vatatzès

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Blason des Vatatzès.

Les Vatatzès ou Batatzès sont une famille aristocratique byzantine entre le XIe siècle et le XIVe siècle, qui comprend plusieurs branches et plusieurs généraux d'importance au sein de l'armée byzantine. Ils se lient à la lignée impériale sous Jean III Doukas Vatatzès, alors souverain de l'empire de Nicée, jusqu'à ce que l'usurpation de Michel VIII Paléologue ne mette un terme à cette lignée. La forme féminine de ce patronyme est Vatatzina.

Origines[modifier | modifier le code]

Selon l'historien grec Konstantinos Amantos, le patronyme de Vatatzès (Βατάτζης) est un diminutif de βάτος (ronce, bruyère) et pourrait suggérer un surnom lié à un caractère difficile[1]. Une autre origine possible rattacherait ce nom à βατάκι (raie)[2].

Le premier membre de la famille, connu seulement par son surnom, apparaît vers l'an 1000. Jean Skylitzès rapporte qu'un Vatatzès, avec toute sa famille, fait partie des citoyenes éminents d'Andrinople qui font défection auprès des Bulgares après avoir été suspecté de comploter avec le Premier empire bulgare[3]. Lors des siècles suivants, les Vatatzès restent associés à Andrinople et aux alentours (le thème de Macédoine) où il détiennent d'importantes propriétés. Ainsi, le chroniqueur Ephraïme le Moine estime que la ville de Didymotique est leur cité d'origine[1],[2].

L'ascension[modifier | modifier le code]

Michel Psellos rapporte qu'en 1047, Jean Vatatzès, un proche de l'empereur Constantin IX Monomaque, rejoint la révolte de Léon Tornikios[1]. La famille des Vatatzès gagne surtout en influence au XIIe siècle quand plusieurs de ses membres atteignent d'importantes fonctions. Théodore Vatatzès épouse Eudocie, la sœur de l'empereur Manuel Ier Comnène (1143-1180) et est nommé despote. Leurs fils sont Andronic, Alexandre et Jean Comnène Vatatzès, qui devient Grand domestique[3],[4].

Parmi les autres représentants de la famille, on peut citer Léon Vatatzès, qui combat les Hongrois sous Manuel Ier. Un sceau du XIIe siècle mentionne un patrice, hypatos et stratélate d'Occident, Bryenne Vatatzès. Un autre sceau entionne un Nicéphore Vatatzès, protoproèdre, vestarque, mégaduc et préteur de la mer Egée. Un Joseph Vatatzès, peut-être moine, est aussi connu par un sceau, tandis qu'un Basile Vatatzès est rapporté comme duc et anagrapheus d'une province sous l'empereur Théodore Ier Lascaris (1205-1221/1222)[4].

A la tête de l'Empire de Nicée[modifier | modifier le code]

Portrait de Jean III Vatatzès dans un manuscrit du XVe siècle.

Un autre Basile Vatatzès, particulièrement influent sous Isaac II Ange, devient domestique d'Occident et épouse une femme de la famille impériale. Il est possible que ce soit cette connexion qui explique que la Chronique de Morée nomme Isaac II Sakes-Vatatzès. Les historiens modernes considèrent généralement que Basile est le père de Jean III Doukas Vatatzès. Il aurait eu deux autre fils, le sébastocrator Isaac et un fils dont le nom est inconnu. Isaac a lui-même un fils, nommé Jean et une fille anonyme, qui épouse Constantin Stratégopoulos. Quant au troisième fils de Basile, il a une fille qui devient la femme du protovestiaire Alexis Raoul.

Né vers 1192, Jean Doukas Vatatzès épouse Irène, la fille de Théodore Ier Lascaris et lui succède sur le trône de l'Empire de Nicée, en dépit de l'opposition des frères de Théodore. Jean III se montre un dirigeant compétent, battant l'Empire latin de Constantinople à la bataille de Poimanenon, étendant son territoire en Europe. Il s'empare de Thessalonique en 1246. Réputé pour sa clémence et sa compétence, il est vénéré tel un saint après sa mort par les Grecs d'Asie Mineure. C'est son fils unique, Théodore II Lascaris (1254-1258) qui lui succède mais il préfère utiliser le nom de sa mère. Avec sa femme, Hélène de Bulgarie, il a cinq enfants. Théodore II meurt jeune et c'est son seul fils, Jean IV Lascaris qui lui succède alors qu'il est mineur. Michel VIII Paléologue s'impose comme régent mais en profite pour prendre le pouvoir pour lui seul après avoir repris Constantinople en 1261. Jean IV est aveuglé et isolé dans une forteresse isolée où il meurt après 1285.

Derniers membres connus[modifier | modifier le code]

Le dernier représentant important de la famille Vatatzès est Jean Vatatzès, qui occupe plusieurs hautes fonctions de 1333 à 1345. Un autre Jean Vatatzès est un propriétaire terrien à Césaropolis en 1320-1322. Un Constantin Vatatzès est mentionné comme archon à Ioannina en 1367, avant d'être banni par Thomas Preljubović. Un Basile Vatatzès, compositeur d'hymnes, vit au début du XVe siècle et un Théodore Vatatzès fait une donation à un monastère du Mont Athos en 1447. Jean Vatatzès est un autre auteur d'hymnes originaire de la Crète et protopsaltes à Candie en 1465. Un forgeron du nom de Frangiskos Vatatzès est connu par un testament de 1497 et, en 1563, le prêtre Constantin Vatatzès est mentionné. Le dernier représentant connu de cette famille est Vassilios Vatatzès, né en 1694 près de Contantinople et qui voyage à plusieurs reprises en Perse et en Russie, en tirant des récits de voyages.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Amantos 1951, p. 174.
  2. a et b Polemis 1968, p. 106.
  3. a et b Kazhdan 1991, p. 2154-2155.
  4. a et b Amantos 1951, p. 175.

Sources[modifier | modifier le code]

  • (el) Konstantinos Amantos, « Ἡ οἰκογένεια Βατάτζη », Επετηρίς Εταιρείας Βυζαντινών Σπουδών, vol. XI,‎ , p. 174-178
  • (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re éd., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208)
  • Demetrios I. Polemis, The Doukai: A Contribution to Byzantine Prosopography, Londres : The Athlone Press, (OCLC 299868377)
  • (de) Erich Trapp et alii, Prosopographisches Lexikon der Palaiologenzeit, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 1976-1995 (ISBN 3-7001-3003-1)
  • (el) Konstantinos Varzos, Η Γενεαλογία των Κομνηνών [« La généalogie des Komnenoi »], Thessalonique, Centre for Byzantine Studies, University of Thessaloniki,‎ .