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Environnement capacitant[modifier | modifier le code]

Un environnement capacitant permet aux personnes qui le fréquente de développer de nouvelles compétences et connaissances. Il met des ressources à leur disposition et leur permet de les utiliser. Il favorise l'autonomie des individus en élargissant leurs possibilités d’action, leur degré de contrôle sur leur tâche et sur la manière dont ils la réalisent[1]. Il privilégie l’apprentissage en situation en permettant de travailler sur les problèmes rencontrés, les événements, les imprévus pour leur donner du sens[2]. Ainsi, créer un environnement capacitant, c'est réfléchir à une organisation de l'espace et à des règles d'utilisation et de gouvernance, permettant aux personnes de réaliser un travail ou une tâche tout en en développant leurs compétences et leur potentiel d'action. L'autonomie et le développement cognitif ainsi acquis permettent l’extension du pouvoir d’agir des individus. Ce concept né de la recherche en ergonomie investit aujourd'hui les champs de recherche sur travail, la santé, l'éducation et la formation.

Origines[modifier | modifier le code]

Ce concept est né en 2005 de la réflexion de Pierre Falzon[3], chercheur en ergonomie constructive, au cours de son mandat en tant que président de l'Association Internationale d'Ergonomie.

Il trouve ses origines dans le cadre conceptuel de l'approche par capacités (AC) de l’économiste Amartya Sen[2], prix Nobel d'économie en 1998. Plus qu'une théorie économique, Amartya Sen propose une conceptualisation de la liberté. Sa théorie repose sur l’idée que l'Homme doit disposer de capabilités à distinguer des capacités. Les capacités relèvent du savoir-faire tandis que les capabilités du fait d'être en mesure de faire. Ainsi, les capabilités seraient l'ensemble des facteurs humains disponibles à un individu qu'il en fasse usage ou non. Elles s’appuient sur un ensemble de ressources mobilisables (internes et externes à l’individu) qui seront potentiellement converties pour permettre une réalisation concrète ou une conduite choisie.

Amartya Sen prend l'exemple du droit de vote pour lequel nous devrions parler de "capabilité de voter"[3]. Il ne suffit pas à l'individu de disposer du droit de vote pour le mettre en pratique. Il doit également avoir accès à l'éducation, au choix de partis politiques, à la liberté de parole et de presse et à une organisation efficace et équitable des élections. Chaque élément qui permet de transformer le droit de vote en capabilité est un facteur de conversion.

En outre, Amartya Sen et Mahub ul Haq, banquier et premier directeur du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ont créé le concept d'Indice de Développement Humain[3]. Ainsi de leur point de vue, l'objectif de base du développement est d'élargir le choix des personnes. La liberté réelle serait la possession de capabilités permettant à chacun de faire des choix dans tous les aspects de sa vie. Ainsi, en termes de politique publique, un environnement capacitant doit permettre aux personnes d'élargir leur champ des possibles.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Selon Pierre Falzon, l'environnement capacitant doit s'envisager selon trois points de vues[3]:

Du point de vue préventif, l'environnement ne doit pas être agressif ou délétère pour l'individu. Il doit préserver ses capacités d'actions en détectant et prévenant les risques et en éliminant l'exposition de l'individu aux toxiques.

Du point de vue universel, l'environnement doit tenir compte des différences inter-individuelles (caractéristiques anthropométriques, âge, sexe, culture, etc.) Il doit être accueillant quelque soit ces différences et même œuvrer à leur compensation. Il favorise l'inclusion, l'intégration et la reconnaissance sociale.

Du point de vue développemental, l'environnement doit permettre à l'individu d'apprendre et de se développer. Il favorise l'accroissement de son autonomie et le développement de ses savoirs, deux facteurs clés de l’extension du pouvoir d’agir.[2]

Ainsi, l'environnement capacitant propose un ensemble de conditions organisationnelles, techniques et sociales qui permet à l'individu de convertir ou de mettre en œuvre une capacité dans une situation donnée.

L'environnement capacitant ne se réduit pas à un espace. Il induit une organisation capacitante qui ne doit pas être figée mais mouvante. Cette organisation doit pouvoir être réfléchie par les individus et reconfigurée en permanence selon les besoins.

Applications[modifier | modifier le code]

Dans le champ du travail[modifier | modifier le code]

Nous pouvons définir un environnement de travail capacitant "comme un environnement qui met des ressources à disposition des individus et leur permet de les utiliser. Ainsi, il ne suffit pas, par exemple, de décréter des zones d’initiative dans le travail, encore faut-il que les jugements puissent être éclairés. Tout comme il ne suffit pas d’envoyer un individu en formation pour qu’il apprenne, encore faut-il préparer son retour et lui permettre d’utiliser ses acquis…"[4]

Un environnement capacitant au travail offre des opportunités de développement professionnel. L'augmentation des savoirs professionnels se réalise dans l'action elle-même, c'est à dire dans les conditions et la manière dont elle se déroule et dans la réflexion sur celle-ci. Un environnement capacitant favorise le pouvoir d'agir des travailleurs et leurs dispositions à apprendre en continu. Sa première qualité serait de ne pas être incapacitant.

Dans cet objectif, l'organisation du travail et le management mis en place doivent mettre à disposition des possibilités d'extension de ce pouvoir d'agir. Il s'agit de promouvoir des situations dans lesquelles il est possible d'apprendre.

Les contenus du travail confié doivent permettre à l'individu de varier ses tâches professionnelles et de se confronter à des situations inédites. Ce travail sur les situations rencontrées, les aléas, les imprévus permet de donner du sens.

Les modes d'organisation du travail doivent permettre le travail en équipe ou en groupes de travail, favoriser les binômes, le tutorat des nouveaux arrivants et encourager une rotation des responsabilités. L'ouverture vers l'extérieur est essentielle (visite d'entreprises clientes, de fournisseurs, etc.) afin de confronter les savoir-faire et de comprendre le rôle de chacun dans la chaîne.

La gestion des ressources humaines doit permettre l'accès au savoir en proposant des formations, un accès au marché interne du travail, des possibilités d'évolution.

L'individu développe ainsi des capacités en puisant dans toutes ces ressources proposées parfois même sans que cela n'ait été pensé en ce sens. Les pratiques d'entraide et d'échanges informels en sont une bonne illustration et favorise un apprentissage entre pairs. "Il est donc possible d’affirmer que le potentiel capacitant des environnements de travail ne réside pas uniquement dans des espaces organisés, mais également dans les espaces informels de l’organisation."[4]


Dans le champ de l'éducation[modifier | modifier le code]

Le CDI capacitant[modifier | modifier le code]

Du domaine professionnel, le concept d’environnement capacitant se diffuse dans le champ de l’éducation à partir de 2016-2017, notamment sous l’impulsion de plusieurs professeurs-documentalistes. C’est alors le centre de documentation et d’information (CDI) qui a vocation à devenir un environnement capacitant.

L’objectif est de donner la possibilité aux élèves d’exercer leurs compétences et d’en acquérir de nouvelles[5], en particulier des compétences psychosociales[6].

Il s’agit de multiplier les possibles au sein de l’espace CDI afin de développer leur motivation et leur envie d’apprendre. Mais il s’agit surtout de concevoir un environnement favorisant les « capabilités » en dépassant les freins et les blocages afin de leur donner la possibilité de se mettre en acte[7].

Les principaux leviers expérimentés pour y parvenir sont :

-         favoriser l’engagement des élèves en suscitant une culture participative encourageant l’implication, la responsabilisation et l’implication des élèves tout en les incitant à développer leur créativité[7].

-         De favoriser la confrontation avec les autres en multipliant les situations pouvant donner lieu à la coopération, le tutorat ou la médiation entre élèves[6].

  1. (en) Pierre Falzon, Ergonomics, knowledge development and the design of enabling environments », Humanizing Work and Work Environment HWWE’2005 Conference, 2005
  2. a b et c Solveig Fernagu Oudet, « Concevoir des environnements de travail capacitants : l’exemple d’un réseau réciproque d’échanges des savoirs », Formation emploi, 119,
  3. a b c et d « Falzon, Pierre. Le concept d'environnement capacitant, son origine et ses implications », sur YouTube.com,
  4. a et b Solveig Fernagu Oudet, « Chapitre 14. Favoriser un environnement « capacitant » dans les organisations. », in Étienne Bourgeois et al., Apprendre au travail, Presses Universitaires de France « Apprendre ». DOI 10.3917/puf.bourg.2012.01.0201,‎ , p. 201-213
  5. « Un environnement capacitant », sur RemixonsDoc, (consulté le )
  6. a et b odysseedLN, « Comment prendre en compte les pratiques adolescentes (aussi) dans l’espace CDI ? », sur L'odyssée d'Ln : je tisse m@ toile (consulté le )
  7. a et b « Libérer la créativité des élèves en les responsabilisant au sein du CDI (Traam 2016-2017) | Documentation », sur disciplines.ac-toulouse.fr (consulté le )