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L'université impériale allemande : la Kaiser-Wilhelms-Universität[modifier | modifier le code]

Les conséquences de la Guerre de 1870[modifier | modifier le code]
Guillaume Ier d'Allemagne dans la aula du Palais universitaire en 1886

En 1871, après la défaite de la France face à la coalition menée par la Prusse furent signés les traités de Versailles puis de Francfort qui confirmaient l’annexion de l’Alsace-Lorraine : Strasbourg redevint allemande. L’université en fut très affectée, une grande partie de l'élite de la région, que ce fût dans l'éducation, les affaires ou l'administration, quitta alors l'Alsace pour s’exiler en France. Entre décembre 1871 et janvier 1872, Paul Lobstein, professeur de dogmatique à la faculté de théologie protestante puis doyen en 1921, prend la plume et ressent le besoin de coucher sur papier son examen de conscience au moment où l'Alsace connaît un des tourments les plus importants de son histoire. Dans l'esquisse biographique qui lui est consacrée, Un Alsacien Idéal, il écrit : « L'annexion de L’Alsace est plus qu'un crime, c'est un sacrilège ; voilà pourquoi nous ressentons une blessure poignante qui saignera toujours et dont la brûlure nous fera toujours souffrir. (…) Voilà donc l'Alsacien, condamné par sa conscience à toujours souffrir, toujours être obligé par sa conscience à toujours protester.» Ainsi, en 1872, le gouvernement français de l'époque vota une loi constituant une nouvelle université dans la ville de Nancy, basée sur les facultés strasbourgeoises. Celles-ci furent officiellement transférées (faculté de médecine) ou réunies aux facultés déjà existantes (faculté de droit, des lettres et des sciences)[o 1], la majorité des enseignants strasbourgeois acceptèrent leur transfert à Nancy, refusant de devenir allemands[1]. De plus, le siège de Strasbourg qui eut lieu durant la guerre causa d’importants dégâts dans la cité. L’église du Temple Neuf fut détruite alors qu’elle abritait une bibliothèque exceptionnelle rassemblant plus de 300 000 volumes, dont au moins 3 446 manuscrits. Deux collections s'y distinguaient : la bibliothèque du séminaire protestant dont l'origine remontait au Gymnase d'une part et la bibliothèque municipale créée au XVIIIe siècle à partir de l'achat de la bibliothèque privée de l'historien strasbourgeois Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771) d'autre part.

Tenue d'étudiant de l'université allemande, fin du XIXe siècle (Musée historique de Strasbourg)
La reconstruction de l'université[modifier | modifier le code]

Dès son couronnement comme Empereur d'Allemagne (en 1871), Guillaume Ier lança un programme ambitieux pour la reconstruction de Strasbourg, voulant en faire la vitrine de son nouvel Empire. De grandes transformations affectèrent donc la ville. L’université fut refondée sous le nom de Kaiser-Wilhelms-Universität[2] et provisoirement installée au Palais des Rohan, locaux qu’elle allait partager avec la nouvelle bibliothèque qui prit le nom de Kaiserliche Universitäts und Landesbibliothek zu Strassburg(KULBS) (aujourd'hui bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg) par une déclaration officielle du 19 juin 1872. Le choc qui fut provoqué par la destruction de la bibliothèque protestante amena Karl August Barack, d'abord bibliothécaire des princes de Fürstenberg puis premier administrateur de la bibliothèque recréée, à lancer un appel aux dons dès le 30 octobre 1870 pour constituer de nouvelles collections. Cet appel eut un grand retentissement, les dons parvenant de tout l'Empire allemand et même d’au-delà : à elles seules les archives de l'État prussien à Königsberg fournirent 70 000 doublets à la bibliothèque. Le résultat fut qu'en 1873 la bibliothèque comptait déjà plus de 200 000 volumes et qu'elle fut pendant longtemps une des plus importantes bibliothèques universitaires et même la première mondiale entre 1909 et 1918[o 2]. Aujourd’hui elle est la seconde bibliothèque de France après la BNF et possède l’une des plus grandes et des plus riches collections d’ouvrages en langue allemande.

Les années qui suivirent la création de ces établissements vit fleurir à Strasbourg un nouveau quartier, la Neustadt appelé aussi quartier allemand. Celui-ci allait accueillir les nouveaux bâtiments de l’université. Le Kollegiengebäude (Palais Universitaire), construit entre 1879 et 1884 sous la direction de l'architecte Otto Warth, fut inauguré par l'empereur Guillaume Ier en 1884. Il constituait le pôle majeur de la nouvelle université strasbourgeoise ; dans son prolongement furent construits les huit bâtiments des instituts de la faculté des sciences (ainsi que le jardin botanique de l'université, l'observatoire astronomique et le musée zoologique). D’autres bâtiments furent construits dans la ville : le bâtiment de la faculté de médecine (derrière l'hôpital civil) et en 1895 le bâtiment de la Kaiserliche Universitäts und Landesbibliothek zu Strassburg situé place de la République (alors Kaiserplatz).

Le développment de l'université impériale[modifier | modifier le code]

La période allemande de l’université vit venir de grands professeurs et chercheurs dans la capitale du nouveau Reichsland Elsass-Lothringen ; après Gerhardt et ses travaux sur l'aspirine, ce fut Joseph von Mering qui synthétisa en 1893 une substance baptisée acétaminophène commercialisée bien plus tard sous le nom de paracétamol[3]. C'est aussi à Strasbourg qu'enseigna Wilhelm Conrad Röntgen qui reçut plus tard le prix Nobel de physique pour sa découverte des rayons X et que Ferdinand Braun passa 25 années de sa vie en étant directeur de l'« Institut de physique de Strasbourg », créé en 1895 puis Rektor (recteur) de l'université et cela jusqu'au début de la Première Guerre mondiale. Il y développa en 1897 un tube cathodique particulier, dit « tube de Braun ». Son invention mena rapidement au développement de l'oscilloscope qui plus tard permit de réaliser les tubes cathodiques des téléviseurs, puis des premiers écrans d'ordinateurs. En 1898, il se lança dans la transmission sans fil en travaillant et améliorant la portée des dispositifs radio conçus par Guglielmo Marconi. Pour ces travaux sur la télégraphie sans fil, il fut colauréat avec ce dernier du prix Nobel de physique en 1909[3]. La période allemande fut donc faste pour l'université, plusieurs disciplines qui font encore aujourd'hui sa réputation s'y développèrent comme la sismologie. C'est grâce au physicien allemand Ernst von Rebeur-Paschwitz arrivé à Strasbourg en 1892 que fut implantée une des premières stations sismiques modernes au monde. Ce dernier fabriqua à Potsdam en 1889 un appareil destiné à mesurer les vibrations qui enregistra des signaux correspondant à deux séismes, l'un au Japon et l'autre au Baloutchistan : ce fut la première fois que l'on enregistrait des séismes aussi éloignés et dont l'homme ne puisse en ressentir les effets. La station, créée en 1899 par vote du Reichstag (avec un budget de 30 000 marks) pris le nom de Kaiserliche Haupstation für Erdbebenforschung (Station séismologique centrale de l'empire allemand) et devint vite un centre mondial de la sismologie moderne accueillant les premiers congrès internationaux de sismologie[u 1].

Réf.[modifier | modifier le code]

  1. Histoire de l'université de Nancy, 1870 : l’héritage strasbourgeois consulté sur histoire.univ.nancy.free.fr le 24 septembre 2010
  2. La Kaiser-Wilhelms-Universität ou l’Université impériale de Strasbourg (1872-1918)
  3. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées célèbre
  1. Louis Liard, L'enseignement supérieur en France, t. 1, Paris, Armand Colin et Cie, 1888-1894, 532 p. consulté sur gallica.bnf.fr le 24 septembre 2010
  2. (en) Wenzel, Sarah G., National and University Library of Strasbourg. In : Stam, David H. (dir.). International Dictionary of Library histories. Vol 1. Londres : Fitzroy Dearborn Publishers, 2001, p. 460.