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Utilisateur:Racconish/JLT

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La présente page a pour objet de rapporter le point de vue de Jean-Louis Triaud, un spécialiste de l'histoire de l'islam et des sociétés musulmanes en Afrique saharienne et subsaharienne et de Ahmed Tijani en particulier, que j'ai consulté à propos d'une médiation en cours concernant ce sujet. Je remercie M. Triaud de ses contributions et précise que tout ce qui suit est de lui, ma propre contribution se limitant à la wikification.

Réponse générale[1]

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Plutôt que de vous donner une réponse définitive, j’ai préféré vous préparer un dossier qui explique notamment quel était le statut d’Aïn Madhi aux xviiie et xixe siècles[2].

Ma conclusion, qui est exprimée [ci-dessous], est assez proche de celle que vous évoquez : « Aïn Mahdi se trouvait à l'époque dans la mouvance de la Régence d'Alger, elle-même préfiguration, par-delà l'épisode colonial, de l'Algérie actuelle ».

Voici ce que je dirais pour ma part après ces vérifications :

Ain Madhi qui, sous la dépendance de Laghouat, constituait avec elle une entité politique autonome au xviiie siècle, se trouvait dans une zone de confins méridionaux et sahariens que le pouvoir ottoman, à partir d'Alger et d'Oran, s'est efforcé, à la fin du xviiie siècle et au xixe siècle, d'intégrer dans sa zone de contrôle. Aïn Madhi a été ainsi rattaché, à la suite de plusieurs interventions armées, au Vilayet d'Alger, nom officiel de la circonscription ottomane que les Européens de l'époque désignaient sous le nom de « Régence d'Alger », et qui constitue une préfiguration de l'Algérie actuelle.

Deux observations : il convient d'écrire Aïn Madhi ou Madi, jamais Mahdi, qui renvoie à une autre racine (celle du mahdisme : aucun rapport). D'autre part, je n'écrirais pas exactement : « par delà l'épisode colonial », trop ambigu, car celui-ci s'est inscrit - sur ce plan - dans une continuité et a contribué à consolider l'Algérie actuelle par des frontières fixes et une grande extension saharienne, que le vilayet ottoman n'avait jamais réalisée. Ce fut d'ailleurs plus qu'un « épisode ».

En regardant l’article Ahmed Tijani (il vaudrait mieux écrire "Ahmed al-Tijani"), j’ai remarqué le caractère assez hagiographique du texte, qui a visiblement été rédigé par un, ou plusieurs, disciples. Je cite et souligne :

  • « et éminent juriste malikite » ;
  • « Aujourd'hui la confrérie Tijani ou Tijane (prononcé en fonction de sa situation géographique ) est très largement répandue puisqu'on recense des adeptes par dizaines de millions à travers le globe, et ce jusqu'aux régions les plus reculés du monde en passant par l'Europe, le Moyen-Orient jusqu'à l’Extrême-Orient, l'Australie, l'Amérique du Nord et du Sud, et l'Afrique pour en être son berceau[réf. nécessaire]. Cette confrérie compte en son sein de très nombreuses personnalités politiques, artistiques, et autres de grande renommée[évasif][réf. nécessaire] ».

Il y a d'ailleurs les mises en garde de Wikipedia sur plusieurs de ces affirmations.

Wikipedia a aussi une entrée Tijanisme qu’il serait plus pertinent d’intituler Tijaniyya, c’est-à-dire en utilisant son nom et pas une adaptation francisée en –isme, même si cette dernière est utilisée.

Quant à la bibliographie de cet article, l’ouvrage que j’ai édité avec David Robinson est cité d’une manière non conforme aux normes et d’une façon approximative, sans date, ni nom d’éditeur[3].

Je souhaiterais aussi qu’on y ajoute: Jillali El Adnani, La Tijâniyya, 1781-1881: les origines d'une confrérie religieuse au Maghreb, Rabat, Marsam Editions, (ISBN 9954210849)

Sur le statut politique de ‘Ain Madhi au début du xixe siècle

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Dans ces confins sahariens, la structure politique traditionnelle est celle de pouvoirs locaux urbains indépendants, dirigés par des grandes familles, et encerclés par des tribus nomades, selon les cas amies ou hostiles. On peut parler de républiques sahariennes oligarchiques vivant de la culture des oasis et du passage des caravanes.

Toute cette zone pré-saharienne et saharienne, au sud-ouest de l’Algérie actuelle, a été l’objet de revendications marocaines périodiques. Avec l’arrivée des Turcs à Alger, le pouvoir ottoman, sans arriver, lui non plus, à contrôler effectivement la zone, a constitué un obstacle à toute expansion marocaine et s’est efforcé d’y étendre sa propre autorité.

Notre référence principale sur le sujet est Jillali El Adnani [un universitaire marocain], La Tijâniyya 1781-1881. Les origines d’une confrérie religieuse au Maghreb. Rabat, Marsam, 2007.

Sur les liens avec le Maroc

Selon tel récit local, rapporté par El Adnani (p. 41), le ksar d’Ain Madhi aurait été « fondé par un chérif marocain originaire de la tribu des Bni Tidjin... »

« La famille Za’mûn exerça une grande influence sur Ayn Mâdi... Installation des Awlad Za’mûn, originaires du Maroc, à Laghouat au XVIIe siècle » (p. 41)

Il est question « des attaques des sultans du Maroc Mawlay Isma’il (1672-1727) et Mawlay al-Yazid (1790-1792). Le premier imposa à Ayn Mâdi un tribut, le second rajouta un impôt sur chaque maison » (p. 43).

Il est aussi question d’échanges de courriers avec le sultan du Maroc et de remise de diplômes par celui-ci (p. 41).

Sur les thèses marocaines aujourd’hui

« Le Cheikh Tijani, né à Aïn Madi, qui faisait alors, partie d'une province marocaine... »[4].

Le terme de « province marocaine » est excessif. Il s’agit d’une zone de confins où le Maroc a essayé de s’implanter au xviiie siècle.

Sur l’action des Turcs

« Malgré son incursion dans les régions sahariennes, le pouvoir des Turcs était limité par des points de contrôle militaire éparpillés autour des grandes agglomérations alors que le reste du territoire était souvent indépendant ou rattaché de façon formelle au bey. Ces points de contrôle étaient souvent établis lors de l’envoi des expéditions militaires. [...] rapport de force basé sur le paiement d’une contribution d’allégeance. [...] Incapables de soumettre les territoires du Sud, les Turcs menaient une politique qui consistait à affaiblir les noyaux de pouvoir religieux et politique en créant des tensions internes et en les opposant les uns aux autres » (p. 43) - ce qui était en même temps le signe d’une certaine suzeraineté (JLT).

Alors que les troupes marocaines ne se sont plus manifestées à Ain Madhi au xixe siècle, les troupes ottomanes elles, ont multiplié les interventions.

Les citations qui suivent sont aussi celles de J. El Adnani. Pour relater ces interventions turques, ce dernier utilise un ouvrage en arabe : Ibn Hattal, Rihlat Muhammad al-Kabir bey al-gharb al-djazâ‘iri ilâ al-djânûb al-sahrâwi. [« Le voyage de Muhammad al-Kabr, bey de l’Ouest de l’Algérie en direction du Sud saharien »]Le Caire, 1969 - d’après les sources arabes d’époque. Ibn Hattal était lui-même un proche du pouvoir turc.

« Notre source sur les expéditions turques à ‘Ayn-Mâdî est l’ouvrage d’Ibn Hattâl qui dénombre les campagnes et nous éclaire sur leurs conséquences. Cet écrit prouve que la région du Sahara n’a jamais été soumise aux Turcs ; tout au plus était-elle limitée à la présence de l’armée turque qui rançonnait les ksour, comme ‘Ayn-Mâdî et les villes comme Laghouat. Aucun tribut n’était fixé d’une manière durable et les chefs des ksour payaient en argent et souvent en nature pour avoir la paix. Le paiement en nature était peut-être un moyen de manifester sa pauvreté devant des agresseurs sans scrupules. L. Galibert confirme qu’au cours de l’expédition du bey d’Oran Mustafa Pacha ‘Ayn Mâdi a été contraint de payer 17 000 boudjous [...] Lors de l’expédition du bey d’Oran, le ksar de ‘Ayn Mâdi n’avait payé qu’en denrées et avec quelques riyals boudjous. De fait, le tribut n’était jamais payé intégralement. Dans le cas où un tribut imposé n’était pas réglé immédiatement, l’expédition militaire Mhalla campait près de ‘Ayn Mâdi et attendait le solde du paiement [...] En 1199 H/1784, le bey d’Oran Muhammad al-Kabir s’empare de ‘Ayn Mâdi et lui impose un tribut de 188 riyâl » (pp. 53-54).

Il est encore question, dans les sources, d’une intervention turque armée en 1787.

El-Adnani montre, en outre, que, comme c’est le cas dans toutes les cités sahariennes, celle de ‘Ayn Mâdi est structurellement partagée entre deux çoffs hostiles. Les partisans d’Ahmed al-Tijani relèvent de l’un de ces deux çoffs. Le çoff hostile s’entend fréquemment avec les Turcs contre les Tijani. Dans cette situation difficile, pour échapper à ses adversaires locaux et à leurs alliés périodiques turcs, Ahmad al-Tijani quitte ‘Ayn Mâdi pour Fès, dont la mosquée Karaouine est alors une des métropoles du savoir islamique au Maghreb (l’autre étant la Zitouna de Tunis).

Conclusion, ‘Ayn Mâdi, très liée à Laghouat, cultivait jalousement son autonomie, comme beaucoup de cités sahariennes. Dans cette zone de confins, elle fut exposée à la concurrence entre le sultanat du Maroc, qui essayait depuis longtemps d’étendre son influence dans cette région. Cependant, le Maroc cessa, au XIXe siècle, d’envoyer des troupes pour soutenir ses revendications. Le pouvoir ottoman d’Alger et Oran, dans sa politique d’expansion difficile vers les régions du Sud, multipliait, lui, régulièrement l’envoi de troupes pour percevoir les impôts sous forme de tributs. ‘Ayn Mâdi fut ainsi l’objet de plusieurs attaques au cours du XIXe siècle. Ces relations étaient complexes car l’une des factions internes utilisait aussi, à l’occasion, le recours aux Turcs. Au cours du XIXe siècle, ‘Ayn Mâdi est donc entrée, de force, dans cette sphère d’influence lointaine et non permanente du vilayet ottoman.

Abd El-Kader et ‘Ayn Madhi (1838-1839)

On a souvent oublié que le héros de l’une des grandes résistances contre l’occupation française s’en était pris, lui aussi, à ‘Ayn Mâdi.

« ‘Abd al-Qader justifia son acte par son devoir de faire la guerre sainte contre les Français et dit que pour cela il avait besoin de soumettre le pays (non conquis [par les Français) à son autorité. Le saint de ‘Ayn Mâdi refusa de se soumettre à l’émir et le siège commença. Muhammad al-Sghir [un fils cadet d’Ahmed al-Tijani, qui défendait les intérêts des Tijanis de ‘Ayn Mâdi] répliqua à ‘Abd al-Qâder que c’était le pouvoir qu’il recherchait, non la volonté d’attaquer les Français ».

Le siège de ‘Ayn Mâdi dura huit mois, entrecoupé de négociations et de pressions dans les deux camps. Finalement, ‘Ayn Mâdi dut s’incliner devant une force plus grande. Un accord de paix fut signé qui prévoyait le versement par al-Saghir d’une forte contribution et son exil et celui de ses partisans hors de la ville ; « Le 2 décembre 1838, le siège fut levé et il ne resta bientôt du ksar qu’une qubba (coupole), et le cimetière de la famille des Tijanis. En effet, après son entrée dans le ksar, l’émir ‘Abd al-Qâder donna l’ordre de faire exploser la bombe qui allait le transformer en ruines » (p. 199).

La soumission de ‘Ayn Mâdi à la France eut lieu ensuite en 1852.

Le Maroc, qui soutint un temps ‘Abd al-Qâder avant de s’en défier, fut totalement absent de ces évènements et ne se préoccupa pas de soutenir ‘Ayn Mâdi.

Victime successive des Ottomans, puis de ‘Abd al-Qâder, avant d’être soumise à la France, ‘Ayn Mâdi avait perdu ses libertés et son destin avait définitivement basculé, à travers ces trois moments, du côté jaza’iri (algérien). Les revendications marocaines sont restées virtuelles.

Sans ignorer la notoriété de la zawiya tijani de Fès et ses liens privilégiés avec le sultan du Maroc, c’est en Algérie que la Tijaniyya connut sa plus grande expansion, autour de trois pôles : la zawiya de Aïn Madhi (reconstruit), celle de Tammasin (dont le cheikh Sidi Hajj 'Ali Tamasini, un grand disciple, fut le successeur désigné par Ahmed al-Tijani à la tête de sa confrérie, avec le principe d’une alternance entre la famille de sang, à Aïn Madhi, et celle du grand disciple, à Tammasin) , et celle de Guemar – Tammasin et Guemar se trouvant dans l’est algérien et essaimant en Tunisie et auprès du bey de Tunis. On trouve aussi des descendants d’Ahmed al-Tijani à Fès et Marrakech.

Nous avons donc affaire à une confrérie maghrébine, à une époque où les hommes de religion circulent d’un bord à l’autre du maghreb en se méfiant de tous les pouvoirs, mais en essayant aussi de se les concilier.

Algérie ottomane au xixe siècle : le vilayet d'Alger

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« Au xvie siècle, l'Algérie devint une province de l'Empire ottoman gouvernée par un dey, ses bey et ses janissaires. Au cours de l'occupation turque, qui dura de 1515 à 1830, l'Algérie bénéficia d’une grande autonomie, sous l’autorité d’un pouvoir militaire exercé par le dey et contrôlé par la milice des janissaires turcs.

Les Ottomans construisirent des fortifications tout le long du littoral et y installèrent des garnisons. Mais ils ne se limitèrent pas au contrôle du littoral méditerranéen, car ils disposèrent des postes militaires dans les hautes plaines du Sud. Ce sont les Ottomans qui délimitèrent le futur territoire algérien par des frontières précises avec la Tunisie et le Maroc. Salah Raïs, le beylerbey (« l'émir des émirs ») de la Régence d'Alger de 1552 à 1556, obligea les seigneurs de Touggourt et d'Ouargla à payer tribut pour leur protection. Il conquit le Sud grâce à l'aide des Béni-Abbès etc... »[5]. « Dey : Chef de la régence ou province de l'Algérie turque (1671-1830). Le dey a sous ses ordres les trois beys d'Oran, de Médéa et de Constantine. Janissaires : Milices ottomanes recrutées parmi les enfants enlevés aux peuples soumis » [6].

Le terme « Régence d’Alger » est un vieux terme. Dans l’acception de l’époque, le terme Régence s’applique à une autorité en l’absence ou à distance du pouvoir légitime. On a parlé, au xviie siècle, de Régence de Suède, de Régence d’Amsterdam etc...

Au sein de l’Empire ottoman, il y eut d’abord des circonscriptions régionales portant le nom d’eyalet, ou iyalet. Celle d’Alger en fut une. A partir des réformes de 1864, on parle de vilayet. Le chef de vilayet est un vali. Ce sont des termes turcs d’origine arabe, respectivement wilaya et wali.

L’entité politique et administrative dont nous parlons est donc le vilayet d’Alger (le nom de la capitale désignant aussi l’arrière pays qu’il contrôle). Les vali d’Alger sont désignés/élus par les troupes (janissaires). Istanbul ratifie ensuite. Compte tenu de la distance avec Istanbul, chaque vali jouit d’une certaine autonomie, constamment battue en brèche par le pouvoir central du sultan ottoman, qui exige de se faire rendre compte et essaie de maintenir son autorité.

L’appellation Régence d’Alger est celle des Européens de l’époque. Ce n’est pas le terme utilisé par le pouvoir local qui est « Vilayet Jaza’ir », ou Vilayet d’Alger. Il me semble que, sauf lorsqu’on considère le point de vue de la diplomatie des Européens en Méditerranée, les termes locaux devraient être préférés.

L’organisation politique de l'actuel territoire de l'Algérie aux xviiie et xixe siècles : deux cartes utiles

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  • Document de l’université Laval (Québec) montrant la sphère de contrôle du pouvoir ottoman d’Alger au xixe siècle. Aïn Madhi et Laghouat sont à peu près à la verticale d’Alger, à la limite des régions dites vassales, en tous cas dans une zone où des expéditions périodiques du pouvoir d’Alger venaient exiger le paiement des impôts[5].
  • « Carte de la Régence d'Alger et des Sultanats locaux au début du XVIIIe siècle »[7]. Cette seconde carte ci-dessous montre, en vert, la zone de pouvoir direct d’Alger et, ailleurs, des poches de couleur représentant des sultanats ou systèmes de pouvoirs locaux. Laghouat et la zone qui l’entoure (dont Aïn Madhi) est dans ce cas. Les Turcs n'avaient pas de colons. Ils n’avaient que des garnisons qui ne contrôlaient pas tout le territoire, en particulier dans le sud.

Remarques sur l'article Tijaniyya

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Résumé introductif

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Texte de l'article

La Tijaniyya est une confrérie soufie (zaouïa) algérienne4 fondée par Ahmed Tijani en 1782 (1196 de l'Hégire)5. La doctrine de cette voie est basée sur le Coran et la sunna de Mahomet. Elle est appelée Tarîqah Tijâniyya en arabe, ce qui peut être traduit par « la voie tijanite ».

Ses adeptes sont les tijanis, tidjanis, tijanes, tidianes, ou tidjanes. Le Cheikh fondateur est considéré comme le seul véritable maître. Toutefois, dans chaque contrée, on retrouve un guide local considéré comme le calife ou représentant de la tarîqa (voie tijanie).

Commentaire
  • Après tout ce qui a été dit, je ne trouve pas heureux de qualifier la Tijaniyya de "Confrérie algérienne". Je dirais plus volontiers : "une confrérie maghrébine", ou "une confrérie née sur le territoire de l'actuelle Algérie". Curieusement, cette affirmation sur une confrérie algérienne est appuyée par un renvoi numéroté 4 : "Charles André Julien, Les Africains, Éditions J.A,‎ 1977, 343 p. (lire en ligne [archive]), "Cette zawiya algérienne est alors dirigée par Abou Abdillahi Seyyidi Tahar Bou Taëb, un illustre compagnon du..."[?]". Or la zawiya algérienne dont il est question dans cet extrait est celle de Tlemcen et non de 'Aïn Madhi. D'autre part, il s'agit, non d'un texte de Charles-André Julien, qui était le directeur de l'édition collective, mais d'Alioune Traoré, et cette contribution d'Alioune Traoré concernait, non 'Aïn Madhi ou l'Algérie, mais Cheikh Hamahoullah, ou Hamallah, ce disciple subsaharien dont nous allons parler ci-dessous. Cette note 4 est donc aberrante, ou, au mieux, elle télescope plusieurs informations. Elle mériterait d'être supprimée carrément car elle ne permet pas de qualifier le statut territorial ou politique de 'Aïn Madhi.
  • D'autre part, confrérie ne se dit pas "zaouïa", mais tariqa, ce qui signifie "voie". C'est exactement ce qui est écrit ensuite. Il suffit de rapprocher les deux phrases. Par contre, une zaouïa (zawiya) est un établissement confrérique. Celui de 'Aïn Madhi fut la zaouïa mère, à partir de laquelle sont nées d'autres zaouïa au Maghreb et au-delà.
  • Enfin, l'auteur, ou les auteurs, oublie, à mon avis, de parler des particularités essentielles de cette voie :
    • Ahmad al-Tijani aurait rencontré le prophète Muhammad en vis-à-vis, à l’état de veille, et non en celui de sommeil. Et c'est ce dernier qui lui aurait transmis directement, et non par une longue chaîne de transmetteurs, la nouvelle voie.
    • Sa voie est présentée comme exclusive de toute autre affiliation et s’accompagne de promesses de salut à ses fidèles, jugées exorbitantes par ses adversaires.

Les grands successeurs

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Texte de l'article
  • cheikh sid tahar el tlemecen appelé l'homme de la grande baraka
  • Cheikh Sid Mouhamed Lakhdar qui a retrouvé Cherif Hamallah sur ordre de cheikh sid tahar et de cheikh ahamad tidjane
Commentaire

Il y a eu visiblement une intervention d'un hamalliste subsaharien, c'est-à-dire d'un adepte de la branche subsaharienne particulière (et minoritaire) initiée par Cheikh Hamallah.

Tout d'abord, il convient d'écrire Tlemcen correctement. Ensuite, cette histoire qui remonterait au cheikh de la zaoïa de Tlemcen, qu'il conviendrait donc d'appeler Sid Tahar al-Tilimsani, ou de Tlemcen, est fortement remise en cause aujourd'hui (Elle repose sur une thèse qui date de près de 40 ans). Enfin, le nom de Cheikh Hamallah s'écrit habituellement : Cheikh Ahmedou Hamahoullah (ou, sous la forme abrégée courante : Hamallah).

Bref, on peut citer Cheikh Hamallah comme une des figures subsahariennes notables de la Tijaniyya subsahrienne, mais tout ce qui l'accompagne ici ("Cheikh Sid Mouhamed Lakhdar qui a retrouvé Cherif Hamallah sur ordre de cheikh sid tahar et de cheikh ahamad [sic] tidjane") est dépassé. La prudence s'impose et le silence est préférable aux compilations caduques (et, d'ailleurs, non sourcées).

Texte de l'article

D'après les autorités coloniales françaises, Cheikh Hamahoullah est décédé le 16 janvier 1943 à 16 h 30 d'une cardiopathie.(Sur sa tombe à Montluçon il est écrit 19 janvier 1943) Il a été selon les mêmes sources inhumé dans une tombe individuelle et non dans une fosse commune au cimetière de l'est à Montluçon.

Toutefois aucun document officiel émanent des autorités médicales n'attestent ce décès. D'ailleurs le nom figurant sur l'acte de décès établi par la mairie est différent de celui du Cheikh de la Tidjaniyya. Où est le Chérif de Nioro ? Dans l'océan mystérieux de son créateur. L'esclave Hamahoullahou se trouve quelque part dans le secret du bon Dieu. Sa mort n'est pas admis par les Tidjannes et son rétour est attendu...

Le décès du maître de Nioro n'a été porté à la connaissance des Africains que le 7 juin 1945. Il a été confirmé par une déclaration du sénateur Amadou Doucouré, du Soudan français, publiée dans Paris-Dakar du 7 août 1947. (Amadou Doucouré, n'a pu se baser sur aucun document administratif digne de foi pour distiller de telles informations).

Commentaire

Une partie des adeptes hamallistes (mais pas tous) a refusé de considérer que Cheikh Hamallah était décédé et cette polémique est donc reproduite ici sous forme de contre-arguments. Il suffirait de dire précisément qu’une partie des adeptes a refusé de croire à cette mort et a imaginé un départ du Cheikh dans un monde surnaturel, avant son retour attendu parmi les siens (On pense à l’imam caché des Chiites duodécimains, bien qu’il n’y ait aucun rapport avec eux), et cela sans entrer dans les détails ni les argumentaires. Dans ces affaires de foi et de mythe, il n'y a pas de place pour les arguments rationnels.

Cheikh Hamallah est bien décédé à l'hôpital de Montluçon en 1943. On a son acte de décès (même s'il semble y avoir des disparités minimes sur le jour entre un document et un autre). Sa tombe au cimetière de Montluçon ne cesse d'être visitée par des adeptes subsahariens.

On peut aussi noter que la phrase : « Le décès du maître de Nioro n'a été porté à la connaissance des Africains que le 7 juin 1945. Il a été confirmé par une déclaration du sénateur Amadou Doucouré, du Soudan français, publiée dans Paris-Dakar du 7 août 1947 » est directement recopiée, et donc plagiée, de la contribution d'Alioune Traoré dont j'ai parlé ci-dessus (Aliuone Traoré, "Cheih Hamahoullah", dans Charles-André Julien et al. (dir..), Les Africains, tome 9, 1978, p. 106) et qui, cette fois, n'est ni sourcée ni référencée. Là, elle aurait eu sa place ! Quant à la parenthèse qui suit : « (Amadou Doucouré n'a pu etc...) », elle est évidemment de la main d'un adepte qui conteste cette citation.

Notes et références

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  1. Intertitre de Racconish
  2. Réorganisé par Racconish sous la forme des sections suivantes
  3. Corrigé par Racconish
  4. Abdelaziz Benabdallah, « Lutte de la famille de Sidi Ahmed Tijani contre le colonialisme », Abdelaziz Benabdallah
  5. a et b « Algérie: Données historiques et conséquences linguistiques », Université de Laval
  6. « Lexique », Université de Laval
  7. File:Kabylestatesp.png (travail personnel de Kabyle20 d’après les sources d’époque consultées).

Crédit d'auteur: Jean-Louis Triaud, décembre 2014, sauf l'introduction, les notes 1, 2, 3 ... et les coquilles.