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André Fiol est un artiste peintre (action-painting, expressionnisme) né le 3 février 1915 à Vienne (France) et mort le 26 décembre 1999 à Vienne (France).

Préface[modifier | modifier le code]

"C’est toujours un grand moment dans la vie d’un passionné de peinture de découvrir un artiste sincère que les circonstances ont fait tomber injustement dans l’oubli… Ainsi, en quête permanente de ces peintres oubliés, Patrick PONS découvre le travail d’André FIOL (1915-1999), peintre céramiste majeur de la scène artistique du XXème siècle, et avec l’enthousiasme qui le caractérise, débute le travail de recherche.

Et peu à peu, l’histoire de l’artiste va se mettre en place.

Né à Vienne, mais d’origine espagnole, il s’inscrit aux beaux-arts de Lyon en 1929, à l’âge de 14 ans, et en ressort à l’âge de 17 ans, après avoir reçu de nombreuses récompenses, dont pas moins de trois fois le premier prix. Il obtient brillamment son diplôme en 1932. Il sera ensuite appelé à combattre : d’abord militaire puis combattant de guerre, il sera fait prisonnier en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

A Vienne, il peint plusieurs murs entre 1933 et 1935, dont les œuvres ont aujourd’hui disparu. On peut citer comme lieux emblématiques l’institution Robin, les murs de la place du Jeu de Paume ou encore la montée Bon Accueil. Il réalise également l’affiche de la première foire internationale de Vienne et est sollicité à de nombreuses reprises par les étudiants de Lyon qui lui confiaient la réalisation de l’affiche de leur bal de promotion.

C’est avec sa femme qu’il ouvre une galerie dans laquelle il exposera au début des années 50 des artistes comme Max Schoendoff ,Edouard Chapotat, Pierre Charbonnier ou encore Sabine Hetnerr. Il montre également en permanence des œuvres personnelles. Elles seront peu comprises bien qu’en 1948, un article de la Tribune de Vienne définit déjà l’artiste comme d’« avant-garde » dont le travail est la preuve d’une « magnifique maitrise »… Artiste calme et très réservé, André Fiol se tenait loin de la vie artistique de ses compagnons de classe (groupe « Témoignage »), ce qui ne l’empêchait pas d’être un grand admiratif du travail de Picasso (il fait souvent le trajet jusqu’à Vallauris pour admirer les œuvres de l’artiste). Jusqu'à ce jour où le journaliste Jean-Yves Lemaire le redécouvre et organise une rétrospective à la salle Léty de Vienne, en novembre 1984, sous le titre « Les 40 ans de peintures d'André Fiol ». On y découvre alors l’esprit d’une recherche constante vers l’authenticité. Fiol donne toute sa démesure pour faire une œuvre d’art ; André Breton ne disait-il pas «la beauté sera convulsive ou ne sera pas » ? Artiste original et attachant, d’une grande sensibilité, il oriente son travail sur la voie de l’abstraction et de l’action painting ; il montre sa mesure dans les grandes compositions très colorées où les lignes et les couleurs serpentent en spirales ; les cercles et les traits ne sont jamais définis, laissant au spectateur la liberté de comprendre et de compléter l’œuvre. Le génie de son travail réside naturellement dans cette modestie qui le caractérisait mais surtout dans la capacité qu’il avait à faire virevolter les styles et les techniques, inspirés par l’expressionisme mais surtout non conventionnels". Patrick PONS, auteur du livre "André Fiol : Le talent inconscient"

Biographie[modifier | modifier le code]

1915  André Fiol nait le 3 février à Vienne (Isère) de père espagnol né à Soler (Espagne).

Photo de la classe de Régis Deygas à l’école des Beaux-arts de Lyon, 1930-31 1. Jean le Moal 2. Jean Bertholle 3. Etienne Martin 4. André Fiol 5. Régis Deygas (professeur) 6. Edouard Chapotat

1929 Il s’inscrit aux Beaux Art de Lyon à l'âge de 14 ans dans la classe d'Auguste Morisot et Régis Deygas, en compagnie des futurs grands artistes que seront Jean Bertholle, Etienne Martin, Jean Le Moal et Edouard Chapotat.

Fichier:Autoportrait Fiol.jpg
Autoportrait à l’âge de 15 ans. De grands yeux qui questionnent, le nez droit, un front réfléchi sous une épaisse tignasse entourée de grandes oreilles attentives à la vie ; tout semble grand chez Fiol jusqu'à son talent. Mais lui ne le sait pas.

1933-1935 Il réalise des peintures sur les murs viennois à l’institution Robin, à la place du Jeu de Paume ou à la montée du Bon Accueil.

1937 Illustration dans le livre " Vienne en France " de Jean d'Auvergne.

1937-1938 Il part en Espagne, le pays de son père, participer au combat révolutionnaire afin de lutter contre les troupes fascistes, en compagnie des Brigades Internationales.

1939  Il effectue son service militaire. A la fin de l’année 1939, il se cache pour échapper au S.T.O. mais il est fait prisonnier et est envoyé en Allemagne au Stalag 2B, puis chez un officier allemand. Il y peindra un nombre important de portraits de militaires allemands lui permettant d’améliorer son ordinaire (Dixit Madeleine Fiol)

1946  À l’âge de 31 ans, il épouse Renée Ginet, fille de commerçants viennois. Renée Ginet s’entend très bien avec sa belle-sœur, Madeleine Fiol, femme de René Fiol. Tous les quatre partaient tous les étés en vacances à Nice et parfois en Espagne, campant dans leur voiture respective. 1947 André et Renée ouvrent la galerie d'art "DECOR", place du Palais à Vienne. Le 2 mars, sont présentes quelques unes de ses peintures les plus récentes et sont exposées les poteries du grand céramiste Jean-Marie Paquaud dont Fiol sera l’élève. Il y rencontre Anne Dangar, célèbre élève d’André Lhote, dont les céramiques sont aujourd’hui présentées dans les plus grands musées.

Inauguration de la galerie « Décor » en 1947

1948 En juillet, il participe à une exposition artistique se déroulant dans la Salle des Fêtes de Vienne. Il se classe dans la catégorie "peintures".

"Monsieur Fiol est un peintre d'avant-garde ; ceci n'est pas toujours goûté ; mais ses dessins, ses études de nus sont la preuve d'une magnifique maîtrise" Tribune de Vienne, 18 juillet 1948.

1971 Le couple quitte Vienne et s’installe à Bordeaux où il ouvre un magasin d’articles d’art.

1980 Retour à Vienne.

1984  Rétrospective à la salle Léty, rue du Musée à Vienne, organisée par le critique d'art  Jean-Yves Lemaire. C’est l’occasion de montrer les quarante années de peinture d’André Fiol, qui n’avait jusque là jamais vraiment montré son travail. Les viennois découvrent un peintre de talent.

1999  Le 26 décembre, le peintre s’éteint dans sa ville natale à l’âge de 84 ans.

2010  Il est redécouvert et exposé à la galerie Chantal et Patrick Pons à Lyon.

Oeuvres[modifier | modifier le code]

Fichier:Huile sur toile, Fiol.jpg
Huile sur toile. Signé en bas à droite, daté 1937. 127x71 cm L

Huile sur toile, datée 1937 : L’atmosphère lourde d’un été rougeoyant, l’ombre d’un nuage immobile abritent un passant tandis que le fauve des roches déchirées reflète sa couleur sur les façades silencieuses, et les nuages eux mêmes, amas de marbre blanc, semblent suspendus au bon vouloir d’une brise opportune. Mondrian semble avoir invité Fiol dans une filiation artistique.

Tout juste âgé de 14 ans lorsqu'il rentre à l'école des Beaux-Arts, c'est à l'âge de dix-sept ans, maitrisant désormais sans conteste son pinceau, qu'il trouve en la peinture une voie professionnelle.

Ses œuvres traduisent des inspirations fauvistes, cubistes et c'est sans aucun doute qu'on sent, peu à peu, en lui le désir de s'émanciper vers un style artistique qui lui sera propre et qu'il ne cessera de faire évoluer tout au long de sa vie, quitte à revisiter parfois ses œuvres de jeunesse, comme si une insatisfaction perpétuelle le hantait.

En plus de s'émanciper d'un courant classique, dans lequel il a très vite compris qu'il ne se complairait pas, la force de son œuvre réside dans le seul fait d'avoir l'âme d'artiste jusqu'au plus profond de lui, jusqu'au plus profond de la guerre aussi.

Car, comme de nombreux hommes et femmes, à la fin de l'année 1939, il est fait prisonnier et est envoyé en Allemagne, après avoir tenté en vain de s'échapper au Service de Travail Obligatoire. Logé au sein du Stalag IIB, dans des conditions que l'on ne peut imaginer que difficiles, il fut ensuite envoyé chez un officier allemand. Et c'est loin de ses parents et de son frère dont il était proche, qu'il trouvera le courage de peindre un nombre important de portraits de militaires allemands, ceci lui permettant alors d'améliorer son quotidien et de laisser sa pensée s'évader.

Fichier:Vierge, Fiol.jpg
Vierge peinte au stalag II E et envoyée à son père, André Fiol. Huile sur papier. Signé en bas à droite. 68x49 cm

Il est étonnant ici de trouver une œuvre religieuse réalisée pendant l'internement dans les camps, qui plus est, quand cette œuvre représente la Vierge et qu'elle a été envoyée à son père, tel un message d'espérance. Bien que ce sujet soit des plus classiques, la représentation est à rattacher à un mouvement post cubiste, absente encore d'abstraction mais proche de certains traits picaresques qu'il aimait tant. Malgré une représentation stylistique personnelle, on retrouve des éléments caractéristiques des représentations de la Vierge tels que la couleur bleue, symbole de pureté et l'auréole, similaire à un soleil, est bien présente dans des couleurs or qui lui sont typiques.

Et lorsque Fiol est fait "prisonnier", son corps pouvant s'échapper, son esprit lui, le fait avec aisance par le biais de son art qui lui est si cher pendant cette période. C'est en effet à partir de cette époque qu'il va mettre en œuvre la technique du driping dans ses tableaux, comme pour rejeter ce qu'il vit et pousser un cri de détresse. Il ne le sait encore (et peut-être le niera t-il toute sa vie) mais sa technique est révolutionnaire, bien que Pollock ne l'ait mise en place.

Fiol éclabousse sa toile détruisant chaque couche du tableau pour en créer une autre : il s'immerge entièrement dans son œuvre sans être vraiment conscient de ce qu'il fait, sur un mouvement qui, plus tard, deviendra une danse de couleurs contrôlée.

Fichier:Huile sur papier, Fiol.jpg
Verso. Huile sur papier. Non signé, daté 1941-1945 dans les camps. 51x71 cm « Stalag II E FIOL  A N°6655 Destinataire Fiol André (son père) 2 rue du Théâtre, Vienne Isère France »
Fichier:Sac de pommes de terre, Fiol.jpg
Huile sur toile (sac de pommes de terre). Signé en bas à droite, daté 1942. 99x92 cm

En 1950, William de Kooning peindra Woman, aujourd'hui au Museum of Modern Art de New York. André Fiol nous livre ici un portrait de femme dans la grande lignée des expressionnistes américains, sans influence aucune. Son art révèle à nos yeux dans toute la splendeur et l'humilité que sera son œuvre empreinte d'un expressionnisme venu du plus profond de son être.

Fichier:Tête à la joue rouge, Fiol.jpg
Tête à la joue rouge. Signé en bas à droite, daté 1947. Huile sur papier. 45x54 cm Portrait de Renée Fiol,  exposé à la rétrospective de 1984 sous le numéro 24 au prix de 1500 F.
Fichier:Huile sur toile, 1949 Fiol.jpg
Huile sur toile.  Signé en bas à gauche, daté 1949. 79x67 cm Abstraction et début du drip painting
Fichier:Labyrinthe, Fiol.jpg
« Labyrinthe ». Huile sur toile. Signé en bas à gauche, non daté. 144x111 cm

Nous remarquons ici dans une œuvre datant très probablement de la fin des années 40 début 50, une étonnante proximité plastique avec les œuvres de Jackson Pollock. Qu’il est risqué de comparer deux artistes, mais ces deux là semblent sortir du même ventre ; l’un est né en 1912 à Cody (USA), le second à Vienne (France). Tous deux entrent en 1929 dans une école des Beaux Arts, et tous deux débutent par la peinture murale : une façon d’intégrer l’artiste à la vie de la cité.

Fichier:Huile sur toile 2, 1949, Fiol.jpg
Huile sur toile. Non signé, daté 1949. 127x71 cm

A l’instar de Jackson Pollock qui fut évidemment influencé par Mark Tobey, André Fiol intègre ici a dessein, le dessin de Picasso, la réussite, le magnifique et l’émotion sont tels devant cette œuvre, qu’elle semble être une déclaration d’amour pour l’œuvre de son maitre.

Fichier:Huile sur toile, 1957, Fiol.jpg
Huile sur toile. Signé en bas à droite et daté 1957. 72x79 cm


Sources[modifier | modifier le code]

Toutes les informations sur la vie et l’œuvre de cet artiste ont été rassemblées grâce aux témoignages de la famille d'André Fiol, ainsi que par des recherches effectuées notamment aux archives des Beaux Arts de Lyon, aux archives municipales de Vienne (articles du journal Le Dauphiné Libéré)

Tous ces éléments ont été retranscrits dans un ouvrage écrit par Patrick Pons, marchand de tableaux lyonnais. L'ouvrage est intitulé "André Fiol : Le talent inconscient", duquel sont tirées les informations de cette page.