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Utilisateur:Pascal1712/Brouillon

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Pascal1712/Brouillon
Armes de la famille Du Croc

D'or, à deux fasces de sinople

Couronne de marquis. Supports: deux lions.

Philibert du Croc, né vers et mort en , est un diplomate français de la Renaissance.

Issu d'une famille noble d'Auvergne, il est un homme de Cour et diplomate associé de près aux intérêts de la maison de Guise. Il occupe les fonctions d'ambassadeur de France en Ecosse en 1566-1567 et en 1572.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Philibert Du Croc tient son nom du fief du Croc, actuellement le Cros, seigneurie à côté de la ville de Thiers en Auvergne. Il est le fils aîné de Gilbert du Croc, qui s'est illustré dans les armées royales, notamment lors de la campagne de Naples de 1528, où il mourut. Sa mère est Philippe de Sailhans, d’une illustre et ancienne maison d’Auvergne.[1]

La date de naissance de Philibert n'est pas connue exactement, mais elle est située aux environs de 1515. Il aurait commencé l’exercice des armes dès 1527 et serait rentré à la cour du roi vers 1540-1542.[2] Il épousa en 1542 Renée de Malvoisin[3].

Homme de Cour et diplomate[modifier | modifier le code]

Le 25 juillet 1544, Philibert du Croc est nommé échanson du Dauphin, duc de Bretagne[4], qui deviendra roi de France sous le nom d' Henri II en 1547. Il effectuera pendant cette période de nombreux voyages en tant qu’envoyé du roi, notamment en Angleterre, au Piémont, en Ecosse, en Flandres, à Calais et à Boulogne. En 1558, il est invité par François de Lorraine à participer aux conférences de Cercamp qui devaient aboutir aux traités du Cateau-Cambrésis. En 1559, après la mort du roi Henri II, remplacé sur le trône par son fils, François II, du Croc est chargé de porter à Edimbourg des lettres du roi et de Marie Stuart, son épouse, à la Régente d'Ecosse, Marie de Lorraine-Guise, mère de la jeune reine, pour lui annoncer l’arrivée de troupes françaises envoyées à son secours contre les protestants insurgés[5].

Puis, le 12 novembre 1559, Philibert est nommé échanson de la reine de France, Marie Stuart[6]. Il sert la reine jusqu'à ce qu'elle retourne en Ecosse en août 1561, après le décès de son époux François II, auquel succède son jeune frère Charles IX, avec Catherine de Médicis déclarée régente. Du Croc continue alors ses diverses missions diplomatiques pour la couronne de France. Il est envoyé en Ecosse en février 1563 par la reine-mère pour annoncer à Marie Stuart l’assassinat de son oncle, le duc François de Guise[7]. Il est encore en Ecosse en mai 1563, lors des discussions sans succès avec Marie Stuart sur un projet de mariage avec l’archiduc Charles II d'Autriche, fils de l’empereur Ferdinand Ier.

Ambassade en Ecosse: 1565-1567[modifier | modifier le code]

Du Croc était désormais maître d’hôtel et conseiller ordinaire du roi, lorsqu’en 1565 il reçut le titre d’ambassadeur auprès de Marie Stuart[8]. Il rendit compte à Paris des évènements graves d’Ecosse, autour de l’assassinat de David Riccio, secrétaire de la reine le 5 mars 1566, avec la complicité de Lord Darnley, le roi-consort. Après la naissance le 19 juin 1566 du futur Jacques VI et Ier, fils de Marie Stuart et de Lord Darnley, Du Croc œuvra sans succès pour la réconciliation des époux royaux[9]. Le 17 décembre 1566, il participa à Stirling au baptême de l’enfant royal, qu’il porta de sa chambre à la chapelle en compagnie du comte de Brienne, que le roi Charles IX avait envoyé pour le représenter comme parrain[10].

C’est encore Philibert Du Croc qui annonça au roi de France l’assassinat le 10 février 1567 de Lord Darnley[11] et suivit en tant qu’ambassadeur de France les évènements déplorables qui se succédèrent cette même année: le mariage de Marie Stuart avec Lord Bothwell, la crise politique entre la reine et les seigneurs écossais qui se transforma en hostilités ouvertement déclarées, et enfin la reddition de la reine aux seigneurs rebelles qui l’emprisonnèrent. Du Croc tenta jusqu'au bout de jouer les conciliateurs et sollicita aussi vainement l’autorisation de rendre visite à la reine prisonnière. Il quitta l’Ecosse début juillet 1567, jugeant sa présence désormais inutile[12].

Missions royales: 1567-1572[modifier | modifier le code]

Revenu en France, Philibert Du Croc continua à servir la couronne pendant cette période troublée de guerre de religion. Le roi lui prescrit en octobre 1568 de retourner en Auvergne pour aider au maintien de cette province dans la fidélité royale[13]. Philibert eut sans doute d’innombrables missions de négociateur en relation avec les affaires protestantes[14]. Parmi celles-ci, il se rendit début 1570 à La Rochelle, centre du parti protestant, afin d’y calmer les esprits des habitants après leur soumission[15]. En août de cette même année, il est chargé de négocier pour Charles IX un emprunt auprès de notables parisiens. Fin 1571, au moment où Catherine de Medicis se rapproche pour quelques mois du parti protestant, il est envoyé auprès des ducs Henri de Guise et Claude d’Aumale et du marquis du Maine pour leur signifier qu’ils doivent s’abstenir de venir à la Cour en trop nombreuse compagnie[13].

Ambassade en Ecosse: 1572[modifier | modifier le code]

Philibert Du Croc fut créé chevalier des ordres du roi[16] et envoyé de nouveau comme ambassadeur en Ecosse par Charles IX en 1572. Le roi de France lui donna pour instruction d’œuvrer à l’arrêt des combats et la réconciliation entre les deux partis opposés dans la guerre civile d’Ecosse. Il avait aussi pour mission de rendre visite à Marie Stuart, qui était alors gardée prisonnière au château de Sheffield en Angleterre et de requérir auprès d'Élisabeth Ire sa libération et son départ vers la France[17]. Du Croc, quitta la France fin février 1572 pour l’Ecosse via l’Angleterre. Il plaida auprès de la reine Elisabeth et en compagnie de l’ambassadeur de France en Angleterre, Bertrand de Salignac de Lamothe Fénelon, la libération de Marie Stuart. La reine d’Angleterre n’était pas disposée à autoriser Du Croc à voir Marie Stuart, ni à la renvoyer en France, d’autant moins qu’une lettre chiffrée avait été interceptée peu de temps auparavant par les agents d’Elisabeth. Dans cette lettre adressée au duc D’Albe, Marie Stuart demandait l’appui du roi d’Espagne[18]. Du Croc dut attendre en Angleterre jusqu’à mai 1572, après la signature du traité d’alliance entre la France et l’Angleterre le 19 avril, pour que la reine Elisabeth accepte de le laisser continuer son voyage vers l’Ecosse pour sa mission de pacification[19].

Du Croc trouva en Ecosse la situation du siège dans Edimbourg des seigneurs partisans de Marie Stuart par leurs adversaires du parti de la régence, soutenus par l’Angleterre. Il fut bien reçu par les 2 parties, mais ne put obtenir leur accord pour une suspension des hostilités. Ce n’est qu’après que la reine d’Angleterre et le roi de France aient conjointement demandé une trêve de 2 mois, qu’elle fut signée par les 2 parties en Ecosse le 30 juillet 1572. Elle prévoyait de réunir au plus tôt les Etats du royaume pour traiter de la paix générale. Du Croc reçu aussi l’ordre formel du roi de France d’appliquer l’accord de trêve en faisant sortir d’Edimbourg les soldats français qui s’y trouvait. La cour de France était aveuglée par son rêve d’alliance et de mariage entre la reine d’Angleterre et le duc d'Anjou et ne réalisait pas que la trêve ruinait la cause de Marie Stuart en désarmant ses défenseurs et réduisait l’influence de la France en mettant les destinés de l'Ecosse entre les mains du parti anglais[20]. Ensuite, à la nouvelle des graves évènements en France des massacres de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), la reine d’Angleterre décida de tirer partie de la situation pour envoyer en Ecosse Henry Killigrew le 7 septembre 1572 avec pour mission de promettre secrètement au parti de la régence les plus grands avantages si ces seigneurs la débarrassaient de Marie Stuart. Killigrew reçut aussi pour instruction de profiter de l’horreur qu’inspirait les crimes de la Saint-Barthélemy pour animer les esprits des écossais contre la France. Du Croc ne semble pas avoir soupçonné la mission secrète de Killigrew, qui échoua en raison du refus du régent Mar[21].

Une autre manœuvre fut tentée à la même époque par Elisabeth qui échoua cette fois par l’influence de Du Croc. La reine Elisabeth offrit au comte de Morton 300 000 ducats pour lui livrer le roi d’Ecosse, James Ier, alors âgé de 6 ans, mais Du Croc réussit à détourner Morton de cette proposition[21]. Marie Stuart fit parvenir à du Croc une lettre chiffrée où elle lui demandait d’appuyer sa cause auprès de la cour de France. Après avoir transmis cette lettre au roi de France, Du Croc reçu de lui l’instruction datée du 7 septembre de respecter tous les traités antérieurs avec les Ecossais mais aussi celui dernièrement signé avec la reine d’Angleterre[22]. La trêve fut prolongée de 2 mois et l’assemblée de la noblesse se préparait pour traiter de la paix. Du Croc crut sa mission accomplie et quitta l’Ecosse début octobre 1572 pour retourner en France[23]. L’accord de trêve entre les 2 partis rivaux d’Ecosse ne dura pas. Le comte de Morton, qui succéda dans la régence en Ecosse au comte de Mar le 28 octobre 1572, était la créature d’Elisabeth. Le parti de Marie Stuart ne put résister au parti du régent soutenu militairement par l'Angleterre et Edimbourg tomba en avril 1573 sans recevoir les secours promis par la France[16].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Philibert du Croc ne revint plus jamais en Ecosse. Il offrit à Marie Stuart en 1578 ses bons offices par l’intermédiaire de l’archevêque de Glasgow. Mais celle-ci avait conçu un vif ressentiment de l’imprudente politique et de la conduite de la France et en faisait retomber une partie sur son ancien ambassadeur, Du Croc[16]. Il se vit donc opposer le refus de Marie Stuart en ces termes: «Je trouve fort bon ce que vous avez dict a Du Croq pour son voyage; car je ne m’y veulx, en façon que ce soit, fyer; la preuve que j’en ay faicte m’ayant cousté trop cher par le passé.»[24]

Philibert Du Croc se retira dans ses terres d’Auvergnes mais il sut encore se montrer utile comme en 1583 quand il est chargé par le gouverneur d'Auvergne, d’apaiser un conflit entre plusieurs gentilhommes[25]. En avril 1585, lors des troubles de la Ligue, Henri III lui écrit pour faire appel à sa fidélité et empêcher sur ses terres toute action préjudiciable à la couronne[26]. Le 20 juin 1585, le duc de Montpensier le remercie des bons offices que les habitants de Thiers ont souvent reçu de lui et de son fils et le prie de bien vouloir les continuer à l’avenir[26]. Philibert Du Croc fit son testament de 2 mai 1587 et meurt peu après, la même année que Marie Stuart.


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Paulen 1996, p. 10
  2. Destray 1924, p. 12
  3. Sandret 1869, p. 385
  4. Destray 1924, p. 31
  5. Paulen 1997, p. 3
  6. Destray 1924, p. 36
  7. Labanoff 1844 t.VII, p. 3
  8. Destray 1924, p. 16
  9. Paulen 1996, p. 18
  10. Sandret 1869, p. 394
  11. Destray 1924, p. 20
  12. Sandret 1869, p. 401
  13. a et b Paulen 1996, p. 26
  14. Destray 1924, p. 22
  15. Sandret 1869, p. 507
  16. a b et c Sandret 1869, p. 522
  17. Sandret 1869, p. 508
  18. Sandret 1869, p. 511
  19. Sandret 1869, p. 514
  20. Sandret 1869, p. 518
  21. a et b Sandret 1869, p. 520
  22. Sandret 1869, p. 521
  23. Paulen 1997, p. 24
  24. Labanoff 1844 t.V, p. 61
  25. Paulen 1997, p. 27
  26. a et b Destray 1924, p. 24

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robert Paulen, Philibert du Croc, 1515-1587: un seigneur d'Auvergne, un diplomate français de la Renaissance, Thiers, coll. « Bulletin de la Société des études locales de Thiers » (no 32), (ISSN 0765-2925)
  • Robert Paulen, Philibert du Croc, 1515-1587: un seigneur d'Auvergne, un diplomate français de la Renaissance, deuxième partie, Thiers, coll. « Bulletin de la Société des études locales de Thiers » (no 33), (ISSN 0765-2925)
  • Paul Destray, Philibert Du Croc : un diplomate français du XVIe siècle, Nevers, (lire en ligne)
  • Louis Sandret, Ambassades de Philibert du Croc en Ecosse 1565-1573, t. V, coll. « Revue nobiliaire, héraldique et biographique / publiée par M. Bonneserre de St-Denis », (lire en ligne)
  • Alexandre Labanoff, Lettres, instructions et mémoires de Marie Stuart, reine d'Ecosse publiés sur les originaux et les manuscrits... et accompagnés d'un résumé chronologique, t. V, Charles Dolman, (lire en ligne)
  • Alexandre Labanoff, Lettres, instructions et mémoires de Marie Stuart, reine d'Ecosse publiés sur les originaux et les manuscrits... et accompagnés d'un résumé chronologique, t. VII, Charles Dolman, (lire en ligne)
  • (en) Robert Keith, History of the affairs of church and state in Scotland, from the beginning of the reformation to the year 1568, t. II, Edinburgh, The Spottiswoode Society, (lire en ligne)
  • (en) Garrett Mattingly, Renaissance Diplomacy, Penguin Books, (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]