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Conflit avec la commune au sujet du stand de tir de Palézieux-Village[modifier | modifier le code]

Objet du litige[modifier | modifier le code]

Le conflit oppose la compagnie du Jura-Simplon, devenue CFF en cours de litige, à la commune de Palézieux puis au canton de Vaud. Des tirs, provenant du stand de Palézieux-Village ont atteint la gare de Palézieux. Le conflit a lieu entre 1901 et 1902.

Déroulement des faits[modifier | modifier le code]

Les faits se sont produits le 8 juin 1901 vers 11 heures 45. Un coup a effleuré le bâtiment voyageurs à une hauteur de 3 mètres environ. L'après-midi, une deuxième balle s'est abattue sur le toit de la remise des voitures. Un troisième projectile a atteint la cheminée de la ferme de madame Braillard. Les fait ont été attestés par les témoins suivants :

  • Graz Frédéric, sous chef cantonnier à Palézieux
  • Donzallaz Laurent, aiguilleur à Palézieux
  • Savoy Charles, aubergiste à Attalens
  • Mottier Julien, commis à Palézieux
  • Hostettler Joseph, brigadier à Palézieux
  • Schnetzlez Jean, équipe gare de Fribourg

Le chef de gare, G. Rossier, a immédiatement écrit un courrier à monsieur le Syndic de Palézieux qui était également président de la société de tir de la commune. Ce dernier a rassuré le chef de gare en lui disant que tout serait entrepris pour que ces faits ne se reproduisent plus.

Plainte du chef de gare de Palézieux

Une année plus tard, le chef de gare constate que rien n'a été entrepris pour améliorer la sécurité. "Vu l'inutilité de ses démarches auprès des principaux intéressés" et le risque constitué par un tireur "aviné ou maladroit", il décide de saisir sa hiérarchie. A la lecture de la note adressée au chef d'exploitation, on soupçonne un certain agacement du chef de gare.

Donc, le 9 juin 1902, le chef de gare de Palézieux écrit à son supérieur, le chef d'exploitation pour lui relater les faits.

Le chef d'exploitation réagit immédiatement et demande à l'ingénieur en chef de la voie de prendre l'affaire en mains. L'ingénieur en chef mène son enquête et déclare que le chef de gare "a tout à fait raison". De toute évidence, les chemins de fer ont pris l'affaire très au sérieux. A son tour, l'ingénieur tente une démarche auprès des autorités locales mais sans succès. La décision est prise de saisir le département militaire du canton de Vaud.

Deuxième page

Annonce au canton de Vaud[modifier | modifier le code]

Le 19 juin 1902, la direction des chemins de fer écrit une lettre au département militaire du canton de Vaud. Le courrier répète ce que le chef de gare a déclaré. Les chemins de fer rappellent encore que le syndic de Palézieux est président de la société de tir et qu'il a été informé par écrit d'un danger. Le Jura-Simplon indique aussi clairement que Syndic n'a pas donné aux informations en sa possession.

Le canton est prié "de bien vouloir ordonner les dispositions nécessaires pour mettre la voie ferrée à l'abri de tout danger pendant les exercices de tir au stand de Palézieux".

Le service administratif du département militaire accuse réception le 21 juin 1902. Il indique que la commission de tir du 2ème arrondissement est chargée d'établir un rapport sur la situation. En attendant le rapport, le tir est interdit à Palézieux. Dès que ce rapport sera établi, le Jura-Simplon sera "avisé des mesure prises pour assurer la sécurité de la ligne de tir".

Au premier juillet 1902, l'accusé de réception du Canton avait circulé physiquement dans tous les services des chemins de fer. Chacun d'entre eux a apposé son tampon avec date au dos du courrier du Canton.

Rapport de la commission d'experts[modifier | modifier le code]

La commission du 2ème arrondissement de tir a adressé son rapport au département militaire vaudois le 17 juillet 1902. Il est daté ainsi "Oron le 17 juillet 1902". Paradoxalement, il n'est pas fait de différence entre Oron-la-Ville et Oron-le-Châtel qui, alors, étaient deux communes distinctes. Le document est signé par le major Mayor et le premier lieutenant du génie Rosset.

Plan des varianges
Variantes examinées par la commission du 2èmer arrondissement. En rouge le profil AC et en vert le profil AD Le plan date bien de 1902 ! Les construction n'étaient pas nombreuses à Palézieux-Gare. Il faut aussi remarquer la qualité du détail du plan.

La commission s'est réunie sur les lieux. Etaient également présents :

  • M. Roos chef d'exploitation de la compagnie "Châtel-Palézieux" (devenue TPF)
  • M. Rossier chef de gare de Palézieux
  • M. Pasche Syndic et président de la société de tir (sic)

De manière préliminaire, le rapport constate que la date des faits signalés par les chemins de fer ne correspond pas à celle de l'Abbaye de Palézieux. Le rapport note toutefois que les intéressés admettent une imprécision dans leur plainte mais qu'ils maintiennent leurs affirmations.

Une inspection "minutieuse" du stand a lieu pour rechercher dans quelles circonstances un projectile pourrait atteindre la voie ferrée. Les commissaires déclarent que

  1. Les lieux n'ont pas changé depuis leur dernière inspection le 18 avril 1900.
  2. Du point de vue de la sécurité publique, cette ligne de tir est l'une des mieux placée dans la contrée.

Deux variantes sont évaluées. Les plans qui ont été établis pour estimer la trajectoire des balles détaillés. Ceci laisse penser que l'affaire a été examinée avec sérieux même si certains écrits laissent éventuellement supposer un problème relationnel entre les parties.

Tirs dans la bonne direction[modifier | modifier le code]

Tir dans la bonne direction. La balle doit traverser une forêt sur 50 mètres.

Pour que le projectile s'abatte sur la voie ferrée, l'arme doit avoir un angle vertical de 5°. Dans ces conditions, la trajectoire de la balle passerait 26 mètres au-dessus de la ciblerie. Avant d'arriver sur les voies, la balle devrait encore traverser une forêt sur une longueur approximative de 50 mètres.

La commission conclut que, dans cette hypothèse, la voie ferrée n'est "pas du tout exposée".

Tir dévié sur la droite[modifier | modifier le code]

Pour aboutir dans le secteur de la gare, l'arme doit non seulement être pointée en l'air mais le coup doit passer à quelques 35 mètres sur la droite de la ciblerie.

Tir dévié sur la droite

Cette deuxième variante parait très surprenante pour la commission. Elle déclare néanmoins que, depuis tous les emplacements de tir, il est possible qu'une trajectoire devienne dangereuse dans le cas d'une déviation conséquente de l'arme.

La commission considère toutefois que, si toutes les lignes de tir concernées par ce genre de problème devaient être "cancelées ou modifiées, on en annulerait presque la totalité".

Les impacts de balles[modifier | modifier le code]

La commission ne s'est pas rendue à la gare de Palézieux. Son examen, pourtant qualifié de "minutieux", n'a concerné que le départ des coups. Les commissaires considèrent cependant "qu'il aurait été indispensable que les réclamants aient fait constater les traces de balles, de façon à s'assurer que les projectiles provenaient effectivement du stand de tir de Palézieux".

Conclusion du rapport[modifier | modifier le code]

La commission arrive à la conclusion que, dans l'hypothèse où les coups sont partis du stand, l'arme se trouvait dans une position très différente de la direction normale du tir. Elle considère que, moyennant une bonne surveillance, "une installation pare-balles n'est pas indispensable. La ligne de tir peut donc continuer à être utilisée telle quelle".

Le département militaire communique le rapport de la commission aux Jura - Simplon le 28 juillet 1902.

Réaction du Jura - Simplon[modifier | modifier le code]

L'ingénieur de la voie écrit à l'ingénieur en chef pour dire faire part de son scepticisme par rapport aux conclusions de la commission du 2ème arrondissement du département militaire vaudois. A son avis, l'installation d'une installation pare-balle n'est pas une dépense extraordinaire en comparaison du gain de sécurité obtenu.

Dans une note du 9 août 1902 au chef d'exploitation, le chef de gare "maintient expressément l'exactitude" de ses déclarations. S'agissant de l'imprécision de la date de l'Abbaye, il rappelle que le syndic de Palézieux a bien reçu son courrier le 9 juin 1901 soit le lendemain de l'Abbaye de Palézieux. Le syndic aurait admis ce fait.

Le chef de gare, Monsieur Rossier, n'apprécie pas que le major Mayor lui reproche de ne pas avoir fait constater les impacts de balles afin de fournir des preuves. Le chef de gare affirme avoir montré une tuile cassée au Syndic immédiatement après les faits. Le chef de gare a l'impression que la commission "cherchait avant tout à atténuer, sinon à contester les faits signalés". Il glisse encore entre parenthèses que le major Mayor est le président d'une société de tir d'Oron. En insistant ce fait, le chef de gare soupçonnait très certainement un conflit d'intérêt.

Les rapports des ingénieurs et du chef de gare aboutissent sur le bureau du chef d'exploitation. Celui-ci n'apprécie pas que le récit de la "fusillade de la gare" ainsi que le danger encouru soient mis en doute. Il évoque l'idée de faire intervenir la Confédération.

Le 26 août 1902, la direction du Jura - Simplon (pourtant devenue les CFF) s'adresse aux autorités fédérales pour contester les conclusions du rapport et se plaindre du fait que les autorités cantonales vaudoises l'aient soutenu. Le Jura - Simplon exige une nouvelle enquête. Une copie du courrier est adressée au conseil d'Etat vaudois.

Position du canton de Vaud[modifier | modifier le code]

Réaction du département militaire vaudois à la plainte du Jura - Simplon auprès des autorités fédérales.

La réaction du canton de Vaud ne se fait pas attendre. Le chef du département militaire répond au Jura - Simplon le 27 août 1902, soit le lendemain du courrier des chemins de fer à Berne. Le Canton reproche une nouvelle fois au chef de gare de Palézieux de ne pas avoir apporté la preuve que les tirs provenaient du stand de Palézieux et qu'ils aient été mal dirigés.

Le Canton insiste sur le fait que les chemins de fer doivent prouver leurs allégués et convoque une nouvelle séance sur place pour le samedi 30 août 1902 à 1 heure de l'après-midi.

En fin de courrier, le département militaire ajoute encore qu'il est le "seul juge de la sécurité des lignes de tir du canton".

Le ton est donné. Il y a manifestement une assez forte incompréhension entre les parties. A une époque où on ne parlait pas d'internet, on peut observer que le délai de traitement des dossiers est extraordinairement court.

Vision locale du 30 août 1902[modifier | modifier le code]

Ce jour-là se réunissent, la commission du 2ème arrondissement, monsieur le colonel Grenier, officier de tir de la 1ère division, monsieur Rychner, ingénieur de contrôle mandaté par la Confédération, le chef de gare et l'ingénieur chef de la 4ème section de voie.

Cette réunion se passe mieux que la première. Elle sera suivie d'un deuxième rendez-vous le 16 septembre 1902.

Dans une note datée du 1 septembre 1902, l'ingénieur de la voie effectue un bref compte-rendu de la séance à l'ingénieur en chef. Il évalue les frais pour établir un écran pare-balle à un montant se situant entre 500 et 600 CHF. Il précise que la commune de Palézieux déclare être en difficulté financière et avoir de la peine à assumer cet investissement. Dans la note à son chef et pour faire avancer le dossier, l'ingénieur de la voie évoque la possibilité de fournir, "à titre gracieux et exceptionnel", du bois à la commune. Pour des raisons de sécurité ferroviaire, des arbres doivent parfois être abattus le long du tracé.

Le 17 septembre 1902, le chef de gare informe le chef d'exploitation du résultat de la rencontre du 16 septembre 1902. L'ingénieur de la Confédération, monsieur Rychner, préconise aussi la construction de pare-balles. Cette fois, c'est la satisfaction qui ressort de la rédaction du chef de gare.

Décisions officielles[modifier | modifier le code]

Canton de Vaud[modifier | modifier le code]

Sans attendre la position officielle de la Confédération, le canton de Vaud reconnait que "pour mettre la gare de Palézieux à l'abri des balles pouvant provenir du stand", il suffisait de munir les embrasures pour tireurs d'un volet en chêne". Cette installation "serait complétée par un tremplin pour le tir à genou de manière à ramener le fusil à la même hauteur pour les tirs debout et à genou".

Lettre de la Confédération au canton de Vaud

L'exploitation du stand de Palézieux ne pourra se faire que "moyennant exécution complète des aménagements ordonnés et après que ceux-ci aient été reconnus par le département".

Confédération[modifier | modifier le code]

Le 2 octobre 1902, le département fédéral des postes et des chemins de fer prend position auprès du conseil d'Etat vaudois sur la base du rapport Rychner, Il affirme que l'enquête a démontré que des tirs ont bien atteint la gare en 1901 mais que des balles ont également passé au-dessus de la gare en 1902. Elles ont abouti dans une remise. La Confédération considère que la voie ferrée est "réellement mise en danger". Elle invite le canton de Vaud à abandonner cette ligne de tir ou à la protéger avec des écrans "forts et de justes dimensions".

Conclusion[modifier | modifier le code]

Les écrans pare-balles qui existent actuellement et que l'on peut voir sur les photos ci-dessous, ne datent manifestement pas de 1902. Il est toutefois très probable que le principe de leur maintient soit lié au conflit qui a eu lieu à cette époque avec la compagnie de chemins de fer Jura - Simplon. Bien que les échanges d'écritures démontrent que le problème a généré une certaine mauvaise humeur dans les deux camps, il est très heureux de constater que l'arrangement trouvé était solide et durable puisqu'il existe toujours.

Ecrans pare-balles actuels

Malgré les changements énormes qui ont marqué le 20ème siècle, notamment en ce qui concerne le développement immobilier, le stand de Palézieux a survécu. Ce n'est de loin pas le cas de toutes ces installations. Tellement de personnes y ont tiré, travaillé, ou s'y sont diverties que cette installation commence à gagner ses galons d'antiquité.

Détail des écrans

Protection des données[modifier | modifier le code]

L'auteur de ces lignes a mis la main sur ce dossier tout-à-fait par hasard. Il cite le nom des intervenants pour donner un caractère plus chaleureux au récit. Les relations humaines entre le chef de gare et le syndic ont très probablement joué un rôle dans la dispute. L'affaire remontant à 120 ans, il espère que les descendants des protagonistes qui pourraient se reconnaitre ne lui en voudront pas.

Documentation[modifier | modifier le code]

Toutes les pièces du dossier ne figurent pas dans cet article. A l'époque, le format du papier n'était pas standardisé. C'est ainsi qu'une grande partie des documents ne passe pas dans un scanner courant. Pour bien faire il aurait fallu utiliser un scanner A3.

Bâtiment
Situation du bâtiment avec son terrain de dégagement.

Date de construction du stand[modifier | modifier le code]

La date de construction de ce stand n'a pas été recherchée. Ce sera pour une prochaine fois. La seule certitude c'est qu'il existait déjà le 18 avril 1900 puisqu'il avait été inspecté.

Les documents à disposition établissent que la ligne de tir n'a jamais été modifiée.