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Utilisateur:Nina Neuray/Brouillon

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Une drôlerie ou grotesque désigne un type d'enluminures décoratives en marge des manuscrits, représentant une scène comique, en rapport ou non avec le texte. Il peut s'agir de caricatures ou de parodies, de dessins insolites, parfois transgressif et irrévérencieux ou encore des notes d'humour qui peuvent s'approcher même de l'allégorie.

Elles sont très fréquentes depuis le milieu du XIIe siècle et jusqu'au XVe siècle, bien qu'on les trouve également dans des manuscrits antérieurs et plus tardifs. Les drôleries sont d’abord codifié dans des ateliers parisiens, puis dans le Nord de la France, en Angleterre, enfin en Italie, en Espagne et en Allemagne. Elles se retrouvent dans des ouvrages essentiellement religieux, psautiers ou livres d’heures par exemple.

Descriptif[modifier | modifier le code]

Les drôleries peuvent représenter des animaux, des femmes, des hommes, mais aussi des êtres hybrides, des scènes grotesques, ou encore des situations complètement surréalistes. Graphiquement, ces dessins sont fidèles à l'esthétique de l'enluminure gothique : des couleurs vivent et des images narratives. Ce type d’enluminure s'inspire et est influencée par l’art roman et la littérature profane (fables, bestiaires et romans), mais aussi par un héritage antique et mythologie (par exemple, les grylles : ces visages sur pattes, des monstres dont parle notamment Pline dans son Histoire Naturelle).

Thèmes abordés[modifier | modifier le code]

Image tirée du Bréviaire de Renaud de Bar montre l'assaut d'un «château d'amour» et symbolise une tentative de conquête friponne, le lapin étant associé au sexe féminin.

Parmi les thèmes principaux illustrés par les drôleries, la chasse est bel et bien dominante. C’est l’activité préférée de l’aristocratie laïque à qui bien souvent ces manuscrits étaient destinés. Qu’elles soient parodiées ou non, la chasse à courre et la chasse au vol à l’aide de faucons tiennent une place de premier rang dans ces décors. Viennent ensuite les jeux (tournois, quintaine, jeu de la plantée), la musique, la danse, la jonglerie, et le charivari (comme celui représenté dans le Roman de Fauvel).

Ces illustrations offrent tout un monde de divertissements où triomphent les joies de la caricature et de la parodie, où se réalise un processus de symbolisation de la violence et du combat, où hommes, femmes et animaux se côtoient, parfois changent de rôle, et où les rapports sociaux entre sexes sont mis en scène, voir repensés.

L’amour courtois tient aussi une place importante. Entre moralité et immoralité, jeu et dérision, la dame est au cœur des discours. Les Châteaux d’amour bien gardés par des femmes, Aristote chevauché par Phyllis, sont des motifs fréquents.

Une des dernières typologies identifiées est celle des scènes relatives à la religion et aux dévotions. La première drôlerie anticléricale apparaît dans le Registre des lettres du pape Innocent III copié en 1202 et conservé au Vatican. Papes, évêques, membres du clergé (surtout séculier), tout y passe, parodié le plus souvent par des animaux, singes, chiens, et renards qui prennent leur place et qui officient ou confessent.

La ridiculisation du système religieux, du personnel ecclésiastique ainsi que d’un certain nombre de rituels et des pratiques dévotionnelles, comme la prière, la confession, est donc chose courante dans les livres d’heures et dans les psautiers. Ridicules, parfois scabreuses, ces images ne doivent pas forcément être lues comme un discours de critique et de mépris envers l’Église et sa morale, la caricature est appréciée même dans des contextes aussi sérieux.

Mais il arrive parfois que ces images soient censurées : c’est le cas par exemple d’une scène de bénédiction du derrière (représentée dans un livre d’heures provenant de Cambrai et conservé à Baltimore, le manuscrit W. 88). L’arrière du personnage est recouvert par un petit drapé, sans doute ajouté postérieurement par le lecteur.

Apport illustratif des drôleries aux manuscrits[modifier | modifier le code]

Les drôleries ne sont pas toujours en lien avec le texte, parfois elle apporte juste une petite ouverture comique. Il faut aussi accepter une part de non-sens, toute drôlerie n'est pas toujours sujette à une interprétation, et peut, bien souvent dépeindre une scène complètement surréaliste.

Lorsque les drôleries se rapportent au texte, loin de le critiquer, elles sont souvent dans un rapport dialectique avec les images principales qui décorent la page. Par exemple, le combat de David et Goliath se voit souvent « redoublé par une joute et la musique du psalmiste par celle des jongleurs».

Finalement, les drôleries ont connus une telle diffusion parce qu’elle plaisaient. Cependant, il peut sembler étrange que ce type d'images apparaissent surtout dans des livres de prière et de dévotion alors qu’elles sont absentes d’autres œuvres, comme les œuvres comiques, à priori plus aptes à recevoir de telles figures. Cela pourrait tout simplement s'expliquer par le fait que les œuvres religieuses de cette époque, sans leurs drôleries, ne seraient que des livres de dévotion rébarbatifs, à l’iconographie répétitive et morne. Les marges des psautiers laisserai donc place à un petit trait d'humour, une petite ouverte pour combattre l'ennui. Face à la monotonie et à la répétitivité des prières, le comique revendique alors tout son sens et sa place.

Sources :[modifier | modifier le code]

https://journals.openedition.org/crm/11605?lang=en

http://art-fou.over-blog.com/2015/01/les-droleries-marginales-du-moyen-age.html#

https://www.lefil.ulaval.ca/droleries-medievales/