Utilisateur:Naan Valchia/Brouillon

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Brouillon 1: Michel Vinaver: page principale


Diálogo con Michel Vinaver sobre el lugar de "L'Émissión de Télévision" en su obra, 1994. 866_Hispana_BibliotecaVirtualdePrensaHistorica_esebvph2. URL: https://www.europeana.eu/fr/item/866/https___hispana_mcu_es_lod_oai_prensahistorica_mcu_es_1022043_ent0


Michel Vinaver - J'ai été désigné comme le créateur de ce qu'on a appelé rétrospectivement le théâtre du quotidien. Parce qu'à l'époque où j'écrivais les œuvres qui furent plus tard considérés comme le théâtre de la vie quotidienne, ce concept n'existait pas. Elle est apparue avec la découverte des œuvres de Kroetz et Fassbinder en Allemagne, et de celles de Wenzel et Deutsch en France, dans les années 70. Même si je crois que je n'ai pas changé dans ma façon d'écrire le théâtre depuis le milieu des années 50. Je ne suis pas hostile aux étiquettes, elles aident à se repérer, comme les points géographiques sur la carte, mais je ne les revendique pas non plus. Je pense qu'au fond il n'y a rien de commun entre le théâtre de Kroetz, que j'admire beaucoup, et le mien, tout comme il n'y a rien de commun entre la dramaturgie de Deutsch et la mienne. Le fait que le matériau soit quotidien en soi n’implique pas une communauté comme on écrit pour le théâtre. Kroetz et Deutsch, que je ne compare pas, partent dans la vie quotidienne d'événements extrêmes, exceptionnels, tandis que moi, au contraire, je pars de la banalité, c'est-à-dire d'une absence d'événement exceptionnel qui déclenche une mutation, un changement, une drame. Kroetz, à partir d'un récit d'événements, c'est-à- dire d'une rupture brutale dans le tissu du quotidien, observe ce qui se produit avec l'œil d'un entomologiste. C'est un théâtre brutal qui n'agit pas par sympathie, mais plutôt par agressivité envers le médium dont il parle. Le mien ne rentre pas du tout dans cette catégorie.

Mon théâtre, en fait, a été étiqueté comme "social", et l'accent a été mis avant tout sur son caractère sociologique et documentaire. Il y a peut-être dedans, sous certains aspects, un caractère documentaire, dans la mesure où il n'y a pas eu beaucoup d'œuvres dramatiques qui ont été tentées pour capturer le fonctionnement du système économique dans lequel nous vivons. Si j'ai été obligé d'entrer au théâtre par le domaine d'activité d'une entreprise, ce n’était pas pour faire connaître ce domaine particulier au spectateur, mais plutôt parce que il me semble qu'aujourd'hui, bien plus que par le passé, que l'entreprise, le rapport au travail, est essentiel dans la vie des gens. Non seulement c'est central, mais de plus, elle est toujours mélangée à la sphère primaire d'une manière qui n'a pas été explorée jusqu'à présent. Et je pense que c'est à cet endroit, à ce contraire-point entre le privé et le travail, où l'on peut voir les choses qui constituent le matériel même de l'existence d’ individu comme d’un groupe. Je l’aborde parfois à partir du privé, c'est-à-dire d'une situation familiale ou amoureuse dans laquelle il y a toujours un contrepoint au monde du travail, et d'autres fois dans le mode inverse.


I.S.G - Vous avez déclaré un jour que ce qui vous intéresse dans l'écriture dramatique, c'est : <«<la parole telle qu'elle sort, telle qu'elle se manifeste». Est-ce un problème linguistique ? Quelle fonction attribuez- vous au mot dans le discours dramatique ?

M.V - Le mot tout court est pour moi un objet théâtral en soi. Ce qui m'intéresse, c'est un théâtre dans lequel la parole est active. Autrement dit, l’énergie d’une fonction est inscrite dans le mot en tant que tel. Il n’y a rien de moderne là-dedans. Chez Shakespeare ou Racine, le mot est essentiellement actif.